Article X. CHAPITRE VI
Article XI. Dynamique de l'occupation du sol et
séquestration du carbone
Ce chapitre centré sur l'approche spatiale, permet de
caractériser la dynamique de la végétation. Il fait
d'abord le point sur les avantages et limites de l'analyse spatiale à
partir des données satellitaires. Ceci nous a alors amené
à considérer deux échelles (locale et nationale) utilisant
des images LANDSAT (1990-2000) et MODIS (2000-2007). Les échelles
temporelles et spatiales prises en compte montrent une forte variabilité
de l'occupation du sol et de sa dynamique. A cet égard, les aires
protégées présentent des caractéristiques
différentes de celles des terroirs où le rôle de
l'agriculture est prépondérant dans la dynamique de la biomasse
et donc du carbone.
Section 11.01 VI.1. Changements d'occupation du sol et
implications sur la dynamique du carbone : l'approche cartographique
La dégradation des terres, plus particulièrement
le déboisement conduit sans équivoque à une
réduction significative des stocks de carbone. La réduction de la
productivité des terres conduit à la diminution du potentiel de
séquestration de carbone par la végétation naturelle. Les
conséquences environnementales de la déforestation sont
très profondes. Elles incluent les modifications spatiales et
temporelles des terres de culture, le déboisement, l'expansion des
pâturages, etc. Ces modifications sont le résultat des effets
climatiques et humains. Le facteur humain est très complexe ; il est
lié à la rareté des ressources qui entraîne une
pression sur ce qui reste, aux dynamiques de marché qui changent les
opportunités, aux interventions politiques qui parfois sont peu
appropriées, la réduction des capacités d'adaptation des
populations due à une forte vulnérabilité
socio-économique, et les mutations sociales et organisationnelles. Les
modifications des services et biens tirés des écosystèmes
influent à leur tour sur les facteurs de dynamiques de l'occupation du
sol. Ainsi certaines conséquences deviennent des causes de
dégradation (Lambin et al., 2001; Lambin et al., 2003;
Verstraete et al., 2008; Verstraete et al., 2009). La
question des changements d'occupation des sols est transversale à
plusieurs aspects du développement rural, basé essentiellement
sur les ressources naturelles. La croissance économique et les
conditions de vie des populations sont très dépendantes des
ressources naturelles.
L'interdépendance entre l'utilisation des ressources
naturelles et le développement durable n'est nulle part plus
évidente que dans les pays en voie de développement où la
survie de la grande majorité de la population dépend de
l'agriculture, des ressources forestières et des ressources animales
(Abdelgalil et Cohen., 2001). La diversité des pratiques et la
complexité sociale des besoins locaux rend difficile l'articulation
politique à toutes les situations (Chokor et Odemerho., 1994).
Actuellement, la relation étroite entre les changements d'occupation des
sols et ses conséquences économiques et sociales est largement
étudiée (Grepperud, 1996; Jones, 1996 ; Barbier, 2000 ; Sankhayan
et Hofstad, 2001 ; Muchena et al., 2004). Cependant, un
intérêt grandissant est noté sur le rôle de la
dégradation des terres et les changements climatiques.
Dans le cadre des changements climatiques, les changements
d'occupation des terres sont considérés comme une source
importante de dégagement de CO2 au niveau des pays tropicaux. Les
défrichements agricoles et l'exploitation forestière
éliminent un grand nombre d'arbre dont la biomasse libère
beaucoup de carbone en se décomposant. En plus, la dégradation
des formations végétales réduit le potentiel de
séquestration de carbone. Pour
ces deux raisons, il est important d'évaluer la dynamique
spatiale et temporelle des ressources forestières pour en
connaître les implications sur le bilan terrestre du carbone.
L'étude des changements d'occupation des sols et
d'utilisation des terres est un exercice relativement difficile à mener
directement sur le terrain, pour des raisons méthodologiques et des
implications financières coûteuses. La
télédétection permet d'acquérir un grand nombre
d'informations sur de vastes surfaces et de façon continue en utilisant
une variété de capteurs satellitaires et une diversité
d'approches (Benz et al., 2004).
Les approches méthodologiques, fortement liées
aux types de données, connaissent aujourd'hui une évolution qui
reflète la diversité et la finesse de la résolution des
images utilisées (photographies aériennes et images
satellitaires) ; ce qui contribue à la réalisation de nombreux
projets cartographiques à des échelles variées. En effet,
les outils de télédétection et de Systèmes
d'Information Géographique (SIG) ont donné une impulsion
remarquable au dessein de la représentation et de l'analyse des
attributs spatiaux plus connus sous l'appellation `occupation du sol'.
Les outils et les méthodes mises en ~uvre -
facilités par l'intégration informatique - tentent d'apporter une
réponse à la problématique de cartographie
harmonisée de la végétation qui réside dans la
conciliation de trois aspects : l'étendue de la zone couverte, le niveau
de détail souhaité et la désignation des classes
identifiées. Ces paramètres sont inhérents aux objectifs
de la recherche, à la finalité manifestée par
l'utilisateur ou l'aménagiste ainsi qu'aux types de données
utilisées.
L'aménagement de l'espace est basé sur deux
concepts clés que sont le temps et l'espace. La
télédétection prend en compte ces deux aspects. Ces deux
concepts déterminent les notions d'échelle spatiale et
temporelle. L'échelle spatiale traduit à la fois l'espace couvert
et la finesse de l'information acquise, alors que l'échelle temporelle
renvoie à la régularité d'acquisition de cette
information. L'analyse des changements de l'occupation des sols est
fondamentalement basée sur cette relation temps-espace.
Les résultats de l'analyse spatiale essentiellement
quantitatifs, sont utilisés pour répondre à plusieurs
objectifs de planification, d'aménagement et de gestion des ressources
naturelles. Les analyses structurales et temporelles menées par
télédétection permettent de décrire les changements
de l'occupation des sols. Alors que l'utilisation des terres fait
référence aux interactions entre les communautés humaines
et leur milieu (Prenzel, 2003). En d'autres termes, l'occupation des sols
traduit la structure spatiale de l'espace géographique et l'utilisation
des terres fait référence à la fonction de cet espace.
Ainsi, une unité d'occupation
des sols peut avoir donc différents types
d'utilisations et plusieurs types d'occupation des sols peuvent être
utilisés pour le même dessein socio-économique. Dans cette
partie du mémoire nous travaillons essentiellement sur l'occupation du
sol en utilisant des techniques de traitement d'images satellitaires.
(a) VI.1.1.Cartographie des changements
d'occupation des sols
La végétation terrestre est souvent le premier
objet de surface rencontré par l'énergie solaire. Ainsi pour la
plupart des types de surface, les images satellitaires, les photos
aériennes ou les informations obtenues par vidéographie,
permettent d'enregistrer les caractéristiques de la
végétation. La télédétection a
été ainsi exploitée pour étudier plusieurs
thèmes liés à la végétation : les
plantations, l'infestation de parasites au niveau des zones de culture,
l'estimation de la production des formations boisées, la cartographie
des types de végétation, etc., (Cambell, 1996).
La composante végétale est très complexe
et change dans le temps ; ses propriétés spectrales
étudiées à différentes échelles (feuilles,
plantes ou couvert végétal), variant fortement selon le milieu,
la saison et les phases de croissance. Ces fortes variations des
propriétés de la végétation expliquent la
complexité des procédures d'analyse des données
satellitaires pour la caractérisation des différents paysages
à la surface terrestre (Flasse et Verstraete, 1993). Cette
difficulté rend évident le besoin d'une convergence dans les
démarches cartographiques et la désignation des classes de
végétation.
L'essentiel des défis de la cartographie tourne autour du
concept `d'harmonisation' des méthodes. Les principaux
points qui requièrent cet effort de convergence sont les suivants :
- l'harmonisation des procédures de classification,
- l'harmonisation des légendes (nomenclature),
- l'harmonisation des méthodes de collecte de
données sur le terrain,
- l'harmonisation des types de projection et des
paramètres de cartographie.
Ces exigences sont utiles pour arriver à une
comparabilité des cartes réalisées dans les
différents pays africains.
L'utilisation de la télédétection et des
données géospatiales pour la cartographie de
la végétation et l'occupation des terres est devenue une
activité courante des institutions intéressées par la
gestion des ressources végétales (Achard et al., 1996 ;
Achard et al., 1996).
