3. Aboutissement au préordre final : Analyse de
sensibilité du modèle
Les préordres partiels du classement et du tri
suivent une logique globalement similaires. En effet, l'exploitation du
surclassement dans la distillation descendante et l'affectation pessimiste est
itérée de façon dégressive en partant du haut du
classement. Dans la distillation ascendante et l'affectation optimiste,
l'itération est progressive et démarre au bas du classement.
Etant donné le lien existant entre ces deux types de procédures,
il est possible de proposer un classement final dépourvu de toute
possibilité d'incomparabilité.
Pour ce faire, le décideur doit opter en amont
pour une seule des deux logiques (dégressive ou progressive), aussi bien
pour Electre Tri que pour Electre III. Bien entendu, s'il choisit d'utiliser un
tri pessimiste pour le benchmarking, il doit nécessairement lui associer
un classement descendant pour le rating. Il en va de même pour le tri
optimiste et le classement ascendant. Dans ces conditions, il écarte
toute possibilité d'obtenir des actions incomparables entre elles ou
avec les profils.
Pour certaines actions, les tris issus des
procédures conjonctive et disjonctive peuvent coïncider, mais il se
peut qu'une action ai soit affectée à une
catégorie Ch par le tri pessimiste et à une
catégorie Ch` par le tri optimiste, auquel cas la
classe Ch` est forcément meilleure que
Ch (h` < h`). Il est
parfois essentiel, surtout au niveau du rating, de connaître les actions
atypiques (outsiders). Ce sont celles qui posent problème au
sein d'une catégorie dont le contenu est supposé être
homogène (puisqu'elle est issue d'un tri antérieur).
C'est dans cette optique que nous proposons de faire
fusionner les deux distillations d'Electre III dans un classement
médian. En revanche, les affectations optimiste et pessimiste d'Electre
Tri resteront indépendantes pour éviter d'avoir de
l'incomparabilité au terme du processus de benchmarking. Si une action
est incomparable à un profil, le tri n'a plus de sens.
a. Juxtaposer les préordres partiels
Il faut créer la matrice du préordre
final en partant de la fusion entre les distillations descendante et
ascendante. Pour ce faire, les relations du préordre final sont
déterminées par les rangs des actions dans les deux types de
distillation, selon le modèle suivant :
Distillation
|
Préordre final
|
Descendante
|
Ascendante
|
a i >--
ak
|
a i -
ak
|
ai P+ ak
|
a i -.<
ak
|
ai R ak
|
a i =
ak
|
ai P- ak
|
a i --
ak
|
a i .-
ak
|
ai R ak
|
a i -.<
ak
|
ak P+ ai
|
a i =
ak
|
ak P- ai
|
a i = ak
|
a i .-
ak
|
ai P- ak
|
a i -<
ak
|
ak P- ai
|
a i =
ak
|
ai I ak
|
Il est ensuite possible de construire le classement
médian d'Electre III. Toute action ai qui détient un
maximum de préférences en sa faveur (P+) et
un minimum de préférences en sa défaveur
(P-) est considérée comme surclassant toute
autre action ak. En parallèle, toute action ak qui est
incomparable (R) à l'une des actions ai est retenue.
Toute action ak qui n'est surclassée ni par une action
ai ni par une autre action ak est affectée à un
rang défini.
Si la différence entre les rangs dans les deux
distillations est en faveur de l'action ak par rapport à
l'action ai (avec laquelle il y a incomparabilité), alors
ai et ak sont indifférentes (I) et ont le
même rang. Autrement, ak est directement classée au rang
suivant.
En définitive, les actions qui sont en
kème position dans le classement final surclassent
par la relation S les actions classées en
(k+1)ème position, avec k
< m. Si le nombre de classes est identique au nombre
initial d'actions (k = m), ceci signifie qu'il n'y a pas
d'ex æquo dans l'échantillon. En revanche, si le nombre
de classes est strictement inférieur au nombre initial d'actions
(k < m), ceci veut dire qu'il y a au moins deux actions
ex æquo dans l'échantillon.
Au final, les classements ascendant et descendant
d'Electre III donnent lieu à un classement médian, fusion dans
laquelle peuvent apparaître des incomparabilités entre certaines
actions. Celles-ci sont à examiner de plus près par l'analyste
afin de déceler d'éventuels cas extrêmes qui seraient en
décalage avec le reste de l'échantillon.
Une telle démarche n'est pas envisageable avec
Electre Tri, du moins pas dans l'application que nous envisageons
d'opérer. En effet, la méthodologie entreprise à travers
nos études de cas commence par un benchmarking global sur
l'échantillon initial avec Electre Tri, puis se poursuit par une
série de ratings partiels avec Electre III. Il est donc inutile
d'évoquer l'incomparabilité dans une logique d'affectation
puisque ce cas de figure est traité à l'issue des
procédures de classement.
|