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Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire

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par Trazié Gabriel LOROUX BI
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006
  

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Section 2 : Les contraintes liées aux rapports des Organismes

humanitaires

Les rapports entre les associations humanitaires, à l'instar de liens entre ceux qui les animent sont empreints de conflictualité. Ces conflits varient en fonction des rapports entre les politiques et elles (paragraphe 1) et surtout en fonction de leurs rapports personnels (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L'action du politique sur les organismes

humanitaires

Définie comme l'art de gouverner les hommes avec leur consentement, la politique selon Platon, se distingue des autres sciences qui lui sont subordonnées et auxquelles elle commande. Conscient de cette faculté, le politique essaie de les assujettir en exerçant un contrôle sur tous ceux qui évoluent dans sa sphère territoriale. C'est le cas avec les ONG locales (A) ayant comme intention leur utilisation politique (B)

A : La volonté de contrôle des ONG locales par

le pouvoir politique

Investi donc de la mission première de protéger les droits humains, on pourrait penser que l'Etat se serait réjoui et enrichi de l'apport de la société civile et plus particulièrement des ONG165(*) en la matière. Mais la réalité des Etats est toute autre et donne à réfléchir.

En effet, comme le souligne le juge Keba M'Baye, « elles (les ONG) ne jouissent en Afrique ni d'une bonne réputation ni d'un bon accueil de la part des gouvernants. Mais cela tient essentiellement au fait que ces gouvernants manifestent une hostilité déterminée à l'égard de tout organe qui lutte pour la sauvegarde des droits de l'Homme dès que cette lutte est portée sur le territoire sur lequel ils exercent leur compétence »166(*).

Cette hostilité résulte par ailleurs du fait que, jouant un rôle capital dans la protection des droits de l'Homme, les ONG se sont imposées comme des auxiliaires précieux des organes internationaux de promotion et de protection des droits humains  et donc comme un contre pouvoir certain à l'action des gouvernants.

Les difficultés de la part du politique concernant la mise en oeuvre des activités des ONG se manifestent notamment par la poursuite du harcèlement judiciaire, des pressions politiques les menaces et intimidations167(*), les entraves législatives aux libertés d'association et d'expression.

S'agissant de l'adoption de législations particulièrement restrictives, cela devient de plus en plus systématique et participe d'une volonté de neutraliser la société civile dans son ensemble, dont le rôle est toujours aussi peu accepté. Ce rejet est par ailleurs entretenu par la suspicion populaire selon laquelle toutes les ONG des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire sont à la solde des partis politiques.

Les préjugés nourris par l'opinion publique quant à la nature partisane des ONG de protection des droits de l'homme sont de nature à leur conférer une « crédibilité très négligeable »

En effet destinataire de l'action des associations de défense des droits de la personne, les populations surtout en Afrique, reflètent les combats sociopolitiques sur les associations dont le seul objectif est de dénoncer et empêcher les violations des droits et restaurer surtout la dignité pendant les situations de crise qui sont légion.

Le Mouvement Ivoirien des Droits de l'Homme (MIDH), créé à la fin des années 90, n'échappe pas à une telle perception au sein des populations compte tenu des circonstances socio politiques de sa création liée à la délivrance d'un certificat de nationalité au leader du RDR par le juge ZORO BI Epiphane168(*). On comprend aisément l'intention des gouvernants d'utiliser ces ONG à des fins politiques.

* 165 La situation de crise que la Côte d'Ivoire vit depuis 2002, a permis à toutes les ONG de défense des droits de l'Homme et surtout de développement de se muer pour la plupart et pour l'occasion en ONG humanitaires. Cela dit, toutes les analyses faites sur les ONG concernent autant les ONG de défense des droits de l'Homme que les ONG humanitaires de source ou d'occasion

* 166 Kéba M'baye, Les droits de l'homme en Afrique, pp 118 - 119

* 167 Côte d'Ivoire : Menace et intimidations à l'encontre du MIDH,in observatoire Observatoires pour la protection des défenses des droits de l'homme rapports annuel 2004 pp 40 - 41.

* 168 Le juge ZORO BI Epiphane est le président fondateur du MIDH, suite à la forte pression qu'il subissait après qu'il ait délivré un certificat de nationalité au leader du RDR, il a démissionné pour fonder le MIDH. Exilé en Belgique, il a rendu le tablier à Amourlaye Touré

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