L'imagerie satellitaire joue un rôle incontournable dans
le processus de caractérisation et d'aménagement des
écosystèmes. L'acquisition et l'analyse des données
spatiales requièrent cependant un minimum d'investissement temporel et
financier lié à l'acquisition et au traitement des images et des
données de terrain. Le cartographe est souvent confronté à
deux exigences : le choix des images adaptées au type de cartographie et
la conception de la démarche liée à la nature des
données.
Le spectre optique (Visible et PIR : 400-3000 nm) est le plus
utilisé en télédétection pour les études de
l'occupation du sol. Les processus d'absorption, de réflexion, de
diffusion et d'émission qui se passent dans cet intervalle du spectre
électromagnétique ont servi à la caractérisation de
la surface terrestre. Les quantités spectrales mesurées pour un
objet donné dépendent des propriétés de cet objet.
Par conséquent, les propriétés d'un objet de surface
peuvent être inférées à partir de ses
propriétés spectrales.
Prenzel (2003) suggère une technique d'inversion simple
pour passer des mesures de réflectance aux propriétés des
objets de surface en utilisant les fonctions suivantes:
radiation mesurée = f(propriété de
l'objet) où propriété de l'objet = f'(radiation
mesurée).
L'analyse des images satellitaires doit prendre en compte le
niveau de l'information à travers lequel les données sont
présentées pour lier les quantités spectrales avec une
réalité thématique. Les différents niveaux de
traitement des données permettent de simplifier, de
généraliser la réalité complexe pour que
l'interprétation soit plus simple. La figure 81, illustre le lien entre
les différents ordres de traitement pour arriver à un
résultat proche de la variable thématique en question
(l'occupation du sol).
Figure 81. Etapes de transformation des
données images pour la cartographie de l'occupation du sol.
Données brutes
Réflectance
Occupation du sol
NDVI, TS
LAI, Biomasse
+ d'informations thématiques
Un autre aspect de la complexité de la
télédétection réside dans le cheminement qu'on
peut adopter pour arriver à des résultats. On peut noter deux
principales approches : l'approche déterministe et celle empirique.
La première permet de faire des analyses quantitatives
précises alors que la seconde basée sur des lois
de probabilité permet d'approcher la réalité avec un
certain niveau de confiance. Les approches déterministes
requièrent plus de validation alors que les modèles empiriques
sont simples à développer et demandent moins d'effort de
validation. L'utilisateur doit ainsi trouver un compromis entre ces deux
extremes pour l'étude des changements de l'occupation du sol. Les
analyses déterministes comprennent : l'estimation de la chlorophylle,
l'indice foliaire, le contenu en nitrates et la productivité primaire
nette (quantités biophysiques). Les analyses empiriques couvrent : la
classification des groupes spectraux, les réseaux de neurones, la
segmentation, etc. Le résultat de ces modes de traitement est nominal.
On peut développer des méthodes mixtes qui essaient de tirer les
avantages entre les deux approches à travers des corrélations
linéaires ou non. La méthode adoptée dans le cadre de ce
travail est une approche empirique basée sur la classification des
images satellitaires.
(b) VI.1.2. Considérations pratiques pour la
cartographie de la végétation
La cartographie thématique est un exercice
délicat puisqu'il nécessite un choix judicieux des données
de base. Toute image est utile pour un type de cartographie
particulière. En fonction de la finalité du travail et de
l'étendue de la zone, le cartographe doit opérer un choix
judicieux des images. Quatre principales étapes sont importantes
à considérer :
- Identification des besoins (cartographie à grande ou
à petite échelle) ;
- Recherche des données adaptées au type de
cartographie (le type d'image détermine les possibilités de faire
une carte détaillée ou non) ;
- Identification de la meilleure période pour
l'acquisition des images (dans les zones de savane la fin de la saison des
pluies avant le début des feux de brousse, est souvent indiquée
pour cette acquisition) ;
- Elaboration de la méthode de cartographie adaptée
aux objectifs (celle-ci est relative à l'objectif du projet).
Le choix d'un type d'image doit être un compromis entre
le niveau de détail souhaité, l'étendue de la zone
d'étude et le coOt des données. Le tableau 21 donne quelques
détails sur le potentiel de certaines sources de données pour la
cartographie de l'occupation du sol.
Tableau 21. Présentation de quelques
capteurs utilisés pour la cartographie de la
végétation.
