1.3.3 Le matériel lithique
Le site de Pié Lombard a livré une faible
quantité de vestiges lithiques qui rendent compte d'activités de
production très limitées qui concerne principalement les phases
de transformation et d'entretien des produits retouchés avec un fort
pourcentage d'outils soit 38,1% (Texier, 1974). Les produits arrivent donc
déjà retouchés ou non dans l'abri, ils sont ou non
modifiés sur place puis abandonnés ou repartent avec les hommes,
ne faisant donc que transiter par l'abri (Porraz, 2004). Le site semble donc
avoir été occupé à plusieurs reprises pendant des
périodes assez brèves. L'industrie est de débitage
Levallois, sur 316 pièces récoltées : 126 outils (surtout
des racloirs), 29 éclats levallois, 24 éclats non levallois, 161
petits éclats et éclats de retouches, 5 nucléus dont 3
réutilisés comme outils (Texier, 1974).
Carnivores : 12,7%
- Canidae : Canis lupus (loup)
Vulpes vulpes (renard)
Cuon sp. (dhole)
- Ursidae : Ursus spelaeus (ours des cavernes) ?
Ursus arctos (ours brun)
- Felidae : Felis sylvestris (chat sauvage)
Lynx speleae (lynx)
Panthera pardus (panthère)
- Mustelidae : Meles meles (blaireau)
Artiodactyles :
- Suidae : Sus scrofa (sanglier)
- Cervidae : Cervus elaphus (cerf élaphe) :
35,4%
Dama dama (daim)
- Caprinae : Capra ibex (bouquetin) : 43,2%
Rupicapra rupicapra (chamois) - Bovinae : 1,2 %
Périssodactyles :
- Equidae : Equus caballus (cheval) : 1 reste
- Elephantidae : Elephas sp. (éléphant)
Hominidae :
- Homo neandertalensis : dents isolées
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Figure 3: Liste faunique des grands mammifères des
couches moustériennes de Pié Lombard, pourcentage basé sur
l'étude du postcrânien (d'après Gerber, 1973 ; Brugal et
Fernandez inédit)
1.3.4 Datation de l'ensemble moustérien
Des datations biostratigraphiques sont fournies d'après
l'étude des dents d'Arvicola (Abbassi ; Desclaux, 1996) à partir
de l'indice d'épaisseur de l'email dentaire des M1. Les travaux
menés sur l'analyse de l'émail du genre Arvicola en Europe
centrale et du nord durant le Quaternaire, ont permis d'établir une
chronologie pertinente des séquences pléistocène
permettant la mise en évidence de variations temporelles et
géographiques.
L'analyse de l'indice d'épaisseur effectuée sur
les quatres individus du genre Arvicola identifiés à Pié
Lombard est comparable à celui des séquences du
pléistocène supérieur en France et en Europe centrale.
Plus précisément, des mesures
radiométriques ont été effectuées sur le plancher
stalagmitique qui se trouve à la base du remplissage et qui se situe
entre 147 Ka #177; 10 Ka et 130 Ka #177; 20 Ka. Trois échantillons de
silex brûlés ont aussi permis d'établir une datation ATL
s'échelonnant de 67.0 Ka #177; 8.1 ; 73.8 Ka #177; 9.6 à 108.4 Ka
#177; 9.8 (Texier, 1996).
La durée de l'accumulation reste encore
indéfinie. Les données paléoenvironnementales, et
notamment paléontologiques avec la présence majoritaire de taxons
typiques d'un climat tempéré, situent l'assemblage durant une
période d'interstade. Dans ses travaux Henri De Lumley (1965) identifie
deux stades et deux interstades entre le stade isotopique 4 et 5, ce qui
correspond à la fourchette de dates obtenues par la datation
thermoluminescence. L'accumulation a donc vraisemblablement eu lieu durant une
période climatique plutôt tempéré,
entrecoupée de relatives phases froides qui n'ont pas réellement
modifiées le paysage ni la composition faunique. On pourrait alors
suggérer une attribution empirique de la durée de l'accumulation
qui se situerait entre le stade isotopique 5c et 4, c'està-dire pendant
une période du Würm relativement clémente.
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