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Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire

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par Trazié Gabriel LOROUX BI
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006
  

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B : L'insécurité en zone de confiance et en zone

rebelle

Comme dans toute rébellion ou conflit interne, la zone sous contrôle des insurgés reste le siège de l'insécurité totale, puisque toute règle légale y est balayée du revers de la main. La situation de rébellion en Côte d'Ivoire n'a pas échappé à ce scénario. Depuis le 19 septembre 2002, le MPCI règne en maître incontesté dans la partie nord du pays, instaurant ainsi un ordre nouveau où force n'est reconnu qu'aux armes. Dans ce climat de non droit, les civils se sont vus dénier l'effectivité de leur droit à tous les niveaux. De l'insécurité à la suppression de la vie, la sécurité des civils a été beaucoup éprouvée. Pour la rébellion, il fallait éliminer de façon systématique tous les partisans du régime gouvernemental en place. Cette situation critique a crée un vent de panique faisant fuir la population vers les zones qui offrent un peu plus de sécurité. Cela est inconfortable pour les humanitaires puisqu'il faut les fixer à un endroit pour leur apporter l'aide dont ils ont besoin. La situation de déplacement intense jetait le discrédit sur la rébellion. Il fallait y mettre un terme. Des arrestations des voyageurs ont été organisées sous le prétexte qu'ils sont des rebelles qui veulent infiltrer la zone gouvernementale. L'insécurité a atteint une proportion démesurée avec la libération en masse des prisonniers dans les localités sous contrôle de la rébellion. Des cas de viols, de vols et des meurtres ont doublé de fréquence. Pour pallier cette situation, les rebelles appliquent une justice primitive110(*). En effet, en dehors de tout cadre « légal », ils procèdent à des exécutions sommaires de présumés délinquants. Par ailleurs, après la grande confusion qui a suivi l'annonce, par le porte-parole des FANCI (Forces Armées Nationales de Côte-d'Ivoire), de la reprise de Bouaké par les forces gouvernementales, les rebelles après avoir reconquis la ville ont procédé à des exécutions de prétendus collaborateurs des loyalistes, selon le quotidien ivoirien Fraternité Matin du 08 octobre 2002.  Dans une telle atmosphère, de nombreuses populations ont envisagé de quitter la zone. Cependant elles se sont heurtées, pendant un certain temps, à un refus des rebelles qui les retenaient de force.

La naissance de tendances au sein des forces nouvelles à savoir : les partisans du sergent chef Coulibaly Ibrahim dit « IB » et ceux de Soro Guillaume, a entraîné la tentative de prise de contrôle des Forces Nouvelle par les partisans de « IB » (prise de la télé et radio Bouaké par le commandant de zone Bamba Kassoum dit « kass » et ses hommes.). Cette situation a débouché sur un affrontement sanglant entre ces deux tendances du 20 au 25 juin 2004 occasionnant des violations graves des droits humains dans les villes de Korogho et de Bouaké avec pour conséquence, l'exécution du commandant zone « kass » après sa capture lors des affrontements.

L'insécurité n'est pas seulement du fait des rebelles, mais des civils ex combattants transformés pour l'occasion en coupeur de route en semant sur leur passage tristesse et désolation111(*). Cependant certains civils constituent des mobiles d'insécurité pour d'autres, c'est le cas notamment de la situation particulière qui prévaut dans le ZOU112(*). L'insécurité des civils retentit sur celle des humanitaires qui leur viennent en aide.

* 110 Voir rapport de Human Rights Watch sur la situation sécuritaire en zone rebelle. www.hrw.org

* 111 OCHA Rapport Hebdomadaire No. 10 du 05 au 11 mars 2007

* 112 Le cas du ZOU (sous-préfecture située dans le département de Bangolo dans les 18 montagnes) est celui qui préoccupe le plus tous les humanitaires à l'ouest de la Côte d'Ivoire, la situation particulière qui y règne ne permet pas l'accès total aux sinistrés. Pour l'histoire, les autochtones Guéré ayant attaqué leurs hôtes (Burkinabés) se sont vus chassés de leur territoire parce que ceux ci se sont fait aidés par la rébellion qui a épousé leur cause. Vainqueurs, ils ont confisqué les butins de guerre. Soupçonnés d'être de mèche avec la rébellion, les allochtones (Burkinabés) se sont repliés dans les champs et dans la partie nord du ZOU pendant que certains Guérés qui sont restés ont fuit vers la partie sud, créant du coup une ligne de non franchissement au risque d'affrontements meurtriers pour ceux qui s'engageraient sur la voie des champs. Ces populations ont trouvé refuge à Guiglo et Toulépleu où elles ont occupé et confisqué les plantations des autres autochtones (Guérés) chassés par la guerre. La paix se faisant avec les accords de Ouagadougou et avec le travail l'OIM (Organisation Internationale pour les Migrations), les autochtones Guérés de Guiglo et de Toulépleu ont accepté de renter et par la même occasion de rétrocéder les champs des allogènes chassés qui résidaient au (CATD 1 et 2 camps temporaires créer pour recevoir les déplacés burkinabés de Guiglo et de Toulépleu). Les champs rétrocédés, les guérés de Guiglo n'arrivent pas à accéder à leurs plantations parce que occupés par les déplacés du ZOU (autochtones Guérés) qui refusent pour la plupart de rentrer sur leurs terres. Les préalables posés se résument en la réhabilitation de leurs champs qui ont été saccagés par les burkinabés (des plantations de cacao et café ont été détruites au profit d'autres cultures). Il y règne une situation sécuritaire délétère qui risque de compromettre tous les efforts déjà consentis par les humanitaires. Pour la conception d'un projet de cohésion sociale nous y avons mené des enquêtes.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld