b/ Revue de littérature des estimations de
modèles de l'offre et de la demande de MAS :
L'assurance permet de gérer le risque, elle ne
permet pas de réduire facilement les risques liés aux
évènements cycliques à fort degré de certitude et
faible coût, ni aussi les risques covariants à faible
probabilité mais à coûts très élevés
tels que les catastrophes naturelles. Dans le cadre des dispositifs de MAS,
«le choix des risques de santé couverts peut privilégier le
gros ou le petit risque» (Lepine et Petitpierre, 2006). Cette
responsabilité collective -qui est entre autres le résultat de
l'offre et de la demande des services de MAS- dépend de la
capacité à payer (Willingness to pay), de l'offre de soins
disponible et de leurs qualités, de l'accessibilité
financière et géographique...Dans ce qui suit, On va se focaliser
sur les variables ayant trait à l'évaluation et au contrôle
de la durabilité financière (la fonction d'offre) et à la
croissance de la demande (fonction de demande), par les membres d'une
communauté ou d'une population cible des prestations des MAS. Par une
revue concise des papiers et études ayant estimé des
modèles expliquant la fonction d'offre ou de demande des
services de MAS, on va mettre en lumière des
variables explicatives et des variables de contrôle des deux
modèles économétriques.
· La fonction d'offre de MAS :
1- Les variables explicatives : Ces variables
indépendantes sont d'intérêt. Leur intérêt ou
effet sur l'offre ou la viabilité financière de la MAS, a
été prouvé par une estimation économétrique
dans un papier de recherche ou une étude. Ainsi on peut trouver comme
variables indépendantes expliquant la croissance et la
rentabilité de l'offre des MAS : - Le nombre de mutuelles, le
nombre de cotisants, les bénéficiaires qui peuvent être
présentés par : le nombre de patients par jour, le nombre
d'infirmières par jour ou le nombre de consultations par jour. (Ouattara
at al, 2003) et le taux de croissance du nombre d'affiliés (Atim,
2000).
- L'augmentation des ressources humaines des
centres de santé, l'augmentation du nombre de centres de santé et
l'accroissement des tarifs des prestations de soins. (Letourmy et PavyLetourmy,
2005)
- La fréquence d'évaluations :
les projets de MAS qui ont réussi et qui ont perduré sont la
plupart du temps ceux qui ont fait l'objet d'évaluations
fréquentes. (Gotsadze et Bennett, 2003)
- La disponibilité des informations sur
les clients et les coûts bas des transactions. (Zeller et Sharma,
1998)
- L'accessibilité géographique
et financière aux soins, l'efficience (avec les moindres coûts) et
la qualité des soins délivrés par les fournisseurs de
santé. (Bhat et Mavalankar, 2001) avec leurs études sur les MAS
en Inde.
- La confiance des membres assurés en
les organismes de MAS et la viabilité financière du dispositif de
MAS. (Bhat et Jain, 2006).
- Le nombre suffisant de bons gestionnaires
dans le marché de la MAS (Berman et Khan, 1993).
2- Les variables de contrôle : Atim (2000) propose
un système de contrôle financier et une approche globale au
contrôle des mutuelles au Ghana.
Remarque : Tx est l'abréviation de Taux ;
Dép pour Dépenses.
Tableau 1 : Indicateur Définition /
exemples
Développement des institutions
Taux de participation aux réunions Nombre de
participants / nombre prévu
Paiement des échéances Montant perçu
/ montant total prévu
|
% d'affiliés ayant des arriérés
Nombre d'affiliés à jour de paiement / effectif total
|
Tx de couverture de la populat° cible Nombre
d'affiliés / effectif total de la populat° cible
|
Réalité des services offerts
|
Tx de couverture assuré par organisme % du total
des coûts des soins remboursés par la MAS
|
Qualité des soins exples :( délai
d'attente, hygiène, médicaments disponibles)
|
Efficacité
|
Tendance des dépenses de santé /
affilié Dép Totales de santé / nombre
d'affiliés
|
Tendance des Dép de santé /
catégorie % des dépenses par type de service (exples
:
de services consultations, admissions,
médicaments)
|
Performance financière
|
Ratio de solvabilité à Long Terme Total
dettes extérieures / contributions affiliés
|
Ratio des créances aux Dép courantes
Créances / Dépenses annuelles
|
Ratio de couverture des Dépenses Réserves /
ratio des dépenses annuelles
|
Source : d'après Atim, 2000
À noter que la demande de services de MAS par
des clients cherchant à s'assurer peut aussi faciliter l'offre de ces
mêmes services par les compagnies d'assurance. Comme tout produit, du
moment où il y a une demande croissante, l'offre peut suivre le rythme
facilement.
