1.3- Analyse comparative entre stratégies «
Jatropha en haie vive >> et « Jatropha en
plein champ >>
Il faut préciser que l'option « culture
associée » testée sans grand succès la
première année par certains producteurs semble être
délaissée au profit de la plantation en haie vive qui cadre
plus avec la « boussole intérieure » des
exploitations agricoles enquêtées. En effet comme l'ont
insinué beaucoup de chefs d'exploitation interrogés, le mode de
plantation en bordures de champ ne bouleverse pas leur assolement.
A partir d'une analyse qualitative, je vais essayer
d'apprécier la stratégie adoptée par les exploitations.
Pour ce faire, une synthèse des avantages et des inconvénients de
la stratégie paysanne est réalisée dans les paragraphes
ci-après.
1.3.1- Avantages stratégies paysannes
? Arpenter les parcelles de culture (court terme) : tout
d'abord les parcelles de cultures sont délimitées ; ce qui
favorise une prévention des conflits sociaux qui se produisent parfois
entre agriculteurs et éleveurs car elle empêche la
divagation20 des animaux dans les parcelles de culture. De plus ces
haies vives peuvent servir de brise-vent surtout pendant le mois de septembre
où l'on note beaucoup de verses de plantes, entraînant des pertes
de récoltes non négligeables particulièrement pour les
céréales. Une bonne délimitation des champs bien
arpentés avant la plantation facilite le comptage des superficies. Les
relais techniques des villages accompagnent les producteurs pour la
réalisation de plantation de Jatropha sur deux rangées
espacées de 0,50 m avec des écartements de 1 m entre les plants
soit l'équivalent de 800 plants par ha. De la sorte, les producteurs
vont connaître en même temps la superficie de la parcelle
entourée de Jatropha. La bonne maîtrise des surfaces
cultivées est la clé de voûte d'une bonne
productivité. Elle permet d'établir et de suivre correctement les
plans de campagne21 car, au Sénégal, beaucoup de
paysans travaillent dans l'approximation. Or la maîtrise des superficies,
permet de réaliser de bons calendriers culturaux afin d'assurer
prioritairement une bonne couverture des besoins alimentaires.
? Marquage foncier (long terme) : comme souligné supra,
le Jatropha en bordure des parcelles représente un bornage du foncier
pendant toute la durée de vie de la plante (50 années). Ceci peut
aussi constituer une preuve de mise en valeur des terres comme l'exige la loi
sur le domaine national pour éviter la désaffectation.
? Amoindrir le risque lié à un échec du
Jatropha : le fait de ne pas planter le Jatropha en
culture pure dans les parcelles mémes évite de
s'exposer au risque de ne rien gagner sijamais la culture se
révèle non rentable
20 Entrée non autorisée des animaux dans
une parcelle de culture qu'ils peuvent détruire.
21 Planning d'emblavures pour une campagne agricole
donnée
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Mémoire Master Amadiane DIALLO
? Garder la même superficie cultivée annuellement
et éviter la concurrence avec les cultures vivrières : avec
l'option « haie vive », le problème d'arbitrage dans
l'affectation des sols ne se pose pas. L'assolement traditionnel n'est donc pas
perturbé.
? Gestion plus facile du pâturage en saison sèche
avec des partenariats gagnant-gagnant entre le propriétaire et les
éleveurs transhumants pour le parcage de leur bétail dans la
parcelle clôturée.
? Avoir 50% du méme potentiel de plantation de Jatropha
que l'option « culture pure » : la double haie vive permet d'obtenir
800 plants alors que la plantation en « culture pure »
préconisée par le projet a une densité de 1600 plants.
Ainsi, les exploitations ne perdent que potentiellement 50% de coüt
d'opportunité.
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