CHAPITRE 3 :
LES IMPACTS DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE LA FORET
SUR LA PHYSIONOMIE ET LA STRUCTURE DE LA FORET
Introduction
Dans ce chapitre, il sera question d'établir un bilan
de l'exploitation de la forêt (coupe et évacuation du bois) 7 ans
après la cessation des activités. Il s'agit, sur la base des
traitements statistiques des relevés, de faire un état des lieux
sur le double plan de la physionomie et de la structure du peuplement
forestier. L'objectif ici est de relever les indices pouvant nous permettre de
retracer les étapes de la régénération du
peuplement et de dresser les perspectives de la reconstitution de la
forêt à moyen et long termes. Il s'agit ici de caractériser
la structure et la physionomie des peuplements dans les parcelles. Cette
étape passe par l'analyse des densités des individus, leur taille
et le recouvrement de leurs couronnes. Cette analyse se fera aux plans
horizontal et vertical.
3.1. Les densités des peuplements
Sur l'ensemble des deux placettes, 2123 arbres et arbustes de
dbh = 5 cm ont été inventoriés dont 990 sur la parcelle
exploitée et 1133 sur la placette non exploitée. La plus forte
densité relative des individus est donc observée sur le site non
exploité. Dans la parcelle exploitée, les familles qui
présentent une forte densité (avec au moins 50 individus à
l'hectare) par ordre d'importance décroissante sont : Sterculiaceae (126
individus soit 12,73% des effectifs), Apocynaceae (93 individus soit 9,39%),
Myristicaceae (93 individus soit 9,39%), Euphorbiaceae (72 individus, soit
7,27%), Césalpinaceae (63 individus, soit 6,36%), Moraceae (62 individus
soit 6,26 %), Méliaceae (59 individus, soit 5,96%).
En ce qui concerne les densités relatives par
espèce, on remarque que Tabernaemontana crassa (80 individus
soit 8%), Staudtia kamerunensis (63 individus soit 6%),
Hylodendron gabunense (34 individus soit 3%), Cola lepidota
(29 individus 2%), Cola argentea (26 individus 2%) sont les plus
représentées en forêt exploitée (Tableau 9 et Figure
10). Par ailleurs, 46 espèces sont représentées par un
seul individu et 30 espèces par seulement deux individus.
Tableau 9 : Les 20 espèces abondantes sur les
deux sites
Site exploité
Site non exploité
|
Espèces
|
Nombre d'individus
|
1)
|
Tabernaemontana crassa
|
67
|
2)
|
Blighia welwitschii
|
48
|
3)
|
Sorindeia grandifolia
|
40
|
4)
|
Desbordesia glaucescens
|
35
|
5)
|
Celtis zenkeri
|
32
|
6)
|
Petersianthus macrocarpus
|
28
|
|
7)
|
Rinorea sp
|
27
|
8)
|
Cola argentea
|
26
|
9)
|
Diospyros simulance
|
25
|
10)
|
Santiria trimera
|
23
|
11)
|
Rothmannia lujae
|
23
|
12)
|
Cola lateritia
|
22
|
13)
|
Diospyros sp
|
22
|
14)
|
Coula edulis
|
21
|
15)
|
Trichoscypha acuminata
|
21
|
16)
|
Staudtia kamerunensis
|
21
|
17)
|
Garcinia manii
|
20
|
18)
|
Coelocaryon preussii
|
19
|
19)
|
Cola lepidota
|
19
|
20)
|
Trichilia welwitschii
|
16
|
|
Espèces
|
Nombre d'individus
|
Tabernaemontana crassa
|
80
|
Staudtia kamerunensis
|
63
|
Hylodendron gabunense
|
34
|
Cola lepidota
|
29
|
Cola argentea
|
26
|
Musanga cecropioides
|
25
|
Trichilia welwitschii
|
24
|
Cola lateritia
|
24
|
Coelocaryon preussii
|
22
|
Uapaca guineensis
|
21
|
Blighia welwitschii
|
20
|
Celtis tessmannii
|
19
|
Santiria trimera
|
19
|
Petersianthus macrocarpus
|
17
|
Trichoscypha acuminata
|
16
|
Eribloma oblonga
|
16
|
Desbordesia glaucescens
|
13
|
Celtis zenkeri
|
12
|
Allanblackia kissongui
|
12
|
Myrianthus arboreus
|
12
|
Source : Relevés de terrain

Figure 10 : La densité relative des 20
espèces abondantes dans la forêt exploitée
Dans la parcelle non exploitée, les densités les
plus fortes sont celles des familles suivantes : Sterculiaceae (105 individus
pour 9,26% des effectifs), Apocynaceae (76 individus soit 6,70% des effectifs),
Méliaceae (69 individus, soit 6,09% des effectifs), Anacardiaceae (67
individus, soit 5,91% des effectifs), Ebénaceae (65 individus, soit
5,73% des effectifs), Rubiaceae (64 individus, soit 5,64% des effectifs,
Annonaceae (63 individus, soit 5,56% des effectifs), Sapindaceae (62 individus,
soit 5,47% des effectifs) Myristicaceae (51 individus, soit 4,50% des
effectifs) et Ulmaceae (50 individus, soit 4,41% des effectifs).
