Faculté des Sciences Juridiques
Economiques et Sociales
Ain Chock - Casablanca
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Master Finance
Mémoire de Master
Thème :
LA GESTION DES RISQUES
OBLIGATAIRES
Préparé et soutenu par :
Mr. Mohamed BOITI
Encadré par :
Mr. Abdelmajid SALEHDDINE
Année universitaire : 2008/2010
Dédicace :
A la mémoire de mon père, que Dieu ait son
âme en paix.
REMERCIEMENTS :
Je tiens d'abord à remercier Dieu tout
puissant sans qui rien de tout cela n'aurait été
possible.
Je voudrais également exprimer ma gratitude
à tous ceux qui m'ont aidé à réaliser ce modeste
travail, particulièrement :
Mr. A. SALEHDDINE, mon professeur et
encadrant, pour son temps et aide précieux. Je le remercie vivement pour
sa sympathie et tout ce qu'il a accompli pour que mon mémoire soit digne
d'un lauréat du Master Finance de la FSJES ;
Mr. A. EL MOUSSELLY, pour son aide dans
l'obtention des données brutes et la relecture de mon analyse, pour le
temps qu'il a bien voulu m'accorder et pour ses précieux conseils. Sa
vision aussi bien professionnelle qu'académique m'a été
d'un grand apport ;
Mr. N. CHERKAOUI, pour ses conseils
méthodologiques inestimables qui m'ont guidé lors de la mise en
forme et la finalisation de ce travail. J'espère qu'ainsi, ce
mémoire reflétera le bon niveau cognitif et rédactionnel
d'un titulaire de Master Finance de la FSJES.
Je tiens finalement à remercier grandement
ma famille et tous ceux qui m'ont encouragé et soutenu pendant toute la
durée de la formation et celle consacrée à la recherche
concernant ce mémoire, et qui ont accepté volontiers que le temps
que je leur consacre soit réduit plus qu'au minimum.
Sommaire :
INTRODUCTION GENERALE
......................................................... 5
PREMIERE PARTIE :
...................................................................
7
CONCEPTS DE BASE DE LA GESTION
DES RISQUES OBLIGATAIRES
Chapitre préliminaire : L'environnement de la gestion
obligataire .................... 9
Section 1 : Organisation de la gestion d'un portefeuille
obligataire.... 10
Section 2 : Indicateurs de gestion des obligations
classiques .......... 13
Section 3 : Typologie des risques obligataires
............................ 16
Chapitre 1 : La VAR comme instrument de mesure du risque de
valeur ............. 19
Section 1 : Caractéristiques du risque de valeur
........................... 20
Section 2 : Détermination de la VAR d'un portefeuille
obligataire ..... 22
Section 3 : Critiques de la VAR
............................................. 25
Chapitre 2 : Les techniques de gestion du risque de valeur
des obligations .......... 28
Section 1 : Identification des facteurs de risque
obligataire ............. 29
Section 2 : Couverture par les contrats à terme
............................ 35
Section 3 : Couverture par les options
....................................... 41
DEUXIEME PARTIE :
.....................................................................
49
MARCHE OBLIGATAIRE MAROCAIN ET CADRE
D'ANALYSE
CAS DE LA BANQUE D'AFFAIRES :
MEDIAFINANCE.
Chapitre 1 : L'environnement de la gestion obligataire au
Maroc ...................... 51
Section 1 : Marché obligataire au
Maroc ................................... 52
Section 2 : Cadre réglementaire de la gestion
des risques obligataires ..57
Chapitre 2 : La gestion obligataire chez MEDIAFINANCE
............................. 68
Section 1 : Présentation de
MEDIAFINANCE ............................. 69
Section 2 : Gestion des risques obligataires chez
MEDIAFINANCE ... 76
CONCLUSION GENERALE
............................................................... 86
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION GENERALE :
La gestion obligataire est le secteur dans la gestion d'actifs
financiers qui traite des produits de taux d'intérêt. Ces produits
financiers comprennent les bons de trésor, les obligations des
entreprises, les T.C.N et divers produits dérivés.
Avec la baisse des rendements obligataires des
dernières années - suite à la situation de
surliquidité du marché des capitaux au Maroc jusqu'en 2007- et la
volatilité des taux d'intérêt - surtout avec
l'appréhension née suite à la crise des subprimes et ses
retombées sur l'économie marocaine, la gestion passive de
portefeuille devient dépassée ; seule une gestion active
utilisant des techniques de plus en plus sophistiquées permettrait
d'optimiser le couple rendement-risque.
En effet, pour trouver les meilleurs placements obligataires,
il ne suffit plus de choisir les fonds qui ont eu dans le passé la
meilleure performance. Une analyse proactive du couple risque-rendement est
nécessaire.
Le risque apparaît ainsi comme étant la
pierre maîtresse de l'édifice. L'ignorer revient à
courir à une ruine quasi certaine ou à limiter
sérieusement ses plus-values. En effet, la différence principale
entre un particulier et un professionnel, ou au moins un amateur
éclairé, réside probablement dans le rapport au risque.
Cela s'explique par le fait que lorsqu'on débute,
surtout si le marché est en période haussière, on
perçoit très bien les possibilités de gain, mais
plutôt mal les risques associés. Avec l'expérience, on
comprend qu'il faut s'intéresser au couple rendement/risque plutôt
qu'au rendement seul. On est alors confronté à un triple
problème : celui de la nature du risque, celui de sa mesure ou
de sa quantification et celui de sa gestion.
De ce fait, au lieu de parler de la gestion obligataire en
générale, nous ciblerons la partie la plus sensible :
la gestion des risques obligataires ! En effet, lorsqu'on
avait demandé à J.P. Morgan de prédire le marché
boursier, sa réponse fut la suivante : «Le marché boursier
fluctuera». Cette assertion, bien qu'elle n'ait pas très bien
profité à son auteur, résume un enseignement basique pour
tout investisseur sur les marchés financiers : la principale
caractéristique de ces marchés est qu'ils fluctuent. Le
changement est la seule constante ! C'est pourquoi la gestion des risques
est devenue si prédominante au cours des dernières années.
Il aurait dû toujours en être ainsi, mais c'est récemment
seulement que cette industrie a développé des outils pour une
meilleure compréhension des risques financiers. Ceux-ci doivent donc
toujours être bien évalués avant toute décision de
constitution de portefeuille obligataire et ensuite gérés d'une
manière active, en fonction des objectifs de l'investisseur et de son
degré d'aversion au risque, pour en maîtriser les effets sur la
valeur du portefeuille. Car, en fait, il ne s'agit pas d'éliminer
totalement le risque : le rendement s'en ressentirait sensiblement.
Ainsi, la volatilité importante des marchés et
l'accent mis sur la gestion des risques ont entraîné le
développement d'instruments adaptés à la gestion
des risques. Ces nouveaux instruments financiers ont révolutionné
les méthodes de gestion dans le domaine de la gestion de portefeuille,
en l'occurrence, ce qui nous intéresse : la gestion des risques de
portefeuille obligataire.
Dans cet objectif, nous privilégierons une gestion
active du portefeuille. Celle-ci s'appuie sur les attentes des mouvements de
taux d'intérêt ou des changements dans le rendement. Elle vise
à exploiter les trois facteurs qui influent sur le rendement d'un
portefeuille à revenu fixe, à savoir :
les changements dans le niveau des taux d'intérêt
et dans la forme de la courbe des taux ;
les variations des écarts de rendement entre les
secteurs ;
les changements dans les écarts de rendement pour une
obligation particulière.
En limitant encore le champ de notre étude au cas des
obligations classiques et au seul risque de valeur, notre
objectif dans ce travail s'articulera autour de trois axes : Comprendre les
principes de gestion Taux/Crédit ; connaître les principaux
sous-jacents sur les marchés obligataires ; appliquer les
stratégies associées à la gestion obligataire pour une
optimisation du rendement.
De ce fait, nous scinderons notre travail en deux
parties : une partie théorique qui sera basée sur la
littérature disponible et accessible en la matière ; une
partie pratique qui tentera de rendre compte de l'état de l'art en
matière de gestion obligataire dans la pratique marocaine à
travers l'étude du cas particulier de la banque de gestion d'actifs
MEDIAFINANCE.
La première partie sera structurée comme
suit :
- dans un chapitre préliminaire, nous parlerons de
l'organisation de la gestion d'un portefeuille obligataire ; des
différents risques obligataires ; et des indicateurs de gestion des
obligations classiques ;
- notre premier chapitre sera consacré à
l'étude de la VAR comme instrument moderne et évolué de
mesure du risque de valeur, appliquée au cas des obligations ;
- un deuxième chapitre nous permettra de passer en
revue les techniques de gestion du risque de valeur des obligations.
La deuxième partie présentera dans son premier
chapitre le cadre juridique de la gestion des risques obligataires au Maroc tel
que mis en place et uniformisé par bank Al Maghrib. Le deuxième
chapitre concrétisera l'étude à travers le cas de
MEDIAFINANCE pour toucher de prêt la pratique de gestion obligataire
marocaine.
PREMIERE PARTIE :
CONCEPTS DE BASE DE LA GESTION
DES RISQUES OBLIGATAIRES
L'objet de cette première partie est d'étudier
les soubassements théoriques de la gestion des risques obligataires
telle que pratiquée au niveau international. En effet, ce qui se passe
à l'autre bout du monde se répercute inévitablement,
directement ou indirectement, sur les conditions de fonctionnement du
marché financier national.
Dans ce sens, nous procéderons tout
d'abord à un nivelage en présentant un aperçu sur
l'environnement obligataire en général, qu'il s'agisse des
différents risques auxquels sont exposés les obligations,
l'organisation de cette gestion obligataire ou les différents
indicateurs de cette gestion.
Nous examinerons, par la suite, dans un choix
délibéré, mais influencé par l'importance
particulière accordée par la littérature financière
à cet outil de gestion obligataire, la Value at Risque, la VAR, comme
instrument privilégié de mesure des risques obligataires ;
sans omettre de parler des limites dont souffre cet instrument.
Pour clore cette partie, nous passerons en revue certaines des
techniques de couverture des risques obligataires dans le cadre d'une gestion
objective des risques de valeur des obligations, étant donné que
la valeur des obligations est indirectement corrélée à
l'évolution des taux d'intérêt. Ce qui nous amènera
à parler de la couverture par les contrats à terme et par les
options.
CHAPITRE PRELIMINAIRE : L'ENVIRONNEMENT DE LA
GESTION
OBLIGATAIRE
En priorité, la gestion de portefeuille obligataire
requiert une connaissance, une évaluation et une bonne gestion des
risques. Puis, à la marge, un gérant de portefeuille actif pourra
essayer d'utiliser ses compétences spécifiques dans certains
domaines ou des inefficiences temporaires de marché pour
améliorer la performance de sa gestion. Là encore, il convient
d'opérer en connaissance des risques pris et en utilisant au mieux la
panoplie d'instruments mis à disposition sur les marchés.
Dans tous les cas, avant d'investir dans un titre obligataire,
il est nécessaire de s'informer sur ses caractéristiques afin de
bien identifier le rendement et les risques liés. Ces
éléments sont précisés pour chaque émission
dans le prospectus destiné à informer le public, à savoir
: la valeur nominale, le prix d'émission, le prix de remboursement, le
taux nominal, le coupon, la date d'échéance, la maturité
et le mode de remboursement (ou d'amortissement).
En effet, gérer un portefeuille ne s'arrête pas
à la simple prise de décision d'achat ou de vente. Il faut
à tout instant s'assurer de la pertinence du choix de l'investissement
en obligations dans la mesure où les obligations constituent un bon
moyen de diversifier un portefeuille et constituent un placement
complémentaire à d'autres classes d'actifs pour plusieurs raisons
: prévisibilité des rendements, transparence et suivi du risque
de crédit (par le rating), grande diversité de titres
adaptés à des stratégies variées,...
De ce fait, il n'y a pas de gestion rigoureuse sans
organisation ni contrôle. Ce qui suppose que le gérant dispose
d'une panoplie d'indicateurs de gestion obligataire fiables et une parfaite
maîtrise du couple risque/rendement.
Section 1 : Organisation de la gestion d'un
portefeuille obligataire
L'organisation d'une activité de gestion de
portefeuille caractérisée par un haut niveau de professionnalisme
repose tout d'abord sur l'identification d'un processus complet de prise de
décision. Il ne suffit pas de se limiter à choisir les meilleurs
décideurs. Il faut, au-delà des individualités, organiser
des procédures de prise de décision et une répartition des
rôles qui aboutissent aux meilleurs choix.
1- Le processus de prise de décision :
Le processus de prise de décision d'investissement en
bourse se compose de plusieurs étapes qu'on peut schématiser
ainsi :
Figure 1: Processus de prise de décision dans le
cadre d'un investissement en bourse
D'après ce schéma, tout investissement en bourse
suit une logique bien établie :
· la fixation des
objectifs : il s'agit de la détermination de l'horizon
d'investissement et la fixation du degré d'aversion au risque.
Le facteur temps est un élément
déterminant pour un investissement en bourse. C'est la colonne
vertébrale d'une stratégie de sécurisation ou
d'immunisation du capital à investir en bourse. Un investisseur pourra
répartir son portefeuille entre le court, moyen et le long terme, comme
il pourra opter pour un seul horizon d'investissement pour l'ensemble de son
portefeuille.
L'investisseur devra aussi déterminer un niveau du
risque à partir duquel il rectifiera sa décision. Une fois que
son portefeuille ou sa position atteint le niveau de risque fixé
l'investisseur prendra des mesures d'urgence afin de palier au dit risque.
· la délimitation du champ
d'intervention : D'abord, l'investisseur doit choisir
minutieusement les secteurs sur lesquels il va agir. Les critères de
choix de ces secteurs peuvent différer d'un investisseur à
l'autre. Certains investisseurs peuvent privilégier les secteurs les
plus rentables (le ciment, les NTIC, ...) ou ceux qui correspondent à
leur domaine de compétence (un promoteur immobilier qui souscrit
à une émission de ADDOHA).
Ensuite, l'investisseur choisira le type de marché sur
lequel il va agir, ainsi que la nature des valeurs qui feront l'objet de son
trading.
· l'analyse technique et l'analyse
fondamentale : les investisseurs qui optent pour un horizon
à long ou moyen terme accordent plus d'importance à l'analyse
fondamentale. Celle-ci se base sur le diagnostic détaillé des
documents comptables de l'entreprise afin de déterminer la valeur
réelle de la firme.
Les investisseurs qui optent pour un horizon de court terme
privilégient l'analyse technique qui se base sur l'analyse graphique des
cours, et l'utilisation d'une palette d'indicateur technique qui permet
à l'investisseur de détecter les signaux d'achat ou de vente
d'une valeur, ainsi que le timing de l'investissement.
· le suivi et la mesure de
performance : Une fois la position acquise et le portefeuille
construit, l'investisseur procèdera à l'étape de suivi de
son portefeuille et de mesure de sa performance, afin de liquider les positions
perdantes au moment opportun, et/ou de rectifier soit ses décisions
soit les paramètres de son processus de prise de décision.
· le feedback : il est
effectué par l'investisseur en fonction du niveau de risque couru par
ses positions. De ce fait, si le risque est minime et qu'il ne touche qu'une
seule ou deux lignes de son portefeuille, l'investisseur pourra rectifier ses
analyses techniques et fondamentales afin de déterminer le prix et le
moment de sortie : c'est le premier niveau de la révision de
processus de prise de décision.
Si le risque soulevé est très
élevé ou qu'il touche plusieurs lignes de portefeuille,
l'investisseur passe au deuxième niveau de révision de sa
décision d'investissement, à savoirs la révision de son
champ d'intervention par la réalisation d'une étude sectorielle,
afin de dénicher les secteurs les plus performants et se
débarrasser des secteurs les moins performants. L'investisseur doit
procéder également à la révision de la structure
des valeurs sur lesquelles il agit.
Par contre dans un marché baissier où le risque
est flagrant et qu'il touche l'ensemble des secteurs et valeurs cotées,
l'investisseur révise la première étape du processus de
prise de décision. Dans une telle situation, l'investisseur
procède au troisième et dernier niveau de révision du
processus de décision à savoirs, la rectification de son horizon
d'investissement.
2- La place et les rôles du gérant :
L'organisation d'un processus de gestion se manifeste par une
répartition des tâches entre les diverses personnes.
L'organigramme est l'expression traditionnelle de cette répartition des
tâches et des responsabilités hiérarchiques. On distingue
généralement deux types d'organisations :
· L'organisation
traditionnelle : dans cette structure, le gérant
isolé est omniprésent. C'est lui qui effectue la
quasi-totalité des tâches de gestion : il est à la
fois décideur, mandataire commercial d'un ou de plusieurs clients,
chargé du suivi administratif du ou des comptes et il est obligé
de vérifier la bonne exécution des ordres. Pour ce faire, le
gérant s'appuie largement sur la communauté des analystes
obligataires « sell side », des salesmen et des dealers qui
lui apportent les informations, les analyses financières et les
idées de leurs propres départements Recherche. Ainsi, il doit
jouir d'une véritable palette de compétences très
diversifiées : décisionnelles, administratives et
commerciales qu'il est souvent délicat de trouver réunies en un
seul individu.
· L'organisation moderne :
dans ce cas, le gérant de portefeuille devient un chef d'orchestre
chargé essentiellement des tâches de décision, de relation
avec la clientèle, et il assure la coordination de l'exécution de
leurs tâches par les membres de son groupe. Toutes les opérations
sont alors réalisées en interne : production des
informations, exécution des ordres,...
Déchargé des tâches administratives de
rapprochement des comptes et de l'exécution des ordres, le gérant
peut se concentrer sur les décisions stratégiques et l'analyse
des suggestions que lui transmettent les services de recherche de son propre
établissement, comme ceux des autres.
3- Le choix d'organisation et mode de gestion :
Les choix d'organisation ne sont pas sans influencer les modes
de gestion. Au-delà des portefeuilles élémentaires des
clients (ou des positions propres), les choix de gestion s'articulent sur des
pools de portefeuille ou des macro-positions. Cela se traduit
au niveau de l'organisation par une architecture en termes de
« poches » ou de type
« noyau/satellite ».
Dans le premier cas, les « poches » sont
des regroupements internes de positions ou de portefeuilles par types de
risques et/ou gamme de produits. L'organisation
« noyau/satellite » part de l'idée de distinguer
deux macro-portefeuilles qui permettent de combiner à la fois des
positions peu risquées par rapport au benchmark (position noyau) et des
positions qui assument un risque plus élevé en
sélectionnant des stratégies actives de gestion (position
satellite).
Section 2 : Indicateurs de gestion des obligations
classiques
Le risque d'une obligation à taux fixe varie en
fonction inverse du taux d'intérêt du marché. Le cours des
obligations à taux fixe baisse lorsqu'il y a hausse du taux sur le
marché et inversement. Cette baisse du cours de l'obligation est
d'autant plus faible que l'on sera proche de l'échéance. Ce
risque ne concerne que les détenteurs qui cherchent à liquider
leur position avant l'échéance dans la mesure où l'horizon
d'investissement de ces derniers est différent de la durée de vie
de l'obligation.
D'une manière générale, pour un montant
investi donné, le capital dont disposera l'investisseur au terme de son
horizon de temps (H) dépendra du taux auquel il pourra réinvestir
les coupons et de l'échéance des obligations détenues.
Pour comprendre l'influence nette qu'exercent les fluctuations des taux
d'intérêt sur le capital acquis par le détenteur de
l'obligation au terme de l'horizon qu'il s'est fixé, il faut introduire
les notions de maturité, duration, sensibilité et
convexité.
1- La maturité :
La notion de maturité est aussi appelée «
durée de vie résiduelle ». Elle exprime le temps devant
s'écouler entre : une date quelconque ; et la fin de vie de
l'emprunt fixée contractuellement entre l'émetteur et le
souscripteur dès le départ.
Plus on s'approche du remboursement final de l'emprunt, plus
la maturité se réduit. La maturité est une indication de
la durée de vie restant à courir d'une obligation, et donc de la
durée de son exposition à un risque de taux (pour les obligations
à taux fixe).
Plus la maturité sera grande (ex. : 10 ans), plus
l'obligation sera susceptible d'être affectée par les variations
de taux d'intérêt. En conséquence, plus la maturité
est grande, plus le montant de la rémunération servi devrait
être plus important.
2- La duration :
La duration est une mesure de la durée de vie moyenne
d'une obligation non encore remboursée (exprimée en
années) à une date considérée. Elle se calcule par
la moyenne arithmétique des flux actualisés et
pondérés par les poids respectifs des différentes
échéances.
