II - L'ASPECT LEGISLATIF
Ces cinq dernières années, la législation
a été considérablement durcie dans le domaine de lutte
contre les discriminations de toutes sortes. Le code pénal punit de
trois ans d'emprisonnement et de 3 millions de FCA d'amende tout auteur de
discrimination.
Cependant, entamer des poursuites se révèlent
souvent long, coûteux et complexe et donc décourageant. De plus,
apporter la preuve d'une discrimination reste difficile. Enfin, les personnes
séropositives hésitent à porter plainte par crainte de
rendre public leur état de santé.
Notons aussi que les personnes victimes d'actes ou de paroles
discriminatoires se voient renvoyer une image dévalorisée
d'elles-mêmes. Il ressort des différents témoignages que la
majorité des personnes interrogées ne manifestent aucune
volonté où n'ont pas la force et le courage de porter plainte.
Cependant, certaines, avec le recul, le regrettent une fois qu'elles ne sont
plus dans le registre du ressenti.
Les discriminations envers les personnes séropositives,
qu'elles soient de la sphère privée ou de la sphère
sociale, tombent sous le coup de la loi. Cependant, on peut noter que
paradoxalement peu de personnes entament des démarches judiciaires suite
à une discrimination. Les principales raisons évoquées
sont la lenteur, la complexité, le coût et la difficulté
à apporter la preuve.
III - CAMPAGNES ET ACTIONS D'INFORMATION ET DE
SENSIBILISATION
1- Information sur les discriminations en
général
En parallèle au dispositif de lutte contre les
discriminations constatées, l'accent est mis sur des campagnes
d'information à travers les médias tels que la
télévision et la radio afin de sensibiliser l'ensemble de la
population.
Ainsi, début décembre 2007 une campagne
d'information a été mise en place dans le but d'informer les
personnes victimes et les auteurs potentiels de discrimination en faisant un
rappel à la loi. Il s'agissait aussi de faire connaître l'ANCS,
ses missions et les démarches pour la saisir en cas de
discrimination.
Les objectifs des actions de communication sont
également de présenter les différentes formes de
discrimination, leurs impacts et les cadres dans lesquels elles peuvent se
manifester. Il est nécessaire de faire prendre conscience au plus grand
nombre que chacun peut être concerné.
2 - Campagnes dans le cadre de la
lutte contre le sida
Différentes campagnes ont été
réalisées en 2006, et se sont poursuivies en 2007, dans le but
d'amener les gens à s'interroger sur leur propre comportement face
à une personne séropositive et l'impact de celui-ci.
Les différentes campagnes de lutte contre les
discriminations envers les personnes séropositives abordent la
problématique de manières variées. Cependant, il est
possible de distinguer trois axes de communication complémentaires :
- communiquer positivement pour améliorer l'image
sociale des séropositifs
- sensibiliser aux problèmes rencontrés par les
victimes de discrimination
- amener les personnes à s'interroger sur leurs propres
comportements
Pour sensibiliser le public aux problèmes
rencontrés par les victimes de discrimination, certains spots et
campagnes cherche à mettre l'accent sur les différentes
situations que peuvent rencontrer les personnes après avoir
annoncé leur séropositivité tel le rejet ou le renvoi.
Outre les éléments d'information et de
sensibilisation, il est aussi possible d'amener les gens à
réfléchir et à s'interroger sur leurs propres
comportements. Ceci peut se faire en les plaçant, virtuellement, dans la
situation de découvrir la séropositivité d'une
connaissance.
2-1. Soutien, accompagnement des personnes atteintes et
lutte contre les discriminations
2.1.1 - Contexte
Au Sénégal actuellement, la pathologie VIH /Sida
:
- concerne des populations socialement plus
défavorisées qu'au début de l'épidémie ou
entraîne, pour une fraction importante des personnes atteintes, une
détérioration de leur situation sociale, liée à des
difficultés à conserver un emploi stable, à accéder
aux dispositifs d'insertion de droit commun et à conserver des liens
sociaux
- affecte toujours de façon majeure les homosexuels
masculins, encore victimes de discriminations.
Les résultats de l'enquête de l'ANCS sur la
situation sociale des patients suivis dans les hôpitaux indiquent que les
patients actuellement atteints par le VIH sont plus fragiles socialement que la
population générale, rencontrent davantage de difficultés
dans la vie quotidienne et souffrent d'une plus grande précarité
- seulement la moitié des séropositifs occupe un
emploi,
- près d'un homme sur deux vit seul et une femme sur
quatre,
- un peu plus du quart des patients sont reconnus
invalides,
- près de 45% des femmes vivent avec des enfants,
seules ou en couple,
En dépit d'acquis significatifs en matière de
lutte contre les discriminations (reconnaissance du droit des malades, droits
des étrangers malades etc...), des difficultés pratiques
persistent, notamment au sein des populations Dakaroises.
- La lutte contre l'homophobie, comme atteinte aux droits de
la personne et obstacle à la prévention et aux soins, a
mobilisé les associations depuis le début de
l'épidémie et a permis des avancées législatives et
sociales (lutte contre la discrimination homophobe : mise en place d'une
autorité de lutte contre les discriminations et pour
l'égalité, transformation de l'image de l'homosexualité,
plus grande visibilité dans la vie sociale et sur la scène
publique).
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