Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Issa Sawadogo Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes 2011 |
6.3.3 .2. Comportement des éleveurs et de leurs troupeaux au pâturageLa gestion des ressources pastorales par les éleveurs et leurs troupeaux se fait à deux échelles : l'échelle régionale qui fait appel à diverses stratégies de mobilité dont la transhumance et l'échelle locale dans les limites, le plus souvent, des terroirs (Dongmo, 2009). Dans le chapitre précédent, nous avons rappelé que la conduite quotidienne différait entre les éleveurs. Les Peuls pratiquent à la fois la pâture nocturne et diurne et, en saison sèche, l'abreuvement se fait en deux temps, comme l'ont aussi observé D'Amico et al. (1995) chez les éleveurs Mbororo de Centrafrique. Chez les Gourmantchés, par contre, il n'existe pas de pâture nocturne et l'abreuvement est unique en toute période pour le troupeau principal. Par ailleurs, les pratiques des éleveurs évoluent au cours de l'année, cette dynamique étant mue par les conditions liées aux ressources (disponibilité, qualité, accessibilité) et par les choix qui peuvent être opérés par les troupeaux et/ou par les bergers qui les accompagnent. Dans les parties qui suivent nous rendons compte du comportement des quatre troupeaux suivis au cours de l'année selon les saisons des éleveurs (voir exemple pour tous les troupeaux pour la saison sèche froide : carte VI-1). Notons que nous nous référons aux unités paysagères écologiques pour une plus grande lisibilité, leurs limites étant plus nettement perceptibles. Carte VI-1. Itinéraires des quatre troupeaux en saison sèche froide (pendant Ku fowagu ou Dabunde)
AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; 192 AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau. 6.3.3.2.1. Variations saisonnières de l'utilisation des pâturages chez le troupeau TrpC1-2G (troupeau gourmantché de la catégorie C1-2) 6.3.3.2.1.1. Distances et durées moyennes de déplacement du troupeau Le troupeau de l'éleveur Soali Combary commence sa journée de pâture entre 8 h 13 mn et 9 h 03 mn et la termine entre 17 h 06 mn et 18 h 11 mn. Durant la période de suivi, ce troupeau a eu un temps de présence au parcours qui a varié entre 8 h 07 mn (D_Kufowagu : fin de saison humide) et 9 h 52 mn (Ku tontogu : saison sèche chaude) (tableau VI-9). Par ailleurs, les distances totales parcourues ont été également plus importantes en saison sèche notamment pendant A sakoana (12,19 km) et très peu importantes en saison des pluies ou Ku siagu (6,49 km). L'essentiel des trajets est consacré au déplacement sans alimentation, surtout en saison sèche chaude (plus de 3 km au Ku tontogu et A sakoana) alors qu'en saison humide stricte (Ku siagu), seulement 380 m en moyenne sont parcourus sans broutage. Notons que les animaux sortent plus tardivement du campement de nuit en saison humide et ceci à cause de la traite matinale du lait alors relativement plus abondant que pendant les autres saisons, mais aussi pour éviter l'humidité matinale due à la rosée. Tableau VI-9. Temps et distance au pâturage pour le troupeau TrpC1-2G
Les valeurs situées sur la même colonne et portant des lettres distinctes sont significativement différentes au seuil á = 0,05 à p = 0,001. D_Ku fowagu (début Ku fowagu): mi-octobre à début-novembre P_Ku fowagu (plein Ku fowagu): novembre à février Ku tontogu : mars à début mai A sakoana : fin mai à début juin Ku siagu : juin à début octobre 6.3.3.2.1.2. Importance relative des activités au pâturage Ce troupeau passe au moins 60% de son temps à brouter, le reste du temps étant consacré surtout à se déplacer, mais aussi au repos-rumination et à l'abreuvement ; cette dernière activité apparaît cependant comme marginale surtout en saison pluvieuse (Ku siagu) ou post-pluvieuse (début Ku fowagu) (figure VI-3). Dans ce troupeau, le broutage occupe davantage de temps en saison pluvieuse ou en saison sèche froide (Ku siagu et Ku fowagu : 80%) qu'en saison sèche chaude (Ku tontogu et A sakoana : 65%). Le repos-rumination, le déplacement et l'abreuvement sont par contre trois activités auxquelles plus de temps est consacré en saison sèche chaude que pendant les autres saisons du calendrier pastoral. Figure VI-3 Proportions en temps consacré aux activités au cours de l'année par le troupeau TrpC1-2G D_Ku fowagu (début Ku fowagu): mi-octobre à début-novembre P_Ku fowagu (plein Ku fowagu): novembre à février Ku tontogu : mars à début mai A sakoana : fin mai à début juin Ku siagu : juin à début octobre 6.3.3.2.1.3. Le circuit pastoral quotidien au fil des saisons : unités pâturées et durée de fréquentation
Pendant le premier suivi (17 - 19 novembre 2008) correspondant à la saison sèche froide (plein Ku fowagu), les récoltes sont très avancées et il ne subsiste que quelques champs de sorgho à cycle long dans les bas-fonds (UPP1) et les bas-glacis et plaines argileuses (UPP3). La vaine pâture, encore timide a commencé dans certains secteurs du terroir. Les trois itinéraires adoptés par le jeune berger Ombua et son troupeau, pendant les trois jours d'observation, sont quasi-identiques (carte VI-2). Ainsi, en partant tôt du parc de nuit, le troupeau entame sa journée en parcourant brièvement les buttes rocheuses basses de la chaîne (Li guali ou UPP6) et se retrouve rapidement en bas. Une fois à ce niveau, il fréquente successivement les parties récoltées et en jachère des plaines et bas-glacis. Les prises alimentaires se composent essentiellement de résidus de mil et de quelques restes de fanes d'arachide et de nombreux adventices comme Eragrostis sp. et des herbes de jeunes jachères : Digitaria sp., Pennisetum Pedicellatum, toutes déjà à l'état de paille. Les animaux y restent pendant une bonne partie de la matinée tout en progressant en direction des bas-fonds (UPP1) et surtout des points d'eau situés dans le village de Kobdari où l'abreuvement a lieu à 13 h 01mn. Par endroits, le passage est délicat à cause des champs non encore récoltés et le troupeau se faufile dans les interstices entre champs ou par les sentiers empruntés par les agriculteurs. Dans ce village, il existe encore de l'eau