La représentation schématique des flux d'une
obligation classique est la suivante :
Avec :
- (Fj) : flux de capital,
- (tj) : durées entre la période (0) et
l'échéance considérée.
En posant Fj, le versement de l'année j (amortissement
et capital) ; et i, le taux d'intérêt du marché, la
duration d'une obligation est le rapport entre :
· au numérateur, la somme des flux (Fj)
pondérés par les périodes respectives (tj). Ces flux
comprennent les intérêts et le capital remboursé (chaque
flux étant actualisé au taux du marché (t) ;
· au dénominateur, la somme des flux du
capital (hors intérêts) actualisés à ce même
taux (t).
Mathématiquement, la duration d'une obligation
s'écrit :
La duration est une meilleure mesure de la durée d'une
obligation que la maturité car elle tient compte des flux
monétaires intermédiaires. Pour l'obligation à coupon 0,
la duration est égale à la durée de vie.
Une duration de 5,3 signifie qu'un investisseur
récupère son investissement initial et les intérêts
prévus au bout de 5,3 années.
Un investisseur avisé qui s'intéresse au
marché obligataire, doit choisir les obligations non seulement en
fonction de leur duration ; mais également de leur
sensibilité.
3- La sensibilité :
La sensibilité peut se définir comme la
variation du cours d'une obligation, entraînée par la variation
d'un point du taux d'intérêt sur le marché obligataire. La
sensibilité est exprimée en pourcentage, et elle est en principe
négative, puisque la hausse de taux entraîne une baisse des cours
des obligations à taux fixe.
Mathématiquement, la sensibilité d'une obligation
peut s'écrire :
Avec :
· C : cours de l'obligation à la date
considérée,
· C' : dérivée première de la
fonction mathématique exprimant le cours (c) de l'obligation par rapport
à un taux (t).
Une autre expression de la sensibilité est mise en
évidence par le biais de la duration (D) :
S = -D/(1+t)
En résumé, la sensibilité permet de
mesurer le degré d'exposition au risque de taux d'une obligation.
Rappelons que le cours des obligations évolue en sens
inverse des taux d'intérêt sur le marché obligataire. Ce
qui explique que la sensibilité soit exprimée avec un signe
(négatif).
La sensibilité est un paramètre important dans
la gestion du risque et donc des performances d'un portefeuille d'obligations.
Un gestionnaire qui anticipe une baisse des taux d'intérêt sur le
marché (et donc une hausse des cours des obligations) devra acheter des
obligations à taux fixe, à forte sensibilité, s'il veut
accroître ses performances de son portefeuille obligataire.
3- La convexité :
La sensibilité, ou duration modifiée, donne une
bonne mesure de la variation du prix occasionnée par une très
petite variation de taux (1%). Pour des variations plus grandes, la
sensibilité fournit une estimation de la variation du prix beaucoup
moins précise. La raison de cette perte de précision est
expliquée par la forme convexe, et non linéaire, de la relation
entre le prix et le rendement à l'échéance.
En effet, la relation entre le prix de l'obligation et le taux
d'intérêt n'est pas linéaire mais convexe. Cette
convexité est toujours = 0 ; Cela induit que le cours de
l'obligation augmentera plus vite suite à la baisse de taux, qu'il ne
baissera suite à une hausse de taux de même ampleur. Cette
convexité est d'autant plus forte que la maturité de l'obligation
est élevée et que le taux du coupon est faible.
La convexité traduit concrètement la vitesse
avec laquelle le risque instantané d'une position ou d'un flux
évolue à mesure que les taux changent. Elle s'exprime comme la
dérivée seconde du prix par rapport au taux.
C'est une variation relative puisque la dérivée
est divisée par le prix initial :
Convexité = (1 / P) . (d2 P / d
r2)
Avec :
d2 P / d r2 = 1/(1+r)2 [
CF/(1+r)t (t2+t)]
La convexité se calcule simplement en utilisant la
formule suivante :
Convexité = (P+ + P-
-2P) / P* r2
Avec :
P+ le prix à la suite d'une variation de +1% (+100
points de base)
P- le prix à la suite d'une variation de -1% (-100
points de base)
P le prix initial.
Section 3 : Typologie des risques obligataires
Comme pour tout titre financier,
on peut distinguer pour une obligation le risque spécifique du risque
systématique. La mesure du risque la plus utilisée reste
l'écart type.
1- La définition des risques
spécifiques :
Appelé également risque intrinsèque ou
risque idiosyncrasique, il est indépendant des phénomènes
qui affectent l'ensemble des titres. Il résulte uniquement
d'éléments particuliers qui affectent tel ou tel titre.
Pour une obligation, il s'agit du risque de crédit et
du risque de liquidité. Le risque de liquidité est le risque de
se trouver en possession d'un titre qui ne peut être cédé,
ou bien qui est cédé avec une décote dite
d'illiquidité. Concernant le risque de crédit, c'est le risque de
perdre tout ou partie du principal et intérêts sur une
créance, ou plus généralement c'est le risque de ne pas
percevoir les flux de remboursement et des intérêts aux
périodes convenues.
Taux gouvernemental
|
|
|
+
|
|
risque de crédit
|
Prime de risque (spread)
|
|
|
=
|
|
risque de liquidité
|
Taux privé
|
|
|
Figure 2: Rémunération d'un titre de
créance privée
Dans le cadre de la formule actuarielle d'une obligation, on
peut considérer que le spread vient s'ajouter au taux actuariel de
l'obligation de telle sorte que la formule actuarielle est définie
comme suit :
Le risque spécifique est en fait diversifiable dans un
portefeuille et de ce fait, peut être maîtrisé et par suite
considéré comme non rémunéré.
2- La définition du risque systématique ou
risque de taux :
Pour un titre, c'est le risque corrélé au
marché. Il est dû à l'évolution de l'ensemble de
l'économie, de la fiscalité, des taux d'intérêt, de
l'inflation... Il affecte plus ou moins tous les titres financiers.
Le risque systématique ou risque de marché des
placements obligataires est le risque relié à une variation des
taux d'intérêt sur le marché et de l'impact de cette
variation sur le prix des obligations. L'équation fondamentale de
l'évaluation des obligations établit une relation inverse entre
les taux d'intérêt, correspondant au taux de rendement actuariel,
et le prix des obligations.
Toute chose étant égale par ailleurs, une
augmentation des taux d'intérêt entraine une baisse des prix et
inversement. Toutefois, même si toutes les obligations réagissent
à une variation donnée des taux d'intérêt, la
sensibilité de chacune aux variations des taux n'est pas la
même.
L'équation de valorisation d'une obligation est :
Ci
Rn
P = +
(1+r)i
(1+r)n
Avec :
P : Prix de l'obligation (à maturité ou sur le
marché secondaire)
Ci : les coupons futurs (Intérêts)
Rn : le remboursement à recevoir à
l'échéance.
r : le taux du marché (le taux de rendement
actuariel)
Cette fonction indique que la valeur de l'obligation est
égale à la somme des valeurs actuelles de tous les flux de
coupons et/ou remboursement dont bénéficie l'investisseur.
Lorsque r augmente, le dénominateur augmente, le
coefficient d'actualisation diminue, chaque terme du deuxième membre
diminue, la somme des termes diminue et donc P, le prix de l'obligation baisse.
Au contraire, si le taux r diminue, on verra par un
raisonnement analogue que P, le prix de l'obligation, va augmenter.
Les taux d'intérêts sont à la base de tout
le calcul obligataire. Cependant, leur volatilité est une source
d'aléa, et pas des moindres. En plus de ce risque dit
« systématique », le porteur d'une obligation fait face au
péril de ne plus pouvoir recouvrer tout ou partie de sa créance,
c'est le risque « propre ».
Nous pouvons utiliser les indicateurs cités en
« section 2 » comme de simples mesures du niveau
d'exposition au risque de taux. Mais, dans le chapitre suivant, nous mettrons
l'accent sur la VAR (value at risk) qui est devenue au cours des
dernières années l'un des outils les plus courants et les plus
fondamentaux pour mesurer le
risque de
marché d'un portefeuille d'
instruments
financiers.
CHAPITRE 1 : LA VAR COMME INSTRUMENT DE MESURE DU
RISQUE
DE VALEUR
Le risque est une préoccupation fondamentale de
l'investisseur. Celui-ci se manifeste de manières très diverses
et a de nombreuses sources. Ainsi, on trouve le risque opérationnel, le
risque commercial, le risque stratégique et le risque financier. Si on
considère les premiers comme des risques généraux,
concernant aussi bien l'activité de gestion obligataire que les autres
activités économiques, celui qui concerne plus
spécialement la gestion obligataire est le risque financier. Celui-ci
peut être scindé en plusieurs types de risques : le risque
système, le risque de liquidité, le risque déontologique,
le risque de crédit (ou de signature) et le risque de valeur (ou de
marché). Ce dernier, le risque de valeur, est celui auquel
l'investisseur est particulièrement sensible en situation
« normale » car il affecte directement et quotidiennement
sa richesse.
Une première tentative pour mesurer ce risque a
été effectuée par Irving Fisher (1930), mais il avoua que
la plupart des risques économiques ne sont pas si aisément
mesurés. Par la suite, Maurice Allais (1953) introduit la notion de
l'aversion au risque face à un choix incertain, mais sans donner une
formalisation pour mesurer ledit risque.
Il fallait attendre la véritable révolution en
la matière. Il s'agit bien entendu, des travaux de Harry Markowitz en
1953, ou ce qu'on appelle la théorie moderne de gestion de
portefeuille. En se basant sur la loi normale et ses grandeurs
mathématiques (la variance et l'espérance mathématique),
H. Markowitz annonce pour la première fois dans l'histoire de la finance
de marché la mesurabilité du risque. Son idée- force est
le fait d'assimiler un actif financier à une variable aléatoire.
Il s'en suit que le « risque » d'un actif peut-être
mesuré par l'écart-type et qu'il devient possible de construire
des portefeuilles « optimaux » appelés portefeuilles «
efficients ».
A partir de ce moment, plusieurs travaux de recherche ont
été enchaînés afin de développer le
modèle de H. Markowitz. Il s'agit entre autres, du MEDAF
développé par Sharp (1964) et Lintner (1965), l'APT mis en place
par les travaux de Ross (1974)... D'autres orientations vont profiter de
l'essor considérable de l'ingénierie financière afin
d'apporter des contributions à la théorie de la gestion de
portefeuille. Il s'agit, bien entendu, des produits de couverture des risques,
tels que les produits d'assurance, et la technique de VAR (Value At Risk).
Depuis le milieu des années 90, la VAR est
adoptée par le Comité de Bâle comme la mesure de
référence du risque de Marché. En octobre 1994, la JP
Morgan introduits son système RiskMetrics. Janvier 1995, la Deutsch Bank
commençait à utiliser le système dbAnalyst. Bankers Trust
introduit en 1996, le système RAROC et le Crédit Suisse
développe PrimeRisk et PrimeClear en 1997.
Section 1 : Caractéristiques du risque de
valeur
Le risque de valeur est celui qui est
privilégié dans la gestion quotidienne du risque par le
gérant obligataire. Il est celui que visent à suivre, à
mesurer et à contrôler les outils globaux de type VAR.
L'idée de base est d'aider le gérant et
l'investisseur à apprécier, au moment de la prise de
décision, la vulnérabilité d'un portefeuille au risque de
prix sur les marchés financiers. Ceci en veillant à proportionner
les perspectives de gains avec le risque encouru.
La mesure du risque de marché est la combinaison de
deux éléments dont chacun est nécessaire : l'horizon
et la volatilité.
1- L'horizon de temps :
Le risque s'apprécie sur une certaine durée que
fixent d'un commun accord le gérant et les investisseurs. Il y a risque
dès lors que la maturité des actifs détenus est
supérieure ou inférieure à l'horizon d'analyse de
l'investisseur. En effet, lorsque l'horizon égal la
maturité, on dit que le portefeuille est immunisé c'est à
dire qu'il est insensible à la variation des taux
d'intérêt, à la hausse ou à la baisse, sur le
marché.
Ainsi, détenir un portefeuille de bons de trésor
à 3 mois est risqué pour une SICAV monétaire dont la
durée moyenne des investissements varie entre 1 jour et 1 mois. Un
cambiste de banque est plus préoccupé par ce qui peut se passer
en 1 jour ; Une compagnie d'assurance peut choisir des investissements
dont l'horizon peut aller jusqu'à 10 ans,...
Cette profondeur de temps est à la base de toute
stratégie d'allocation d'actifs. Elle n'exclut pas une valorisation
quotidienne ou hebdomadaire des portefeuilles. Le risque de marché
s'apprécie donc dans le cadre d'un horizon qui s'exprime en jours, en
mois, voire en années. Ce qui conduit les gérants de portefeuille
à distinguer le risque mesuré sur un horizon de 1 jour pour des
positions de trading et le risque mesuré sur un horizon de 1 mois dans
une optique d'investissement. Dans ce sens, la réglementation bancaire
instaurée par le Comité de Bâle préconise de
retenir un horizon de 10 jours pour mesurer le risque de
portefeuille.
2- La volatilité :
Le concept de volatilité fait référence
à la propension qu'a une variable à fluctuer de façon
imprévue dans le temps. Pour la plupart des investisseurs, le risque
s'incarne surtout dans une telle variabilité du prix d'une obligation.
Cette notion est communément exprimée par un écart-type de
la variation de la valeur de l'obligation pour une période
donnée, généralement un an.
La volatilité peut aussi être perçue comme
le risque accepté par l'investisseur lorsqu'il est exposé
à cette variable ou à cet actif. Plus le prix d'un actif est
susceptible de fluctuer, plus cet actif sera considéré comme
volatil, plus le risque -et parallèlement le rendement- de cet actif
sera considéré comme étant élevé.
Toutefois, la volatilité représente bien plus
que l'écart-type du prix d'un actif dans le temps. C'est aussi une
donnée essentielle à l'évaluation et la mesure de la
volatilité historique et future des obligations. Ces mesures sont aussi
considérées comme un baromètre de l'humeur des
investisseurs : un haut niveau de volatilité signale habituellement une
grande nervosité, alors qu'un faible niveau indique
généralement une tendance à la prise de risque.
Les niveaux de volatilité diffèrent selon les
actifs financiers. Ainsi, la volatilité la plus faible est celle des
bons de trésor et des actifs monétaires. Les obligations ont une
volatilité qui est fonction croissante de leur maturité.
L'explication en est la sensibilité croissante des obligations à
un choc des taux d'intérêt. Il faut cependant tenir compte de ce
que l'ampleur des variations de taux est plus importante concernant les taux
à court terme que par rapport aux taux à long terme.
Cependant, si les volatilités étaient des
techniques intangibles, leur évolution serait facilement
prévisible et l'évaluation de la valeur future du portefeuille ne
poserait aucun problème. Malheureusement, l'instabilité des
volatilités est la règle des marchés financiers. Elle
découle des phases de tension psychologique quand le manque de
visibilité sur l'avenir se traduit par des mouvements de grande
amplitude.
Deux méthodes sont couramment utilisées pour
mesurer la volatilité :
Ø la volatilité historique standard est une
mesure des fluctuations passées qui est reprise et projetée sur
le court terme. Toutes les données d'une période passée
sont considérées avec le même poids ;
Ø la modélisation d'une volatilité
conditionnelle évolue au cours du temps en sous-pondérant les
données anciennes par rapport aux plus récentes. Par exemple, JP
Morgan utilise un modèle de moyennes mobiles à pondération
exponentielle.
L'investisseur ou le gérant peut faire appel à
diverses techniques pour mesurer et contrôler le risque de marché
qu'il assume par rapport à son portefeuille obligataire. Parmi les
techniques de mesure nous citerons, les tests de résistance au stress ;
les analyses de sensibilité ; l'analyse des écarts et la
Valeur-à-Risque, qui nous intéresse à ce niveau.
Section 2 : Détermination de la VAR d'un
portefeuille obligataire
La VAR résulte de la volonté d'agréger en
un seul nombre la totalité des pertes potentielles d'un portefeuille
composé de positions multiples et complexes. Il s'agit de construire une
mesure unique et synthétique du risque de valeur d'un portefeuille.
1- Définition :
La
Value
at Risk (
VAR)
représente la perte potentielle maximale d'un
investisseur
sur la
valeur
d'un actif ou d'un portefeuille d'actifs financiers compte tenu d'un horizon de
détention et d'un intervalle de confiance. Elle se calcule à
partir d'un échantillon de données historiques ou se
déduit des lois statistiques habituelles.
VAR% = facteur de probabilité * volatilité en % *
horizon
Avec :
Facteur de probabilité : terme issu de la table de
la loi normale qui correspond au % d'éventualités
défavorables que l'on considère : 2,33 pour 1%, 1,65 pour
5%,...
Horizon : durée de temps en fraction
d'année, soit pour un mois (1/12)
2- caractéristiques :
La VAR d'un portefeuille dépend essentiellement de 3
paramètres :
· la
distribution
des résultats des portefeuilles. Souvent cette distribution est
supposée
normale,
mais beaucoup d'acteurs financiers utilisent des distributions historiques.
Dans ce sens, les prépositions de Bâle II proposent l'utilisation
d'au moins une année de données historiques ;
· le niveau de
confiance
choisi, 95% en général ou 99% selon les prépositions de
Bâle II. C'est la probabilité que les pertes éventuelles du
portefeuille ou de l'actif ne dépassent pas la Value at Risk, par
définition;
· l'horizon temporel choisi. Ce
paramètre est très important car plus l'horizon est long plus les
pertes peuvent être importantes. Selon les prépositions de
Bâle II, il faut retenir dix jours ouvrables soit 2 semaines.
D'une manière générale, la VAR donne une
estimation des pertes qui ne devrait pas être dépassée sauf
événement extrême sur un portefeuille pouvant être
composé de différentes classes d'actifs.
3- Méthodes de calcul :
On dénombre trois grandes classes de méthodes de
calcul de la VAR :
a- Les Méthodes
Paramétriques :
La détermination de la VAR paramétrique se fait
au moyen d'un calcul analytique relativement aisé en pratique mais sous
des hypothèses théoriques assez contraignantes. L'exemple le plus
connu d'un tel modèle étant sans doute RiskMetrics. Les
principales hypothèses simplificatrices consistent à supposer,
d'une part, que les lois de probabilité qui régissent les
distributions des variations des prix de marché sont normales et,
d'autre part, que les instruments présentent un profil de risque
linéaire. Sous ces hypothèses, la matrice de
variances/covariances peut être appliquée assez directement aux
positions détenues pour calculer la VAR. Les calculs utilisés
dans la méthode RiskMetrics, développée par JP Morgan,
sont rapides et simples, et requièrent uniquement la connaissance de la
matrice des variances/covariances des rendements du portefeuille.
Néanmoins, cette méthode s'avère être
inadaptée aux portefeuilles non linéaires (instruments
optionnels), et théoriquement peu adaptée aux queues de
distribution épaisses et aux distributions non normales des
rendements.
Enfin, figurent parmi les méthodes paramétriques
l'ensemble des méthodes de calcul et de prévision de la VAR
fondées sur des modèles GARCH univariés ou
multivariés (Engle, 2001). Ces modèles permettent de
modéliser et de prévoir la variance conditionnelle de la
distribution de pertes et profits, ce qui permet dans un second temps d'en
déduire une modélisation ou une prévision de la
Value-at-Risk sous un certain nombre d'hypothèses sur la distribution
conditionnelle des rendements.
b- Les Méthodes
Semi-Paramétriques :
Ø Théorie des Valeurs
Extrêmes
Parmi les méthodes semi-paramétriques figurent
tout d'abord l'ensemble des méthodes et approches qui relèvent de
la théorie des extrêmes (EVT) qui diffère de la
théorie statistique habituelle fondée pour l'essentiel sur des
raisonnements de type «tendance centrale». Les extrêmes sont en
effet gouvernés par des théorèmes spécifiques qui
permettent d'établir sous différentes hypothèses la
distribution suivie par ces extrêmes. Il existe deux principales branches
de la théorie des valeurs extrêmes : la théorie des
valeurs extrêmes généralisée et la loi de
Pareto généralisée (ou l'approche POT -
«peaks-over-threshold»). L'approche POT permet
l'étude de la distribution des pertes excessives au dessus d'un seuil
(élevé), tandis que la théorie des valeurs extrêmes
généralisée permet de modéliser le maximum ou le
minimum d'un très grand échantillon.