Tabernaemontana crassa, reste l'espèce la plus répendue
en terme de densité relative avec 67 individus soit 5,91% de l'effectif.
Sur les deux sites, cette espèce est dominante lorsque l'on
considère le nombre d'individus. Elle est suivie respectivement par les
espèces comme Blighia welwitschii (48 individus, 4,24%),
Sorindeia grandifolia (40 individus, 3,53%), Desbordesia
glaucescens (35 individus, 3,09%), Celtis zenkeri (32 individus,
2,82%) en forêt non exploitée (Figure 11).
51 espèces sont représentées par un
individu et 18 espèces par deux individus. Si l'on excepte
Tabernaemontana crassa qui est partout très présente, la
classification des espèces suivant le nombre d'individus montre une
forte différence en valeur relative entre les deux sites.

Figure 11: La densité relative des 20
espèces abondantes dans la forêt non exploitée
Les espèces abondantes dans la parcelle non
exploitée sont relativement les mêmes (figures 10 et 11) qu'en
parcelle exploitée. Les deux sites ont 13 espèces abondantes en
partage. Il s'agit de Tabernaemontana crassa, Blighia welwitschii,
Desbordesia glaucescens, Celtis zenkeri, Celtis zenkeri, Petersianthus
macrocarpus, Cola argentea, Santiria trimera, Cola lateritia, Trichoscypha
acuminata, Coelocaryon preussii, Cola lepidota, Trichilia welwitschii. On
remarque donc un recouvrement floristique important. Seules 7 espèces
parmi les 20 plus abondantes ne sont pas communes aux deux sites.
présence est insignifiante dans la forêt mature
où elle n'est plus représentée que par 2 individus. Par
contre, le genre Rinorea qui regroupe essentiellement des
espèces de sous-bois caractéristiques des vielles forêts
comme Rinorea sp, Rinorea dentata, Rinorea oblongofolia Rinorea
yaoundeensis (Achoundong, 2000) est très abondant dans la
forêt mature (27 individus) et est peu repésenté dans la
parcelle exploitée (8 individus seulement). Il en est de même du
genre Diospyros (bois d'ébène) avec un effectif de 20
individus dans la forêt exploitée alors qu'on retrouve 43
individus dans la forêt non exploitée. La forte présence de
ces deux genres (caractéristiques chacun d'un stade de longue
évolution de la forêt) en abondance sur l'un des sites est
certainement un indice pouvant permettre d'apprécier l'influence de la
perturbation liée à l'exploitation forestière. L'ouverture
de la forêt a créé des conditions favorables à
Musanga cecropioides qui en a profité pour se déployer
de façon significative. 17 des 25 individus de cette espèce
rencontrés en zone exploitée ont un diamètre
inférieur à 20 cm. Ces petits diamètres indiquent que leur
installation est récente et leur implantation pourrait correspondre
à la période post exploitation.
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