· La fonction de demande des services de MAS
:
L'assurance de santé communautaire demeure un
terrain non largement exploré (Bhat et Jain, 2006).On va utiliser
indifféremment les termes prestations ou services de MAS, puisque dans
plusieurs cas, l'organisme de micro-assurance de santé est
lui-même un fournisseur de soins de santé aux affiliés. En
se basant une autre fois sur les papiers publiés par les divers
chercheurs, la croissance de la demande des services de MAS peut être
expliquée par des variables explicatives et des variables de
contrôle.
1- Les variables explicatives la fonction de demande
:
- Le revenu élevé de
l'assuré (Scotton, 1969) et (Savage et Wright, 1999).
- Les dépenses de soins de
santé (Chernew, Cutler et al, 2002) : La demande pour l'assurance
augmente d'autant que les coûts de soins augmentent à cause du
risque des coûts catastrophiques et donc de paupérisation
(Feldstein, 1973).L'élévation des coûts de soins est aussi
dûe aux innovations technologiques dans le domaine médical ayant
pour effet l'augmentation de la demande pour l'assurance (Nyman, 1999). Mais
les réponses aux
changements technologiques diffèrent suivant
que les personnes appartiennent à différentes classes de revenus.
Les individus à revenus faibles achètent l'assurance pour
protéger en premier lieu leur santé (Kronick et Gilmer,
1999).
- Le prix de l'assurance qui est
composé par la prime pure, les frais de gestion et la marge
bénéficiaire de l'organisme d'assurance. A noter que le prix de
l'assurance explique négativement la demande pour l'assurance (Bhat et
Jain, 2006). Malgré que peu d'études aient essayé
d'estimer l'élasticité prix à la demande, à cause
du manque d'informations sur les prix et aussi des variations limitées
des prix dans les marchés d'assurance régulés, Butler
(1999) a tenté de contourner ce problème par une notion de
«prix effectif» en se basant sur les informations des caisses
d'assurance.
- Les caractéristiques
socio-économiques du ménage : âge, niveau
d'éducation, emploi,...
* L'éducation : les individus les mieux
éduqués sont mieux informés sur les prestations et les
bénéfices de s'assurer ou non, ce qui diminue leur
probabilité de recourir à n'importe quelle assurance (Grossman,
1972) et (Muurinen, 1982). De plus les individus les mieux
éduqués ont une espérance de vie plus longue (le
«gradient social» de Michael Marmot, 2006).
L'effet indirect de l'éducation est qu'elle a
un effet positif sur le revenu du ménage en l'augmentant (Van De Ven et
Van Praag, 1981), ce qui a un effet positif sur la probabilité d'achat
d'une assurance santé.
* L'âge a un effet important positif sur la
probabilité de s'assurer (Savage et Wright, 1999).
* Le genre a un effet sur la consommation des soins de
santé et donc sur la demande d'assurance : Sindelar (1982) a noté
que la forte consommation des soins de santé par les femmes peut
être expliquée par l'accroissement du besoin en soins durant les
années de reproduction.
* La situation maritale : les personnes mariées
ont plus de probabilité de s'assurer (Cameron et McCallum,
1995).