Ø L'approche par régression sur quantiles -
CAViaR
Une seconde grande catégorie de méthodes
semi-paramétriques utilisées actuellement pour le calcul et la
prévision de la Value-at-Risk relève plus
généralement de l'approche de la régression quantile.
L'idée est la suivante : plutôt que de modéliser une
distribution et d'en déduire un quantile (la Value-at-Risk), cette
approche consiste à modéliser directement le quantile
lui-même en utilisant des méthodes de régression quantile.
Un exemple de ces méthodes est le modèle Conditional
Autoregressive Value at Risk (CAViaR) de Engle et Manganelli (2004), qui
spécifie comment la dynamique autorégressive pour le quantile
conditionnel.
c- Les Méthodes Non
Paramétriques :
Ø Historical Simulation (HS)
La simulation historique (Historical Simulation, ou
HS) est une méthode très simple d'estimation des mesures de
risque fondée sur la distribution empirique des données
historiques de rendements. Formellement, la VAR-HS est estimée
simplement par lecture directe des fractiles empiriques des rendements
passés. Si l'on considère par exemple un niveau de confiance de
95% et que l'on dispose d'un échantillon de 1000 observations
historiques de rendements, la VAR-HS est donnée par la valeur du
rendement qui correspond à la 50ème forte de perte.
Ø La méthode de Monte
Carlo
La méthode de Monte Carlo consiste à simuler un
grand nombre de fois les comportements futurs possibles des facteurs de risque
selon un certain nombre d'hypothèses, et d'en déduire une
distribution des pertes et profits à partir de laquelle on estime
finalement un fractile. Si cette approche peut s'appliquer, en théorie,
quelles que soient les lois de probabilité suivies par les facteurs de
risque, elle est couramment utilisée en pratique, pour des raisons
techniques, en supposant que les variations relatives des paramètres de
marché suivent des lois normales. Cette méthode convient
également à tous les types d'instruments, y compris optionnels,
et permet de tester de nombreux scénarios et d'y inclure explicitement
des queues de distribution épaisses (événements
extrêmes pris en compte dans une certaine mesure).
Dans la pratique, trois méthodes de calculs sont les
plus répandues :
- la méthode paramétrique (analytique) :
variance-covariance ;
- la méthode historique : VAR-HS ;
- la méthode Monte Carlo.
Section 3 : Critiques de la VAR
L'intérêt principal du concept de VAR est sans
doute d'avoir donné naissance à une méthode rationnelle
d'analyse critique des risques. Judicieusement appliquée, cette
méthode aurait permis d'éviter bien des désastres
financiers qui ont défrayé la chronique ces dernières
années.
Calculée de la façon habituelle, à partir
de la matrice des variances-covariances, la VAR fournit une mesure
statistiquement correcte de la perte maximale susceptible d'être
enregistrée sur un portefeuille quand les marchés se comportent
"normalement". Or ce n'est souvent pas le cas. La VAR n'est pas une mesure
valable dans un contexte de variations anormales, extrêmes, des prix. En
effet, la loi normale pose a priori que les pertes sont d'ampleur
symétrique aux plus-values. Ce qui nécessite une correction du
calcul de la VAR en intégrant une approximation de second ordre de la
sensibilité-prix de l'obligation : la convexité.
Par rapport à la précédente, la VAR
historique ne souffre pas des critiques qui peuvent être faites à
l'hypothèse de normalité des variations de prix. En effet, la
méthode reprend l'historique des variations journalières
passées des facteurs de risque prix sur 500 ou 1000 jours et les
applique au portefeuille actuel. Cela nécessite des calculs importants
qui ne sont pas hors de portée des bases de données
financières ; mais, ce calcul doit être renouvelé
chaque jour en suivant une fenêtre glissante de données. Sa
principale limite est donc d'apparaître assez dépendante du nombre
de données historiques retenues, ce qui peut conduire à des
erreurs de calibrage.
La méthode Monte Carlo procède, tout comme la
VAR historique, du calcul d'un très grand nombre de simulations de
valeurs du portefeuille. Mais, au lieu de tirer ces données des
observations du passé, elle procède à un tirage
aléatoire d'une probabilité. Le grand nombre des simulations,
5.000 ou 10.000, des m facteurs de risque joints permet de calculer 5.000 ou
10.000 valeurs aléatoires du portefeuille. Il s'en suit que la
méthode monte Carlo requiert un temps de calcul important pour simuler
de nombreuses trajectoires du portefeuille.
En conclusion, nous pouvons dire que la VAR
présente de nombreux avantages :
Ø sa simplicité
d'interprétation ;
Ø son caractère généraliste et
général, voire holiste ;
Ø la dimension probabiliste de cette mesure de
risque.
Mais la VAR présente certains inconvénients :
Ø la VAR est sujette au risque de modèle : une
erreur de spécification de la distribution par exemple ;
Ø la VAR est sujette au risque d'implémentation
liée à la structure des données requises pour estimer la
distribution ou la VAR directement ;
Ø tous ces risques ne sont pas propres à la
VAR.
En revanche la VAR présente aussi certaines limites qui
lui sont propres :
Ø cette mesure de risque ne donne aucune information
sur les pertes au delà de la VAR ;
Ø cette mesure peut conduire des agents à
prendre de "mauvaise décision" d'investissement ;
Ø cette mesure peut conduire certains agents à
prendre volontairement plus de risque dans un système de management des
risques décentralisé.
Il s'en suit que la Value-at-Risk ne donne aucune information
sur l'ampleur des pertes extrêmes (ou pertes en excès) qui peuvent
apparaître au delà de la VAR. Par conséquent, deux
positions peuvent avoir la même VAR avec des risques extrêmes
totalement différents. D'où la nécessité de
compléter la VAR par des calculs de vérification par la
méthode du stress testing (simulations de crise), et des calculs de
validation par la méthode du back testing (contrôle ex-post).
Le tableau suivant vise à récapituler et
à comparer les trois principales méthodes d'estimation de la
VAR.
Mesurer le risque associé à un portefeuille
obligataire n'est pas une fin en soi. L'objectif est plutôt de
connaître le risque auquel notre position est exposée pour pouvoir
le gérer dans le sens voulu et non pas le subir. D'où
l'utilisation de différentes techniques de gestion des risques de valeur
des obligations.
CHAPITRE 2 : LES TECHNIQUES DE GESTION DU RISQUE
DE VALEUR
DES OBLIGATIONS
Depuis les années 80, le marché obligataire a
connu un développement exceptionnel. En effet, on assiste à
l'émergence d'une grande masse de produits obligataires et de techniques
de gestion qui s'adaptent aux réalités des marchés et
surtout aux besoins des investisseurs. Ceux-ci ont pour seul objectif de
réaliser des gains. Mais la grande volatilité qui
caractérise les produits obligataires oblige les gérants des
portefeuilles à mettre en position des stratégies de gestion qui
s'adaptent aux situations des marchés. Aussi, les agents institutionnels
disposant de capitaux considérables participent vivement au
développement du marché obligataire.
Les gérants savent que dans tout portefeuille, le
facteur risque n'est pas moins important que le facteur rendement. Ces facteurs
doivent déterminer à eux deux la stratégie de placement.
C'est toujours en fonction de l'objectif de rendement et de la marge de risque
acceptée par l'investisseur que se définit la politique de
placement.
Il faut, pour mesurer correctement et comparer les
performances de plusieurs portefeuilles, prendre en compte le facteur risque,
le marché fonctionnant lui-même selon la règle d'un rapport
direct entre rendement et risque. Rendement obtenu, risque assumé pour
l'obtenir : ce sont les deux grands facteurs à considérer pour
juger la gestion des portefeuilles.
Toutefois, l'objectif du gérant n'est pas
d'éliminer complètement le risque, le rendement de l'obligation
s'en sentirait fortement. Il s'agit plutôt, pour lui, de comprendre
comment le risque agit sur les vecteurs de valeur pour l'obligation. Ce qui
constitue une alternative aux méthodes de gestion traditionnelles
fondées sur l'aversion pour le risque. En effet, le gérant n'est
pas chargé de supprimer les risques ; au contraire, on le paie pour
en prendre.
Le gérant doit définir tout d'abord une
philosophie claire du risque, puis formuler des stratégies bien
délimitées pour protéger et améliorer la
rentabilité du portefeuille dont il a la charge. Il doit décider
d'éviter, maîtriser ou conserver le risque. Ainsi, pour le
gérant de portefeuille, la gestion des risques pose une question
fondamentale : faut-il conserver le risque ou bien le couvrir/le
transférer ?
S'il conserve le risque, le gérant devra prendre des
mesures particulières : des provisions comptables. Dans le cas
contraire, il va recourir à des techniques de couverture des risques,
les contrats à terme et les options. C'est ce deuxième cas qui
nous intéresse dans ce chapitre.
Section 1 : Identification des facteurs
influençant le rendement obligataire
Les obligations ne sont pas dépourvues de risques,
même s'ils sont limités. La question est donc : dans quelle mesure
l'investisseur est-il prêt à en courir pour un rendement cible ?
Mais cet investisseur n'est pas obligé d'attendre
passivement. En effet, tout comme les actions, les obligations sont des
produits financiers que l'on peut acheter et vendre lors de chaque
séance boursière. Une gestion obligataire active permettra donc
à l'investisseur d'échanger à temps ses obligations pour
augmenter son rendement.
De ce fait, la Gestion Active vise à exploiter les
quatre facteurs qui influent sur le rendement d'un portefeuille à revenu
fixe:
changements dans le niveau des taux
d'intérêt ;
changements dans la forme de la courbe des taux ;
variations des écarts de rendement dans / entre les
secteurs ;
changements dans les écarts de rendement pour un
instrument particulier .
1- N L'évolution du niveau des taux
d'intérêt :
251655168 Pour maîtriser les
changements dans le niveau des taux d'intérêt, les
stratégies d'anticipation des taux d'intérêt peuvent
être utilisées à partir d'un changement escompté au
niveau des taux d'intérêt. Un changement de niveau des taux
d'intérêt est défini comme un déplacement
parallèle de la courbe de rendement. Les
déplacements parallèles surviennent lorsque le changement des
taux est le même pour toutes les échéances (que ce soit
à la hausse ou à la baisse). Le graphe ci - dessous trace une
variation parallèle à la hausse et à la baisse de 100
points de base par rapport à la courbe de référence.
La Durée modifiée permet de mesurer la relation
inverse entre une variation de niveau des taux d'intérêt et la
valeur d'un portefeuille à revenu fixe. Afin d'améliorer le
rendement, si les taux devraient baisser un gestionnaire augmenterait la
duration du portefeuille, à l'inverse, si les taux devraient augmenter,
le gestionnaire cherchera à raccourcir la durée du
portefeuille.
2- Les changements dans la forme de la courbe des
taux :
Vu que la duration ne mesure que l'effet d'une variation
parallèle des taux d'intérêt, des stratégies de
durée neutres peuvent être utilisées pour tirer profit d'un
changement prévu dans la forme de la courbe de rendement. Il s'agit ici
de déplacements non parallèles qui
s'opèrent lorsque la variation des taux de rendement est
différente selon les échéances.
Les courbes de rendement peuvent évoluer de
façons diverses, mais les deux plus courantes sont : les
déplacements en twists et les déplacements en papillon.
De ce fait, deux portefeuilles peuvent avoir des durées
similaires, mais si leurs échéances obligataires sont
différentes, elles vont réagir différemment aux
changements dans la forme de la courbe de rendement.
a- Les déplacements en
twists :
Les twists sont des déplacements qui occasionnent un
aplatissement ou un raidissement de la courbe des taux.
Il y a aplatissement de la courbe lorsque l'écart entre
les taux à long terme et les taux à court terme diminue.
Exemple :
maturité
|
courbe référence à n
|
Aplatissement à n+1
|
variation
|
13s
|
2,90%
|
3,15%
|
0,25%
|
26s
|
3,10%
|
3,35%
|
0,25%
|
52s
|
3,13%
|
3,38%
|
0,25%
|
2ans
|
3,47%
|
3,57%
|
0,10%
|
5ans
|
4,42%
|
4,02%
|
-0,40%
|
10ans
|
5,33%
|
4,33%
|
-1,00%
|
15ans
|
5,94%
|
4,94%
|
-1,00%
|
On remarque donc que l'écart à la date n entre
la maturité 13 semaines et 15 ans est de 3.04%. , alors que cet
écart n'est plus que de 1.79% en n+1.
Le graphe ci-dessous retrace un mouvement d'aplatissement de
la courbe :
251656192
Il y a raidissement de la courbe lorsque l'écart entre
les taux à long terme et les taux à court terme s'accentue.
maturité
|
courbe référence à n
|
Raidissement à n+1
|
variation
|
13s
|
2,90%
|
2,60%
|
-0,30%
|
26s
|
3,10%
|
2,80%
|
-0,30%
|
52s
|
3,1300%
|
2,88%
|
-0,25%
|
2ans
|
3,47%
|
3,47%
|
0,00%
|
5ans
|
4,42%
|
4,42%
|
0,00%
|
10ans
|
5,33%
|
5,58%
|
0,25%
|
15ans
|
5,94%
|
6,34%
|
0,40%
|
Le graphe ci-dessous présente un mouvement de
raidissement de la courbe des taux.
L'écart entre les taux à court terme et long
terme s'est accru à la période n+1. A la période n
l'écart est de 3.04% entre les 13 semaines et les 15 ans. A la
période n+1, il est accentué à 3.79%.
b- Les déplacements en
papillon :
L'augmentation (ou la baisse) des taux d'intérêts
à court terme ou à long terme est supérieure (ou
inférieure) à la variation des taux à moyen terme. On
distingue les déplacements en papillons positifs et les
déplacements en papillons négatifs.
* Les déplacements en papillon sont positifs,
lorsque les taux à court terme et long terme augmentent avec aucune ou
très peu de variation dans les taux moyens terme n'est
enregistrée.
* Les déplacements en papillon sont
négatifs, quand les taux court terme et long terme baissent, avec
aucune ou très peu de variation dans les taux moyens terme n'est
enregistrée.
Une méthode pour mesurer les effets d'un changement
dans la forme de la courbe de rendement est de construire un portefeuille de
« balle » (bullet) et un portefeuille
d' « haltères » (barbell)
chacun avec une durée équivalente. Un portefeuille de balle est
celui où les échéances sont centrées sur un seul
point sur la courbe de rendement. Un portefeuille d'haltères en est un
où les échéances sont concentrées sur deux points
extrêmes sur la courbe des rendements, avec une échéance
plus courte et l'autre plus longue que la maturité du portefeuille de
balles.
En général, la balle sera plus efficace si la
courbe des rendements se raidit (l'écart entre les taux à long
terme et les taux à court terme s'accentue) en raison de la perte en
capital sur les obligations à plus long terme dans le portefeuille
d'haltères.
Inversement, si la courbe des taux s'aplatit les taux longs
baissent par rapport aux taux courts, le barbell va presque certainement
surperformer en raison de l'effet positif des gains en capital sur les
obligations à long terme.
Même si l'évolution de la courbe de rendement se
fait d'une façon parallèle, la performance relative des balles et
haltères peut être différente, même si leur
durée est la même. La raison en est que la balle a souvent un
rendement plus élevé, mais l'haltère a plus de
convexité. Ainsi, si la courbe de rendement augmente d'un petit
montant, la balle peut surperformer en raison de son avantage de rendement.
Toutefois, pour les augmentations de rendement grande courbe, le barbell peut
surperformer dans la mesure où la convexité lui évitera de
perdre autant de prix que la balle.
Des durées partielles peuvent aussi être
utilisées pour mesurer la sensibilité d'un portefeuille aux
changements de la forme de la courbe des taux. En effet, la durée
partielle mesure la variation de valeur attribuable à un changement dans
un point de la courbe de rendement d'une obligation alors que tous les autres
points de la courbe de rendement demeurent les mêmes. En utilisant cette
méthode, un gestionnaire de portefeuille peut retenir une durée
constante et sélectionner les obligations qui fournissent des
performances supérieures pour un changement escompté dans un
point de la courbe de rendement.
La performance de ces stratégies diffère en
fonction des déplacements de la courbe des taux. Elle dépend du
type de déplacement et de l'ampleur de la variation. Il n'existe aucune
stratégie qui serait optimale quelle que soit la forme
(l'évolution) de la courbe des taux.
3- Les variations des écarts de rendement dans /
entre les secteurs :
Les stratégies de diffusion de rendement peuvent
être utilisées pour tirer profit d'un changement attendu des
spreads obligataires actuels du secteur. Ceci est possible dans la mesure
où le marché obligataire peut être réparti en
différents secteurs en fonction du type (d'entreprise, d'Etat ou
adossés à des hypothèques), de la qualité
(Trésor, organisme gouvernemental, AAA, AA, A, BBB, ...), de la
fonctionnalité (remboursables ou non remboursables par anticipation).
Les stratégies « Écart de
rendement » sont basées sur l'hypothèse que les
écarts de rendement actuellement entre les secteurs ne sont pas
compatibles avec un certain niveau «normal» du spread. Dans ces
stratégies, souvent appelés swaps de propagation
inter-marchés, un gestionnaire vend des obligations dans un secteur et
achète des obligations dans un autre secteur dans l'espoir de
réaliser des bénéfices à mesure que l'écart
de rendement de son niveau actuel est supérieur à son niveau
jugé «normal». Ces stratégies sont
généralement indépendantes des stratégies
d'anticipation des taux d'intérêt qui tentent de capitaliser sur
les attentes concernant le niveau des taux d'intérêt.
Il existe de nombreux cas où les stratégies
d'écart de rendement peuvent être utilisées. Pour
illustration, prenons les deux exemples suivants :
Pendant les périodes d'expansion économique, les
écarts de rendement sur obligations d'entreprises -l'écart entre
les émissions du Trésor et les obligations d'entreprises- sont
généralement étroits, reflétant ainsi le fait que
le risque de crédit sur les obligations de sociétés a
diminué. Inversement, pendant les périodes de récession,
l'écart de rendement tend généralement à
s'élargir, reflétant le fait que le risque de crédit a
augmenté sur les obligations d'entreprises en raison d'un
affaiblissement de l'économie. Ainsi, si une expansion est
prévue, un gestionnaire achèterait les obligations d'entreprises
et vendra les bons de trésor en prévision d'une plus grande
appréciation des prix ou moins d'érosion des prix due au
rétrécissement de l'écart. D'autre part, si les
études économiques prévoient un affaiblissement de
l'économie, le gestionnaire vendrait les obligations d'entreprises et
d'achèterait des bons de trésor afin de réduire les pertes
de valeur (baisse de prix) due à l'élargissement des spreads.
Un autre exemple est la décision d'acheter des
obligations remboursables ou non rachetables. Si les taux
d'intérêt devaient diminuer, les rendements seront appelés
généralement à augmenter parce que l'option d'achat est de
plus en plus chère. En effet, les obligations remboursables par
anticipation sont assorties d'une option d'achat dont la valeur augmente suite
à la baisse des taux d'intérêt. Ainsi, si les taux
d'intérêt devaient baisser, le gestionnaire devrait vendre des
obligations remboursables afin d'éviter la dépréciation de
leur prix en raison de creusement de l'écart (convexité
négative). Inversement, si les taux d'intérêt devaient
augmenter, le gestionnaire ne vendra pas des obligations remboursables par
anticipation mais procédera à leur achat.
La volatilité des taux d'intérêt joue
également un rôle dans la propagation. Comme la volatilité
augmente, la valeur des options d'achat augmente, entraînant les prix des
obligations remboursables par anticipation à la hausse et l'écart
de rendement se creusera de plus en plus. Ainsi, si la volatilité
devrait augmenter, le gestionnaire devra vendre des obligations remboursables
et acheter des obligations non remboursables par anticipation ; si la
volatilité devrait baisser, les obligations non remboursables seraient
vendues et les obligations remboursables seraient achetées.
4- Les changements dans les écarts de rendement
pour un instrument particulier :
Des stratégies souvent appelées swaps de
substitution peuvent être utilisées pour opérer un
choix entre deux obligations qui sont similaires dans tous les aspects, sauf
que l'une offre un rendement espéré plus élevé que
l'autre. Par exemple, dans un secteur donné, une obligation pourrait
être choisie si un gestionnaire est d'avis que sa qualité de
crédit devrait être plus élevée que les autres
obligations ayant une note similaire. Si cette analyse est confirmée
par le marché via une mise à niveau de notation, la valeur des
obligations va augmenter.
Section 2 : Couverture par les
contrats à terme
La couverture a pour objectif de permettre
à l'investisseur obligataire de protéger la valeur de son
investissement contre une variation adverse des taux d'intérêt.