de surface dans certaines dépressions au sein des bas-fonds et l'abreuvement s'y passe pendant 15 mn. Après l'abreuvement, survient le repos de l'ensemble du troupeau. Cette phase de repos-rumination dure 32,5 mn avant que 194 le troupeau n'entame son chemin de retour en parcourant à peu près les mêmes unités en particulier l'unité de type UPP3. Le soir, avant d'entrer dans le parc de nuit, le troupeau passe un bref moment sur les plateaux environnants (UPP4) sur lesquels la couverture herbacée est dominée par l'espèce Schoenefeldia gracilis à l'état de paille. L'unité UPP3 apparait donc comme la plus intéressante dans ce secteur en cette période. En effet, le troupeau y passe le plus clair de son temps (figure VI-4), et y montre la plus faible vitesse de déplacement (6,13 m/mn) (tableau VI-10). Sur cette unité, les résidus de culture sont encore abondants et surtout relativement frais et donc de bonne qualité alimentaire. Il est à noter que les bas-fonds abritent encore beaucoup de champs tardifs et les animaux ne s'y attardent donc pas lorsqu'ils sont amenés à y pâturer. On voit par ailleurs que, le feu de brousse qui a eu lieu une semaine avant nos observations, n'a pas occasionné de repousses notables susceptibles d'attirer le bétail. Ce secteur est en effet couvert essentiellement d'herbacées annuelles de jeunes jachères (Schoenefeldia gracilis, Brachiaria sp., Digitaria sp., Pennisetum pedicellatum, etc.) et, au plan pastoral, l'action du feu est plutôt dommageable, il ne provoque pas de repousses fraiches comme on pourrait s'attendre avec des graminées vivaces. Carte VI-2. Itinéraires du troupeau TrpC1-2G en plein Ku fowagu
10 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau. MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec. Figure VI-4. Proportions en temps de séjour dans les unités pastorales au cours de l'année pour le troupeau TrpC1-2G. D_Ku fowagu (début Ku fowagu): mi-octobre à début-novembre P_Ku fowagu (plein Ku fowagu): novembre à février Ku tontogu : mars à début mai A sakoana : fin mai à début juin Ku siagu : juin à début octobre UPP1, unité de savane arborée sur sol profond hydromorphe à pseudogley de surface ;
UPP6, unité de savane arbustive claire de buttes rocheuses et cuirassées. Tableau VI-10.Vitesse moyenne de déplacement du troupeau TrpC1-2G suivant les unités et les saisons Saisons
196 D_Ku fowagu (mi-octobre à début-novembre) 6,19 ---- ---- 10,61 UPP1, unité de savane arborée sur sol profond hydromorphe à pseudogley de surface ;
UPP6, unité de savane arbustive claire de buttes rocheuses et cuirassées.
En pleine saison sèche chaude (Ku tontogu), le troupeau, partant du parc de nuit, se dirige dans la direction opposée à celle qu'il fréquentait lors du précédent suivi. Les circuits (carte VI-3) sont là encore quasiment identiques sur les trois journées: ils se concentrent dans les plaines, bas-fonds et bas-glacis désormais totalement débarrassés de toutes les cultures. Dans cette partie du terroir, les troupeaux que nous avons rencontrés au cours de ces journées étaient essentiellement ceux de Gourmantchés habitant à proximité. Chaque matin, durant les trois jours, le troupeau de Combary Soali s'est rendu sur les bas-glacis et plaines argileuses (UPP3) à l'ouest du quartier Koukongou où il était encore possible de trouver des résidus de culture. Il y est resté toute la journée en les parcourant de manière rapide (13,02 m/mn) dans tous les sens surtout le long des bas-fonds (UPP1) qui ont été aussi, par moments, mis à contribution. Les bas-fonds étaient les milieux les plus intéressants comme en témoigne le temps qu'y a passé le troupeau (figure VI-4) et le rythme adopté (9,85 m/mn) (tableau VI-10). Cependant, la concurrence y était rude car tous les animaux basés dans les quartiers environnants venaient s'y abreuver à cause de nombreux filets d'eau intarissables alimentés par diverses sources qui y sont rencontrées. Après l'abreuvement (durée moyenne: 36 mn) qui se produit un peu plus tôt que précédemment (à 12h 48mn) et un repos de 26 mn, le troupeau est repassé pratiquement sur ses pas, tout en restant à proximité des habitations. Deux fois sur les trois jours de suivi, quelques instants après le repos, les animaux ont été conduits vers le campement de nuit où ils ont été complémentés avec du fourrage gardé en stock accompagné d'une boisson faite d'eau mélangée au son de cuisine. Le retour vers le campement a eu lieu à 18h 05mn et le troupeau y est parvenu en passant rapidement (vitesse : 13,81 m/mn) par le flanc de la chaîne du Gobnangou (UPP6). Le premier jour de suivi, cependant, le troupeau est rentré directement au campement en parcourant les plaines et les plateaux (UPP4). La traversée des plateaux s'est faite à une allure rapide sans broutage, ce qui indique son peu d'intérêt. On peut remarquer que tout en restant non loin du parc de nuit, la distance journalière parcourue est nettement plus importante que la saison précédente (9,94 km contre 7,63 km). Les feux de brousse qui étaient passés en novembre et décembre précédents avaient notablement réduit le disponible fourrager et l'espace exploitable par le troupeau. En effet, le feu, parti du quartier Pambidjeni (Sud-est du secteur : carte VI-3), a consumé une grande partie de l'importante biomasse herbacée que produit habituellement l'unité sur laquelle il s'est déclaré (UPP4). Il a ainsi privé le troupeau d'un fourrage abondant et situé à proximité, qui aurait pu être exploité en cette saison où l'économie d'énergie est un défi important (Kagoné, 2000 ; Dumont et al. 2001). Carte VI-3. Itinéraires du troupeau TrpC1-2G pendant Ku tontogu
10 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau. MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec. 198
