LISTE DES ACRONYMES ET ABREVIATIONS
ARB Autorisation de récupération
du bois
CED Centre pour l'Environnement et le
Développement
COCAM Contre-plaqué du Cameroun
COVIMOF Communauté villageoise de
Melombo, Okekat et Faekelé
DBH Diameter at breast height
DHP Diamètre à hauteur de
poitrine
DME Diamètre minimum d'exploitation
FAO Food and agricultural organization
ONADEF Office national de développement
forestier
PIB Produit intérieur brut
RCA République Centrafricaine
RDC République Démocratique du
Congo
WRI World Ressource Institute
INTRODUCTION
L'étude se rapporte à une question essentielle
qui se pose au moins depuis la Conférence des Nations unies sur
l'environnement tenue à Stockholm en 1972. Il s'agit de la question de
l'interdépendance entre l'environnement et le développement
économique. Il faut désormais prélever les ressources
naturelles de manière à ne pas inhiber les capacités du
milieu à se renouveler. Dans le cas de l'exploitation forestière
dont il est question ici, il s'agit d'abord de satisfaire un besoin
économique important, celui du bois d'oeuvre, source de devises pour les
pays en voie de développement comme le Cameroun. Ce faisant, il s'agit
du même coup des menaces portées sur une végétation
dont on convient désormais qu'elle est déterminante dans
l'amélioration de la qualité de la vie sur terre et, par
delà, de la régulation du climat régional et global.
L'étude se fonde sur l'idée que l'intervention humaine en
forêt, comme dans tous les milieux naturels, est porteuse de
conséquences à court ou à long terme. Les ressources
forestières étant considérées comme renouvelables,
on pense qu'à terme, les zones exploitées peuvent se reconstituer
pour reprendre une physionomie proche des formations primaires. Cette
reconstitution passe par des stades d'évolution qui se traduisent par
des marques sur la végétation. Les indices peuvent être
d'ordre floristique ou structural. Il s'agira donc d'évaluer les
modifications de la couverture forestière consécutive à la
coupe industrielle du bois et de comprendre le processus et les étapes
de l'évolution vers des stades plus ou moins proches de l'état
initial. C'est pourquoi nous avons intitulé ce travail « Dynamique
forestière post-exploitation industrielle : le cas de la forêt
dense semi décidue de Mbalmayo (Sud Cameroun) ».
I- CADRE CONCEPTUEL DE L'ETUDE
La bonne compréhension de ce travail exige des
définitions précises des termes essentiels de son libellé.
Il s'agit principalement des concepts de dynamique forestière et
d'exploitation industrielle.
La dynamique forestière est
perçue par certains comme la régression ou l'extension spatiale
de la forêt par rapport à un autre biome, la savane le plus
souvent. La dynamique est donc ici synonyme de phases successives affectant un
paysage végétal avec en général une modification de
la composition et/ou de la structure de la forêt. D'autres assimilent la
dynamique aux changements affectant une forêt suite à des
perturbations naturelles ou anthropiques.
composition intra et interspécifique des populations
qui constituent un espace boisé". Cette définition intègre
les paramètres liés à la composition spécifique et
à la structure de la végétation. En effet,
l'écosystème forestier se caractérise par une occupation
de l'espace dont les éléments (le cortège floristique, la
densité du peuplement, la répartition des classes de
diamètres) sont naturellement amenés à évoluer avec
ou sans intervention humaine. Cette évolution est due à divers
facteurs : changement du microclimat, glissement de terrain, incendie,
défrichement, chablis... Toute modification d'un ou de plusieurs de ces
paramètres peut induire une dynamique forestière. Celle-ci est
à la fois quantitative (dynamique spatiale et accroissement en hauteur
des individus) et qualitative (transformation ou réduction de la
biodiversité). Nous allons donc considérer la dynamique
forestière comme l'évolution ou la transformation de la
composition et de la structure de la forêt. Nous ne nous limiterons dans
ce travail qu'à l'étude des modifications provoquées
principalement par l'exploitation industrielle du bois.
Les diverses approches de la dynamique de la
végétation tiennent toujours compte de la notion
d'échelles (temporelle et spatiale). Pour ce qui est de l'échelle
temporelle, la dynamique se traduit par une évolution de la
végétation entre un temps repère T0 et le temps
d'observation T1. Dans notre travail, T0 correspond à la date de la
perturbation (l'exploitation forestière) en 2002 et T1 à la
période pendant laquelle nous avons effectué nos relevés
et observations. Nous nous sommes donc limités à une
période de 7 ans après exploitation. On se demandera toujours si
elle est représentative. Peut-on en effet apprécier la dynamique
de la végétation sur un laps de temps aussi court ? Quelle est la
période qui conviendrait le mieux ? 10, 20, 70 ans ? On ne saurait
répondre de façon catégorique et péremptoire
à cette question car « il n'existe pas a priori une
échelle temporelle standard applicable par tous ». Il faut
cependant préciser que les difficultés pratiques et
matérielles ont orienté ce choix.