Elle consiste, de ce fait, à réduire le plus possible la
variabilité de la valeur de marché d'une position obligataire au
comptant. Les contrats à terme sont le moyen évident d'une
protection par compensation, fréquemment désigné sous le
terme de « hedge ».
1- La notion de couverture (hedge) :
Un future ou contrat à terme est un contrat
standardisé négocié sur un marché organisé
permettant de s'assurer ou de s'engager sur un prix pour une valeur
déterminée d'un produit donné, le sous-jacent, à
une date future. Il existe toute une panoplie de contrats dont les
caractéristiques sont prédéterminées en fonction
des besoins exprimés par les agents économiques :
· Le sous-jacent qui correspond au : taux, cours, indice
boursier... ;
· Le nominal ;
· Le mode de cotation (en pourcentage ou en
valeur) ;
· La variation minimale du prix (le " tick ") ;
· Les échéances ;
· Le mode de liquidation : rarement par livraison du
sous-jacent ou en cash, ce qui est le plus fréquent.
Le principe de base de la couverture consiste à prendre
une position à terme de sens opposé à la position
détenue. Pour le gérant qui détient aujourd'hui des
obligations d'Etat dans son portefeuille, cela signifie vendre des contrats
à terme. L'idée de compensation vient de ce qu'une baisse du prix
de l'actif à couvrir sera plus ou moins contrebalancée par un
gain lié à la position courte sur le contrat.
Ce type d'opération permet donc au gérant
obligataire qui craint une hausse des taux de protéger la valeur de son
patrimoine. En revanche, si les taux d'intérêt baissent, le gain
que l'investisseur réalise sur le marché au comptant servira
intégralement à financer les pertes sur le marché à
terme.
Ainsi, la couverture protège l'investisseur contre les
pertes en capital, mais l'empêche systématiquement de
bénéficier de variations de taux d'intérêt qui lui
auraient été favorables s'il n'avait pas été
couvert.
Les contrats futures se négocient exclusivement sur des
marchés officiels et régulés. La négociation
à la criée est de plus en plus abandonnée pour la
négociation électronique. Acheteurs et vendeurs peuvent
éventuellement se connaître lors de la négociation, ou bien
celle-ci peut s'effectuer de façon totalement anonyme.
Quoi qu'il en soit, au moment de l'exécution des
trades, c'est la chambre de compensation qui vient s'interposer et devient
l'acheteur pour tous les vendeurs et le vendeur pour tous les acheteurs. La
chambre de compensation assume donc à la place des participants le
risque de contrepartie. Pour ce faire, chaque adhérent doit verser
à la chambre un dépôt de garantie à
l'exécution de chaque négociation. Ces dépôts de
garantie sont réévalués tous les jours en fonction de la
valeur de marché (on dit qu'ils sont " mark to market ") des positions
détenues par l'adhérent.
La différence entre le cours de compensation jour et le
cours de compensation veille, lorsqu'elle est supérieure à 0, est
payée par les vendeurs à la chambre de compensation, qui la
reverse aux acheteurs : ce sont les appels de marge. Les marchés de
futures présentent ainsi la particularité que le résultat
de chaque trade est calculé et perçu ou payé
quotidiennement.
A l'échéance, les contrats sont liquidés
comme prévu dans les spécifications, soit par livraison effective
du sous-jacent par le vendeur, soit en cash au prix du marché. Les
vendeurs payent alors aux acheteurs la valeur atteinte par les contrats le jour
de la liquidation. Mais les participants ont surtout à tout moment la
possibilité de " déboucler " leur position en achetant (ou
vendant) la même quantité de contrats vendue (ou achetée)
à l'origine, ce qui fait disparaître leur position.
Il est important de noter que le prix des futures suit de
près les prix de l'actif sous-jacent. Plus on se rapproche de
l'échéance, plus les deux marchés, le marché au
comptant et le marché des futures, tendent à converger.
Les intervenants sur le marché des futures ne sont pas
tous à la recherche d'une protection contre les fluctuations des cours.
Les spéculateurs viennent, eux, tenter de réaliser des gains en
pariant sur l'évolution des cours : s'ils anticipent une baisse des
cours, ils vendent des contrats, réalisant ainsi une plus-value en les
rachetant moins chers quand l'échéance approche. A l'inverse
s'ils anticipent une hausse des cours, ils achètent des contrats, ce qui
leur permet de les revendre plus cher plus tard.
La mise en place d'une couverture peut s'imaginer aussi bien
pour des positions existantes que pour des positions potentielles. La
durée de la couverture peut être connue dès le
départ ou être inconnue. Ces diverses possibilités
permettent de classer les différents types de Hedge en distinguant
l'objectif et la stratégie de couverture. Pour une position longue, qui
seule peut être autorisée au Maroc, on peut construire le tableau
suivant :
|
Durée de couverture
inconnue
(préservation de capital)
|
Durée de couverture
connue
(immunisation)
|
Position existante
|
Objectif : maintenir la valeur en capital
sur une base journalière.
Stratégie : vendre le contrat
à terme d'échéance la plus proche.
|
Objectif : obtenir la performance d'une
obligation à zéro coupon due à la fin de l'horizon
d'investissement.
Stratégie : acheter ou vendre le
contrat à terme d'échéance la plus proche.
|
Position anticipée
|
Objectif : bloquer le rendement actuel ou
le prix d'un actif à la date inconnue d'entrée en
portefeuille.
Stratégie : acheter le contrat
à terme qui expire le plus près possible après la date
probable d'entrée.
|
Objectif : bloquer le rendement actuel ou
le prix d'un actif à la date connue d'entrée en portefeuille.
Stratégie : acheter le contrat
à terme qui expire le plus près possible de la date
d'entrée.
|
2- La détermination des ratios de
couverture :
La détermination du ratio de couverture, autrement dit
le nombre de contrats nécessaires à la
couverture
d'une
position,
constitue le problème opérationnel central dans la mise en oeuvre
d'une couverture à l'aide de contrats à terme. En effet, il faut
déterminer le pourcentage du nominal de la position initiale qui doit
faire l'objet d'une vente à terme pour réduire au minimum le
risque de la position globale. De nombreuses méthodes peuvent être
utilisées, dont deux développées ci-après.
a- L'utilisation de la duration
La duration correspond la durée moyenne de
détention pour récupérer entièrement le capital et
les paiements d'intérêts (coupon) anticipés sur une
obligation et ce quelle que soit la variation des taux d'intérêts
sur le marché. C'est une mesure de la longueur d'un emprunt,
c'est-à-dire une durée moyenne pendant laquelle l'investisseur
doit garder l'obligation. Elle permet ainsi d'intégrer l'influence que
les coupons, la durée de vie et le rendement actuariel peuvent avoir sur
le cours de l'obligation.
L'objectif de la constitution d'un portefeuille obligataire
est la minimisation du risque spécifique par la diversification. Par
ailleurs, nous savons qu'un placement obligataire ne peut réaliser son
rendement escompté que si:
- Les coupons sont constamment réinvestis aux TRE;
- Il est détenu jusqu'à son
échéance.
Ces deux conditions sont très difficiles à
satisfaire. En effet, pour le réinvestissement des coupons, nous savons
que les taux ne sont pas certainement stables. Ainsi, si les taux baissent,
perte sur le réinvestissement des coupons mais gain sur le capital et
vice versa.
Ainsi, la sensibilité, ou duration modifiée,
d'une obligation mesure la variation relative de valeur d'une position face
à un choc de taux de faible ampleur (=1%). Le ratio de couverture doit
donc être tel que les plus et moins value en pourcentage doivent se
compenser pour une variation de taux Ä y.
Avec :
Ä Po : la variation du prix du sous
jacent ç.à.d l'obligation
Ä y : la variation du taux d'intérêt
sur le marché
Ä Pf : la variation du prix du future
h : le coefficient de couverture
Le problème qui se pose ici est de déterminer,
avec précision, le coefficient h. en se référant à
la formule de calcul de la duration, le coefficient de couverture peut
être approximé comme suit :
(f1)
Avec :
Do et Df , les durations respectives de
l'obligation à couvrir et du contrat à terme
Po et F , les prix respectifs de
l'obligation à couvrir et du contrat à terme
Cependant, s'il est facile de calculer Do, il n'en
va pas de même pour Df. De ce fait, le prix du contrat
à terme est estimé par référence à
l'obligation la moins chère à livrer. Or, lorsque les rendements
du marché sont supérieurs au taux de coupon du notionnel,
l'obligation ayant la duration la plus élevée est la moins
chère à livrer. En revanche, lorsque les rendements du
marché sont inférieurs au taux du coupon de l'obligation
notionnelle, le titre du gisement présentant la duration la plus faible
est le moins cher à livrer. Enfin, lorsque le rendement du marché
est proche du taux de coupon du notionnel, il n'y a pas de règle
générale permettant de déterminer simplement l'obligation
la moins chère à livrer.
Ainsi, le prix du contrat à terme étant
lié à celui de l'obligation la moins chère à
livrer, Pfm par le facteur de conversion Cm,
le ratio de couverture "h" est obtenu en assimilant la duration du future
à celle de l'obligation la moins chère à
l'échéance, soit Df = Dfm. La
formule de calcul de "h" devient alors :
(f2)
Pour illustration, prenons l'exemple d'une obligation à
couvrir ayant une maturité de 21,2 ans et un coupon de 7%. Le future est
défini par rapport à un titre notionnel de 8% maturité
15-20 ans. L'obligation la moins chère est un titre ayant un coupon de
12% et une maturité de 16,7 ans. En considérant une couverture
avec un contrat de futures venant à échéance dans 1 an, on
obtient le ratio de couverture suivant :
Obligation à couvrir
|
Po : 105,20 ; Do : 10,875
|
Contrat
|
F : 110,365 ; Df : 8,7675
|
Obligation la moins chère
|
Pfm : 156,984 ;
Dfm : 8,5665
|
Facteur de conversion Cm
|
1,38979
|
Echéance du contrat
|
1 an
|
Ration de couverture (hedge)
|
(f1): 1,1823
|
(f2): 1,1826
|
H. de La Bruslerie, 2006, p:586
b- Le ratio de couverture de variance minimum
On sait que le risque d'une obligation est mesuré par
son écart-type qui n'est autre que la racine carrée de sa
variance. L'objectif de tout investisseur est donc de maximiser le rendement
espéré pour un niveau de risque donné, ou bien, de
minimiser le risque supporté pour atteindre un rendement cible.
D'où le recours à la diversification.
Ainsi, la constitution d'un portefeuille diversifié
permet de minimiser le risque d'une position obligataire donnée. Mais
même minimisé, le risque subsiste ! D'où la
nécessité de déterminer un ratio de couverture qui
minimise la variance des changements de valeur d'un portefeuille composé
de l'actif à couvrir et de contrats à terme.
Ederington (1979) a montré que le ratio de couverture
optimal est celui qui est égal à :
Ainsi, le ratio h dépend du degré de covariance
entre les variations de prix de l'actif à couvrir et du contrat à
terme. Il exprime la nature des relations entre les mouvements des prix des
deux actifs. Ceux-ci sont dans la quasi-totalité des cas liés de
manière positive et linéaire. De ce fait, l'estimation de ce
ratio se fait par régression linéaire à partir d'une
distribution des cours passés :
ÄP0,t = a + b*ÄPf,t +
åt
Avec : b = ä0f / ä²f
: représente l'estimation du ratio de couverture
optimale h ç.à.d le montant nominal de contrat
qu'il faut vendre pour couvrir
l'obligation détenue contre le risque de taux
åt : erreur du
modèle estimée par rapport aux données de la
période t
Remarque :
Pour que la qualité de cette estimation du ratio h soit
fiable, il faut que :
- l'échantillon étudié soit
assez long pour inclure des observations trop anciennes qui refléteront
une relation entre les variables, qui n'existe plus ;
- le contrat à terme choisi pour réaliser cette
couverture doit avoir les caractéristiques de coupon, de maturité
et de risque les plus proches de ceux de l'actif à couvrir (surtout
l'échéance).
3- L'efficacité de la couverture :
Un test empirique à partir de données
réelles permet d'illustrer et de comparer les méthodes de
construction d'un hedge à l'aide de contrats à terme. Il
consistera à calculer le pourcentage de réduction de la variance
d'une position couverte par rapport à la même position non
couverte. L'objectif idéal étant d'annuler complètement le
risque ç.à.d aboutir à une réduction de la variance
initiale de 100%.
Toevs et Jacob (1984) ont précédé
à cette étude sur trois obligations en dollar sur la
période allant de juin 1982 à décembre 1983 :
- US Treasury Bonds, coupon 12,75%, échéance
2010 ;
- US Treasury Notes, coupon 13%, échéance
1990 ;
- Tanneco, coupon 8,375%, échéance 2002.
Les pourcentages de réduction de la variance, par
différentes méthodes, sont résumés dans le tableau
suivant :
Ratios de couverture
|
US Treasury Bonds
|
US Treasury Notes
|
Tanneco
|
1. duration
2. duration ajustée
3. régression sur variation des prix
|
92
93
90
|
80
77
78
|
64
64
64
|
Il apparaît donc la duration offre des
possibilités de réduction de la variance assez satisfaisantes
pour les obligations d'Etat.
D'autre part, on peut conclure que les contrats à
terme ont une vocation de couverture symétrique. En effet, si les pertes
sont évitées (en cas de couverture parfaite), les
éventuelles plus-values ne profitent pas non plus au hedger. La
couverture de portefeuille se compare alors à une boite à vitesse
qui n'aurait que trois positions possibles : marche avant, marche
arrière et point mort.
Les options enrichissent la couverture de portefeuille en
permettant à l'investisseur d'accéder à l'infinité
des stratégies qui s'échelonnent entre une position courte
à 100% et une position longue à 100%.
Section 3 : Couverture par les options
Tout type de contrat qui donne à l'un des contractants
le droit d'acheter ou de vendre une obligation à un
prix d'exercice fixé à l'avance est une option. A la
différence des contrats à terme, les options se présentent
dès le départ comme des instruments qui n'ont pas une vocation de
couverture symétrique contre le risque de taux d'intérêt.
Cette asymétrie des profits et des pertes, combinée à la
position initiale de l'investisseur obligataire, permet de construire des
stratégies de prise de position d'une très grande
diversité.
Les options renvoient au gérant du portefeuille la
question essentielle de savoir quelles sont ses anticipations quant à
l'évolution future des prix sur le marché. Ce qui revient
à poser le problème d'évaluation des options en vue d'une
couverture optimale de l'obligation contre le risque de taux.
Le modèle d'évaluation des options le plus connu
est le modèle de Black & Scholes, qui a été
découvert au début des années 70. Dès 1975, il sera
mis en application par les intervenants du Chicago Board Options Exchange
(CBOE) pour évaluer les options et pour se couvrir.
1- Le fonctionnement des options :
Une option est un contrat qui donne à son
propriétaire le droit d'acheter ou de vendre un titre financier à
un prix fixé par avance. La différence entre une option et un
contrat à terme est que ce dernier représente une obligation pour
celui qui est en position longue d'acheter, et pour celui qui est en position
courte de vendre.
La terminologie associée aux options peut se
résumer comme suit :
- Une option pour acheter un titre donné est
appelée option d'achat, ou CALL
;
- Une option pour vendre un titre donné est
appelée option de vente, ou
PUT ;
- le titre sur lequel porte l'achat ou la vente est
appelé le sous-jacent ;
- le prix fixé dans le contrat d'option est
appelé le prix d'exercice ;
- la date au-delà de laquelle on ne peut plus exercer
l'option est appelée date
d'échéance ou date de
maturité ;
- la valeur qu'une option aurait si elle arrivait à
expiration immédiatement s'appelle la valeur
intrinsèque.
En fin, les options peuvent revêtir deux
formes :
- une option américaine peut être
exercée à n'importe quel moment jusqu'à sa date
d'échéance ;
- une option européenne ne peut être
exercée qu'à sa date d'échéance.
Remarque :
Pour apprécier le taux de variation d'une option par
rapport à une augmentation ou à une diminution de ses
différents paramètres d'influence, on utilise des indicateurs
importants : les grecs.
.
- Le Delta d'une option
correspond au taux de variation d'une option en fonction de la variation de son
support ;
- Le Thêta d'une option
est le taux de variation du prix d'une option en fonction du passage du
temps ;
- Le Rhô est le taux de
variation du prix d'une option en fonction de la hausse du taux
d'intérêt sans risque ;
- Le Vega d'une option est le
taux de variation du prix de l'option par rapport à une hausse de la
volatilité de son support.
D'un autre coté, la volatilité du sous-jacent
est une composante importante dans la valorisation d'une option. Plus la
volatilité est grande et plus la probabilité que les cours du
sous jacent évoluent favorablement, soit à la hausse soit
à la baisse selon la nature de l'option, est forte. La volatilité
implique donc une plus grande cherté de l'option.
Exemple : OPTIONS ON LONG GILT
FUTURES
Source :
http://www.euronext.com/
consulté le 30/03/2011
On remarque qu'en plus de son type, call ou put, et du nom du
titre sous-jacent, une option est identifiée par son prix d'exercice et
sa date d'expiration. Pour les options échangées sur les
marchés organisés, ces paramètres sont
déterminés par le marché qui cote l'option. A noter que le
marché des options négociables de Paris est abrité par
Euronext.
Dans notre exemple, il s'agit d'une option à
l'américaine -car à court terme, les options à
l'européenne étant à long terme- dont
l'échéance arrive fin Mai 2011. Elle sera donc
négociée jusqu'à l'avant dernier jour de bourse du mois de
Mai 2011.
Le sous jacent de cette option est constitué par les
obligations LONG GILT FUTURES négociées sur le NYSE Liffe London.
Son prix d'exercice varie entre 116,00 £ et 118,00 £.
Pour une option américaine, plus le temps
jusqu'à l'échéance est long, plus la valeur temps,
différence entre le prix coté et le prix d'exercice, sera
élevée. Ainsi, dans notre exemple, on constate que plus
l'échéance se rapproche, plus le prix du call baisse et le prix
du put augmente. Par ailleurs, on remarque une relation inverse entre le prix
d'exercice d'un call et son cours. Pour un put, la relation est directe. Tout
cela est logique : une option d'achat (call) à un prix
élevé vaut peu cher ; une option de vente (put) à un
prix élevé vaut cher. Par exemple, quand le prix d'exercice est
116,00 £, l'option de vente vaut 0,19 £ alors que l'option d'achat
vaut 1,89 £. Par contre, lorsque le prix d'exercice est fixé
à 118,00 £, l'option de vente passe à 0,62 £ alors que
l'option d'achat est ramenée à 0,92 £.
Notons que ce jour, le 30/03/2011, il n'est pas
intéressant d'exercer ni les puts ni les calls.
2- L'utilisation des options :
Cas N° 1 : L'investisseur détient
l'obligation et l'option :
Les options permettent aux investisseurs de modifier leur
risque par rapport aux actifs sous jacents. Pour comprendre cette modification
de risque, on utilise un profil de gain qui est un graphe montrant la relation
entre la valeur de l'option (sur l'axe des ordonnées) et le prix de
l'actif sous jacent (sur l'axe des abscisses).
Prenons l'exemple d'une obligation de valeur actuelle 100.000
Dhs dont le prix d'exercice serait égal à 100.000 Dhs.
A l'échéance, le gain maximum sur le call est
égal à la différence entre le prix de cette obligation
à l'échéance de l'option et le prix d'exercice de
l'option (x-100.000). Le profil de gain du call est
représenté sur cette figure :
On constate que la courbe à droite 100.000 augmente
proportionnellement à la variation de la valeur de l'obligation. En
revanche, en dessous de la valeur de 100.000, le call ne vaut rien.
Parallèlement, à l'échéance, le
gain maximum sur le putt est égal au à la différence entre
le prix d'exercice de l'option et le prix de cette obligation à
l'échéance de l'option (100.000 - x). Le profil de gain du
put est représenté sur cette figure :
On constate donc qu'à l'échéance, si le
cours de l'obligation est inférieur au prix d'exercice, la valeur du put
augmente proportionnellement à la baisse du cours de l'obligation (la
valeur maximum du put est 100.000). En revanche, si le cours de l'obligation
dépasse le prix d'exercice à l'échéance, le put ne
vaut plus rien.
Cas N° 2 : L'investisseur détient
uniquement l'option :
L'utilisation des options ne se limite pas seulement à
une modification du risque par rapport au sous jacent. Le fait d'acheter ou de
vendre une option peut permettre à une personne qui ne détient
pas le sous jacent de prendre malgré tout une position.