Le comportement territorial du troupeau en cette saison de transition est assez proche de celui de la période précédente, mais le suivi des 26, 27 et 28 mai 2009 (carte VI-4) a montré que l'espace exploré était plus vaste et que les animaux se déplaçaient dans tous les sens en empruntant des itinéraires sinueux, la distance journalière moyenne parcourue (12,19 km) étant plus longue. Les unités paysagères parcourues restent pratiquement les mêmes que pendant Ku tontogu avec une préférence plus affirmée pour les plateaux (UPP4) situés à proximité du campement de nuit, maintenant délocalisé à côté de la concession familiale. Les animaux ont été abreuvés à 12h 44 mn pendant 26 mn en un point d'eau situé dans le même secteur et le repos qui a suivi a été de même durée (24 mn). Sur les trois jours qu'ont duré les observations, le troupeau est resté sur les plaines et bas glacis pour l'essentiel de son temps de broutage, marqué par de courts et incessants déplacements ; les prises se sont composées de restes de résidus culturaux et de pailles résiduelles. De manière globale, le rythme de déplacement a été rapide (de 16,02 m/mn sur UPP3 à 18,75 m/mn sur UPP4) (tableau VI-10), ce qui est une indication que ces parcours sont de très faible qualité. Ici encore, l'après midi les animaux ont reçu en complément des résidus de culture collectés et stockés au sein de la concession de Mr Soali. A leur retour au campement, ils ont trouvé une boisson à base de son de cuisine et de son industriel dans de grandes bassines. Cette complémentation et la proximité de sources d'eau permanentes dans le bas-fond situé à l'ouest du quartier Koukongou expliquent que le troupeau, en cette saison, ne s'éloigne pas des habitations. Notons par ailleurs que quelques pluies ont été signalées dans la partie sud du terroir (villages de Pielgou et de Gnimboama), mais elles n'avaient pas eu le temps de permettre des repousses notables qui auraient pu influencer le comportement des troupeaux. Carte VI-4. Itinéraires du troupeau TrpC1-2G pendant A sakoana
10 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau ; MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec. 200
La troisième journée de ce suivi fait du 3 au 5 août 2009 a été marquée par une pluie matinale. Les circuits (carte VI-5), plus linéaires et moins longs (distance moyenne : 6,49 km) se sont concentrés sur les buttes rocheuses de la chaîne du Gobnangou (UPP6) où les prises alimentaires se sont essentiellement composées de Andropogon pseudapricus, Loudetia togoensis, et parfois Schizachyrium exile en pleine croissance. Chaque matin, le troupeau a été ramené au flanc de la chaîne et trait par les femmes. Puis, vers 9 h, il a pris la direction du sommet de la chaîne et y a passé pratiquement toute la journée en progressant lentement (9,81 m/mn). L'abreuvement à 13h 12 mn dans diverses petites retenues disséminées dans une petite vallée située sur la chaîne a été bref (4 mn). Ensuite a suivi un long repos-rumination qui a duré 47mn, puis le troupeau est resté encore un long moment sur les buttes avant d'amorcer son retour vers le campement autour de 16 h. La dernière étape du parcours, une descente vers les bas-glacis et plaines argileuses (UPP3) et plateaux (UPP4) situés en contrebas, a permis au troupeau d'exploiter les interstices non cultivés entre les champs, espaces riches en certaines herbes de qualité (Eragrostis sp., Brachiaria sp., Pennisetum pedicellatum, Setaria pallide-fusca, Digitaria sp.) et très appréciées par le troupeau comme en témoigne le rythme particulièrement lent de progression (respectivement 6,44 m/mn et 7,92 m/mn) (tableau VI-10). Cette partie du terroir étant une zone de concentration de champs, le berger a évité d'aller plus loin avec son troupeau. Carte VI-5. Itinéraires du troupeau TrpC1-2G pendant Ku siagu
AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau.
Lors du dernier suivi (15 au 17 octobre 2009) au début de la période Ku fowagu, seules quelques parcelles de légumineuses (niébé, arachide) avaient déjà été récoltées, l'essentiel des champs de céréales attendaient d'être récoltés. Le troupeau, après la traite matinale, a été conduit par le bouvier sur la chaîne du Gobnangou (UPP6) en bordure de laquelle est situé le parc de nuit (carte VI-6 & figure VI-4). L'herbe y était encore abondante mais commençait à perdre sensiblement en qualité car la plupart des espèces (Andropogon pseudapricus, Schizachyrium exile, Loudetia togoensis) avait atteint leur stade de floraison et même de fructification. Sur la chaîne, les animaux recherchaient les dépressions où il était encore possible de trouver des herbes tendres ou non encore matures. L'abreuvement qui a eu lieu vers 13h pendant les 3 jours de suivi, dans une mare de bas-fond (Ku bagu ou UPP1), a duré environ 7 mn. Immédiatement après, il y a eu un temps de repos-rumination pendant 41,5 mn. Vers 14 h, la recherche alimentaire a repris, toujours sur la chaîne, mais en direction du campement que le troupeau atteint vers 17 h (tableau VI-9). Il est à noter que juste avant et après l'abreuvement le troupeau s'est retrouvé aux abords des bas-fonds (UPP1), milieux appréciés (vitesse : 6,19 m/mn) mais difficilement praticables. Les animaux se sont ensuite satisfaits dans les parties sèches de la chaîne où ils ont cependant progressé à un rythme plus rapide (10,61 m/mn) (tableau VI-10). Notons que pendant cette saison et la précédente, le temps consacré par le troupeau au déplacement sans broutage est plus faible que pendant les autres (figure VI-3) 202 Carte VI-6. Itinéraires du troupeau TrpC1-2G pendant début Ku fowagu
AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau. 6.3.3.2.2. Variations saisonnières de l'utilisation des pâturages chez le troupeau de type TrpC1-2P (troupeau peul de la catégorie C1-2) 6.3.3.2.2.1. Distances et durées moyennes du déplacement du troupeau Le troupeau commence sa journée de pâturage entre 8h 45mn (au Ceedu) et 9h 16 mn (au Yaamde) et la termine au plus tôt à 18h 05mn ou plus tardivement à18h 16mn en pleine saison humide (Ndungu). Au total, le troupeau a séjourné au pâturage environ 9 heures à chaque saison. Les distances moyennes parcourues ont été de 8,20 km (Yaamde) à 10,77 km (Ceedu), (tableau VI-11) et une bonne part de ces distances reviennent aux déplacements entre plusieurs secteurs de la zone explorée. Ces trajets ont été particulièrement longs pendant la saison sèche (3,32 km au Ceedu et 2,66 au Kotoga). Tableau VI-11.Temps et distance au pâturage pour le troupeau TrpC1-2PTrpC1-2P.