Capteurs
|
Taille du pixel
|
Echelle de cartographie de la
végétation
|
Méthodes utilisées (non
exhaustives)
|
Photographie aérienne
|
Dépend de l'échelle (1 m-15 m)
|
Plan / Régionale (1/10.000 - 1/250.000)
|
Interprétation visuelle, vectorisation
|
IKONOS, QuickBird, GeoEye
|
<1 m
|
Locale (1/10.000 - 1/25.000)
|
Classification, Numérisation directe Décompte
d'arbres, taux
de couverture
|
SPOT-HRV, CEBERS
|
20 m (XS), 10 m (P)
|
Locale (1/25.000 - 1/50.000)
|
Classification, ACP, Numérisation directe,
|
SPOT-5
|
2,5 m
|
Locale (1/10.000 - 1/25.000)
|
Classification, Numérisation directe
|
LANDSAT- TM-ETM
|
30 m (XS), 15 m (P)
|
Locale (1/50.000 - 1/200.000)
|
Classification, ACP, Numérisation directe,
|
MODIS (Terra/Aqua)
|
500 m ®-250 m (PIR)
|
Locale / régionale (1/250.000 - 1/500.000)
|
Indices de végétation, Classification,
|
MERIS
|
250 m
|
Locale / régionale (1/250.00 - 1/500.000)
|
Indices de végétation, Classification,
|
SPOT- VEGETATION
|
1km
|
Régionale et globale (à partir de 1/500.000)
|
Classification
|
NOAA-AVHRR
|
1 km
|
Régionale et globale (à partir de 1/500.000)
|
Indices de végétation, Classification, Ts
|
SPOT VEGETATION
|
1 km
|
Régionale et globale (à partir de 1/500.000)
|
Indices de végétation, Classification
|
ERS (RADAR)
|
25 m-30m
|
Locale et régionale (1/100.000 - 1/200.000)
|
Ratio, texture
|
Du fait de la diversité des données et des
résultats cartographiques, le Projet AFRICOVER (initié par la
FAO) a entamé un processus d'harmonisation des procédures de
classification des formations végétales de l'Afrique tropicale.
Cette initiative lancée en 1994 à Addis Abéba, a pour
tâche de proposer une classification standardisée qui pourrait
servir à la cartographie de l'occupation du sol en Afrique (AFRICOVER,
1997). Deux parmi les objectifs majeurs du projet nous semblent
particulièrement intéressants pour cette analyse, il s'agit :
- du développement de modèles de classification
à partir d'images satellites et de photographies aériennes ;
- de la conformité des types de classification aux
légendes actuellement en vigueur en Afrique.
Ce dernier point pose le problème de la `normalisation'
terminologique des types de végétation en rapport avec les
légendes existantes. Par ailleurs, dans la démarche
méthodologique proposée par AFRICOVER (1997), à travers le
`Land Cover Classification System' ou LCCS', peu de précisions
sont données sur les critères de seuillage des taux de couverture
pour séparer les formations dites fermées, ouvertes et
clairsemées. Il en de même sur l'association entre familles
végétales et types biologiques (situant au même niveau
arbres et arbustes, Graminae et Euphorbiacea). L'autre
difficulté réside sur l'utilisation du critère de la
taille des feuilles comme élément discriminant surtout dans les
milieux de savane caractérisées par une relative
hétérogénéité foliaire. Les principes de
classification de la couverture végétale ont été
développés au milieu des années 1980 par la FAO. De facto,
l'établissement de la nomenclature de couverture de terre de
GlobCover-2005 a suivi les principes du système FAO-LCCS (le
système de classification de la couverture de terre, qui est un ensemble
de règles et un logiciel pour créer une nomenclature). Cette
approche prête plus d'attention à la densité et la
physionomie de la végétation. Ces approches ont été
encouragées pour pallier les limites des décisions prises en 1954
à Yangambi (Congo) par des botanistes de l'Afrique tropicale (voir
Sambou, 2004).
Les approches sont très nombreuses, mais quelque soit
la technique ou la méthode utilisée, la cartographie de la
végétation est largement dépendante des types de
données source et des objectifs fixés. Par conséquent, le
type de classification doit répondre dans une large mesure aux
caractéristiques des images utilisées et au niveau de
précision souhaité. Un choix judicieux des images devient alors
un préalable dans tout processus de représentation
cartographique.