Pour illustrer cette stratégie, reprenons l'exemple
précédent. Ainsi, au lieu d'acheter une obligation à
100.000 Dhs, on va investir cette somme en calls ; l'objectif étant
bien sûr de bénéficier d'un important effet de levier. En
outre, supposons que le taux des bons de trésor, taux sans risque, soit
de 4,50% (en 2010, ce taux était de 4,51% pour des BDT sur 10 ans).
Supposons également que le prix du call sur ce BDT soit de 1.000 Dhs.
Stratégie 1 : Achat de l'obligation
valant 100.000 Dhs
Dans ce cas, la valeur du portefeuille de l'investisseur
constitué par cette obligation dépend du prix de cette obligation
sur le marché, lequel dépend de l'évolution du taux
d'intérêt. Ainsi, si le taux d'intérêt augmente,
l'investisseur enregistrera une moins-value ; si le taux baisse, il
enregistrera une plus-value. Cette relation est mesurée comme
cité précédemment par la sensibilité (#177;1%).
* Si le taux d'intérêt passe de 4,5%
à 5,5% :
périodes
|
flux
|
(1+t)-n
|
F actualisés
|
n*F actualisés
|
1
|
4500
|
0,9478673
|
4265,40
|
4265,40
|
2
|
4500
|
0,89845242
|
4043,04
|
8086,07
|
3
|
4500
|
0,85161366
|
3832,26
|
11496,78
|
4
|
4500
|
0,80721674
|
3632,48
|
14529,90
|
5
|
4500
|
0,76513435
|
3443,10
|
17215,52
|
6
|
4500
|
0,72524583
|
3263,61
|
19581,64
|
7
|
4500
|
0,68743681
|
3093,47
|
21654,26
|
8
|
4500
|
0,65159887
|
2932,19
|
23457,56
|
9
|
4500
|
0,61762926
|
2779,33
|
25013,99
|
10
|
104 500
|
0,58543058
|
61177,50
|
611774,96
|
|
|
|
92462,37
|
757076,08
|
|
|
|
|
|
|
|
Duration =
|
8,19 ans
|
|
|
|
Sensibilité =
|
-7,76 %
|
|
Ainsi, lorsque le taux d'intérêt augmente de 1%,
le prix de l'obligation baisse de 7,76%.
* Si le taux d'intérêt passe de 4,5%
à 3,5% :
périodes
|
flux
|
(1+t)-n
|
F actualisés
|
n*F actualisés
|
1
|
4500
|
0,96618357
|
4347,83
|
4347,83
|
2
|
4500
|
0,9335107
|
4200,80
|
8401,60
|
3
|
4500
|
0,90194271
|
4058,74
|
12176,23
|
4
|
4500
|
0,87144223
|
3921,49
|
15685,96
|
5
|
4500
|
0,84197317
|
3788,88
|
18944,40
|
6
|
4500
|
0,81350064
|
3660,75
|
21964,52
|
7
|
4500
|
0,78599096
|
3536,96
|
24758,72
|
8
|
4500
|
0,75941156
|
3417,35
|
27338,82
|
9
|
4500
|
0,73373097
|
3301,79
|
29716,10
|
10
|
104 500
|
0,70891881
|
74082,02
|
740820,16
|
|
|
|
108316,61
|
904154,32
|
|
|
|
|
|
|
|
Duration =
|
8,35 ans
|
|
|
|
Sensibilité =
|
-7,91 %
|
|
Ainsi, lorsque le taux d'intérêt baisse de 1%, le
prix de l'obligation augmente de 7,91%.
Stratégie 2 : Achat de 100 calls de
1.000 Dhs chacun sur les obligations de ce type
L'achat de calls est la stratégie à la hausse
par excellence. L'investisseur ne paye que le prix de l'option, alors que ses
possibilités de profit suivent mécaniquement la hausse de l'actif
sous jacent. Si à la date d'expiration, le cours de l'actif est
inférieur au prix d'exercice (option en dehors), l'investisseur n'aura
perdu que son décaissement initial. Par contre, si son prix augmente,
l'investisseur multiplie ses gains par 100 ! Le gain final net devra
bien sûr être diminué du prix d'achat des calls, les 100.000
Dhs.
3- L'évaluation de la couverture par les
options :
Le fort effet de levier des options permet d'assumer des
positions financières importantes moyennant un décaissement ou un
encaissement limité. Cependant, dans la majorité des cas,
les stratégies d'options devront être intégrées
à la détention préalable d'actifs financiers
ç.à.d une position longue en actifs sous jacents. On parle ainsi
de stratégies de combinaison d'une position longue au comptant et
d'options. De ce fait, la couverture n'aura pas le même objectif quand
elle est réalisée au moyen de putts ou de calls.
a- La protection d'un portefeuille à l'aide de
puts :
Dans ce cas, le gérant du portefeuille obligataire en
protège la valeur en achetant le droit de vendre celui-ci à un
prix prédéterminé.
Si le prix de l'actif augmente, le gérant n'exercera
pas son option. Il réalise alors une plus value diminuée de la
valeur initiale du put.
Si le prix de l'actif diminue, le gérant sera bien
exposé à une moins value sur sa position au comptant. Mais, il
pourra réaliser une « plus value » lors de
l'exercice de son option. Sa perte nette sera alors limitée au
coût d'achat du put augmenté de l'écart entre le prix
d'achat de l'obligation et son prix de vente.
b- L'amélioration de rendement à l'aide de
calls :
Il s'agit ici pour le gérant de vendre des options
d'achat dans le but d'améliorer la performance de son portefeuille en
touchant des primes correspondantes au prix de vente des calls.
En cas de hausse du cours de l'obligation, l'option sera
exercée et, dans ce cas, l'obligation détenue sera vendue. La
perte de plus value pourra être compensée par la prime
initialement touchée par le gérant.
En cas de baisse du cours de l'obligation, l'option ne sera
pas exercée. Le gérant obtiendra le remboursement de l'obligation
qu'il détient et réalisera, de ce fait, une moins value qui
pourra être compensée par la prime initialement touchée.
On peut en conclure que cette stratégie n'est viable
que lorsque le gérant estime que le cours de l'obligation restera stable
sans grande tendance.
Les techniques de gestion du risque renvoient au gérant
de portefeuille une interrogation sur le niveau de risque qu'il est
disposé à accepter. De ce fait, les techniques de gestion des
risques, aussi sophistiquées soient-elles, ne pourront jamais que suivre
et mettre en oeuvre les choix stratégiques de l'investisseur. Ainsi, le
danger paradoxal de l'extraordinaire enrichissement de la gestion de
portefeuille qu'ont apporté la notion de VAR, les contrats à
terme, les options,... peut être d'occulter le choix fondamental du
niveau de risque toléré par l'investisseur. Et s'il en faut une
preuve, je ne trouve pas de meilleure illustration que la dernière crise
financière que le monde de la finance n'avait pas pu prévoir ou
éviter et dont il n'arrive pas encore à immerger.
DEUXIEME PARTIE :
MARCHE OBLIGATAIRE MAROCAIN
ET CADRE D'ANALYSE
CAS DE LA BANQUE D'AFFAIRES : MEDIAFINANCE.
Dans un environnement économique, monétaire et
financier complexe et globalisé, marqué par une intensification
de l'incertitude relative aux conséquences des décisions de
gestion des risques financiers, Bank Al-Maghrib a mis en place une
réglementation assez stricte que tous les établissements
financiers doivent suivre scrupuleusement. En effet, un cadre d'analyse
multicritère et normalisé tend à évaluer
systématiquement l'impact des variations de taux d'intérêt
sur les titres financiers détenus par les institutions
financières. Parallèlement, les établissements financiers
font recours à des méthodes et outils de la gestion des risques
de taux d'intérêt assez élaborés afin de s'adapter
en permanence à l'évolution des marchés financiers et
pouvoir faire leurs propres projections dans le but d'anticiper
d'éventuels retournements de tendance.
L'étude du marché obligataire marocain nous
interpelle et nous pousse à nous poser certaines questions :
- Comment fonctionne le marché obligataire et quels
sont les acteurs contribuant au dynamisme de ce marché ?
- Quels sont les outils d'analyse des risques des obligations
?
- Quelles sont les caractéristiques du marché
obligataire marocain ?
- Comment les établissements financiers mettent-ils en
application les stratégies de gestion obligataire ?
- ...
Les réponses à ces questions et à bien
d'autres vont nous guider dans la structuration de cette deuxième
partie. Pour cela, nous avons adopté une méthodologie descriptive
et analytique. Ainsi, cette partie consacrée à l'étude du
cas marocain sera étoffée par deux chapitres : le premier
passera en revue les différents aspects réglementaires de la
gestion obligataire mis en place par BAM ; le deuxième nous
permettra de voir comment s'effectue cette gestion des risques obligataires
dans la pratique à travers l'étude du cas de MEDIAFINANCE.
CHAPITRE 1 : L'ENVIRONNEMENT DE LA GESTION
OBLIGATAIRE
AU MAROC
Le marché obligataire marocain a connu un essor
important ces dernières années. En effet, depuis le lancement des
privatisations en 1993, le Maroc a connu un développement progressif de
la culture des marchés de capitaux et de finance des marchés.
Ainsi, le système financier a ainsi connu, depuis 1993, une série
de réformes visant un meilleur financement de l'économie par la
promotion accrue de l'épargne, l'affectation optimale des ressources par
les mécanismes de marché et le développement de
financement alternatif au crédit bancaire.
La réforme du marché financier en 1995, et plus
spécialement du marché obligataire, viendra compléter ce
dispositif afin de donner plus d'opportunités pour le placement de
l'emprunt en faveur aussi bien des entreprises et de l'Etat que des petits
épargnants. L'accent a été mis sur le développement
de produits répondant aux besoins des deux principaux agents
économiques collecteurs d'épargne : l'Etat et les entreprises, en
l'occurrence, les obligations.
La gestion collective de l'épargne a connu, une
expansion tant quantitative que qualitative à partir de 1996. Des
techniques de la gestion de portefeuille furent de ce fait,
développées et adaptées aux spécificités du
marché marocain.
Durant la période 1997-2002, le marché
obligataire marocain a connu de grands changements suite à
l'approfondissement de la réforme par une dynamisation accrue du
marché boursier et par le renforcement de sa supervision. Par ailleurs,
2003 a été marquée par la poursuite de la modernisation du
marché financier et renforcement de la sécurité, de
l'intégrité et de la transparence du marché.
Ainsi, le volume de ses opérations a augmenté
passant pour la période 2005 à 2009, de 760,20 M Dhs à
6.781,45 M Dhs pour le marché central ; de 11,74 M Dhs à
10.401,86 M Dhs pour le marché de blocs et de 3560,35 M Dhs à
2963,00 M Dhs pour les introductions. Le devenir de ce marché s'annonce
ainsi sous de bons auspices. Cependant, les opérateurs financiers
doivent encore doubler d'effort. Il faut non seulement maîtriser les
techniques de gestion obligataire, mais aussi les adapter aux
spécificités du marché marocain. De plus, il faut
être suffisamment préparé en termes de structures internes,
moyens humains, logistiques, informatiques et organisationnels, pour
développer les métiers de la finance directe et ce aussi bien au
niveau de l'offre qu'à celui de la demande.
Durant l'année 2009, la Bourse de Casablanca a
entamé un vaste projet de refonte de la plateforme matérielle du
nouveau système de cotation (NSC). Dans ce sens, la Bourse de Casablanca
a mis en place une plateforme dédiée, permettant une
automatisation complète de toutes les opérations de cotation
d'obligations depuis la déclaration jusqu'à la
génération de la transaction avec affectation d'un numéro
de contrat. Cette opération réduit ainsi les risques d'erreur et
optimise la gestion du marché obligataire marocain.
Section 1 : Marché obligataire au
Maroc :
Plus qu'un simple marché de capitaux, le marché
obligataire occupe dans les économies développées une
position centrale dans la mesure où il est appelé à
remplir plusieurs fonctions économiques prépondérantes. En
effet, il constitue :
- Un circuit de financement de l'économie
nationale ;
- Un instrument organisant la liquidité de
l'épargne investie à long terme.
Au Maroc, Les principaux compartiments des marchés des
capitaux sont les suivants :
1- La structure du marché obligataire au
Maroc :
Le marché obligataire marocain se compose de deux
compartiments :
- Le premier est sur lequel l'Etat émet des obligations
publiques (Bons de Trésor Négociables, BTN) qui procurent
à leurs souscripteurs des coupons d'intérêts annuels ou
semestriels ;
* Marché primaire des
BTN : Le Trésor marocain a opté pour des
adjudications qui se font selon la technique dite "à la hollandaise".
L'adjudication est faite par appel d'offre lancé par le Trésor
pour lever des capitaux. Les montants retenus sont
rémunérés aux taux conclus entre les soumissionnaires et
le trésor. Ainsi lors d'une séance d'adjudication, plusieurs taux
peuvent être accordés pour une même maturité. Le
Trésor peut, si les taux lui paraissent excessifs, renoncer en tout ou
en partie de l'adjudication. Le Trésor peut émettre sur des
lignes déjà émises. En outre, il a mis en place la
Technique de l'assimilation en décembre 1997.
Évolution des levées sur le marché
primaire (en Md USD) :
Source :
CDVM
* Marché secondaire des
BTN : Le marché secondaire présente
plusieurs avantages. En l'occurrence, il s'agit d'un marché de
gré à gré où l'acheteur et le vendeur
négocient directement les transactions. Il y a aussi possibilité
de placer des liquidités le jour de sa disponibilité sans
attendre les émissions primaires. En plus, il y a la possibilité
de bénéficier d'une baisse future des taux en achetant sur le
marché secondaire des maturités longues. Finalement, il existe
un avantage de bénéficier d'une hausse future des taux par la
vente des titres moyen long terme et leur remplacement par des BTN court
terme.
Évolution des volumes traités sur le
Marché secondaire
(Moyenne mensuelle en Md USD)
Source : CDVM
- Le deuxième compartiment est ouvert au secteur
privé pour y émettre des titres obligataires dont les
caractéristiques sont communes à celles des obligations de l'Etat
à l'exception du risque encouru.
Au cours de l'année 2009, le groupe Attijariwafa Bank a
été le principal émetteur sur le marché, à
travers 2 opérations sur les 7 réalisées. Attijariwafa
Bank représente près de 24,5% du total des fonds levés
:
2-Les établissements admis à présenter
les soumissions aux adjudicataires :
Les Intermédiaires en Valeurs de Trésor (IVT)
qui peuvent à la fois soumissionner pour compte propre et pour compte
des tiers sont au nombre de six et sont les suivants :
Ø ATTIJARIWAFA BANK ;
Ø BCP (Banque Centrale Populaire) ;
Ø BMCI ;
Ø BMCE BANK ;
Ø CDG Capital ;
Ø MEDIAFINANCE.
Ceux qui ne peuvent soumissionner que pour leurs propres
comptes sont :
Ø Les compagnies d'assurances ;
Ø Les organismes de retraite et de prévoyance
sociale ;
Ø BANK AL AMAL ;
Ø FEC (Fonds d'Equipement Communal) ;
Ø CCG (Caisse Centrale de Garantie) ;
Ø CCM (Caisse Centrale des Marchés) ;
Ø DAR ADAMANE.
3- Les principales étapes pour le marché
obligataire marocain :
L'évolution du marché obligataire marocain s'est
faite progressivement en plusieurs phases :
Ø Développement progressif du marché
monétaire à partir de 1988, avec l'introduction de la technique
des adjudications ;
Ø Substitution graduelle des émissions par
adjudication aux emprunts obligataires et aux emprunts nationaux, ainsi qu'aux
bons réservés aux établissements bancaires dans le cadre
des emplois obligatoires ;
Ø Ouverture du marché à l'ensemble des
institutions financières, puis aux entreprises publiques et
privées ainsi qu'aux personnes physiques et aux non-résidents
;
Ø Création en 1996 d'un marché secondaire
des Bons du Trésor, permettant le renforcement de la liquidité
des titres d'État ;
Ø Apparition des IVT, spécialisés dans
l'animation des marchés primaire et secondaire, minimisant
l'intervention de l'État dans la gestion directe de la dette
intérieure ;
Ø Amélioration des procédures de
dénouement des transactions et création d'un dépositaire
central.
4- Les principaux résultats obtenus :
Ø Développement de l'industrie de la gestion
d'actifs ;
Evolution des actifs sous gestion de 1997 à 2007 (en Md
USD)
Source : CDVM
Ø Le marché le plus dynamique est celui de la
dette d'Etat ;
Évolution des levées de la dette publique sur le
marché primaire (en Md USD)
Source : CDVM
Ø Emergence progressive de la dette
privée ;
Émissions dettes privées (en millions de
Dirhams)
Source : CDVM
Ø Les mécanismes de marché se mettent en
place.
* Le Trésor devient un émetteur régulier et
communique sur ses besoins ;
* Normalisation des relations entre BAM et le Trésor :
- politique monétaire totalement assurée par
BAM ;
- suppression des concours financiers de BAM au Trésor.
* Elaboration d'une courbe des taux ;
* Normalisation des techniques de valorisation ;
* Développement des opérations de pensions.
Section 2 : Cadre réglementaire de la
gestion des risques obligataires
Le cadre réglementaire de la gestion des risques
obligataires au Maroc est régi par la Directive
« DN 30/G/2007 du 13 avril 2007 » du Gouverneur de
Bank Al-Maghrib relative au dispositif de gestion du risque global de taux
d'intérêt ; complétée par la circulaire
« LC N°01/DSB/2009 du 09 janvier 2009 » de la
Direction de la Supervision Bancaire fixant les modalités
d'élaboration et de transmission des reporting relatifs aux risques de
taux d'intérêt.
Cette directive, issue des recommandations émises par
le comité de Bâle en la matière, s'inscrit dans le cadre de
la mise en oeuvre du deuxième pilier de Bâle II. Elle
constitue un référentiel de saines pratiques pour la mise en
place par les établissements de crédit d'un dispositif de gestion
de risque de taux d'intérêt à même de leur permettre
d'identifier les sources potentielles de tels risques et d'en assurer la
mesure, le suivi et le contrôle.
1- Les sources et effets du risque de taux
d'intérêt :
Le risque de taux d'intérêt réside dans la
vulnérabilité de la situation financière d'un
établissement à une évolution défavorable des taux
d'intérêt. En effet, les mouvements des taux
d'intérêt affectent les bénéfices en modifiant le
revenu d'intérêt net ainsi que les autres revenus sensibles aux
taux d'intérêt et les charges d'exploitation. Ils ont
également une incidence sur la valeur des titres détenus
étant donné que la valeur actualisée des flux futurs
attendus varie en fonction des taux d'intérêt.
a. Les sources du risque de taux
d'intérêt :
Les quatre sources du risque de taux d'intérêt
auxquelles les établissements sont généralement
exposés sont :
* Risque de révision de taux
d'intérêt : ce risque résulte des
différences dans l'échéance (pour les taux fixes) et le
renouvellement des conditions (pour les taux variables) des positions de
l'actif, du passif et du hors-bilan d'un établissement.
* Risque de déformation de la courbe des
taux : Ce risque survient lorsque des variations non
anticipées de la courbe des taux ont des effets défavorables sur
le revenu ou la valeur économique de l'établissement.
* Risque de base :
ce risque résulte d'une corrélation imparfaite dans l'ajustement
des taux d'intérêt perçus et versés sur des produits
différents, dotés, toutefois, de caractéristiques de
révisions de taux analogues. C'est l'exemple concret de produits
tels que les crédits immobiliers à taux variables ou les fonds de
placement, vu que leurs taux s'alignent, en principe, sur l'évolution
d'un taux d'intérêt ou d'une combinaison de taux
d'intérêt de référence, sans toutefois qu'il y ait
dans le temps une synchronisation totale des mouvements de taux.
* Risque de clauses optionnelles ou risque
lié aux options cachées : ce risque
englobe, entre autres, les différents types d'obligations comportant des
clauses de dénonciation en faveur du débiteur ou du
créancier. Lorsque de tels instruments, comportant des options
implicites, sont traités de manière inappropriée, leurs
caractéristiques de paiement asymétriques peuvent
représenter un risque substantiel pour leurs vendeurs, étant
donné qu'en général ils sont exercés au profit de
l'acheteur.
b- Les effets du risque de taux
d'intérêt :
L'analyse et l'évaluation du risque de taux
d'intérêt peuvent être envisagées selon deux
perspectives distinctes mais complémentaires, à savoir la
perspective des bénéfices et celle de la valeur
économique.
