5 .4. Conclusion
Le terroir de Kotchari dispose de ressources pastorales qui,
sans être exceptionnelles notamment en dehors des réserves, sont
relativement meilleures que dans bien des contrées de la région
notamment les parties plus au nord de la province de la Tapoa. Pour cette
raison et aussi pour sa position stratégique pour les transhumants qui
vont plus bas, il attire de grands troupeaux en saison sèche qui, avec
ceux des troupeaux locaux, valorisent ces ressources en usant de
manières de faire assez différentes.
L'étude des systèmes d'élevage à
Kotchari montre que 4 catégories et sous-catégories
d'éleveurs cohabitent dans un climat relationnel de moins en moins
cordial et de plus en plus suspicieux ou même conflictuel. Ces groupes
d'éleveurs qui vivent des réalités propres, mettent en jeu
des stratégies ayant pour finalité de leur permettre de mieux
tirer profit des potentialités du terroir et au-delà (terroirs
voisins, réserves et Nord-Bénin) en s'adaptant à des
conditions climatiques, écologiques et socioéconomiques
très changeantes
Les éleveurs non transhumants, des agropasteurs et
agroéleveurs résidents, aux effectifs de troupeaux bovins
réduits mais globalement en croissance et ayant pour certains
l'agriculture comme activité principale, arrivent, en combinant
pâturage naturel local et résidus de culture, produits
essentiellement dans leurs parcelles, à assurer les besoins essentiels
de leurs animaux dans le seul espace du terroir de Kotchari ou aux alentours.
Les éleveurs de cette catégorie, la plus importante des trois,
qui ressentent de plus en plus de contraintes foncières et
d'alimentation du bétail, commencent à aller au-delà du
territoire villageois mais s'abstiennent de fréquenter les
réserves voisines. De plus en plus les troupeaux sont divisés en
deux lots pour diverses raisons, la principale étant d'avoir des tailles
raisonnables facilement gérables par les bergers.
Les transhumants résidents ont des troupeaux de taille
importante pouvant dépasser la centaine, ils sont amenés à
transhumer (y compris à fréquenter les réserves) à
cause de l'insuffisance des fourrages naturels, cultivés ou
achetés pour complémentation. La division du troupeau en deux ou
trois lots (bien portants, moins bien portants, petits) est ici motivée
par le besoin de gérer les risques potentiels (particulièrement
les dégâts de champs) et aussi d'alléger ou de mieux
repartir les charges animales sur les parcours. C'est une pratique pertinente
en contexte de morcellement des surfaces pâturables que de grands
troupeaux ne pourraient exploiter sans difficulté.
Les transhumants non résidents, aux troupeaux à
grands effectifs, voient leurs contraintes augmenter d'année en
année avec l'affaiblissement des relations de réciprocité
naguère fortes et les tracasseries croissantes de l'administration
forestière. Les ressources locales naturelles ou cultivées,
soumises à forte concurrence, ne sont plus suffisantes, mais les
éleveurs, qui complémentent peu leurs animaux, restent là,
bien qu'un grand nombre continue
d'aller plus loin, au Bénin notamment. Exposés
à divers risques au cours de leur déplacement et désireux
d'optimiser le rythme de marche, ces éleveurs sont amenés
à scinder leurs troupeaux à deux ou parfois trois lots comme le
groupe précédent.
Tous ces groupes éleveurs voient leurs troupeaux
évoluer vers l'uniformisation de leurs espèces (exception des
Gourmantchés dont les troupeaux sont en recul de taille) et
l'homogénéisation des races de l'espèce bovine vers les
types le plus adaptés localement, notamment ceux qui sont rustiques au
plan alimentaire et qui sont trypanotolérants. Le stock fourrager des
réserves voisines a été et demeure un recours important en
saison sèche notamment pour les transhumants résidents et aussi,
comme on peut le soupçonner, pour les transhumants non résidents.
Par ailleurs, pour diverses raisons liées aux expériences
passées et à leurs traditions ou encore pour obtenir de
meilleures performances, ils font de plus en plus garder leurs troupeaux par de
proches parents qui peuvent cependant être aidés par des bergers
salariés.
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