Article XII.
Le choix des données et le traitement des
images
Une bonne utilisation de la télédétection
pour la cartographie des changements de l'occupation des sols et de
l'utilisation des terres suppose un choix judicieux des données et des
méthodes (Rogan et Chen., 2004). Les contraintes liées
à l'étude des changements de surface sont de deux ordres : les
limites techniques et les contraintes environnementales.
- Les contraintes techniques
Les données satellitaires sont décrites à
travers leurs résolutions spatiales, spectrales, temporelles et
radiométriques. Les contraintes technologiques apparaissent dans la
façon dont ces résolutions se traduisent sur les données.
D'une façon générale, la résolution spatiale est
inversement corrélée à la couverture spatiale. Cette
contrainte technique limite la
portée des études sur la dynamique de l'espace.
De la même manière, une faible couverture spatiale se traduit par
une répétitivité moins importante (Rogan et
Chen., 2004). Il existe aussi des contraintes d'ordre techniques
liées à des facteurs externes difficiles à
contrôler. Ces contraintes sont selon Collins et Woodcock (1994; 1996) :
i) les variations des conditions atmosphériques, ii) les
différences d'illumination, iii) les différences de
calibration.
- Les contraintes méthodologiques
Les algorithmes de traitement des images sont essentiellement
basés sur les valeurs individuelles des pixels et ne prennent que
rarement en compte l'information contextuelle des segments spectraux qui
représentent les objets de l'image (Benz et al., 2004).
L'analyse du signal est très dépendante de l'incertitude
associée aux bruits systématiques de l'image. Aussi, les
différentes étapes du traitement des images introduisent des
artefacts et des ambiguïtés qui peuvent aggraver
l'imprécision de la donnée finale. Il faut signaler par ailleurs
que les objets géographiques n'ont pas de limites linéaires
nettes. Les analyses actuelles (exception faite de la théorie des
ensembles flous) ne prennent pas en compte les classes composites, les zones de
transition, les mosaïques qui sont plus difficiles à segmenter.
Dans certaines conditions de savane, il faut une bonne dose de
généralisation pour rendre les cartes lisibles.
- Les contraintes environnementales
L'occupation du sol est un facteur très dynamique dans
le temps. L'évolution des types de couverture du sol incluent : les
perturbations (nuages, feux de brousse, maladies, exploitation de certaines
ressources naturelles), les cycles naturelles des écosystèmes
(succession des saisons, variabilité interannuelle). Pour suivre ces
changements, le choix de la période d'acquisition des images est aussi
crucial que le choix des capteurs et les algorithmes de détections
utilisés. Le choix de la période d'acquisition des images
satellitaires doit être à peu près la même chose pour
les différentes dates d'analyse. Pour déterminer cette
période, il faut une relative bonne connaissance des
caractéristiques environnementales de la zone d'étude.
- Prétraitement des images pour la
détection des changements
Le prétraitement des images satellitaires a pour but de
minimiser les erreurs liées à l'acquisition des données
images, les bruits systématiques associés au capteur, la
correction géométrique des images et le masquage des fragments de
la scène contaminés par une couverture nuageuse. Ces
différents aspects du prétraitement sont regroupés en deux
catégories : la correction géométrique et la calibration
radiométrique. Une bonne rectification géométrique est
essentielle pour l'analyse des changements d'occupation du sol ; toute erreur
majeure dans la correction géométrique peut entraîner des
biais importants
dans l'analyse, surtout au niveau des zones de contact de
différents types d'occupation du sol. Aussi, les caractéristiques
radiométriques des images de différentes dates doivent être
intercalibrées pour pouvoir comparer les grandeurs spectrales qui
garantissent que les résultats de changements obtenus traduisent une
réalité thématique factuelle sur le terrain plutôt
que des artefacts liés aux capteurs, à l'état de
l'atmosphère ou à la topographie locale. Il faut par
conséquent une compatibilité radiométrique et
géométrique entre les images. Le modèle
générale d'analyse des images satellitaires pour extraire les
catégories de l'occupation des sols est schématisé dans la
figure 82.
Figure 82. Approche empirique d'extraction des
catégories nominales d'occupation et d'utilisation des terres. Source :
Prenzel, (2003).