Les valeurs situées sur la même colonne et portant des lettres distinctes sont significativement différentes au seuil á = 0,05 à p = 0,001. Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai Kotoga : fin mai à début juin Ndungu : juin à début octobre Yaamde : octobre à début novembre 6.3.3.2.2.2. Importance relative des activités au pâturage Le partage du temps du troupeau au pâturage (figure VI-5) est très proche de celui du troupeau que nous venons de présenter. Ainsi, le prélèvement alimentaire (broutage) est l'activité la plus importante qui occupe en moyenne autour de 70% du temps du bétail toutes saisons confondues. C'est pendant la saison pluvieuse que le plus de temps (73,5%) lui est consacré avec le repos-rumination tandis que le temps mis pour se déplacer ou pour s'abreuver est le plus faible. Le repos-rumination est une activité particulièrement peu importante en saison sèche chaude (Ceedu + Kotoga) : seulement 7% du temps lui est consacré contre 11% à 16% pour les autres saisons ; en revanche, l'abreuvement y occupe la place prépondérante (5 à 7%). C'est pendant la saison sèche, et tout particulièrement de mars à mai (Ceedu : 20%), que le déplacement pèse le plus dans le budget-temps du troupeau. 204 Figure VI-5. Proportions en temps consacrés aux activités au cours de l'année par le troupeau TrpC1-2P. Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai Kotoga : fin mai à début juin Ndungu : juin à début octobre Yaamde : octobre à début novembre 6.3.3.2.2.3. Le circuit pastoral quotidien selon les saisons : unités pâturées et durée de fréquentation
Lors du suivi du 22 au 24 novembre 2008, une grande partie des parcelles cultivées de cette partie du terroir (flanc de la chaîne du Gobnangou) étaient déjà récoltées mais la vaine pâture n'était encore admise que dans certains de ces secteurs car les résidus de culture n'avaient pas encore été totalement collectés. Le troupeau, après la traite matinale, s'est d'abord brièvement abreuvé dans les mares voisines, puis s'est dirigé vers la chaîne (UPP6) au pied de laquelle se trouve son parc de nuit (carte VI-7). Évitant l'humidité de la rosée matinale, il a passé un long moment à parcourir à allure rapide (13 m/mn ; tableau VI-12) les buttes rocheuses en se dirigeant vers le bas-fond (UPP1) de la partie sud du secteur (vers le quartier Kobana) où a eu lieu l'abreuvement de l'après midi. Avant cet abreuvement (début à 13h 52mn; durée : 20,5 mn) et le repos-rumination de 69 mn qui a suivi, le troupeau a exploité divers fourrages. Il s'agissait de l'herbe (Pennisetum pedicellatum, Schoenefeldia gracilis, Oryza longistaminata) pourtant déjà sèche des bas-fonds, bas-glacis et plaines argileuses (UPP3), mais surtout de divers résidus de culture (tiges de sorgho, fanes de niébé) et de jachères entre les cultures, situées surtout sur les plaines sablo-limoneuses à sols moyennement profonds (UPP5). Vers 16 heures, le troupeau a exploré rapidement (12,02 m/mn) les plateaux gravillonnaires situés dans l'ouest du secteur avant d'amorcer son retour vers le parc de nuit. De toutes les unités pâturées, les unités de bas-fonds et de bas-glacis sont apparues les plus attractives si l'on se fie au rythme de progression qui y a été observé (respectivement 7,93 m/mn et 9,44 m/mn). Pendant l'observation sur place c'était les zones cultivées (UPP5) qui semblaient les plus recherchées, mais le cloisonnement de l'espace par les champs et le risque de dégâts associé obligeait le troupeau à y progresser rapidement (10 m/mn). C'est effectivement là que le plus de temps a été passé (figure VI-6). Carte VI-7. Itinéraires du troupeau TrpC1-2P pendant Dabunde
AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau ; MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec. 206 Figure VI-6. Proportions en temps de séjour dans les unités pastorales au cours de l'année pour le troupeau TrpC1-2P. Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai Kotoga : fin mai à début juin Ndungu : juin à début octobre Yaamde : octobre à début novembre UPP1, unité de savane arborée sur sol profond hydromorphe à pseudogley de surface ;
Tableau VI-12. Vitesse moyenne de déplacement du troupeau TrpC1-2P suivant les unités et les saisons
UPP1, unité de savane arborée sur sol profond hydromorphe à pseudogley de surface ;
Quelques jours après le suivi de la saison précédente (Dabunde), un feu de brousse daté du 05 décembre 2008 (carte VI-8) s'est produit dans le secteur de la chaîne qui fait face au parc de nuit du troupeau. Ceci n'a cependant pas semblé influer notablement sur les itinéraires du troupeau, l'espace villageois en bas de la chaîne étant totalement libéré après les récoltes et le ramassage des résidus de culture. Au moment de notre suivi (11-13 avril 2009), la vaine pâture avait déjà eu lieu et les zones cultivées (essentiellement UPP5 mais aussi UPP3) ont été fortement pâturées par le cheptel local et transhumant. Durant les trois jours de suivi, le berger a conduit son troupeau, dans une portion très restreinte du terroir principalement constituée de plaines et bas-fonds (UPP3 et UPP1) (figure VI-6 & carte VI-8) le long du couloir de transhumance et de la route principale qui traverse le terroir dans le sens Nord-Sud. Chaque matin, le troupeau passait d'abord s'abreuver dans les filets d'eau du bas-fond situé à proximité. De là il se dirigeait vers le nord et n'en revenait que pour le second abreuvement vers 14h (33 mn). Après un repos de 43 mn en moyenne succédant à l'abreuvement, le troupeau est resté sur les mêmes unités, assez proches du parc de nuit pour attendre le moment du retour. Sur ces unités, la progression était rapide (10,54 m/mn à 15,77 m/mn : tableau VI-12), ce qui montre qu'elles sont pauvres et la forme très sinueuse des circuits montre des changements incessants de direction dans la progression du troupeau et reflète la distribution très disparate de l'offre fourragère (Dumont et al. 2001). La distance parcourue en cette saison est en moyenne inférieure à celle de la saison précédente (Dabunde) (10,36 km contre 10,77 km). Notons qu'en cette saison le parc de nuit a été délocalisé juste à côté de la concession du propriétaire. 208 Carte VI-8. Itinéraires du troupeau TrpC1-2P pendant Ceedu
10 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau ; MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec.
