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Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

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par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

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5.3.5.3. Relations agroéleveurs - administration forestière : la question de la fréquentation des aires protégées.

Kaboré (2010), dans ses recherches autour de la réserve de Pama Nord, a montré que les populations riveraines de cette réserve nourrissent un certain nombre de revendications qui ne sont pas toutes de nature économique et qui traduisent parfois un refus de l'existence de celle-ci. D'après l'auteur, bien souvent, les maîtres territoriaux (aînés des lignages) vivent mal la négation de leur autorité de contrôle sur les terres de ces aires et l'impossibilité d'y effectuer les rites sacrificiels ancestraux. Si ces raisons ne sont pas à exclure dans les contestations observées dans le terroir de Kotchari, celles qui sont affirmées sont de nature foncière (Zombra, 2008 ; Kièma & Fournier, 2007 ; Ouédraogo K., 2009), c'est-à-dire l'accès aux terres et aux riches ressources du parc W et de la réserve de la Kourtiagou. Ces observations sont également rapportées par Fournier et Toutain (2007) et Kièma S. (2007). Les populations résidentes qui voient ces aires protégées environnantes comme une contrainte78 (Zombra, 2008), sont en effet très dépendantes de celles-ci pour leurs ressources (terres, paille, pâturages, bois de construction et divers produits forestiers non ligneux, etc.) qui se font rares en dehors. L'existence de ces entités nourrit d'ailleurs, à leurs yeux, la compétition foncière entre agriculture et élevage et est source d'amenuisement des ressources à l'extérieur par suite de fortes et diverses pressions d'exploitation79. Cependant, du fait des dispositions spéciales prévues par la loi forestière (autorisations saisons saisonnières et collectives d'accès à ces ressources : produits forestiers non ligneux, paille, etc.) (Kaboré, 2010) qui ne manque cependant pas de limites évidentes (les périodes d'autorisation ne coïncident pas forcément avec les périodes de besoin ou de disponibilité de main d'oeuvre compte tenu des tâches à accomplir au sein des exploitations), les conflits sur l'exploitation humaine desdites ressources sont limitées relativement à celles qui ont cours en ce qui concerne l'exploitation directe (pâturage) par les animaux.

S'il y a un facteur déterminant dans le déroulement des activités pastorales et dans ses manifestations actuelles, c'est bien les relations qu'entretiennent les éleveurs transhumants ou non avec l'administration forestière et qui sont généralement de nature conflictuelle. Les éleveurs à Kotchari, surtout les transhumants, reconnaissent rarement fréquenter les réserves environnantes bien que des indices semblent indiquer du contraire. En effet, bien souvent les campements sont érigés à une distance raisonnable (pas assez proche pour aiguiser les soupçons, pas assez lointaine pour occasionner de grandes dépenses d'énergie en

78 Ouédraogo K. (2009) invite toutefois à nuancer cette affirmation. L'auteur en mettant en balance les bénéfices que procurent les aires protégées aux populations riveraines (accès aux ressources, revenus redistribués, etc.) et les coûts additionnels qu'elles génèrent (saisies et amendes diverses) arrive à la conclusion qu'en définitive les bénéfices tirés sont supérieurs aux coûts.

79 Le Mire Pecheux et al. (2000) repris par Kaboré (2010) montrent, en effet, que Andropogon gayanus, une espèce utilitaire dans l'artisanat local et comme fourrage ne peut subsister à une forte pression anthropique.

déplacement) et les animaux, en saison sèche sont gardés au ras des réserves. Au-delà de leurs attitudes assez révélatrices, c'est surtout leurs représentations des aires protégées, aux antipodes de celles de l'administration forestière, qui rendent leurs rapports malsains. Voyant dans ces réserves, d'énormes ressources fourragères « inutilement » préservées et dont ils contestent la pertinence de la mise sous cloche, ceux-ci imaginent des scénarios devant leur permettre de les valoriser. Cette posture, aussi rencontrée autour de la réserve de Pama Nord par Kaboré (2010), a été d'autant plus renforcée que l'accroissement du cheptel et l'avancée du front agricole ont été importants ces dernières années. Dans la pratique, la question de la fréquentation des réserves reste un mystère difficile à percer. Cependant, la plupart des Peuls avec qui nos fréquentes interactions ont fini par instaurer un rapport de confiance, reconnaissent fréquenter les réserves voisines80. Ils expliquent même (voir aussi Kpoda, 2010) qu'il existe dans le parc W, des sites refuges difficilement accessibles par les forestiers et vers lesquels ils se dirigent automatiquement une fois qu'ils y ont pénétré. Il existe ainsi un jeu de cache-cache entre les agents veillant à l'atteinte des objectifs de conservation et les éleveurs pour qui le salut du bétail en saison sèche réside dans l'accès à ces aires (Parc W, Réserves et Concessions de chasse de la zone) où les pâturages sont de meilleure qualité et la biomasse nettement plus intéressante. Cette situation qui oppose des parties aux objectifs divergents a rendu délétères les rapports entre elles, ils se manifestent le plus souvent par des abus divers notamment le racket81. Les éleveurs, pour atteindre leurs objectifs utilisent diverses armes comme la corruption82 ou des schémas de contournement de la vigilance des agents comme les fausses déclarations. En effet, bon nombre d'entre eux, après s'être acquittés des frais de CIT (certificat international de transhumance), simulant ainsi leur désir d'aller en transhumance transfrontalière au Bénin, se retrouvent ensuite dans les aires protégées une fois qu'ils se sont éloignés du poste forestier de Kondio ou lorsqu'ils ont franchi la frontière béninoise.

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