CONCLUSION
Le tabou du sida reste vivace en raison de la stigmatisation
qu'il peut provoquer à l'intérieur de la famille surtout si la
famille est polygame et au sein de la communauté.
Les impacts de la stigmatisation et la discrimination
associée au VIH/ sida sont cependant très perceptibles au niveau
familial et au niveau individuel. Les analyses ont révélé
que le Sida à la différence des autres maladies pouvait avoir des
impacts spécifiques. Ainsi, au niveau familial on constate que les
statuts sérologiques sont très peu connus du fait de la
stigmatisation.
Cette étude a permis de mettre en évidence la
persistance de discriminations individuelles, de stigmatisations.
Nous avons relevé des situations où il existait
une discrimination, exercée par des individus, en dépit des
recommandations existantes (tests sans consentement, licenciements abusifs,
harcèlement). Des témoins ont rapporté des attitudes
stigmatisantes à leur égard.
Ces attitudes, toujours blessantes, ne sont peut-être
pas très fréquentes, compte tenu du faible nombre de
témoignages recueillis à ce sujet mais il faut rester vigilant.
En effet, le fait qu'il y ait peu de témoignages spontanés et de
cas connus doit être interprété avec précaution. Les
plus vulnérables ne se rendent peut-être pas compte qu'ils sont
discriminés, ne reconnaissent pas la discrimination (manque de
comparaison, ignorance de son droit, etc.).
Pour d'autres, il peut être particulièrement
difficile de parler des expériences de rejet associé à la
discrimination. Notons aussi que, pour certains témoins, parler de leur
séropositivité dans leur entourage, notamment dans le cadre du
travail, a eu un effet libérateur, tandis que pour d'autres, cette
démarche est impensable.
La prévention des discriminations passe par des
campagnes d'information et de sensibilisation mais aussi par la mise en place
de démarches participatives à travers la mise en place de
concours d'idées de courts métrages intitulé "
Scénarios contre les discriminations ". Les scénarios
sélectionnés donneront lieu à la production de courts
métrages qui seront diffusés sur les chaînes de
télévision et dans les salles de cinéma.
Dans un monde où règne le Sida, la non-
protection des droits de l'homme peut devenir une question de vie ou de mort.
Inversement, garantir ces droits peut permettre aux gens d'éviter
l'infection ou, s'ils sont déjà infectés, de mieux en
affronter les conséquences.
Le VIH/ sida a creusé plus profondément les
clivages sociaux et économiques des communautés et des
sociétés et il continue à élargir le fossé.
Partout dans le monde, ceux qui sont les plus affectés par le VIH/ sida
sont des personnes et des communautés qui ont un accès
limité aux droits sociaux et économiques fondamentaux. Priver les
gens de leurs droits fondamentaux limite leurs possibilités de
défendre leur autonomie, d'assurer durablement leur subsistance et de se
protéger, ce qui les rend plus vulnérables à la fois
à l'infection à VIH et à l'impact de
l'épidémie sur leur vie.
Les droits de l'homme qui sont intimement liés à
la réduction de la vulnérabilité au VIH/sida et à
l'atténuation de l'impact de l'épidémie figurent dans les
instruments existants comme la Déclaration universelle des droits de
l'homme, le Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,
le Pacte relatif aux droits civils et politiques, la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à
l'égard des femmes et la Convention relative aux droits de l'enfant.
Les principes de non-discrimination, d'égalité et
de participation sont la pierre angulaire d'une stratégie VIH/ sida
efficace qui intègre les droits de l'homme.
C'est pour cela qu'il est nécessaire de faire le bilan
de l'épidémie dans le contexte des droits de l'homme.
Apprécier l'épidémie de cette manière met
également davantage en relief quelques-unes des conditions
préalables à une réponse efficace : intégrer les
principes, les normes et les critères établis dans les
instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme et recourir
aux institutions nationales et internationales pertinentes pour satisfaire ces
droits. Le cadre stratégique national de lutte contre le VIH/ sida du
Ghana, par exemple, comporte maintenant un chapitre consacré à la
création d'un environnement favorable qui identifie des
stratégies de prise en compte des droits de l'homme et des questions
juridiques et éthiques. Les principes de non-discrimination sont
intégrés dans cette stratégie qui interdit
également les tests VIH obligatoires.
|