1.3.2 Les analyses paléoenvironnementales
L'analyse pollinique (Renault-Miskovsky, 1980) a
été réalisée sur les sédiments
moustériens et épipaléolithiques, ainsi que sur les
concrétions formées par le plancher stalagmitique et stalactite
à la base du remplissage dans les couches e et f. Les
échantillons récoltés dans le remplissage
moustérien suggèrent un climat froid et sec pour le OIS 5.
Composé d'un couvert arboréen relativement faible et
principalement constitué par les pins accompagnés de quelques
taxons méditerranéens. En revanche l'étude pollinique des
couches épipaléolithiques indique un couvert forestier un peu
plus fourni, toujours dominé par les pins mais accompagnés
d'espèces thermophiles et méditerranéennes un peu plus
nombreuses.
L'analyse anthracologique (Bazile-Robert, 1979)
effectuée sur les charbons de bois récoltés dans les
parties concrétionnées des couches f et e indique
également un paysage ouvert constitué de Pins sylvestre ainsi que
plus rarement de Chênes et d'Erables. Cette association résulte
sans doute de la situation géographique du site et de ses alentours :
proche du littoral mais soumis aux influences montagnardes.
Le remaniement des sédiments suite à un
phénomène de « suçoir » a compromis
l'étude sédimentologique et archéozoologique couche par
couche qui aurait pu indiquer des variations climatiques plus précises
et permettre une meilleure compréhension de l'origine de l'accumulation
qui, nous le verrons, provient de différentes phases de
dépôts. L'analyse a donc été effectuée sur
les couches de l'ensemble moustérien qui correspond au stade isotopique
5 et à une période plutôt tempérée. Les
résultats de l'étude paléontologique entrepris par J.P.
Gerber (1973) indique une faune à paysage presque exclusivement
forestier
tel que le chat sauvage, le lynx, le cerf ou le sanglier. La
quasi absence du cheval, peut être düà la topographie du
milieu, ainsi que l'absence du renne, animal typique d'un climat froid ;
semblent attester la présence d'une phase relativement
humide du OIS 5, propice au développement forestier. La touche
montagnarde est apportée par la présence de la marmotte, du
bouquetin et du chamois. Cette association faunique ne semble donc pas
conforter les résultats obtenus par les analyses palynologiques. Les
deux espèces d'herbivores dominantes à Pié Lombard
étant le cerf avec 35,4% (data P. Fernandez inédit) et le
bouquetin, deux animaux qui ne fréquentent pas le même biotope. Le
gisement de Pié Lombard, situé à 200 mètres
d'altitude absolue, se trouve à la charnière entre un milieu
ouvert très escarpé constitué de falaises et de plateaux
où régnaient le bouquetin, et un milieu à tendance plus
forestier
situé en fond de vallée et habité par le
cerf . Cette topographie très contrastée forme une sorte de
cloisonnement de ces deux différents biotopes. Le bouquetin souvent
assimilé à un climat froid et aux milieux de haute altitude est
en réalité une espèce plutôt souple sachant
s'adapter à divers environnements et climats.
Enfin la présence de nombreux carnivores (fig.3), soit
12, 7 % sur l'ensemble des espèces de grands mammifères des
couches moustériennes (sur un ensemble de 1760 vestiges du
postcrânien dont 7,6% d'indéterminables taxonomiquement, data J.P.
Brugal inédit), souligne l'éventuelle participation de ces
animaux dans l'origine de l'accumulation osseuse.
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