1.3. Une végétation
caractérisée par la forêt dense humide semi
décidue
Le climat équatorial de type guinéen qui
règne sur la région est favorable à l'établissement
de la forêt. L'humidité permanente au cours de l'année
entretient la forêt dense. Cette forêt marque la transition entre
la forêt sempervirente méridionale et les savanes
péri-forestières septentrionales du territoire camerounais. Au
sein de cette forêt, l'empreinte des actions anthropiques est très
visible et apparaît nettement dans le modelage des paysages. Le milieu
est désormais caractérisé par un couvert
végétal en mosaïque comme c'est le cas du site de
Faekelé II : la forêt dense
humide semi-décidue dite « primaire », la
forêt secondaire post-culturale, la forêt marécageuse, les
prairies inondables, les champs et les plantations.
1.3.1. La forêt dense humide semi-décidue
Le grand bloc forestier qui occupe le sud du territoire
camerounais se décompose en deux principaux types : la forêt dense
humide sempervirente dans l'extrême-sud (d'Ebolowa à Yokadouma) et
la région côtière (de Campo jusqu'au bassin de la Cross
River et la forêt dense semi-décidue qui borde la première
en progressant vers le Nord entre 3° et 5° (figure 1). Si la
forêt dense toujours verte se met en place à la faveur d'un climat
très humide (précipitations moyennes annuelles comprises entre
2000 et 4000 mm et réparties sur 9 à 11 mois), la forêt
dense semi-caducifoliée quant à elle se développe sous un
climat un peu moins humide (1400 à 1600 mm/an réparties sur 9
mois en moyenne). Au plan physionomique, cette forêt ne diffère
pas significativement de la forêt dense sempervirente, sinon qu'environ
10 % des arbres (essentiellement les émergents) perdent
entièrement leurs feuilles au cours de la saison sèche. En
revanche, dans la forêt toujours verte, les arbres perdent leurs feuilles
individuellement et à des moments imprécis. Mais en gros, la
structure des deux forêts est tout à fait la même et la
valeur en bois est comparable, même s'il faut préciser que les
deux types sont dominés par des boisements appartenant à des
familles et des espèces différentes.
Le trait floristique caractéristique de la forêt
dense semi-décidue est la forte présence des Sterculiaceae qui
englobent un nombre considérable d'espèces appartenant au genre
Cola (Cola altissima, C. lateritia, C. lepidota, C. gigantea) ou
d'autres espèces comme Nesogordonia papaverifera, Triplochiton
scleroxylon, mais aussi des Ulmaceae qui regroupent surtout les
espèces du genre Celtis (C. tessmannii, C. soyauxii, C.
adolfi-friderici, C. zenkeri) (Letouzey, 1968).
Dans les bas-fonds mal drainés, le faciès de
cette forêt change et se caractérise par des espèces comme
Uapaca guineensis et Uapaca togoensis. On la retrouve en
position de liseré bordant les principaux affluents du Nyong. Dans ces
peuplements, le sol est constamment inondé en saison de pluies.
Certaines espèces comme Alchornea cordifolia, Anthonotha
macrophylla, Gilbertiodendron dewevrei, Drypetes sp., Leea guineensis,
Macaranga sp sont également fréquentes dans ces milieux. Il
faut également signaler que, lorsque la topographie est plane et
P2
P1
que les eaux d'écoulement stagnent durant plus de la
moitié de l'année, des tapis herbacés
monospéficiques à Echinocloa stagina et Hyparrhenia
sp se substituent aux arbres (figure 9). C'est le cas dans certains
secteurs de la plaine d'inondation du Nyong en particulier. Toujours dans des
conditions de mauvais drainage des sols, les principaux affluents du Nyong
comportent dans leur lit majeur des peuplements monospécifiques à
Raphia monbutorum et Raphia hookeri.
Cette forêt dense semi-décidue a longtemps subi
des dégradations variables selon les localités. Les
dégradations sont cependant plus sensibles en bordure des regroupements
humains et des pistes du fait de l'introduction du cacaoyer, de l'agriculture
itinérante sur brûlis et de l'exploitation forestière
légale et illégale (figure 8).
|