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Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

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par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

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2.5. Les grandes étapes dans l'histoire de la conservation

La volonté de protection de la nature, dont la manifestation visible est la mise en place d'aires protégées, est récente. Elle se matérialise pour la première fois par la création du parc

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national de Yellowstone (1872) aux États-Unis (Barbault, 2002). Mais c'est véritablement dans la première moitié du 20ème siècle que l'idée de la protection de la nature par la « mise sous cloche » de certaines étendues de forêts, s'impose. Ainsi, apparurent des parcs nationaux pour la première fois en Suède (1909), en Suisse (1915), en Grande Bretagne (1949) et en France (1928 mais surtout 1963).

La volonté émergente d'érection des aires protégées va être traduite au plan international par la mise en place en 1948 de l'Union Internationale de Protection de la Nature. Cette union se transforme huit ans plus tard en Union Internationale pour la Conservation de la Nature et des Ressources Naturelles (IUCN) avec une évolution dans la pensée conservatrice. La vision réductrice de la nature (milieux naturels équilibrés à préserver) est de plus en plus abandonnée au profit d'une perspective plus large d'utilisation sage de celle-ci et de ses fruits au bénéfice des humains. Mais cette révolution dans la philosophie de conservation se fait véritablement jour à partir de 1982 (Stockholm) mais surtout de 1992 à Rio au sommet mondial pour l'environnement et le développement durable (Weber, 2002). Un lien fort est désormais fait entre conservation et développement à travers la recherche de la satisfaction des besoins socio-économiques des populations locales. Une stratégie mondiale de la conservation est mise en place et il y est souligné la nécessité de sauvegarder le fonctionnement des processus écologiques dans la marche vers le développement. L'homme est ainsi mis au centre de la réflexion à travers la reconnaissance de son droit d'accès légitime aux ressources naturelles qu'il a souvent contribué à gérer (Aubertin, 2005).

Cette approche rejoint celle de l'UNESCO qui, en 197223, à travers son programme MAB (Man And Biosphère) met l'homme et ses activités au coeur des écosystèmes à conserver (Benoit, 1997; Barbault, 2002; Weber, 2002; Fournier, 2004) et les aires de conservation prennent désormais le statut de réserves de biosphère. A travers ce concept, cette structure des nations unies se préoccupait déjà de la conciliation entre conservation des ressources biologiques et leur utilisation durable. Le concept des réserves de biosphère, répondant pleinement à l'approche préconisée par la Convention de Rio, trouve alors un nouvel essor et est réactualisé en 1995 lors de la conférence de Séville. « Le lien entre la conservation de la biodiversité et les besoins en développement des communautés locales y est reconnu comme un facteur clé dans la plupart des parcs nationaux, réserves naturelles et autres zones protégées » (UNESCO, 1996).

C'est de cette vision qu'est née le concept de développement durable («sustainable development») vu comme une utilisation des ressources naturelles qui permette aux générations présentes de satisfaire leurs besoins tout en garantissant la possibilité pour les générations futures d'assurer les leurs (Weber, 2002).

La mise en application de ces principes ne semble cependant pas encore évidente dans de nombreux espaces protégés dans lesquels l'exploitation des ressources par les populations est plutôt considérée comme un obstacle à la conservation. Il y a une contradiction entre « le pacte » préconisé entre les gestionnaires et les communautés locales (UNESCO, 1995) et les

23 Pour des raisons liées notamment au niveau des connaissances du moment sur les processus écologiques, cette approche de la conservation (dite éco développement) n'a pas été adoptée tout de suite.

interdits d'accès et d'usages qu'on leur impose24. Beaucoup d'espaces protégés sont, par ailleurs, classés sous divers statuts, qui semblent parfois en contradiction : il paraît, en effet, difficile de gérer de façon cohérente un site classé à la fois Patrimoine Mondial25 de l'Humanité - donc soumis à des règles et des normes traduisant une appropriation étatique ou internationale (Luxereau, in Cormier-Salem et al. 2002) - et également Réserve de Biosphère - donc impliquant l'adhésion et la participation des communautés locales au processus de conservation.

L'autre saut majeur dans l'évolution épistémologique de la pensée conservatrice est le changement d'échelle. Il ne s'agit plus de protéger des espèces sauvages symboliques dans des îlots de réserves naturelles mais plutôt de sauvegarder les grands écosystèmes (Barbault, 2002; Génot & Barbault, 2004; Aubertin, 2005). Un courant de pensée considère en effet que, face aux changements climatiques, le monde de la conservation devrait être conçu comme un système de zones complémentaires reliées entre elles par des corridors et permettant à la faune d'exploiter toute la diversité des milieux et donc de s'adapter (Fournier, 2004).

24 Kaboré(2010) parle d'ailleurs, à ce propos de résurgence à l'orée du 21ème siècle d'un courant conservationniste dont les tenants seraient Oates (1999), Terborgh (1999) et Chapin (2004) et qui, arguant des échecs des approches participatives de gestion, prône un retour à la protection stricte.

25 Dans l'approche éthique de la conservation, la biodiversité est considérée comme un patrimoine naturel. Un patrimoine est un bien chargé d'une forte valeur à caractère utilitaire et symbolique et qui doit être transmis aux générations futures (Boutrais, 2002). Il a une valeur identitaire pour le groupe en assurant le lien intergénérationnel.

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