* La taille de la famille du ménage (parents et
enfants à charge surtout) a une influence faible sur la demande pour les
services de l'assurance santé. (Cameron et Trivedi, 1991)
- L'état de santé des membres
de la famille du ménage influence positivement la demande pour
l'assurance. Les variables telles que (Hospitalisation, les consultations chez
les médecins) sont utilisées dans la littérature comme des
«proxy» de l'état de santé (Hopkins et Kidd, 1996),
(Barrett et Conlon, 2003). Les dépenses de soins de santé par
rapport aux dépenses totales du ménage peuvent donner une
meilleure idée sur la charge de santé du
ménage.
- La sélection adverse : les individus
à hauts risques «mauvais risques» trouvent l'assurance
attractive et bénéfique et donc la demandent plus que les
individus à risques faible ou moyen. (Cutler et Zeckhauser,
1999)
- La perception du risque par les individus
est un facteur déterminant de la demande pour l'assurance. Telle que
l'appartenance à un groupe risqué, exemple : malades atteints par
le cholestérol. (Hopkins et Kidd, 1996) et (Butler, 1999) ont conclut
par exemple que les fumeurs ne sont pas trop attachés à conclure
une assurance maladie. Ces auteurs ont utilisé dans leurs études
le fait de fumer comme un «proxy» de l'aversion au
risque.
- L'utilité espérée de
l'assurance : par référence à la (Théorie de
l'aversion au risque et rationalité du consommateur). Le gain
d'utilité est lié aux besoins en soins de santé, aux
vulnérabilités à cause de l'âge, à la nature
du travail, à la situation maritale et à l'état de
santé préexistant (Hopkins et Kidd, 1996). Cette utilité
est une fonction associée au choix du régime qui maximise
l'utilité espérée (Cameron et Trivedi, 1991).
2- Les variables de contrôle : Il faut
préciser qu'il y a des variables de contrôle qui influencent en
même temps la fonction de demande et la fonction d'offre de
MAS.
Remarque : Tx est l'abréviation de Taux ; Nbre
pour Nombre.
Tableau 2 : Indicateur
Définition/exemples
Réalité des services offerts
|
Tx d'utilisation des services de santé par
affilié : Nombre de consultations dans le système /
nombre d'affiliés
|
Tx de couverture assuré par organisme : % du
total des coûts des soins remboursés par la MAS
|
Tx de morbidité parmi les affiliés : Nbre
de cas de maladie parmi les affiliés / Nbre
d'affiliés
|
Tx de mortalité parmi les affiliés : Nbre
de décès parmi les affiliés / Nbre
d'affiliés
|
Qualité des soins : exples :( délai
d'attente, hygiène, médicaments disponibles)
|
Source : d'après Atim, 2000
Pour sa part, Giesbert (2008), propose quelques
variables de contrôle suite à son étude portant sur la
demande pour la micro- assurance de santé dans les villages de Brakwa et
Benin (deux régions rurales) au Ghana. La fonction de demande peut aussi
être influencée par :
- Les caractéristiques
socio-démographiques : nombre d'années de scolarité, le
fait que le chef de famille est une femme.
- La vulnérabilité au risque
maladie (être malade ou mort suite à une maladie), plus
précisément quelle importance occupe le risque maladie en
comparaison aux autres risques comme : le risque d'incendie, d'inondation, du
vol d'argent, de la perte du travail, de décès...
- L'utilisation des services financiers de
microfinance et des banques commerciales : montrent que l'utilisation de ces
services n'est pas exclusive pour l'utilisation de la micro-assurance. les
calculs de pourcentages de Giesbert (2008) basés sur un
échantillon qualifié de représentatif de la population des
deux villages au Ghana, montrent que 36,4% des interrogés dans
l'étude épargnent de l'argent, 16,0% ont recours à des
emprunts, 7,6% sont inscrits dans une micro-assurance et 62,4% n'ont recours
à aucun des ces services financiers.
- L'existence d'une concurrence entre les
MAS.
On remarque que généralement tous les
dispositifs de MAS ou d'assurance maladie communautaire doivent passer par le
stade expérimental. Est-ce qu'un tel passage est inévitable ? Les
lignes qui suivent vont résumer une tentative de
standardisation.
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