* Perspective des
bénéfices : l'élément
central de cette perspective repose sur les répercussions des mouvements
de taux d'intérêt sur le revenu net d'intérêts,
lequel correspond à la différence entre intérêts
reçus et intérêts versés. A titre d'exemple, lorsque
les taux des positions du passif du bilan d'un établissement sont
révisés plus rapidement que ceux de l'actif, une hausse des taux
d'intérêt pourra réduire le produit net des
intérêts.
* Perspective de la valeur
économique : elle se fonde sur les incidences
potentielles des évolutions de taux sur la valeur actualisée des
flux futurs attendus étant donné que les variations de taux
d'intérêt, utilisées dans l'application de la technique de
l'actualisation, génèrent des modifications de la valeur
économique des flux futurs attendus.
Contrairement à
l'effet sur les revenus qui se réfère au court terme (1 an par
exemple), l'effet sur la valeur économique prend en considération
les impacts cumulés au niveau de la valeur économique du bilan et
du hors bilan, en tenant compte de la durée totale d'une position
jusqu'à son échéance. Il est ainsi possible de
présenter un tableau des effets à long terme induits par des
évolutions de taux.
De ce fait, la perspective de la valeur
économique offre une vision des effets potentiels à long terme
des mouvements de taux plus complète que celle résultant de la
perspective des revenus.
2- les pratiques d'une saine gestion du risque de taux
d'intérêt :
La politique des risques englobe la perspective des
bénéfices et la perspective de la valeur économique. Elle
définit les compétences et les responsabilités concernant
la mesure, l'encadrement et la surveillance du risque de taux
d'intérêt. L'exposition maximale au risque de taux ne doit pas
être dépassée et doit être formulée en tant
que limite globale dépendant directement du système de mesure.
Ainsi, une saine gestion du risque de taux
d'intérêt exige, au minimum, l'application des principes
fondamentaux suivants :
- une surveillance appropriée par l'organe
d'administration et l'organe de direction ;
- des politiques et procédures adéquates de
gestion du risque de taux d'intérêt ;
- des systèmes de mesure et de surveillance du
risque de taux d'intérêt ;
- un système approprié de contrôle
interne.
a- La surveillance du risque de taux par les organes
d'administration et de direction :
Un suivi efficace par l'organe d'administration et par
l'organe de direction est un élément essentiel d'une saine
gestion du risque de taux d'intérêt. Il importe que ces organes
soient conscients de leurs responsabilités à cet égard et
exercent, de manière appropriée, leur fonction de suivi et de
gestion de ce risque.
* Rôle de l'organe
d'administration : l'organe d'administration de
l'établissement (conseil d'administration, conseil de surveillance ou
toute instance équivalente) d'appréhender la nature et le niveau
du risque de taux d'intérêt encouru. Pour atteindre cet objectif,
- il approuve les stratégies et politiques
opérationnelles en matière de gestion du risque de taux
d'intérêt ;
- il examine les objectifs globaux de
l'établissement (quantitatifs et qualitatifs) et veille à
l'existence de normes claires fixant le niveau de risque acceptable ;
- il détermine dans quelle mesure et sur quels
marchés les risques sont assumés ou couverts ;
- il s'assure que l'organe de direction est parfaitement
conscient des risques encourus par l'établissement et que celui-ci est
doté de ressources et compétences techniques nécessaires
pour évaluer et contrôler ce risque.
* Rôle de l'organe de
direction : l'organe de direction (direction
générale, directoire, ou toute instance équivalente)
s'assure que la structure des activités et le niveau du risque de taux
d'intérêt assumé sont gérés de manière
efficace. Il veille également à la mise en place :
- des politiques et procédures adéquates
pour gérer le risque de taux d'intérêt, tant dans une
perspective à terme que sur une base journalière ;
- d'un cadre qui définit clairement les
compétences et responsabilités pour la gestion et le
contrôle de ce risque ;
- des limites appropriées à la prise de
risque ;
- des systèmes et normes de mesure du risque
adéquats ;
- des critères d'évaluation des positions
et de mesure des résultats ;
- d'un processus exhaustif de reporting du risque de taux
et de révision de sa gestion ;
- des contrôles internes efficaces.
L'organe de direction revoit périodiquement les
politiques et procédures de gestion du risque de taux
d'intérêt pour s'assurer qu'elles demeurent appropriées et
fiables.
b- Les politiques et procédures
adéquates de gestion du risque de taux d'intérêt
Les établissements s'assurent, pour la gestion du
risque de taux d'intérêt, que les politiques et procédures
sont clairement définies et compatibles avec la nature et la
complexité de leurs activités.
L'organe de direction s'assure que les expositions au risque
de taux sont bien connues et comprises avant l'introduction d'un nouveau
produit ou d'une méthode de couverture, et vérifie que les
risques induits sont intégrés de manière appropriée
dans le système de mesure, de gestion et de surveillance du risque de
taux d'intérêt.
Dès que l'on envisage l'introduction d'un nouvel
instrument, les éléments suivants doivent être pris en
considération :
- la description du produit ;
- l'identification des ressources requises pour mettre en
oeuvre une gestion saine et efficace du produit ou de l'activité au
regard du risque de taux d'intérêt ;
- l'analyse du caractère rationnel des produits
proposées par rapport à la situation financière globale de
l'établissement et à ses fonds propres ;
- l'énumération des procédures
à utiliser pour mesurer, surveiller et contrôler les risques
inhérents au produit.
c- Les systèmes de mesure et de
contrôle du risque de taux d'intérêt :
* Système de mesure du risque de taux
d'intérêt : Les établissements
mettent en place un système adéquat de mesure du risque de taux
d'intérêt qui tient compte des quatre sources de risques. Ce
système doit être apte à couvrir toutes les positions de
l'établissement sensibles aux taux d'intérêt et analyser,
de manière précise, les instruments susceptibles d'affecter
sensiblement la position globale de l'établissement.
Quel que soit le système de mesure
adopté, il doit utiliser les concepts financiers et techniques de mesure
des risques communément acceptés, notamment l'analyse d'impasses,
la duration, la simulation statique, la simulation dynamique. Il doit permettre
d'évaluer les effets des mouvements de taux d'intérêt sur
les bénéfices et sur la valeur économique de
l'établissement.
Lors de la conception du système, les
établissements s'assurent que le niveau de détail des
informations sur les positions sensibles aux taux d'intérêt
correspond à la complexité et au risque inhérent à
ces positions.
Dans l'optique de la gestion de ce risque, les
établissements incorporent une variation de taux d'intérêt
suffisamment ample pour mesurer les risques associés à leurs
portefeuilles. Ils envisagent l'utilisation de scénarios multiples ou/et
faire appel à des techniques de simulation. L'analyse statistique peut
également jouer un rôle important dans l'évaluation des
hypothèses de corrélation concernant le risque de base ou celui
de déformation de la courbe des taux.
Un élément essentiel du processus de
mesure du risque de taux d'intérêt réside dans
l'intégrité et la transmission en temps opportun des
données sur les positions courantes. Les établissements
s'assurent que l'ensemble de leurs positions et flux futurs attendus
importants, qu'il s'agisse du bilan ou du hors-bilan, sont incorporés en
temps opportun dans le système de mesure. Tout ajustement manuel des
données fondamentales doit être clairement documenté, de
manière à pouvoir vérifier ultérieurement l'origine
et le contenu exact de la correction.
*.Système de limites :
Les établissements élaborent et imposent des
limites opérationnelles et d'autres pratiques qui permettent de contenir
les risques à des niveaux compatibles avec les politiques internes. Un
système de limites doit fixer clairement le niveau de risque
acceptable.
En fonction de la nature des portefeuilles, les
établissements assignent des limites à chaque portefeuille,
catégorie d'instruments ou instrument spécifique. Il s'agit par
exemple de limites des impasses « gaps » les plus
élevées autorisées par tranche d'échéance et
de limites en termes d'impact de la fluctuation des taux d'intérêt
sur les revenus et sur la valeur économique de
l'établissement.
Les limites du risque de taux d'intérêt sont
axées sur des scénarios spécifiques de variation des taux
d'intérêt du marché. Les mouvements de taux utilisés
pour l'élaboration de ces limites représentent des situations
critiques significatives prenant en compte la volatilité historique des
taux et le temps nécessaire à l'organe de direction pour
atténuer ce risque.
Les dépassements des limites sont signalés sans
délai aux entités concernées et à l'organe de
direction. Une politique claire doit préciser le mode d'information de
celui-ci et la nature de l'action qu'il doit entreprendre dans de tels cas.
L'établissement peut distinguer les limites absolues qui ne doivent
jamais être dépassées, de celles qui pourraient
l'être dans des circonstances spécifiques parfaitement
précisées. Dans cette optique, l'organe de direction
définit les procédures et approbations spécifiques
nécessaires pour les exceptions aux politiques, limites et
autorisations.
* Simulations de crise :
Les établissements mesurent leur
vulnérabilité en termes de pertes dans des conditions de
marché critiques susceptibles d'entraîner des pertes
exceptionnelles. De ce fait, les variations extrêmes des facteurs de
marché ainsi que les scénarios prévoyant une forte
exposition au risque de taux doivent être couverts.
Parmi les scénarios de crise possibles, on pourrait
prévoir :
- une variation brutale du niveau général
des taux d'intérêt ;
- des évolutions de la courbe des taux ;
- une réduction de la liquidité sur les
principaux marchés financiers ;
- une évolution des volatilités et des
corrélations des taux du marché.
Les organes d'administration et de direction contrôlent
et examinent périodiquement la conception et les résultats de
tels tests critiques et s'assurent de l'existence de plans d'urgence
appropriés.
* Surveillance et notification du risque de
taux d'intérêt : Un système
d'information à la fois précis, complet et efficace est essentiel
pour la surveillance et le contrôle du risque de taux
d'intérêt. La communication des mesures du risque de taux
d'intérêt aux organes d'administration et de direction s'effectue
à intervalles réguliers et comporte des comparaisons
précises entre les expositions courantes et les limites définies.
Les rapports destinés à ces organes doivent au moins comprendre
les éléments suivants :
- les recensements de l'exposition globale;
- les états montrant le respect des politiques et
limites établies;
- les résultats des tests critiques, y compris
ceux qui prévoient des remises en cause des hypothèses et
paramètres essentiels;
- les conclusions du contrôle des politiques et
procédures de risque de taux d'intérêt ainsi que de
l'adéquation des systèmes de mesure de ce risque, dont, le cas
échéant, celles des auditeurs internes, des commissaires aux
comptes et des consultants.
d- Un système approprié de contrôle
interne :
Pour assurer l'intégrité de leur processus de
gestion du risque de taux d'intérêt, les établissements
mettent en place des contrôles internes adéquats. Ces
contrôles doivent favoriser l'efficacité et l'efficience des
opérations, la fiabilité de la communication financière et
des déclarations prudentielles ainsi que le respect des lois,
réglementations et politiques institutionnelles appropriées.
Un élément important du système de
contrôle interne sur le processus de gestion du risque de taux
d'intérêt consiste à l'évaluer et à le
vérifier régulièrement pour s'assurer notamment que le
personnel observe les politiques et procédures établies et que
ces procédures vont bien dans le sens des objectifs fixés.
3- Le Reporting destiné à Bank Al
Maghrib :
Les établissements communiquent trimestriellement
à la Direction de la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib un
reporting spécifique sur la gestion du risque de taux
d'intérêt. Les modalités d'élaboration et de
transmission de ces reporting ont été fixées par la
circulaire LC N°01/DSB/2009 du 09 janvier 2009. Celle-ci prévoie
deux états à renseigner par les établissements :
- état 157 : risque de taux
d'intérêt inhérent au portefeuille global ;
- état 158 : risque de taux
d'intérêt inhérent au portefeuille bancaire.
Dans ce qui suit, nous nous intéresserons à
l'état 157 (parties 1 et 2) dans la mesure où le portefeuille
global intègre le portefeuille bancaire.
a- Les modalités et règles
d'élaboration des états de reporting relatifs au risque de taux
d'intérêt :
L'approche de mesure et de suivi du risque de taux
d'intérêt repose sur la méthode des échéances
appelée également « approche au moyen des tableaux
d'échéance ». L'impact du risque de taux sur les
bénéfices est obtenu par application à chaque tranche
d'échéances inférieures à 1 an d'une
pondération appropriée. L'impact ainsi obtenu est rapporté
au PNB prévisionnel de l'établissement. Quant à
l'impact du risque de taux sur la valeur économique, il est
déterminé en pondérant chaque tranche
d'échéances sur un horizon allant jusqu'à 20 ans par un
coefficient approprié. Le résultat ainsi obtenu est
rapporté au total des fonds propres complémentaire (LC N°
24/G/2006). Le calcul de l'impact dans les deux cas se fait sur la base de
l'hypothèse d'un déplacement parallèle de la courbe des
taux d'intérêt de #177; 200 pb (#177; 2%).
Le reporting se fait dans des canevas standardisés par
BAM. Le processus de calcul et d'élaboration du reporting s'articule
autour des étapes suivantes :
* Données comptables : il
s'agit des données et positions comptables libellées en dirhams
et en contrevaleur des devises agrégées, telles qu'elles
ressortent de leur situation comptable arrêtée à la fin de
chaque trimestre. Le canevas 1 précise les rubriques et les postes de la
situation comptable mensuelle à prendre en considération.
* Ventilation des données par tranches
d'échéances : les données comptables
sont ventilées en flux sur seize tranches d'échéances. Les
postes à taux variables sont répartis selon l'intervalle de temps
jusqu'à la prochaine révision de taux, et ceux à taux fixe
selon leur durée résiduelle ou selon le mode d'amortissement.
* Détermination de la position nette globale
pondérée : pour cela, l'établissement
détermine d'abord la position individuelle longue ou courte pour chacune
des seize tranches d'échéances (canevas 2a, 2b, 2c). Ensuite, les
positions individuelles ainsi obtenues, appelées également
impasses, sont compensées pour dégager une position (longue ou
courte) par tranche d'échéances. Les impasses sont
reportées au niveau du canevas 3 permettant ainsi de déterminer
la position nette globale par tranches d'échéances qui est
pondérée par le coefficient approprié pour obtenir la
position nette globale pondérée.
Les coefficients de pondération utilisés pour
le calcul de l'impact sur les bénéfices reflètent le
risque de taux d'intérêt résultant du besoin ou de
l'excédent de financement, ou de la révision de taux. Ils sont
déterminés sur la base de l'hypothèse d'un changement
uniforme de 200 points de base sur les tranches d'échéance
inférieures à 12 mois, sur les périodes restant à
courir.
* Evaluation de l'impact sur les
bénéfices : l'impact sur les
bénéfices de la banque est estimé en rapportant le
résultat dégagé au PNB révisionnel de
l'établissement (canevas 3). Un encadré est réservé
à l'établissement pour commenter son profil de risque sur un
horizon court terme et apporter son appréciation quant à l'impact
sur les bénéfices.
* Evaluation de l'impact sur la valeur
économique : cet impact est obtenu en multipliant la
position nette globale de chaque tranche d'échéances par le
coefficient de pondération approprié (canevas 3). Le
résultat ainsi obtenu est rapporté aux fonds propres de
l'établissement. Un encadré est réservé à
l'établissement pour commenter son profil de risque et apporter son
appréciation quant à l'impact sur la valeur économique et
les fonds propres.
* Ventilation de l'actif et du passif par type de
taux d'intérêt : pour une meilleure
appréciation du risque de taux, il est nécessaire de
compléter le reporting par des informations relatives à la nature
des taux, fixes ou variables, par tranches d'échéances et aux
options cachés (canevas 4).
b- Les modalités d'utilisation des approches de
mesure du risque de taux d'intérêt :
En conformité avec les principales recommandations du
comité de Bâle, les établissements demeurent libres de
choisir les techniques de mesure du risque de taux d'intérêt pour
calculer l'exposition des bénéfices et de la valeur
économique aux variations des taux d'intérêt. Le choix des
méthodes appropriées dépend de la politique de chaque
établissement, ainsi que de la complexité des instruments
détenus et des risques encourus. Ces techniques peuvent être
regroupées selon deux approches : les approches simples et les
approches de simulation.
* les approches simples :
l'approche la plus simple de mesure du risque de taux
d'intérêt est la méthode des
échéances. Elle se base sur un calendrier des
échéances et/ou de révision des taux
d'intérêt qui répartit, selon une approche des flux futurs
attendus, l'ensemble des positions longues et courtes sensibles aux taux
d'intérêt. A partir de la, il s'agit de mesurer l'impact d'une
variation des taux d'intérêt sur les bénéfices et la
valeur économique du bilan.
Ø impact sur les
bénéfices : pour les flux futurs attendus relatifs
à une tranche d'échéance, et en simulant une
évolution des taux d'intérêt, on peut construire les
scénarios suivants :
|
Impasse positive
|
Impasse négative
|
Créances dettes
|
Créances dettes
|
Sensibilité
|
Créances
|
Dettes
|
Sens de l'impact
|
Positif
|
négatif
|
des taux d'i
|
du revenu d'intérêt
|
du revenu d'intérêt
|
des taux d'i
|
du revenu d'intérêt
|
du revenu d'intérêt
|
Pour affiner les résultats obtenus, les calculs
d'impasse peuvent être complétés par des informations sur
la valeur moyenne des coupons et des intérêts pour chaque tranche
d'échéance afin d'estimer l'ampleur de la variation des taux
appliqués relativement au niveau des taux actuels.
Ø impact sur la valeur économique du
bilan : l'incidence de la fluctuation des taux
d'intérêt peut être appréhendée à
travers la variation de la valeur actualisée des flux futurs attendus
résultant d'une modification de la structure des taux. La variation de
la valeur économique dépend du calendrier
d'échéances et de révisions des taux
d'intérêt. Des pondérations de sensibilité
fondées sur estimations de la duration des créances et dettes
correspondantes peuvent être appliquées à chaque
fourchette. Ces pondérations peuvent être calculées selon
deux approches :
- l'approche de duration standard : se
base sur une pondération moyenne estimée des durations de toutes
les positions d'une fourchette, multipliée par une modification
estimée de taux d'intérêt afin d'aboutir à une
pondération propre à chaque fourchette de temps. Cette
méthode peut être affinée par l'application de
pondérations différentes aux diverses positions d'une fourchette
pour traduire les différences notables dans les coupons et
échéances (par exemple, une pondération pour les
créances et une autre pour les dettes).
- l'approche de duration
précise : permet de déduire la position nette
à partir du calcul de la duration de chaque créance et dette. La
sommation sur l'ensemble des fourchettes des impasses pondérées
ainsi déterminées aboutit à une variation estimée
de la valeur économique pour les modifications supposées des
taux. Lorsque la duration est élevée, cela aura un important
impact sur la valeur économique. C'est le cas par exemple lorsque
l'échéance ou la date de révision des taux est
éloignée et/ou les paiements avant l'échéance sont
modestes (paiement des coupons par exemple).
* les approches de simulation :
les établissements qui utilisent des instruments financiers
complexes ou présentent des profils de risque élevés
peuvent recourir aux approches de modélisation pour simuler les effets
potentiels des modifications de taux sur les bénéfices et la
valeur économique. On distingue deux types d'approches :
Ø approche de simulation
statique : dans cette approche, seuls les flux futurs attendus
résultant des positions courantes (longues ou courtes) font l'objet
d'évaluation.
- impact sur les bénéfices :
des simulations s'appuyant sur les flux futurs attendus sont conduites
sur une période donnée et sur la base d'un ou plusieurs
scénarii de taux (déplacement parallèle de la courbe,
aplatissement ou accentuation, inversion de la courbe des taux par rapport
à un scénario de base, ...).
- impact sur la valeur
économique : des simulations s'appuyant sur les flux
futurs attendus sont conduites sur toute la durée de vie de l'ensemble
des positions et portefeuilles de l'établissement et ramenées
à leur valeur actualisée. La variation estimée de la
valeur économique est obtenue par comparaison de la valeur
actualisée avec celle du scénario de base.
Ø approche de simulation
dynamique : cette approche repose essentiellement sur une
modélisation de l'évolution future des taux en intégrant
les prévisions de l'évolution des taux et de la courbe des taux
de marché. Ce qui permet de prendre en considération la
corrélation qui peut exister entre les flux futurs attendus et le
comportement des taux d'intérêt et de mieux saisir l'incidence des
options incorporées ou explicites.
Comme on a pu le constater, le marché obligataire
marocain a connu un essor important ces dernières années. Ce
développement s'est accompagné d'un effort considérable
sur le plan réglementaire. Les autorités monétaires ont
inscrit leur démarche dans le cadre d'une veille réglementaire et
d'encadrement des pratiques du marché. Cependant, au niveau
international, la régulation et la coopération demeurent encore
en phase de gestation.