Prétraitement :
corrections géométriques, et calibration
radiométrique
CN, traités année Y
CN, année X
CN, année Y
Validation avec des
données indépendantes
Classification des changements
Classification thématique des
changements
Intégration dans un système de
planification
SIG
CN, traités année X
Identification de changement
: différence, rapport, analyse de vecteur de
changement
Analyse booléenne : Masquage des zones
sans changements
CN améliorés de X - Y
Amélioration de contraste année X
Changement
Classification année X
Amélioration de contraste année Y
Classification année Y
Calibration et validation avec des
données indépendantes
Améliorations spectrales :
Amélioration de contraste
Ratio de bandes, Filtres spectraux, ACP, Indices spectraux
Classification thématique
- Détection de changements d'occupation du
sol
Le besoin de supports d'interprétation simplifiés
de la distribution des types de végétation a conduit à
de nombreuses approches méthodologiques utilisant des outils et
techniques variés. A cet égard, l'étude des
caractères spatio-temporels des formations végétales par
le
biais de la représentation cartographique, a permis
quelques progrès dans la gestion des ressources naturelles. Plusieurs
approches ont été utilisées pour la détection de
changement de l'occupation du sol. Les plus fréquemment citées
sont les suivantes.
- La technique de soustraction d'images. Les images
de changements sont faciles à interpréter puisque leurs
histogrammes présentent une distribution normale. Les pixels qui n'ont
pas changé sont au milieu de l'histogramme alors que les pixels qui ont
muté sont soit à droite soit à gauche du centre en
fonction de leur brillance (Rogan et Chen, 2004).
- Les analyses en composante principales. C'est une
transformation orthogonale basée sur une matrice de corrélation
(standardisée) ou de variance covariance (non standardisée). Les
travaux basés sur cette méthode ont montré que le choix du
type de matrice peut influencer les résultats statistiques des
composantes principales. Les ACP sont uniquement basées sur les
propriétés statistiques des images, ce qui rend difficile leur
utilisation pour des périodes d'acquisition différentes.
- La Transformation multitemporelle des indices
Tasseled-Cap (Kauth et Thomas). C'est aussi une transformation orthogonale
multibandes proposée par Collin et Woodcock (1994; 1996) pour
générer différentes images qui présentent une
stabilité ou non pour le brightness (brillance), le
greeness (verdure) et le wetness (humidité). Cette
approche a l'avantage de ne pas dépendre des caractéristiques
statistiques des scènes de la série temporelle
utilisée.
- L'analyse des vecteurs de changements (AVC). Cette
méthode permet de générer deux types d'informations :
l'importance et la direction du changement. La classification d'image qui suit
le calcul des vecteurs permet de spatialiser les zones qui ont connu une
dynamique spatiale. Cette méthode est cependant limitée par le
masquage de la variance statistique des `classes de changements' par les
`classes stables'.
- La classification d'image, segmentation d'image et les
systèmes intelligents. Cette méthode concerne les
procédures utilisées avant et après la classification
d'image. Pour toute classification supervisée ou non supervisée,
des données de validation doivent avoir été
collectées pour une bonne validation des résultats. Ces
méthodes de classifications sont les plus utilisées pour la
cartographie des changements de surface. Les méthodes basées sur
les arbres de décision ou les réseaux de neurones ont
montré d'énormes avancées par rapport aux méthodes
classiques puisque ces méthodes ne sont pas tributaires des
hypothèses statistiques paramétriques. Elles sont ainsi
adaptées à l'analyse de données multimodales,
bruitées ou lacunaires.
- L'Analyse texturale consiste à regrouper les
unités de paysage selon leur homogénéité spatiale.
Dans les formations de savane caractérisées par la variation des
densités d'arbres et de taux de couverture du sol, cette approche
pourrait être très utile.
- La théorie des ensembles flous. Les
classifications basées sur cette théorie sont souvent
appliquées au niveau d'espaces géographiques dont le passage
d'une unité à l'autre fait apparaître une forme de
transition qui ne permet pas de définir une frontière nette.
- Le Multitemporal spectral mixture analysis. Cette
technique est plutôt utilisée quand il s'agit de séries
temporelles souvent de basse résolution (NOAA-GIMMS, Pathfinder).
- Les Déductions statistiques. Cette approche
est relativement simple et consiste à comparer les superficies des types
de couverture du sol de deux cartes d'occupation du sol.
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