Section 9.02 V.1. Méthode
Le net découpage saisonnier des zones soudaniennes et
soudano-guinéennes étudiées dans ce travail nous donne un
certain espoir sur l'utilisation de la dendrochronologie pour l'analyse de
l'impact de la variabilité climatique sur les arbres. Cependant, la
saisonnalité climatique ne garantit pas forcément une perception
nette des cernes. Les difficultés sont inhérentes à
l'espèce et à la variabilité intra-saisonnière des
pluies.
Les méthodes dendrochronologiques sont nombreuses et
peuvent être classées selon qu'elle soit destructive (collecte
d'échantillons de bois impliquant la coupe de l'arbre) ou non
destructive (carottage ou méthode électrique). Le plus souvent,
l'analyse du bois (technologie du bois) implique l'utilisation des sections du
tronc d'arbre pour analyser les propriétés du bois
(densité, cernes, structure, couleur). Cependant, certaines techniques
modernes cherchent à analyser la dynamique de croissance du cambium en
mesurant sa résistance électrique. Les différences de
résistance traduisent une variation de la teneur en hydrocarbone due aux
phases de dormance et de croissance. Le Shigomètre est un type
d'instrument utilisé à cet effet (Worbes, 1995) mais
l'interprétation des résultats issus de cette technique n'est pas
aisée.
Les méthodes les plus éprouvées pour
l'analyse des cernes des arbres sont basées sur les disques de tronc
prélevés après abattage de l'arbre (méthode
destructive). L'utilisation des dendromètres permet une mesure continue
des diamètres de cernes et donc de l'activité cambiale qu'on peut
alors comparer avec les données climatiques.
l'échantillon et en faisant ressortir le caractère
effectif de la croissance du bois plutôt que de se limiter à
l'enregistrement d'une variable non appréciée.
Pour être plus précis dans la
caractérisation de la dynamique de croissance d'un arbre, les
échantillons de bois font l'objet d'une analyse anatomique qui consiste
à déterminer la structure du bois pour mieux définir les
lignes de discontinuité. L'analyse de la densité des
différents cernes est aussi une pratique courante. Cette technique
utilise la technologie des rayons X pour identifier la délimitation des
cernes du fait de la variation de densité (ce type d'analyse fera suite
à ce travail). Ainsi, la variation de densité présente une
forte relation avec la saisonnalité climatique. La densitométrie
aux rayons X n'a pas donné de bons résultats sur les
espèces tropicales du fait de la structure complexe du bois des
angiospermes et des nombreuses variations intra-annuelles (Worbes, 2002).
D'autres techniques utilisent la variation des isotopes stables du bois comme
le C13, mais cette méthode est coûteuse et les résultats
parfois difficilement comparables à la variabilité climatique.
Pour comparer la largeur des cernes avec la variabilité
climatique, ces derniers doivent être transformés en indice de
variation (standardisation) pour des besoins de comparaison. Les
précipitations souvent utilisées pour les comparaisons en milieu
tropical sont des cumuls mensuels. Les séries temporelles des
précipitations mensuelles sont comparées à celles des
cernes d'arbres pour mettre en évidence l'influence des
précipitations sur la croissance des arbres.
Il est aussi important de mentionner l'importance de
procéder aux techniques de datation croisée. Cette technique
consiste à mettre en correspondance la largeur des cernes d'un individu
avec des caractéristiques structurelles des arbres d'autres
espèces dans la zone étudiée pour identifier
l'année exacte de la formation des cernes. La datation croisée
des cernes est une méthode de vérification et de consolidation de
l'analyse dendrochronologique et dépend ainsi de leur reproduction
adéquate. Elle est basée essentiellement sur le principe selon
lequel l'effet des facteurs climatiques affecte différemment les cernes
selon les espèces. Certaines espèces ont naturellement des cernes
étroits, d'autres n'en ont pas pour la même saison, au moment
où certaines espèces ont des cernes très distincts. On
utilise alors les espèces qui ont des cernes nets de cette saison pour
combler les lacunes sur les autres espèces.
L'approche utilisée dans cette étude a
consisté à réutiliser les disques d'arbre qui ont servi
à estimer le taux d'humidité dans le cadre de
l'élaboration des modèles allométriques. Les
échantillons ont été polis en utilisant du papier de
menuiserie pour mieux exposer les cernes (Stahle, 1999 ; Tarhule et Hughes,
2002).
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