Ainsi, depuis 2008, le CDVM a adopté une
démarche de contrôle basée sur l'analyse des risques en
vue, d'une part, de cibler les zones de risques (spécifiques à un
intervenant ou transversaux à la place) et, d'autre part, d'optimiser
l'allocation des ressources. Cette démarche a été
couplée avec un système de notation qui permet de situer de
façon précise le positionnement de chaque intervenant par rapport
aux différents risques identifiés.
Toutefois, les techniques de mesure des risques obligataires
sont encore basiques (la duration). Le résultat du système de
mesure et d'appréciation du risque de taux d'intérêt
dépend en grande partie de la qualité des estimations de la
valeur des hypothèses relatives aux flux futurs sur les positions
à échéances incertaines. Ainsi, à travers les
différents types de techniques, notamment les modèles
statistiques, les établissements procèdent à
l'évaluation des réactions des positions à des mouvements
de taux passés ou du comportement probable des positions à
échéance incertaine, qui peut être influencé par les
conditions de marché ou des facteurs spécifiques à
l'établissement. L'utilisation d'autres techniques plus
sophistiquées, telles que la VAR, serait plus judicieuse pour mieux
appréhender les risques obligataires et préparer le marché
obligataire marocain à une ouverture totale inéluctable sur les
marchés internationaux.
CHAPITRE 2 : LA GESTION OBLIGATAIRE CHEZ
MEDIAFINANCE
La gestion des risques est devenue l'apanage de toute
organisation à but lucratif, chacune en fonction de la nature et la
complexité de ses activités et du genre de risques auxquels elle
fait face. En ce qui concerne les banques, les risques qu'elles doivent
gérer sont multiples. Cependant, on peut avancer que la gestion des
risques bancaires commence par le risque de taux et fini par le risque de taux
car ce risque est géré aussi bien au niveau opérationnel
qu'au niveau stratégique. En effet, pour illustrer ce point de vu, les
tranches d'échéance des engagements commence de « au
jour le jour » jusqu'à des échéances lointaines
qui peuvent atteindre des termes de plus de vingt ans. De ce fait, la gestion
du risque de taux d'intérêt est un moyen crucial de
préservation des bénéfices et des fonds propres.
MEDIAFINANCE, en tant que banque d'affaires
spécialisée dans le marché des capitaux, n'échappe
pas à cette règle. Elle gère, entre autre, des
portefeuilles obligataires en veillant, à l'instar de tout investisseur
averti, à optimiser le rapport rendement/risque. Pour cela, les
responsables utilisent une batterie d'instrument de mesure, de
prévention et de couverture des risques, conformément aux
directives et circulaires des autorités de tutelle et aux objectifs
stratégiques fixés par la hiérarchie.
Dans ce qui suit, nous procéderons à
l'étude d'un portefeuille obligataire de simulation auquel seront
appliquées les méthodes de gestion pratiquées par
MEDIAFINANCE. Mais, auparavant, nous ferons une présentation de cet
organisme afin de pouvoir le situer dans le champ des établissements
bancaires et du marché financier.
Section 1 : présentation de
MEDIAFINANCE
1- historique :
Au sens de la loi bancaire marocaine relative au marché
obligataire du 20 juillet 1995, MEDIAFINANCE est considérée comme
une Banque, au capital initial de 100 MDHS, autour d'un actionnariat
composé lors de sa création de : BCP, BMCE, CPR, SFI, CDG
Capital, SGMB, WAFABANK et AXA ALAMANE.
L'origine de la création de MEDIAFINANCE s'inscrit dans
la volonté des autorités monétaires, des grandes banques
marocaines et de la Société Financière Internationale
(SFI), de moderniser l'organisation du marché financier local, notamment
le compartiment des taux d'intérêt et des instruments de la dette
négociable.
Membre à part entière du Groupement
Professionnel des Banques du Maroc (GPBM), elle est soumise à l'ensemble
de la réglementation administrative et prudentielle
édictée par Bank Al Maghrib. Devenue opérationnelle depuis
1996, MEDIAFINANCE a joué un rôle important dans le
démarrage et le développement du marché des Titres de
Créances Négociables. Disposant du statut de banque
agréée, l'activité de MEDIAFINANCE se focalise sur toute
la gamme des produits de taux des marchés monétaires et
obligataires.
Désignée, depuis le début 1997, comme
Intermédiaire en Valeurs du Trésor (IVT), MEDIAFINANCE est un
intervenant majeur sur les marchés Primaire et Secondaire de la dette
publique négociable. A ce titre, elle est un partenaire et conseiller du
Trésor Public dans le cadre de ses opérations de financement par
appel au marché. Membre du groupe banques populaires, depuis 1998 suite
au rachat par la BCP des parts des banques fondatrices, MEDIAFINANCE
intègre la stratégie du Groupe des Banques Populaires.
2- actionnariat :
Nb : La BCP détient 100% du capital d'Upline
Group
3- fiche signalétique :
- Dénomination :
MEDIAFINANCE
- Siège social : 3, Rue Bab El Mansour, Espace
Porte d'Anfa
Immeuble C-
Casablanca
- Immatriculation RC : 74959
- Patente : 35605762
- IF : 01085107
- CNSS : 2357467
- Forme juridique : Société
Anonyme à Directoire et Conseil de
Surveillance
- Capital : 206 500 000,00 DH
- Date de constitution : 27 Mai 1996
- Statut juridique : Banque,
par arrêté du Ministère des Finances en
date du 20
juillet 1995.
4- activités et missions de MEDIAFINANCE :
MEDIAFINANCE joue le rôle d'intermédiaire en
Valeurs de Trésor, c'est-à-dire qu'elle fait partie d'un
réseau spécialisé d'opérateurs qui sont choisis
parmi les institutions financières les plus dynamiques sur le
marché des adjudications, afin de contribuer à l'animation du
marché primaire des adjudications.
MEDIAFINANCE a pour vocation principale d'opérer en
tant que banque de marché spécialisée sur l'ensemble des
compartiments du marché des capitaux et plus particulièrement les
marchés des taux d'intérêts. Elle est présente en
particuliers sur :
- Le marché interbancaire, marché
monétaire et marché du REPO
- Les marchés primaire et secondaire des Valeurs du
Trésor dans le cadre du statut d'IVT
- Le marché primaire obligataire et de TCN :
Conseil et placement
- Le marché obligataire secondaire : animation et
contrat de liquidité
- Le conseil en gestion pour compte de tiers
- Le marché de produits dérivés :
développement de sous-jacents et opérations de gré
à gré
De plus, son rôle s'étale au marché
secondaire en tant que « teneurs des marchés » ou
« market-markers ».
a- les missions de MEDIA FINANCE :
MEDIAFINANCE ainsi que tous les IVT ont pour
missions :
1- De contribuer activement au développement du
marché primaire et secondaire ;
2- D'assurer la liquidité du marché ;
3- De contribuer à une meilleure adéquation
entre les titres proposés par le trésor et les besoins des
investisseurs ;
4- De diffuser des informations auprès des
investisseurs et du trésor concernant :
v Les titres existants sur le marché ;
v Les conseils d'investissement ;
v La politique d'émission ;
v L'analyse de l'évolution des besoins en volume et en
produit ;
v Les maturités des titres ;
v Les volumes de la demande.
5- En plus de son rôle en tant qu'IVT, MEDIAFINANCE
offre à ses clients une gamme diversifiée de services. A
savoir :
v La gestion des placements de trésorerie,
v La gestion des placements à moyen et long terme,
v Le conseil et l'assistance technique de sa
clientèle,
v L'analyse des taux.
b- les activités de MEDIA FINANCE :
Concrètement, la liste non exhaustive des
activités exercées de manière courante par MEDIAFINANCE
est comme suit :
- La Gestion du bilan pour compte propre ;
- L'Intermédiation et le Market-Making sur Valeurs du
Trésor, Titres Obligataires et de Créances
Négociables ;
- Activité sur Cash / marché monétaire
pour financement du bilan propre ;
- Marchés primaire et secondaire des Titres de
Créances Privés ;
- Conseil et Corporate ;
- Dépositaire pour le compte d'investisseurs
institutionnels.
MEDIAFINANCE a pour activité générale
d'agir comme une banque de marché spécialisée dans
l'ensemble des compartiments du marché des capitaux et plus
particulièrement les marchés de taux pour toutes les
maturités.
Par ses activités d'intermédiations, de
placements, d'arbitrages, de gestions et de conseils, elle entend contribuer au
développement et à l'efficience du marché des capitaux au
Maroc, en s'intégrant parfaitement à la dynamique
financière générale du pays, aujourd'hui reconnu à
l'échelle internationale comme marché émergent.
Dans cette perspective, les préoccupations
stratégiques de MEDIAFINANCE sont focalisées sur
l'amélioration constante de la liquidité de la dette
négociable ; de la cohérence de la courbe des taux et de
l'interaction entre le marché boursier et le marché
monétaire et obligataire, ainsi que sur l'innovation en matière
de produits de couverture des risques et d'optimisation financière
adaptée au contexte réglementaire et économique local.
Grâce à son statut de banque, MEDIAFINANCE agit
ainsi comme une passerelle entre les différents compartiments du
marché des capitaux, avec les marchés internationaux, entre les
différents acteurs du système financier à savoir : les
banques, les Organismes de Placements Collectifs de Valeurs
Mobilières(OPCVM), les investisseurs institutionnels, et entre le
système financier et les opérateurs économiques.
5- organigramme et structure :
L'organisation opérationnelle des banques est assez
identique que l'on parle de « banque aux particuliers »,
« banque de Financement et d'Investissement » ou bien de
« gestion d'actif », elles sont composées de 3
grands services :
Ø le Front Office ;
Ø le Middle Office ;
Ø le Back Office.
Nous allons tout particulièrement nous
intéresser à l'organisation de MEDIAFINANCE et mettre en avant
les différents types de contrôle mis en place.
* Front Office : Salle des
Marchés : La Salle des marchés
représente l'interface de MEDIAFINANCE dans ses transactions sur les
différents marchés. Elle est constituée de traders
(négociateurs) qui s'occupent de la gestion des portefeuilles propres et
ceux des clients de MEDIAFINANCE. Et sur la base des états journaliers,
la gestion des portefeuilles de titres se fait à l'aide d'un logiciel
« Front to Back » appelé ARPSON (en cours de remplacement par
PERENITY).
Par ailleurs toute opération effectuée par le
Front Office donne naissance à un document appelé « ticket
de l'opération » contenant toutes les informations
nécessaires relatives à la transaction.
La cellule des Etudes Economiques Recherche et
Ingénierie est chargée d'une analyse minutieuse du marché
des taux en se basant sur des analyses macro-économiques ; des
prévisions financières et une évolution anticipée
des conditions de marché. Elle s'occupe aussi de la création et
du développement de nouveaux produits financiers susceptibles d'animer
le marché obligataire national en procédant dans ce sens à
des études de faisabilité et à des études
techniques relatives à ces produits.
* Back office : c'est un
service de contrôle s'occupant de la bonne exécution des
opérations effectuées par le front office ainsi que :
- Le suivi et gestion des portefeuilles des comptes
propres et de la clientèle ;
- La gestion des retombées de coupons des titres
propres et ceux de la clientèle ;
- La tenue et la gestion des flux du passif financier de
MEDIAFINANCE : ce sont les engagements REPOS ;
- L'édition des confirmations des
transactions ;
- L'établissement des ordres de règlement et de
livraison ;
- L'établissement d'un rapprochement quotidien entre
les stocks titres de MEDIAFINANCE, et les stocks titres chez le
dépositaire centrale (MAROCLEAR).
* Service informatique :
ce service se charge de la mise en oeuvre des projets
informatiques, la maintenance et l'évolution des applications mises en
oeuvre ainsi que la gestion des moyens matériels. Tels sont les axes de
travail de ce service.
Le service informatique a pour mission :
ü D'assurer la sécurité des données
de MEDIAFINANCE ;
ü Automatiser les tâches quotidiennes de
MEDIAFINANCE ;
ü Télétransmission entre MEDIAFINANCE et
MAROCLEAR.
Par la même occasion, le système d'information de
Media Finance subi une période de transition de la plateforme ARPSON
vers la plateforme PERENITY MARKET. Cette nouvelle plateforme, qui en fait une
application informatique SAP, permettra de flexibiliser davantage les flux
d'information avec les applications. A la différence de l'ancienne
plateforme, elle peut, en plus de la comptabilité des titres, traiter la
comptabilité générale.
MEDIAFINANCE dispose des technologies informatiques dernier
cri. Les traders utilisent dans la salle de marché un logiciel de
pricing qui s'appelle PRICER. Elle est connecté au réseau
international de transfère de fonds via le SWIFT.
* Direction Administrative et
Financière : Ce service s'occupe de tout ce qui
est comptabilité. Il gère les payes, les mutuelles et les
impôts. Il est tenu aussi de faire les arrêtés comptables
à la fin de chaque mois. Il réglemente les opérations
effectuées par la société et reporte le bilan mensuel.
Par ailleurs, on distingue deux types d'arrêtés
comptables obligatoirement tenus :
Ø Les arrêtés mensuels qui sont
adressés au BAM ;
Ø Les arrêtés semestriels et annuels qui
sont à la base des déclarations fiscales et qui font l'objet
d'une publication.
* Système de contrôle
Interne : ce système, dont chaque service est
rattaché fonctionnellement au président du directoire, se compose
de 3 fonctions distinctes :
Ø La fonction Contrôle Interne : par
délégation du directoire de MEDIAFINANCE, le Responsable du
contrôle interne anime et coordonne les différents processus et
veille au maintien de la qualité des différents dispositifs
internes en s'assurant, par le biais de contrôles appropriés:
- de l'application fidèle des consignes de
contrôle de la direction ;
- du respect par les collaborateurs des règles et
procédures d'engagement et de traitement ;
- du respect permanent des limites des indicateurs de risques
arrêtées par le Conseil de Surveillance.
Par ailleurs, le Responsable du contrôle interne
s'occupe de la détection de nouveaux risques, rend compte respectivement
à la direction, au comité d'audit et au Conseil de Surveillance
et assure le suivi des travaux correctifs des éventuelles faiblesses
relevées.
Il s'occupe également :
- de la mise en place de l'organisation du contrôle
interne avec l'élaboration du manuel des fiches de fonction et des
procédures du contrôle interne ;
- du suivi exhaustif du système du contrôle
interne ;
- du Risk Management (Gestion et suivi du risque de taux,
risque opérationnel, risque de liquidité, Bâle
II...) ;
- de la supervision et Contrôle tous les
arrêtés comptables (mensuels, trimestriels,..) ;
- de la conformité, Devoir de Vigilance et Lutte
Anti-Blanchiment de Capitaux ;
- du reporting réglementaire et
managériale ;
- de la gestion des rapports des déclarations
réglementaires de BAM&Interlocuteur avec les instances
réglementaires (M.F, BAM, CDVM, MAROCLEAR, ...) ;
- de la préparation du Comité d'Audit (Rapport
et PV) ;
- de la participation aux Conseils de Surveillance
(Présentation du volet Risque).
Ø La fonction Middle Office : chargé de
valider les opérations initiées par les opérateurs
(traders) dans la salle de marchés (front office) et de les transmettre
au post-marché (back office), après avoir vérifié
leurs conformités à la réglementation.
Ses principales tâches sont :
- Tenue et mise à jour des données de
référence du marché ;
- Saisie et validation des données relatives aux
opérations de marché générées par le
F.O. ;
- Vérification et validation de la position Compte
BAM ;
- Suivi et gestion « FIFO » du Portefeuille Titres
Compte Propre ;
- Suivi et gestion « matière » du
Portefeuille Titres Compte Propre & Clientèle ;
- Rapprochement F.O. & B.O. en termes de gestion de stocks
et de flux ;
- Tenue d'une situation miroir de trésorerie
quotidienne et des impasses anticipées à 1 an ;
- Tenue, gestion et contrôle des flux du passif
financier de Média finance : engagements Repo en cours, venant à
échéance ou engagés à terme... ;
- Vérification et validation des états fins jour
nivelé produits par le BO ;
- Portefeuille Titres compte propre, Echéanciers Repo
& RevRepo et Impasse de trésorerie ;
- Production des états de rapprochement des
résultats bruts sur transaction aux résultats obtenus en
comptabilité.
Ø La fonction Audit Interne : elle gère une
activité indépendante et objective qui donne une assurance sur le
degré de maîtrise des opérations. Elle apporte ses
conseils pour les améliorer et contribue à la création de
la valeur ajoutée.
Elle a pour charge le :
- Contrôle de troisième niveau afin de s'assurer
en permanence de l'efficacité du dispositif de contrôle
interne ;
- Examen des ressources existantes afin d'évaluer
l'efficacité du dispositif de contrôle interne ;
- Contrôle du respect à tous les niveaux des
procédures internes ;
- Planification des missions d'audit interne ;
- Collaboration avec les auditeurs externes, les
inspecteurs...etc ;
- Définition des règles du déroulement de
l'audit interne ;
- Elaboration du rapport annuel des activités de
l'audit interne.
Par ailleurs, le Responsable de l'audit interne a une
responsabilité de l'audit de la conformité et il est
suppléant dans la mise en oeuvre du devoir de vigilance.
Section 2 : gestion des risques obligataires chez
MEDIAFINANCE
MEDIAFINANCE, en tant que banque de gestion d'actif,
gère, entre autre, des portefeuilles obligataires en veillant à
optimiser le rapport rendement/risque. Pour cela, les responsables suivent
scrupuleusement les directives de BAM en matière de mesure, de
prévention et de couverture des risques. Parallèlement, et
conformément aux objectifs stratégiques fixés par la
hiérarchie, ils ont mis en place d'autres instruments tels que le delta,
le calcul des plus ou moins values sur titres et sur portefeuille et les stress
tests. En même temps, il faut signaler que les gestionnaires de cette
banque se préparent depuis 2006 à l'introduction par BAM de la
mesure des risques par le moyen de la VAR.
Ainsi, dans ce qui suit, nous allons prendre deux
portefeuilles obligataires fictifs : le premier constitué de BTN et
le deuxième d'obligations privées. Cependant, puisque la
méthode de calcul préconisée par BAM est la même,
nous limiterons notre travail à l'étude du portefeuille des bons
de trésors (BTN). Nous lui appliquerons les techniques de gestion telles
que pratiquées par les responsables de MEDIAFINANCE. Vous trouverez le
portefeuille des obligations émises par le secteur privé en
annexe, à titre d'information.
A noter que tous les calculs se feront au 31/12/2010 et qu'ils
sont automatisés grâce à une application Excel
développée en interne.
De ce fait, le classeur Excel contenant le portefeuille objet
de cette étude contient les feuilles suivantes :
* la courbe des taux de BAM au 31/12/2010 :
* la composition du portefeuille de BTN au
31/12/2010 :
* calcul du taux de valorisation et évaluation des
BTN au 31/12/2010 :
Pour les maturités pleines, les calculs se font
directement en fonction du taux fourni par la courbe des taux de BAM.
Pour les autres cas, on calcule un nouveau taux par
interpolation linéaire, en utilisant les trois dernières colonnes
du tableau ci-dessus. Ce calcul est automatisé dans l'application
Excel.
* calcul de la duration et de la
sensibilité :
Ces calculs se font directement sous Excel par les
fonctions : DUREE pour la duration ; et DUREE.MODIFIEE pour la
sensibilité.
Les résultats obtenus se présentent comme
suit :
Dans la gestion des risques obligataires chez MEDIAFINANCE, la
hiérarchie fixe des limites de duration et de sensibilité aussi
bien pour chaque ligne que pour le portefeuille entier. De ce fait, lorsque la
duration ou la sensibilité d'un titre dépasse la limite impartie,
le gérant de portefeuille doit liquider la position
considérée ainsi comme compromise ou dépassant le risque
accepté par la banque.
Si par exemple, la limite fixée est : D 4, les
cinq derniers titres (200 308, 200 549, 200 563, 200 578,
200 575) doivent être cédés et le portefeuille doit
être recomposé.
Si le portefeuille entier ne doit pas avoir une duration
supérieure à 2,5 par exemple, le gérant doit liquider les
positions qui ont une duration élevée jusqu'à passer en
dessous de la limite impartie.
Le même raisonnement pour la sensibilité.
Chez MEDIAFINANCE, le calcul des deux paramètres
imposés par la BAM, la duration et la sensibilité, est
complété par le calcul du Delta, des plus ou moins values et par
des stress tests.
