3.4.3 Ethologie du bouquetin.
3.4.3.1 Etude de ses exigences écologiques et
détermination de son environnement
« Le rôle fondamental de l'altitude est un «
préjugé issu d'un artefact », sa présence
dépend de celle de rocher, du bord de la mer jusqu'aux plus hautes
cimes, les hautes altitudes étant considérées comme des
secteurs marginaux, dans lesquelles les bouquetins ont été
repoussés » (Raye, 1994)
En effet, en tentant de définir les exigences
écologiques du bouquetin; on se rend compte que cet animal aujourd'hui
symbole du milieu de haute montagne, est en réalité parfaitement
adapté à des milieux de plus basse altitude et à des
conditions écologiques différentes, pourvu qu'il y ait des
rochers (étage subalpin et alpin, gorge calcaire, bord de mer). En fait
la structure molle et adhérente de ces sabots en fait l'animal rupicole
par excellence (Couturier, 1958)
L'espérance de vie du bouquetin est de vingt ans, la
sénescence apparait vers l'âge de quinze seize ans. C'est alors
que l'individu a tendance à s'isoler du reste du groupe. Les bouquetins
adultes et les femelles suitées forment des hardes distinctes. C'est
à partir de trois ans que les mâles sont rejetés par leurs
mères et trouvent refuges auprès des hardes de mâles
célibataires.
Dès mi novembre les mâles entrent en rut. La
maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de deux ans mais les
possibilités de reproduction ne sont offertes qu'à partir de
trois ans. Durant cette période on assiste à un rassemblement des
hardes, femelles/cabris et mâles, ainsi qu'à de nombreux combats
de mâles. Début janvier marque la fin du rut mais aussi le
début de l'hiver alors que les animaux sont affaiblis. La gestation dure
de cinq à six mois, les femelles sont alourdis et fatiguées par
les aléas hivernaux. Les naissances se font à partir de
début juin jusqu'à début juillet. Une étagne ne met
bas que d'un seul cabri tous les deux ans et les jumeaux sont rares (Couturier,
1962 ; Toigo et al, 1996).
3.4.3.2 Etude de son comportement social au rythme des
saisons : d'après des études menées sur des populations
actuelles de bouquetin des Alpes et des Pyrénées.
Des biologistes et zoologues (Gonzalez, 1994 ; Raye, 1994 ;
Toigo et al, 1996) se sont intéressés au comportement saisonnier
du bouquetin afin de définir ses préférences
écologiques. On remarque d'une façon générale qu'au
printemps l'habitat du bouquetin est plus bas : besoin de nourriture, mise
à bas, fatigue et danger d'avalanche. C'est à cette
période que l'on peut les rencontrer à la lisière des
forêts. Cependant ils ne s'aventurent que très rarement dans ses
environnements fermés préférant les espaces ouverts et
escarpés, contrairement aux chamois. Durant l'été le
bouquetin a tendance à remonter vers les hauteurs à la recherche
de fraicheur. Bien qu'habitué à fréquenter les
environnements montagneux, l'hiver reste une saison très difficile pour
cette espèce avec la menace du vent et du verglas. Le manque de
nourriture et le verglas obligent les bouquetins à descendre à
des altitudes plus basses et à trouver refuge sur les pentes
dégagées. Il arrive parfois que les hardes se réfugient
dans des cavités rocheuses afin de s'abriter du vent, faisant d'elles
des proies vulnérables. On peut penser que ce comportement
conditionné en grande partie par l'environnement et le climat est une
réponse d'ordre biologique et peut être pris en compte pour
appréhender les choix effectués par les chasseurs
paléolithiques. Même si le facteur humain a eu des impacts au
niveau de l'étendue du territoire occupé par les bouquetins. En
atteste la présence de cet animal dans des gisements
archéologiques situés en périphérie des zones
montagneuses.
En règle générale, le bouquetin n'est pas
un animal très farouche. Il est possible de s'en approcher de
très près lorsque celui-ci se repose au soleil par exemple. En
revanche les femelles sont plus craintives lorsqu'elles sont
accompagnées de leurs cabris. Il reste cependant très important
pour le chasseur de connaitre le milieu et le comportement de l'animal à
chasser. La chasse à l'affut ou à l'approche sont deux tactiques
qui se prêtaient sans doute bien à la chasse au bouquetin.
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