Ce suivi a eu lieu un mois et demi plus tard que le précédent, précisément les 29, 30 et 31 mai 2009, mais le comportement du troupeau a peu changé entre les deux périodes. Le même secteur et les mêmes unités pastorales ont été pâturées (carte VI-9). On peut noter cependant que la fréquentation des bas-fonds (UPP1) s'est accrue aux dépens de celle des basglacis et plaines argileuses (UPP3). En cette période pré humide, les quelques pluies qui ont été enregistrées n'ont pas atteint un niveau à même de provoquer la pousse des herbes précoces. Le fourrage herbacé des plaines est alors totalement épuisé ou sans intérêt alors que la concentration des points d'eau dans les bas-fonds justifie la plus grande présence du troupeau sur ces unités qui avaient, par ailleurs, une plus grande couverture en paille. Par ailleurs, le troupeau a été, cette fois, plus présent sur les buttes rocheuses (UPP6), mais cette unité a été traversée rapidement (16,06 m/mn ; tableau VI-12) avec peu ou pas de broutage, car elle manque d'intérêt fourrager à cette période. L'abreuvement du troupeau s'est déroulé en deux temps (1er abreuvement à 9h 12mn ; 2ème abreuvement à 13h 42 mn pendant 40 mn) et le repos a duré 43,5 mn. Carte VI-9. Itinéraires du troupeau TrpC1-2P pendant Kotoga
10 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau ; MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec.
Pendant la saison de transition vers la saison sèche froide (Yaamde) (carte VI-11), le secteur fréquenté a été le même que pendant Ndungu. Cependant, le troupeau a été plus présent dans les terres basses : abords asséchés de bas-fonds (UPP1) et espaces entre champs où les récoltes ont timidement commencé. Le pâturage sur la chaîne devient exceptionnel, il ne se fait plus qu'aux premières heures de la matinée ou pour faire passer le troupeau d'un secteur à un autre. Les pâturages les plus recherchés sont alors ceux des bas glacis (près de 70% de temps de présence ; figure VI-6) notamment dans leurs portions cultivées où les résidus de culture commencent à être disponibles. Les risques liés aux dégâts champêtres y diminuent en effet au rythme de l'avancée des récoltes et le troupeau les parcourt très lentement (8 m/mn) (tableau VI-12) preuve de leur intérêt. En cette saison, tout le lit du bas fond regorge encore d'eau de surface à plusieurs endroits et le troupeau s'y abreuve directement vers de 13h après un premier abreuvement matinal à proximité du parc de nuit. Carte VI-10. Itinéraires du troupeau TrpC1-2P pendant Ndungu
05 :12 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau. 212 Carte VI-11. Itinéraires du troupeau TrpC1-2P pendant Yaamde
AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau. 6.3.3.2.3. Variations saisonnières de l'utilisation des pâturages chez le troupeau de type Trp 6.3.3.2.3.1. Distances et durées moyennes du déplacement du troupeau Le troupeau principal conduit par le jeune frère du propriétaire seul pendant le Dabunde, le Ndungu et le Yaamde et aidé par deux autres bergers pendant le Ceedu, a été présent au pâturage pendant en moyenne plus de 9 h par jour. Sa journée commence au plus tôt à 8h 53mn au Ceedu (saison sèche chaude) et au plus tard à 9h 18 mn au Dabunde. Le soir, le troupeau est rentré au parc de nuit toujours au même moment, c'est-à-dire à 18h 20mn (tableau VI-13). La distance moyenne parcourue a été plus importante au Ceedu (11,16 km) mais surtout pour de trajets sans prélèvement alimentaire (3,44 km). Par ailleurs, c'est au Yaamde que la distance parcourue quotidiennement a été la plus faible (8,46 km) avec peu de marche entre les milieux fréquentés. Tableau VI-13 Temps et distance au pâturage pour le troupeau Trp
Les valeurs situées sur la même colonne et portant des lettres distinctes sont significativement différentes au seuil á = 0,05 à p = 0,001. Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai Ndungu : juin à début octobre Yaamde : octobre à début novembre 6.3.3.2.3.2. Importance relative des activités au pâturage Le temps consacré au broutage a été de plus de 65% sur toute la période de suivi. Par ailleurs, alors que la part du temps consacré au broutage et au repos-rumination a été plus importante au Yaamde et au Ndungu, c'est plutôt au Dabunde et au Ceedu que l'abreuvement et le déplacement ont bénéficié de l'allocation en temps la plus grande. On peut aussi observer que les différentes activités ont presque le même poids dans le temps qui leur est consacré pendant la campagne agricole (saisons Yaamde et Ndungu). 214 Figure VI-7. Proportion en temps consacré aux activités au cours de l'année par le troupeau Trp Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai Ndungu : juin à début octobre Yaamde : octobre à début novembre 6.3.3.2.3.3. Le circuit pastoral quotidien selon les saisons : unités pâturées et durée de fréquentation