Autrement dit, le choix de l'échelle temporelle a
été dicté par la présence sur un site relativement
accessible d'une étendue de forêt dense non exploitée qui
côtoie des parcelles soumises à des coupes sélectives
d'arbres il y a 7 ans de cela. Des zones d'exploitation plus anciennes
n'existent pas sur le site et le souci de travailler sur une zone
homogène (sur le plan de la composition floristique et de la structure
de la forêt) a été prioritaire dans les choix. Nous avons
cependant parcouru des sites d'exploitation plus âgés
situés plus loin de la localité de Fakélé pour nous
faire une idée de l'évolution à long terme du peuplement
forestier exploité industriellement.
Le Larousse agricole (1981) définit
l'exploitation forestière comme l'ensemble des
opérations d'abattage, de façonnage, de débardage et de
transport de bois. Elle est exécutée par des entrepreneurs
appelés exploitants forestiers qui emploient des bûcherons pour
l'abattage et le façonnage du bois, des débardeurs pour sortir en
bordure de route les bois façonnés et des camions grumiers pour
le transport de ces bois à la scierie ou à l'usine utilisatrice.
L'exploitation industrielle fera référence au
prélèvement ou à la récolte du bois d'oeuvre
consécutive à l'obtention d'un titre d'exploitation des
autorités forestières, prélèvement effectué
à l'aide d'engins roulants tels que les débardeurs, les grumiers,
les camions... Au Cameroun, selon la législation forestière de
1994, deux étapes sont nécessaires pour exploiter les ressources
forestières : obtenir un agrément et détenir un titre
d'exploitation. Cette exploitation est sélective et s'oppose à la
coupe « à blanc » qui procède au
prélèvement de tous les arbres d'une parcelle même s'ils ne
sont pas tous commercialisables.
La coupe sélective se caractérise par le
prélèvement d'une fraction importante des arbres situés au
dessus d'un seuil de diamètre, appelé diamètre minimum
d'exploitabilité (DME), fixé pour chaque espèce par la loi
forestière, et mesuré à 1,30 mètre du sol (voir
annexe III). Le diamètre minimum est arrêté pour assurer
une bonne régénération des espèces
exploitées. Il est fixé par rapport au diamètre
observé à maturité pour l'espèce à
exploiter. Les essences d'intérêt commercial justifiant une
exploitation sélective sont dans leur majorité des espèces
à bois précieux dense, et sont souvent des émergents
constitués par des espèces dominantes de la canopée. Les
individus exploités ont un très gros diamètre et sont
supposés être adultes.
Pour Lourmas (2005), le terme exploitation sélective
rassemble toutes les pratiques sylvicoles qui répondent aux trois
critères suivants :
· l'arbre sélectionné pour être abattu
est une essence d'intérêt commercial ;
· son diamètre mesuré à hauteur de
poitrine (DHP ou DBH) dépasse le diamètre minimum
d'exploitabilité (DME) fixé pour chaque espèce
par les lois forestières en vigueur dans le pays concerné ;
· des pistes de débardage sont ouvertes
spécifiquement pour chaque arbre ou bouquet d'arbres abattus (ouverture
du milieu limitée).
L'exploitation sélective est le mode d'exploitation le
plus répandu dans le Bassin du Congo, d'une part en raison de son faible
coût de revient, d'autre part en raison d'une densité trop faible
d'espèces précieuses ne justifiant pas des coupes en masse ou
coupes rases (Lourmas2005).
On distingue souvent deux types d'exploitation industrielle de
la forêt d'un point de vue environnementaliste:
· le type minier qui se caractérise par une
exploitation, un prélèvement des essences sans souci ou
contrainte de régénération. C'est ce type qui a
été appliqué sur la parcelle exploitée retenue pour
l'étude. Il est en règle générale, le plus
pratiqué dans nos forêts et compromet l'équilibre de la
couverture forestière.
· le type qui associe exploitation et
régénération. Dans ce cas, le cahier de charge de
l'exploitant lui impose des actions visant la préservation de la
forêt.
L'exploitation forestière industrielle telle que
définie ci-dessus s'oppose à l'exploitation forestière
artisanale qui peut elle-même prendre plusieurs formes : exploitation
illégale du bois d'oeuvre avec le plus souvent la tronçonneuse
comme unique engin, l'exploitation du bois pour la cuisson des aliments et la
construction des habitations.
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