b- Les modalités d'utilisation des approches de
mesure du risque de taux d'intérêt :
En conformité avec les principales recommandations du
comité de Bâle, les établissements demeurent libres de
choisir les techniques de mesure du risque de taux d'intérêt pour
calculer l'exposition des bénéfices et de la valeur
économique aux variations des taux d'intérêt. Le choix des
méthodes appropriées dépend de la politique de chaque
établissement, ainsi que de la complexité des instruments
détenus et des risques encourus. Ces techniques peuvent être
regroupées selon deux approches : les approches simples et les
approches de simulation.
* les approches simples :
l'approche la plus simple de mesure du risque de taux
d'intérêt est la méthode des
échéances. Elle se base sur un calendrier des
échéances et/ou de révision des taux
d'intérêt qui répartit, selon une approche des flux futurs
attendus, l'ensemble des positions longues et courtes sensibles aux taux
d'intérêt. A partir de la, il s'agit de mesurer l'impact d'une
variation des taux d'intérêt sur les bénéfices et la
valeur économique du bilan.
Ø impact sur les
bénéfices : pour les flux futurs attendus relatifs
à une tranche d'échéance, et en simulant une
évolution des taux d'intérêt, on peut construire les
scénarios suivants :
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Impasse positive
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Impasse négative
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Créances dettes
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Créances dettes
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Sensibilité
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Créances
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Dettes
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Sens de l'impact
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Positif
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négatif
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des taux d'i
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du revenu d'intérêt
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du revenu d'intérêt
|
des taux d'i
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du revenu d'intérêt
|
du revenu d'intérêt
|
Pour affiner les résultats obtenus, les calculs
d'impasse peuvent être complétés par des informations sur
la valeur moyenne des coupons et des intérêts pour chaque tranche
d'échéance afin d'estimer l'ampleur de la variation des taux
appliqués relativement au niveau des taux actuels.
Ø impact sur la valeur économique du
bilan : l'incidence de la fluctuation des taux
d'intérêt peut être appréhendée à
travers la variation de la valeur actualisée des flux futurs attendus
résultant d'une modification de la structure des taux. La variation de
la valeur économique dépend du calendrier
d'échéances et de révisions des taux
d'intérêt. Des pondérations de sensibilité
fondées sur estimations de la duration des créances et dettes
correspondantes peuvent être appliquées à chaque
fourchette. Ces pondérations peuvent être calculées selon
deux approches :
- l'approche de duration standard : se
base sur une pondération moyenne estimée des durations de toutes
les positions d'une fourchette, multipliée par une modification
estimée de taux d'intérêt afin d'aboutir à une
pondération propre à chaque fourchette de temps. Cette
méthode peut être affinée par l'application de
pondérations différentes aux diverses positions d'une fourchette
pour traduire les différences notables dans les coupons et
échéances (par exemple, une pondération pour les
créances et une autre pour les dettes).
- l'approche de duration
précise : permet de déduire la position nette
à partir du calcul de la duration de chaque créance et dette. La
sommation sur l'ensemble des fourchettes des impasses pondérées
ainsi déterminées aboutit à une variation estimée
de la valeur économique pour les modifications supposées des
taux. Lorsque la duration est élevée, cela aura un important
impact sur la valeur économique. C'est le cas par exemple lorsque
l'échéance ou la date de révision des taux est
éloignée et/ou les paiements avant l'échéance sont
modestes (paiement des coupons par exemple).
* les approches de simulation :
les établissements qui utilisent des instruments financiers
complexes ou présentent des profils de risque élevés
peuvent recourir aux approches de modélisation pour simuler les effets
potentiels des modifications de taux sur les bénéfices et la
valeur économique. On distingue deux types d'approches :
Ø approche de simulation
statique : dans cette approche, seuls les flux futurs attendus
résultant des positions courantes (longues ou courtes) font l'objet
d'évaluation.
- impact sur les bénéfices :
des simulations s'appuyant sur les flux futurs attendus sont conduites
sur une période donnée et sur la base d'un ou plusieurs
scénarii de taux (déplacement parallèle de la courbe,
aplatissement ou accentuation, inversion de la courbe des taux par rapport
à un scénario de base, ...).
- impact sur la valeur
économique : des simulations s'appuyant sur les flux
futurs attendus sont conduites sur toute la durée de vie de l'ensemble
des positions et portefeuilles de l'établissement et ramenées
à leur valeur actualisée. La variation estimée de la
valeur économique est obtenue par comparaison de la valeur
actualisée avec celle du scénario de base.
Ø approche de simulation
dynamique : cette approche repose essentiellement sur une
modélisation de l'évolution future des taux en intégrant
les prévisions de l'évolution des taux et de la courbe des taux
de marché. Ce qui permet de prendre en considération la
corrélation qui peut exister entre les flux futurs attendus et le
comportement des taux d'intérêt et de mieux saisir l'incidence des
options incorporées ou explicites.
Comme on a pu le constater, le marché obligataire
marocain a connu un essor important ces dernières années. Ce
développement s'est accompagné d'un effort considérable
sur le plan réglementaire. Les autorités monétaires ont
inscrit leur démarche dans le cadre d'une veille réglementaire et
d'encadrement des pratiques du marché. Cependant, au niveau
international, la régulation et la coopération demeurent encore
en phase de gestation.
Ainsi, depuis 2008, le CDVM a adopté une
démarche de contrôle basée sur l'analyse des risques en
vue, d'une part, de cibler les zones de risques (spécifiques à un
intervenant ou transversaux à la place) et, d'autre part, d'optimiser
l'allocation des ressources. Cette démarche a été
couplée avec un système de notation qui permet de situer de
façon précise le positionnement de chaque intervenant par rapport
aux différents risques identifiés.
Toutefois, les techniques de mesure des risques obligataires
sont encore basiques (la duration). Le résultat du système de
mesure et d'appréciation du risque de taux d'intérêt
dépend en grande partie de la qualité des estimations de la
valeur des hypothèses relatives aux flux futurs sur les positions
à échéances incertaines. Ainsi, à travers les
différents types de techniques, notamment les modèles
statistiques, les établissements procèdent à
l'évaluation des réactions des positions à des mouvements
de taux passés ou du comportement probable des positions à
échéance incertaine, qui peut être influencé par les
conditions de marché ou des facteurs spécifiques à
l'établissement. L'utilisation d'autres techniques plus
sophistiquées, telles que la VAR, serait plus judicieuse pour mieux
appréhender les risques obligataires et préparer le marché
obligataire marocain à une ouverture totale inéluctable sur les
marchés internationaux.
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