Le suivi de ce troupeau en cette saison s'est déroulé du 26 au 28 novembre 2009, rappelons-le. La plupart des champs cultivés en sorgho dans le secteur fréquenté attendaient encore d'être récoltés. Après la traite matinale qui se faisait très tôt, le troupeau quittait, sous la surveillance du jeune Diawara, son parc de nuit à 9h 11mn. Il a d'abord pris la direction des parties hautes accessibles du secteur (UPP4) en attendant que l'humidité matinale s'assèche (carte VI-12). De là, il a été conduit dans la vaste plaine hydromorphe (UPP2) attenante riche en Sorgastrum bipennatum, Andropogon pseudapricus, Schizachyrium brevifolium et surtout en de nombreuses herbes plus fraîches désormais accessibles du fait de l'assèchement de l'unité. Il y a passé la plus grande partie de la matinée en progressant en direction des glacis et plaines argileuses (UPP3) puis des bas-fonds (UPP1) sur lesquels il a pâturé les résidus culturaux disponibles (tiges de mil ou de sorgho, fanes de niébé). Sur les portions non cultivées de ces unités pastorales, le troupeau a exploité une herbe aussi variée que riche comprenant Sporobus pyramidalis, Paspalum orbiculare, Pennisetum pedicellatum, Rottboellia exaltata, Schizachyrium brevifolium, Schizachyrium sanguineum Setaria pallidefusca, Sclerea sp. Oryza longistaminata, Digitaria sp., Echinchloa sp. et quelques pieds de Vetiveria nigritana. À la mi-journée à 13h 33 mn, le troupeau se trouvait dans la partie la plus méridionale de son parcours, il s'est abreuvé pendant 24 mn dans l'un des nombreux points d'eau artificiels avant un repos sous des arbres proches. Ensuite le troupeau a repris son chemin en parcourant pratiquement les mêmes unités en direction du campement qu'il a atteint à 18h 22 mn. Malgré l'interêt fourrager manifeste des bas-fonds (rythme de parcours le plus lent 9,44 m/mn ; tableau VI-14), le troupeau a passé surtout son temps sur les plaines inondables (figure VI-8), seul espace ouvert et librement accessible à cette période dans cette partie du terroir. En l'espace de quelques semaines, le secteur a connu le départ de plusieurs feux de brousse dont l'un s'est produit le premier jour du suivi (26 novembre 2008) dans les broussailles des plateaux (UPP4) à proximité du parc de nuit du troupeau. Ce feu, qui a été maîtrisé, a cependant influé sur le circuit du troupeau les deux jours suivants. En effet, cette portion du secteur n'a plus été que légèrement pâturée les matins du 27 et du 28 novembre. Au total, le troupeau a parcouru 10,24 km en 9h 10mn. Carte VI-12. Itinéraires du troupeau Trp pendant Dabunde
UPP6, unité de savane arbustive sur buttes rocheuses et cuirassées ; 10 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau ; MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec. Figure VI-8 Proportions en temps de séjour dans les unités pastorales au cours de l'année pour le troupeau Trp Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai Ndungu : juin à début octobre Yaamde : octobre à début novembre
UPP6, unité de savane arbustive claire sur buttes rocheuses et cuirassées ; Tableau VI-14. Vitesse moyenne de déplacement du troupeau Trp suivant les unités et les saisons
UPP6, unité de savane arbustive claire sur buttes rocheuses et cuirassées
Le suivi a été effectué du 15 au 17 avril. Tout l'espace villageois était alors libre d'accès après les récoltes et la collecte et le stockage des résidus de cultures. Cette fois-ci, le troupeau était encadré par 3 bergers dont deux salariés ; le parc de nuit avait été placé plus bas dans la plaine inondable devenue sèche et pour une bonne part consumée par un feu du 07 216 février 2009 (carte VI-13). La délocalisation du parc de nuit en cet endroit était due au microclimat qui y était devenu relativement plus favorable. La pâture s'est faite, comme pendant la saison précédente dans les parties les plus basses du secteur (UPP3 et UPP1) après un passage vers les points d'eau à usage mixte (puits modernes et bouli) ou réservés aux animaux (puisards) pour l'abreuvement matinal (durée moyenne: 12 mn). Après ce premier abreuvement, le troupeau est resté pratiquement toute la journée dans les bas-fonds (UPP1 : figure VI-8) dont le stock fourrager était cependant fortement amoindri par de nombreux départs de feux de brousse (15 novembre 2008, 24 janvier 2009 et 03 février 2009). Le troupeau y a exploité la paille résiduelle épargnée par le feu. Le feu de janvier avait été suivi de repousses fraiches de quelques pieds de vivaces, mais celles-ci étaient en quantité insignifiante. Le deuxième abreuvement, le plus important, s'est fait vers 14h pendant 30 mn avant un repos-rumination de 44,5 mn. Ensuite le troupeau a commencé son retour vers le campement en passant par les mêmes unités pastorales que celles du matin. Une grande partie des pâturages des alentours (UPP2, UPP3 et UPP4) a été sérieusement touchée par divers départs de feux intervenus depuis fin 2008 sans grande possibilité de repousses contrairement aux bas-fonds. 218 Carte VI-13. Itinéraires du troupeau Trp pendant Ceedu
10 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau ; MS : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et à sec. Pendant son séjour dans les bas-fonds le troupeau a progressé relativement moins rapidement que dans les autres unités pastorales (10,78 m/mn ; tableau VI-14) ; la forme sinueuse de son itinéraire témoigne de changements fréquents de direction et de la recherche avide de fourrage devenu rare et surtout à distribution très disparate. Une sorte de compensation est réalisée au campement par un apport de résidus culturaux collectés et de son industriel acheté. Mais ces apports restent insuffisants au regard de la taille du troupeau. Cette pénurie va conduire ce troupeau à la transhumance juste après notre suivi. La distance totale moyenne parcourue en cette saison a été de 11,16 km.