Ø le delta : il donne la même indication de
risque que la sensibilité, sauf que la sensibilité est en
pourcentage alors que le Delta est en dirhams. Il se calcule selon la formule
suivante :
Les résultats obtenus se présentent
ainsi :
Ainsi, pour une sensibilité de 0,3524%, la banque
risque de perdre 1.508.476,51 Dhs sur l'ensemble des titres 200 777
détenus dans son portefeuille BTN.
Le montant global investi dans ce titre est égale
à 428.000.000 Dhs ; ce qui équivaut bien à un risque
de perte de 0,3524% de la valeur du portefeuille.
Ø Les plus ou moins values : la gestion des
risques au niveau de MEDIAFINANCE se fait également en calculant les
plus ou moins values sur chaque titre et en fixant des limites à ne pas
dépasser par ligne et par portefeuille. Cette plus ou moins value est
obtenue en faisant la différence entre la valeur réelle du titre
et sa valeur comptable. Chaque fois que la perte probable dépasse le
seuil fixé, la position doit être liquidée par le
gérant du portefeuille.
Les plus ou moins values calculées sur le portefeuille
étudié ici ainsi que les provisions correspondantes sont
données par le tableau suivant :
On constate que la moins value sur le titre 200 787
représente environ 6,5% de la valeur investie dans ce titre. Ce qui est
trop élevé. Le gérant, s'il a par exemple une limite de
moins value maximale de 5%, devra liquider cette position. Ce qui
ramènera sa moins value globale de 82.871.893 Dhs à 22.929.428
Dhs.
Ø Les stress tests : ce sont des « tests
de résistance bancaire ». Cette démarche s'inscrit dans
le cadre d'une approche macro-prudentielle qui cherche notamment à
quantifier les effets de chocs sur le système bancaire par
l'intermédiaire de « stress tests ». Ceux-ci correspondent
à des chocs de grande ampleur, tout à la fois vraisemblables mais
peu fréquents : récession, déviation importante du taux de
change, choc pétrolier, forte baisse des cours boursiers... Dans cet
objectif, on simule des variations importantes de la courbe des taux et on
analyse l'impact de cette variation sur la valeur du portefeuille détenu
par la banque.
Ce calcul se fait aisément grâce à
Excel : dans une feuille de calcul qui est une copie de celle qui a servie
aux calculs précédents, utilisant les taux de la courbe des taux
fournie par BAM, nous faisons juste modifier les taux de la colonne
« taux au 31/12/2010 » dans le premier tableau ; par
exemple, on simule une augmentation des taux de 20 points de base, 50 pb, 100
pb, ... et parallèlement une diminution de ces taux dans les mêmes
proportions. On obtient directement et instantanément les
résultats possibles. On a alors une idée sur l'évolution
probable de la valeur du portefeuille dans des cas extrêmes. Les
décisions sont alors élaborées à l'avance sur la
base des scénarii simulés. La banque ne sera pas par
conséquent prise au dépourvu. Tout est calculé par
avance !
B.A.M préconise de simuler une variation
parallèle des taux de #177; 200 pb de la courbe des taux. Les
résultats obtenus sont consignés dans les tableaux
suivants :
* cas N°1 : augmentation des taux de 200 pb
- la courbe des taux :
- la valorisation du portefeuille :
- les indicateurs de gestion :
On constate donc que pour une augmentation des taux de 200 pb,
la duration et la sensibilité du portefeuille s'améliorent mais
la valeur du portefeuille se dégrade fortement et entraîne la
constatation de provisions conséquentes.
* cas N°2 : baisse des taux de 200 pb
- la courbe des taux :
- la valorisation du portefeuille :
- les indicateurs de gestion :
On constate que lorsque les taux ont baissé
de 200 pb, tous les indicateurs se sont détériorés par
rapport à la situation de base.
Remarques et recommandations :
À l'issue de l'analyse que nous avons effectué
sur le portefeuille détenu par MEDIAFINANCE et que nous avons
complété par une discussion avec monsieur le responsable du
contrôle interne, nous pouvons avancer les remarques et recommandations
suivantes :
* MEDIAFINANCE calcule la duration et la sensibilité
pour ses différents portefeuilles. Cependant, l'usage qui en est fait
est discutable. En effet, si ces indicateurs sont pris en considération
pour les décisions concernant les portefeuilles investissement et
placement, il n'en est pas de même pour le portefeuille
spéculation. Ce qui entraîne nécessairement un manque
à gagner pour la banque sachant que la période au-delà de
la duration correspond à une immobilisation d'argent non
rentabilisée. Il serait donc plus judicieux de tenir compte de ces
paramètres même dans la gestion de ce portefeuille pour une
optimisation de la rentabilité du portefeuille ;
* À l'instar des autres banques, MEDIAFINANCE ne s'est
pas encore conformée aux recommandations de Balle II, prévue pour
2013 ; ce qui peut être un facteur d'aggravation des risques
encourus par la structure dans la mesure où la gestion des risques
serait encore imparfaite ou incomplète ;
* Il serait préférable de faire un
« stress test » basé sur une simulation dynamique.
Ce stress test devrait être basé sur hypothèse plus
détaillées de l'évolution future des taux en prenant en
considération les différentes sources de risques de taux. Ces
hypothèses qui sont relative aussi aux évolutions
éventuelles du portefeuille doivent inclure non seulement les encours
(l'ancienne production nouvelle) mais également les futures productions
nouvelles, l'écoulement de stock (clauses optionnelles...) ;
* Il faudrait établir un système de limites de
risques sous forme d'indicateurs de risques de taux. Ces indicateurs seraient
exprimés en position nominale ou, pour que le système de limites
soit plus opérationnel, en perte maximale ;
* Il serait plus intéressant de mettre en place un
indicateur synthétique, de type VAR, pour une meilleure gestion des
risques obligataires. La vision des dirigeants n'en serait que plus claire et
la prise de décisions plus facile, plus rapide et plus
efficace ;
* Il faudrait mettre en place une gestion active du
portefeuille car même si la détention des obligations
jusqu'à leur échéance garantie à
l'établissement la perception des revenus prévus, elle ne
protège pas contre des variations extrêmes des taux comme
démontré dans le stress test à moins 200 pb.
On constate donc un certain décalage entre la gestion
de portefeuille telle que pratiquée au niveau international et la
pratique de la gestion de portefeuille au sein des établissements
financiers marocain. Cela peut se comprendre dans la mesure où cette
pratique est relativement récente au Maroc, d'une part ; et le
marché des capitaux marocain est peu risqué comme on a pu s'en
rendre compte lors de la dernière crise financière mondiale,
d'autre part.
N'empêche que les autorités marocaines
n'entendent pas en rester à ce niveau et que les établissements
financiers sont plus prudents et utilisent un nombre d'indicateurs
supérieur à celui exigé par BAM.
Par ailleurs, BAM introduira incessamment le calcul de la VAR
dans la panoplie des instruments de gestion des risques obligataires au Maroc.
Toutefois, nous pensons que l'obstacle qui pourrait se mettre de travers de
cette initiative est le nombre très important de données
historiques sur lesquelles se base le calcul de la VAR, soit au moins 5.000
observations. Ce qui revient à dire qu'il faut être en possession
de données sur les prix des obligations en circulation sur le
marché obligataire concernant plusieurs années ( 5000/250 soit
environ 20 ans !!).
Ces données seraient plus faciles à collecter
pour les actions. Certainement que BAM introduira d'abord l'obligation
d'utiliser ce paramètre très performant et largement utiliser au
niveau mondial (USA, Europe,...) depuis 1993, pour la gestion des risques au
sein des portefeuilles actions. Les obligations suivront peut être avec
un léger retard. Mais, c'est juste mon intuition tout ça !
CONCLUSION GENERALE :
Au terme de ce modeste travail qui nous a permis de faire le
point sur la situation de la gestion des risques obligataires tant au niveau
national qu'au niveau international, nous ne pouvons que constater que
l'environnement financier évolue à un rythme difficile à
cerner et à suivre, notamment les marchés qui eux, sont
marqués depuis ces dernières années, la fin des
années 80 au Maroc, par une forte déréglementation et une
tendance à la globalisation, comme en témoigne le 1er
salon des « Fonds d'Investissements au Maghreb » tenu
à Casablanca le 12 janvier 2010.
Le gérant obligataire est astreint, tant pour des
raisons financières et économiques que pour des raisons
juridiques, à suivre de près cette évolution qui se
traduit par l'émergence de nouveaux produits financiers, l'apparition de
nouvelles méthodes de gestion et le changement de la
réglementation en vigueur.
Dans les fonds d'investissement et les grandes banques, la
gestion de portefeuille prend la forme d'un processus décisionnel qui
commence, dans le respect strict des directives et circulaires de BAM, par la
fixation des objectifs, se poursuit par le choix de la stratégie la plus
adaptée, et se termine par un certain nombre de choix tactiques. Le
contrôle doit s'effectuer en permanence afin de rester toujours en
conformité avec les prescriptions de BAM, et d'apporter les
modifications et rectifications nécessaires à l'atteinte des
objectifs assignés par la hiérarchie.
Ainsi, une fois les concepts théorique
maitrisés, il convient de les mettre en pratique, tout en veillant
à les adapter au contexte dans lequel ils s'appliquent. En effet, les
obligations émises sur le marché financier marocain sont peu
liquides et se négocient le plus souvent de gré à
gré. Le dynamisme du trésor sur ce marché n'y apporte pas
vraiment une solution dans la mesure où ces valeurs sont prisées
et ne se négocient que très rarement. Concernant le marché
des obligations Corporate, il reste réservé à de gros
émetteurs du secteur public principalement, mais également les
grandes entreprises privées, comme celles que vous trouverez dans
l'annexe comportant le portefeuille obligations Corporate de Mediafinance.
L'étude de l'exemple que nous avons pris nous permet
d'affirmer qu'une gestion des risques obligataires ne serait réussie que
si celui qui la pratique est en mesure de comprendre l'organisation et le
fonctionnement des marchés où il est susceptible de prendre
position, d'analyser les actifs financiers obligataires (leurs
caractéristiques, les déterminants de leur valeur et les facteurs
de risques associés) et de maitriser tout son processus.
Nous avons, par ailleurs, constaté que l'application
d'une gestion de portefeuille obligataire se trouve limitée par les
caractéristiques du marché financier marocain. Dans ce contexte,
la politique des banques consiste souvent en l'achat de titres en vue de les
garder jusqu'à échéance (c'est le buy and hold). Leur
rôle s'apparente plus à l'administration des titres qu'a la
gestion, et la rentabilité de leurs portefeuilles se trouve
limitée au rendement courant.
Ainsi, l'optimisation de la gestion des risques obligataires
conduit le gérant à chercher une structure permettant d'atteindre
le meilleur rendement possible pour le niveau de risque fixé par la
hiérarchie, ou inversement, de prendre le minimum de risque possible
pour la réalisation de la performance visée.
Concernant les techniques de couverture des risques
obligataires, elles sont quasi-inexistantes ! Nous ne en avons entendu
parler à aucun moment lors de l'étude du cas pratique, si l'on
exclu un semblant de référence à l'assurance de
portefeuille qui serait appliquée par Mediafinance. Mais cela reste
à prouver !
Notons que le marché des options reste embryonnaire. La
« BMCE Capital » a été la première
banque au Maroc à lancer les options sur actions
destinées uniquement aux résidents marocains (l'Economiste,
Édition N° 2476 du 02/03/2007). Jusqu'à ce jour, ce produit
n'a pas été étendu aux obligations.
Tout cela nous amène à dire que la gestion des
risques obligataires est un domaine encore
« ésotérique » au Maroc. Beaucoup d'efforts
restent à faire tant au niveau conceptuel qu'au niveau pragmatique. De
ce fait, on est en droit de se poser certaines questions de types :
- Quelles sont les nouvelles méthodes de gestion
obligataires susceptibles de contribuer au développement du
marché financier marocain?
- Quel serait l'apport de l'utilisation des instruments de
couverture contre les risques de marché dans le contexte marocain ?
- Ne faut-il pas mettre en place une politique plus
volontariste visant à inciter les entreprises privées à
recourir au financement par le marché ;
- Ne serait-il pas judicieux d'organiser des séances de
vulgarisation et d'information sur le marché de la dette privée
afin de créer un climat de confiance entre entreprises et ménages
(épargnants en général) ;
- le Trésor ne devrait-il pas faire un effort dans le
sens de coordonner le calendrier des émissions de titres publics avec
ceux des entreprises privées afin d'éviter l'effet
d'éviction ;...
La volonté de trouver réponse à ces
questions doit être multilatérale : les entreprises doivent
être imprégnées d'un esprit de communication
institutionnelle et opter pour une introduction massive en bourse ; de
leur coté, les banques doivent mettre en place une organisation efficace
pour conseiller et accompagner aussi bien les entreprises que les
ménages, et pour gérer les actifs (pour propre compte ou pour le
compte de tiers). Quant à l'Etat, il doit jouer pleinement son
rôle de garant de la solidité du système financier pour
effacer les dernières réticences des particuliers à
investir leur épargne dans les obligations Corporate.
ANNEXE : titres de créances
privés TCN
OBL : obligations
BSF : bons des sociétés de financement
CD : certificats de dépôt
Ces titres sont gérés de la
même manière que les BTN : même courbe des taux,
mêmes indicateurs de gestion,...
BIBLIOGRAPHIE :
Livres :
F.MISHKIN, « Monnaie, banque et marchés
financiers », 8ème édition, Ed. Nouveaux
Horizons, 2008.
Z. BODIE & R.MERTON, « Finance »,
2ème édition, Ed. Nouveaux Horizons, 2007.
H. de LA BRUSLERIE, « Gestion Obligataire,
T2 », 2ème édition, Ed. Economica, 2006.
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P.VERNIMMEN, « Finance d'entreprise »,
5ème édition, Ed. Dalloz, 2002.
Articles et publications :
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obligations ; Présentation à l'usage des investisseurs
particuliers », Octobre 2009.
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investisseurs sur le marché financier marocain : cas des
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2007/2008.
F. BOUKROUH, « gestion de portefeuille
obligataire », Mémoire de fin d'études en vue de
l'obtention du Diplôme Supérieur des Etudes Bancaires, BANQUE
D'ALGERIE Ecole Supérieure de Banque, Octobre 2008.
A. BEZAT & A. NIKEGHBALI, « La théorie des
extrêmes et la gestion des risques de marché », ENSAE,
Mai 2000.
Alfredo H. CONTE-GRAND, « la gestion des risques au
sein du portefeuille, l'impact de la crise sur les fonds de pensions en
Argentine », Association internationale de la sécurité
sociale, Conférence internationale sur l'investissement des fonds de la
sécurité sociale, Mérida, Mexique, 27-28 septembre 2005.
A. ADEM & A. BENOIT, « Méthodes de Calcul
de la Value-at-Risk », Master ESA, Université d'Orléans
: Janvier 2007
GUY LÉVY-RUEFF, « Portée et limites
des VAR publiées par les grandes institutions
financières », Banque de France, Revue de la stabilité
financière N° 7 pp 81-98, Novembre 2005.
Directives et Circulaires et BAM :
Directive DN 30G-2007
Circulaire 40-G-2007
LC n° 1 .DSB.2009 157-partie1
LC n° 1 .DSB.2009 157-partie2
Sites internet:
http://www.cdvm.gov.ma
http://www.finances.gov.ma
http://www.bkam.ma
http://www.vernimmen.net
http://www.lafinancepourtous.com
http://fr.wikipedia.org
http://financebanque.blogspot.com
http://www.fimarkets.com
http://controledegestion.org
PLAN :
INTRODUCTION GENERALE
......................................................... 5
PREMIERE PARTIE :
....................................................................
7
CONCEPTS DE BASE DE LA GESTION
DES RISQUES OBLIGATAIRES
Chapitre préliminaire : l'environnement de la gestion
obligataire .................... 9
Section 1 : organisation de la gestion d'un portefeuille
obligataire.... 10
1- le processus de prise de
décision ................................... 10
2- la place et les rôles du
gérant ....................................... 11
3- le choix d'organisation et mode de
gestion ....................... 12
Section 2 : indicateurs de gestion des obligations
classiques .......... 13
1- la
maturité .............................................................
13
2- la duration
............................................................. 13
3- la sensibilité
........................................................... 14
4- la convexité
............................................................ 15
Section 3 : typologie des risques obligataires
............................ 16
1- la définition des risques spécifiques
............................... 16
2- la définition du risque systématique ou risque
de taux .......... 16
Chapitre 1 : la VAR comme instrument de mesure du risque de
valeur ............. 19
Section 1 : caractéristiques du risque de valeur
........................... 20
1- l'horizon de
temps .................................................... 20
2- la volatilité
............................................................. 20
Section 2 : détermination de la VAR d'un portefeuille
obligataire ..... 22
1- définition
............................................................... 22
2- caractéristiques
......................................................... 22
3- méthodes de calcul
.................................................... 23
a- les méthodes paramétriques
................................... 23
b- les méthodes semi-paramétriques
............................ 23
c- les méthodes non-paramétriques
.............................. 24
Section 3 : limites de la VAR
................................................ 25
Chapitre 2 : les techniques de gestion du risque de valeur
des obligations .......... 28
Section 1 : identification des facteurs de risque
obligataire ............. 29
1- l'évolution du niveau des taux d'intérêt
............................ 29
2- les changements dans la forme de la courbe des taux
............ 30
a- les déplacements en
twists .................................... 30
b- les déplacements en
papillon ................................. 32
3- les variations des écarts de rendement dans / entre les
secteurs.. 33
4- les changements dans les écarts de rendement pour un
instrument particulier
.......................................................... 34
Section 2 : couverture par les contrats à terme
...... ...................... 35
1- la notion de couverture (hedge)
....................................... 35
2- la détermination des ratios de
couverture ........................... .37
a- l'utilisation de la duration
..................................... .37
b- le ratio de couverture de variance minimum ................
.39
3- l'efficacité de la couverture
........................................... 40
Section 3 : couverture par les options
........................................ 41
1- le fonctionnement des options
......................................... 41
2- l'utilisation des options
................................................. 43
3- l'évaluation de la couverture par les
options ......................... 46
a- la protection d'un portefeuille à l'aide de
putts ............. 46
b- l'amélioration de rendement à l'aide de calls
............... 47
DEUXIEME PARTIE
: .....................................................................
49
MARCHE OBLIGATAIRE MAROCAIN ET CADRE
D'ANALYSE
CAS DE LA BANQUE DE GESTION
D'ACTIFS : MEDIAFINANCE.
Chapitre 1 : l'environnement de la gestion obligataire au
Maroc ........................ 51
Section 1 : marché obligataire au
Maroc .................................... 52
1- la structure du marché obligataire au Maroc
......................... 52
2- les établissements admis à présenter les
soumissions aux
adjudicataires ...................................................................
54
3- les principales étapes pour le
marché obligataire marocain ...... 55
4- les principaux résultats obtenus
....................................... 55
Section 2 : cadre réglementaire de la gestion
des risques obligataires ...57
1- les sources et effets du risque de taux d'intérêt
..................... 57
a- les sources du risque de taux d'intérêt
........................ 57
b- les effets du risque de taux d'intérêt
.......................... 58
2- les pratiques d'une saine gestion du risque de taux
d'intérêt ...... 58
a- la surveillance du risque de taux par les organes
d'administration et de direction ................................ 59
b- les politiques et procédures adéquates de
gestion du risque de taux
d'intérêt .................................................
60
c- les systèmes de mesure et de contrôle du risque
de taux d'intérêt
........................................................... 60
d- un système approprié de contrôle interne
.................... 62
3- le Reporting destiné à Bank Al Maghrib
............................. 63
a- les modalités et règles d'élaboration des
états de reporting relatifs au risque de taux
d'intérêt ............................ 63
b- les modalités d'utilisation des approches de mesure du
risque de taux
d'intérêt .................................................
64
Chapitre 2 : gestion obligataire chez MEDIAFINANCE
.................................. 68
Section 1 : présentation de
MEDIAFINANCE ............................. 69
1- historique
................................................................. 69
2-
actionnariat ...............................................................
69
3- fiche signalétique
....................................................... 70
4- activités et missions de
MEDIAFINANCE ......................... 70
a- les missions de MEDIAFINANCE ............................
71
b- les activités de MEDIAFINANCE
............................ 71
5- organigramme et structure
............................................. 72
a- organigramme de MEDIAFINANCE ......................... 72
b- structure d'organisation
......................................... 72
Section 2 : gestion des risques obligataires chez
MEDIAFINANCE .... 76
CONCLUSION GENERALE
................................................................ 86
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE
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