Section 3.02 III.2. Cadrage conceptuel et
méthode de travail
La biomasse végétale exprime la masse totale de
matière organique des plantes exprimée en tonnes de
matières sèches par unité de surface. On peut l'estimer
pour la végétation sur pied en y incluant les herbacées et
la régénération naturelle, mais on peut aussi se limiter
à la végétation ligneuse affranchie (> 5 cm de
diamètre8). Ce travail porte essentiellement
sur la biomasse ligneuse sur pied pour les individus de plus de 5 cm de
diamètre.
La biomasse est souvent proportionnelle au volume du bois,
à la surface terrière, au diamètre du tronc ou la hauteur
des individus. La quantité de biomasse produite varie en fonction de
l'espèce et des conditions de croissance. En général on
obtient la biomasse totale de l'individu en mesurant (ou en estimant) les
différentes parties que sont le tronc, les branches et les feuilles.
Dans la plupart des études actuelles on se limite à la biomasse
sur pied, sans prendre en compte la biomasse racinaire difficile à
mesurer. Par ailleurs, ces études sont disponibles seulement pour
quelques espèces et quelques rares formations végétales,
avec une précision relativement faible (FAO, 2008).
8 Certaines plantes peuvent avoir des tailles de diamètres
inférieures à 5 cm alors qu'ils sont de vieux sujets. Les
espèces qui ont cette particularité n'apparaissent pas sur nos
données.
Dans cette étude, la biomasse racinaire n'est pas prise
en compte, car dans des mosaïques de savane il est très difficile
d'une part d'extraire toute la biomasse racinaire à cause de la
présence de sols très souvent cuirassées ; d'autre part du
fait de l'enchevêtrement des réseaux de racines appartenant
à différents individus. Il faut ajouter à ces contraintes,
les difficultés matérielles et logistiques permettant de mener de
tels travaux sur le terrain.
L'estimation des stocks de carbone dans les formations
forestières requièrent par conséquent l'existence ou la
collecte de données d'inventaire. L'estimation du taux de carbone au
niveau des écosystèmes est un exercice nécessaire pour
mieux comprendre le cycle global du carbone et ses impacts sur les gaz à
effet de serre. La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques encourage les pays à procéder à des
estimations de bilan de carbone (inventaires nationaux). Pour les pays en voie
de développement, cet exercice est confronté à de
nombreuses difficultés, liées essentiellement à l'absence
de données fiables et systématisées, et à la
rareté d'une expertise qualifiée pour procéder aux
évaluations des flux de carbone dans tous les secteurs ciblés par
la convention. Dans le domaine de la foresterie les principales contraintes
exposées sont le manque d'information sur la productivité des
forêts, le manque de données d'inventaire de la
végétation, et les données limitées sur les pertes
de biomasse (exploitation forestière, feux de brousse, etc.).
Ainsi, plusieurs équations (des régressions
statistiques) ont été développées pour certaines
espèces, ou groupe d'espèces, pour certains
écosystèmes ou biomes à travers le monde. La
problématique des modèles allométrique est largement
évoquée au Chapitre 2. Les équations qui pourraient aider
à développer ce type de recherche dans la perspective des projets
MDP sont celles qui utilisent des paramètres faciles à collecter,
qu'on retrouve dans la plupart des bases de données d'inventaire comme
le DBH et dans une moindre mesure, la hauteur des individus. Le doute
lié à l'utilisation de la hauteur des individus est qu'en
écosystème de savane, on a souvent des futs assez tortueux, ne
reflétant pas l'âge véritable du sujet. Au niveau d'une
même espèce, on peut avoir une forte variation due à la
fréquence des feux de brousse ou des coupes comme l'émondage,
à la pression sur l'espèce pour satisfaire les besoins des
populations ; mais aussi aux différences de méthodes de mesures,
le plus souvent par estimation, etc. Le paramètre le plus sûr et
plus facile à obtenir est par conséquent le DBH ou la
circonférence à 1,3 m, paramètre le plus utilisé
dans les équations allométriques courantes (Brown, 1997;
2002).
Tenant compte de ces considérations, nous avons
opté pour l'élaboration de modèles allométriques
basés sur des régressions statistiques et celles qui ont
montré les meilleures performances (cf. Chapitre 2) ont
été utilisées pour convertir les données
d'inventaire en
biomasse. L'inventaire de la végétation a
été réalisé entre 2001 et 2003 au niveau des six
forêts classées des domaines soudaniens et soudano-guinéens
en utilisant l'approche décrite ci-dessous.
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