Ce troupeau, qui n'a pu faire l'objet de suivi pendant Kotoga du fait de son absence dans le terroir, a été retrouvé au Ndungu pour un suivi les 9, 10 et 11 août. Son parc de nuit a de nouveau été placé sur les plateaux (UPP4) pour fuir l'humidité et l'impraticabilité de l'ancien site situé dans la plaine inondable voisine (UPP2) (carte VI-14). La chaîne de pâturage est constituée principalement des jachères et broussailles des interstices entre les nombreux champs des plateaux. Le troupeau y a séjourné pendant les premiers moments de la journée puis le soir au moment du retour. Le reste de la journée, pendant les 2ème et 3ème jours de suivi, le troupeau a progressé vers des espaces plus ouverts, notamment les plateaux cuirassés près du quartier Banduo, en parcourant les glacis et plaines argileuses (UPP3), unités pastorales relativement intéressantes comme en témoigne le rythme lent de leur traversée (8,54 m/mn ; tableau VI-14) malgré la forte présence de champs. Les espèces qui ont participé notablement aux prises alimentaires sont Andropogon pseudapricus, Panicum repens, Paspalum orbiculare, Zornia glochidiata et Eragrostis sp. A la mi-journée, le troupeau a été positionné sur les plateaux cuirassés où les risques étaient les plus faibles dans ce secteur, il n'en est revenu que pour s'abreuver. Sur ces plateaux, les genres Aristida et Alysicarpus de même que l'espèce Loudetia togoensis fourrages assez abondants ont été les plus pâturés. Depuis là le troupeau a amorcé son retour vers le campement en passant par les points d'abreuvement, assez nombreux sur UPP4. Notons qu'au premier jour de suivi, le troupeau a passé toute la journée dans les espaces non cultivés de l'unité pastorale UPP4 après un bref séjour dans une unité de plaine argileuse (UPP3) située du côté nord du campement. Pour rejoindre cette unité, il a dû emprunter à un rythme soutenu, un sentier traversant les parties moins humides de la plaine inondable. Selon le berger, le risque en valait la peine car l'unité convoitée, qui apparaissait presque comme un îlot au milieu de zones inondées était, peu pâturée par les troupeaux des éleveurs situés dans ce secteur du terroir. Carte VI-14. Itinéraires du troupeau Trp pendant Ndungu Pendant la période de suivi l'abreuvement a eu lieu à 12 h 53 mn pendant 19 mn avant un repos de 66 mn. Le troupeau a rejoint le campement à 18h 20 mn et la distance moyenne parcourue a été de 8,97 km.
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07 :02 :2009 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau.
Au Yaamde, le suivi du troupeau de l'éleveur Diawara a été réalisé les 22, 23 et 24 octobre 2009. Le parc de nuit était toujours à son emplacement du Ndungu et pendant presque toute la journée de pâturage, le troupeau a été présent sur les plaines inondables (figure VI-8 & carte VI-15) dont une bonne partie est devenue praticable avec le retrait de l'eau. Celles-ci libèrent les fourrages auparavant inaccessibles et provoquent des jeunes pousses relativement plus tendres qu'ailleurs. Juste après la traite laitière matinale, le troupeau a séjourné brièvement sur les plateaux en attendant la baisse de l'humidité due à la rosée. Les plateaux demeuraient cependant les milieux les plus intéressants (rythme de progression moins rapide que dans les plaines ; tableau VI-14), mais les risques y demeuraient plus élevés car de nombreux champs étaient en phase d'épiaison-fructification et ils étaient l'objet d'une surveillance renforcée de leurs propriétaires. Ceci n'encourageait pas le berger à rester à proximité. Le deuxième abreuvement, à 13h 01 mn pendant 14 mn, s'est fait dans une mare naturelle située dans UPP2 qui contenait encore de l'eau. L'abreuvement a duré relativement moins qu'au Ndungu parce que cette fois il y avait eu un abreuvement matinal de 4 mn environ quelques instants après le départ du campement. Par ailleurs, le point d'eau semblait encore peu fréquenté, ce qui permettait au troupeau de s'abreuver sans gêne aucune et donc de gagner du temps. Le troupeau s'est ensuite reposé pendant 63 mn. A partir de 15 heures le jeune berger et son troupeau ont adopté une direction qui les a conduits progressivement vers le campement de nuit autour de 18h 20mn après avoir parcouru une distance moyenne de 8,46km. Carte VI-15. Itinéraires du troupeau Trp pendant Yaamde
07 :02 :2009 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; AS : point d'eau à usage exclusivement animal et à sec ; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau ; ME : point d'eau à usage mixte (humain et animal) et contenant de l'eau. 222 6.3.3.2.4. Variations saisonnières de l'utilisation des pâturages chez le troupeau de type TrpC3 6.3.3.2.4.1. Distances et durées moyennes du déplacement du troupeau Pendant les deux saisons de suivi (4, 5 & 6 décembre pour Dabunde ; 19, 20 & 21 avril pour Ceedu), ce troupeau est resté au pâturage pendant environ 10 h de temps (9h 52 mn et 10h 19mn respectivement) et a parcouru 12,02 km et 13,03 km (tableau VI-15) dont une bonne partie a été consacrée à la marche (3,51 à 4,02 km). Ce troupeau transhumant est pratiquement tout le temps au pâturage (départ un peu après 8h et retour vers 18h 30mn), ce qu'on peut expliquer par le fait que les bergers sont entièrement concentrés sur leur bétail, leurs familles étant au loin, en terroir d'attache. Tableau VI-15. Temps et distance au pâturage pour le troupeau TrpC3 Saisons Heure départ Heure retour Durée pâturage Distance parcourue (km) Totale Marche Autres activités Dabunde 8 h 31 #177; 14 mn 18 h 23 #177; 11 mn 9 h 52 #177; 12 mn 12,02 #177; 0,48a 3,51 #177; 0,69a 8,51 #177; 0,92a Ceedu 8 h 16 #177; 09 mn 18 h 34 #177; 05 mn 10 h 19 #177; 06 mn 13,03 #177; 0,65a 4,02 #177; 0,86a 9,01 #177; 1,08a Les valeurs situées sur la même colonne et portant des lettres identiques sont statistiquement égales au seuil á = 0,05 à p = 0,001. Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai 6.3.3.2.4.2. Importance relative des activités au pâturage Au pâturage le troupeau consacre presque 70% de son temps à brouter quelle que soit la saison (figure VI-9). Le temps consacré au repos-rumination et, dans une moindre mesure, au déplacement est plus long en début de saison sèche (Dabunde) qu'en saison sèche chaude. A l'inverse, le temps consacré à l'abreuvement est bien plus faible au Dabunde (environ 2%) qu'au Ceedu (environ 6%). Figure VI-9. Proportions en temps consacrés aux activités au cours de l'année par le troupeau TrpC3. Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai 6.3.3.2.4.3. Le circuit pastoral quotidien selon les saisons : unités pâturées et durée de fréquentation L'éleveur considéré est un transhumant venant du nord du pays, précisément de la commune de Botou. Assez connu dans cette partie du terroir grâce à ses fréquents séjours, il bénéficie d'un traitement relativement exceptionnel qui lui permet d'exploiter les parcelles récoltées et nettoyées (collecte de résidus culturaux) de ses tuteurs à proximité desquels il a établi son campement de fortune.
