1.2. PROBLEMATIQUE.
Les programmes d'aménagement forestier se sont
focalisés sur le bois d'oeuvre, marginalisant ainsi les autres produits.
L'aménagement forestier a progressivement signifié «
l'aménagement pour le bois d'oeuvre » (Wong et al., 2001).
Selon Mbolo (2002), les inventaires qui sont faits au Cameroun par l'Office
National de Développement des Forêts (ONADEF) ne concernent que
les arbres et le protocole est conçu pour l'évaluation des
volumes de bois d'oeuvre.
Lorsqu'on parle de ressource forestière, on pense
d'abord au bois et ensuite aux ressources fauniques. Les productions
secondaires de nature animales et les PFNL de nature végétale ont
souvent été négligés à cause de leur
caractère informel et de l'étroitesse de leur marché.
Depuis l'introduction du cacaoyer au Cameroun en 1886
(Gockowski et Dury, 1999), l'objectif principal des agroforêts à
base de cacaoyers a été la production de cacao. Pourtant, les
agroforêts à base de cacaoyer regorgent non seulement des tiges de
cacaoyer, mais aussi des essences forestières productrices des produits
forestiers non ligneux (Dacryodes edulis, Irvingia gabonensis,
Ricinodendron heudolotii, Cola spp., Elaeis guineensis, etc.), les
essences ligneuses de haute valeur commerciale et les arbres fruitiers
conventionnels (Mangifera indica, Persea americana, Citrus sp.)
(Sonwa, 2003).
Tous ces produits en général, les PFNL et les
fruits conventionnels en particulier sont, économiquement rentables et
peuvent contribuer à l'augmentation et la diversification des revenus du
cacaoculteur. Doumenge (1998) affirme à ce sujet que le secteur des PFNL
est un secteur économique de grand potentiel et en plein essor au
Cameroun. Il conclue que le commerce des PFNL serait plus profitable que celui
des produits vivriers.
Le cacao se récolte et se vend dans la période
allant du mois d'août à novembre (Van den Berg et Biesbrouck,
2000). Après cette vente, les cacaoculteurs connaissent au cours de
l'année, une période dite « saison morte », pendant
laquelle la consommation des produits forestiers augmente (Arnold et
Perez,1999).
Depuis 1988, les prix du cacao ont baissé de
façon drastique ceci a amené certains planteurs à
abandonner leurs plantations (Van Dijk, 1999). Suite aux fluctuations sur le
marché international du prix du cacao et à la dévaluation
du FCfa survenue en 1994, les planteurs essaient de s'appuyer sur les autres
sources de revenu de leurs cacaoyères. Ils profitent ainsi des PFNL dont
certains font partie de la structure de leurs agroforêts (Sonwa et
al., 2001a). Les activités économiques
basées sur les produits forestiers à valeur marchande peuvent se
dérouler de manière saisonnière, tout au long de
l'année, voire occasionnellement lorsque les besoins en argent se font
sentir (Arnold et Perez, 1999).
Ces difficultés ont amené l'Institut
International d'Agriculture tropicale (IITA) à mettre en place le
programme Cacao durable (STCP) avec pour objectif de maintenir la production
à long terme des cultures pérennes, comme le cacaoyer tout en
conservant la diversité biologique. Cette préoccupation rentre en
droite ligne des objectifs de la convention sur la diversité biologique
qui recommande de tenir compte de tous les produits forestiers dans
l'évaluation des forêts.
L'accès à la ressource dans les forêts
secondaires est libre. Cette situation peut entraîner une forte pression
sur la ressource et constitue de ce fait une menace pour la gestion durable.
Dans les forêts communautaires, la gestion de la ressource est
communautaire alors qu'elle est individuelle dans les agroforêts à
base de cacaoyers. Les PFNL des AFC procurent des aliments, des plantes
médicinales et des revenus. Contrairement à l'exploitation
forestière, la récolte des PFNL ne cause pas une grande
dégradation de l'environnement forestier, bien que ce ne soit pas
évident que les taux de prélèvement soient
écologiquement durables (Hall et Bawa, 1993).
La question que nous pouvons nous poser est de savoir si les
autres produits ou `récoltes cachées' trouvés dans les AFC
tels que les PFNL peuvent être intégrés de façon
efficace dans les systèmes de production de manière à
diversifier les sources de revenus du cacaoculteur. En d'autres termes :
1. quels sont les différents types de PFNL et arbres
fruitiers conventionnels trouvés dans les agroforêts à base
cacaoyers ?
2. quelles sont les différentes utilisations que le
cacaoculteur en fait ?
3. quelles sont les stratégies de conservation et de
gestion durable adoptées par les cacaoculteurs pour que les PFNL entrent
dans leurs systèmes de production ?
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