Quand nous l'avons rencontré pour demander l'autorisation de suivre son troupeau, l'éleveur Baadio était arrivé dans le terroir l'avant-veille. Après avoir beaucoup hésité il nous a permis de suivre le troupeau du 4 au 6 décembre. A cette période, beaucoup de champs environnant, notamment ceux des plateaux à sols plus ou moins profonds (UPP5) et ceux des bas glacis et plaines argileuses (UPP3), étaient déjà récoltés, mais le ramassage des résidus culturaux n'était pas achevé ce qui n'autorisait encore qu'une vaine pâture limitée. L'espace le plus ouvert et à accès le moins risqué était donc surtout l'environnement immédiat du campement et les jachères de divers âges des plateaux proches (UPP4). Malheureusement, plusieurs départs de feux avaient consumé une grande partie de sa biomasse d'herbes annuelles produite pendant le Ndungu. Après une traite laitière rapide, au départ du campement le matin, le troupeau a parcouru pendant quelques minutes les jachères puis s'est dirigé vers le bas-fond situé plus bas, en suivant des sentiers, où il s'est rapidement abreuvé (environ 7 mn) le long du cours d'eau (carte VI-16). De là il a progressé, en parcourant quelques parcelles libérées des cultures, vers les parties hautes et non brûlées du secteur (UPP6 et UPP4) où il a passé la première moitié de la journée en consommant un fourrage plutôt médiocre dominé par Aristida funiculata, Andropogon pseudapricus, Schizachyrium exile, Loudetia togoensis ainsi que quelques espèces de jachères comme Setaria pallide-fusca et Pennisetum pedicellatum, espèces déjà toutes parvenues à maturité. Aux alentours de 12 h, il est redescendu dans les zones cultivées (UPP5 beaucoup plus qu'UPP3) pour exploiter surtout les résidus de culture et les broussailles situées entre les champs. Le troupeau est resté à cet endroit avant et après l'abreuvement suivi du repos puis, le soir, a regagné le campement. Le second abreuvement a eu lieu à 13h 52mn pendant 12 mn avant un repos-rumination de 44 mn à quelques pas du point d'eau. Au total, le troupeau a fréquenté surtout les plateaux cultivés (figure VI-10) mais les unités qui apparaissent les plus attrayantes ont été les plaines cultivées (UPP3) que le troupeau a parcouru relativement lentement (tableau VI-16). Mais il ne pouvait y demeurer longtemps la récolte n'était pas achevée dans ces zones de sorgho à cycle long et les résidus de culture, assez recherchés, n'avaient pas encore été collectés. 224 Carte VI-16. Itinéraires du troupeau TrpC3 pendant Dabunde
06 :11 :2008 : date de départ du feu AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau. Figure VI-10. Proportions en temps de séjour dans les unités pastorales au cours de l'année pour le troupeau TrpC3. Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai Tableau VI-16. Vitesse moyenne de déplacement du troupeau TrpC3 suivant les unités et les saisons Vitesse (m/mn) par unité paysagère Saisons UPP1 UPP3 UPP4 UPP5 UPP6 Dabunde ---- 10,68 14,55 12,02 15,27 Ceedu 12,70 14,76 ---- 14,96 ---- Dabunde : mi-novembre à février Ceedu : mars à mai UPP1, unité de savane arborée sur sol profond hydromorphe à pseudogley de surface ;
Au Ceedu, tout l'espace était ouvert et les bas-fonds étaient asséchés et très appauvris par une longue période de pâture et une forte pression d'exploitation. De nouveaux horizons (dans l'unité UPP1 notamment) étaient alors explorés par les bergers et leur troupeau tandis que les unités pâturées les mois précédents étaient désormais délaissées ou peu visitées (UPP6 & UPP4) (carte VI-17). Après un détour matinal pour s'abreuver (durée : 18 mn) au point d'eau (un puisard érigé par les soins des bergers), le troupeau a donc passé toute sa journée dans les bas-fonds où les ressources étaient relativement plus intéressantes comme l'atteste le rythme lent de progression (tableau VI-16). Il a brièvement visité les unités cultivées (UPP5 & UPP3). Le second abreuvement de 31 mn, vers 13h 26mn a eu lieu dans un secteur éloigné, au-delà des villages de Fouanbiga et Lada. Le repos-rumination qui a suivi n'a duré que 33 mn. 226 Carte VI-17. Itinéraires du troupeau TrpC3 pendant Ceedu
AE : point d'eau à usage exclusivement animal et contenant de l'eau; HE : point d'eau à usage exclusivement humain et contenant de l'eau. Le territoire exploré aura été plus vaste qu'au Dabunde et les itinéraires auront été moins linéaires, ce qui montre que la qualité du parcours s'est dépréciée avec le temps. |
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