1.6.3 La relation d'aide aupr~s de la personne
amputée d'un membre inferieur.
Nous ne parlerions ici essentiellement que d'aspect
psychologique auprés des patients amputés d'un membre
inférieur en situation de deuil, car cela nous concerne directement dans
pratique quotidienne du psychologue clinicien.
a) La relation d'aide et la situation de
crise du patient amputé d'un membre
inférieur.
DREVET S. et al (1998-2002 :24) appelle la situation de crise
« une période de désorganisation majeure, survenant
à la suite d'un évènement menaçant, réel ou
perçu comme tel, et provoquant une augmentation importante du niveau
d'anxiété et de vulnérabilité » La crise
survient apres l'évenement, en période post opératoire
directe. Pendant cette période, le problème essentiel est que la
personne ne peut mobiliser ses mécanismes de défense habituels,
ce qui la bloque encore plus et la rend incapable d'agir correctement pour
résoudre ses difficultés.
Nous pouvons alors faire le lien avec les stratégies
d'adaptation individuelle inefficaces qui se définit d'apres CAPERNITO
L.J. (1995 :361) comme « une situation oft une personne est incapable
ou risque d'tre incapable de réagir de façon adéquate
à des facteurs de stress intrinsèques ou extrinsèques par
manque de ressources sur le plan physique, psychologique, comportemental et/ou
cognitif» Cela montre bien que la situation de crise soit fait perdre
tous
les moyens déjà acquis, soit renforce les
difficultés face aux évènements stressants (amputation
d'un membre inférieur).
La crise survient lorsqu'une personne ne possede pas les
informations nécessaires ou lorsqu'elle les interprète mal, ou
encore n'arrive pas à les distinguer d'expériences
antérieures. Elle peut également être provoquée par
la survenue d'un événement indésirable qui affecte
profondément la personne. L'opération aboutissant à
l'amputation d'un membre inférieur est perçu comme une situation
de crise : elle bouleverse totalement la personne sur les plans physique et
psychologique. L'objectif en situation de crise sera d'aider la personne
à retrouver son état d'équilibre intérieur. Le
patient peut présenter de l'anxiété, du stress, une
incapacité à résoudre ses problèmes, une
dégradation de la vie sociale, des comportements auto ou
hétéro destructeurs, une difficulté à demander de
l'aide et à répondre à ses besoins fondamentaux.
b) La relation d'aide et le travail de deuil du
patient amputé d'un membre inférieur.
Il s'agit tout d'abord d'évaluer l'individu et ses
difficultés, en lui parlant mais surtout en l`écoutant, en lui
offrant un soutien : on l'incitera à lui faire verbaliser ce qu'elle
ressent par rapport à l'amputation et ce qu'elle implique, tout en
adoptant une attitude empathique. Il est également important de la
valoriser par exemple lorsque la personne fait des progrès dans
l'adaptation à sa nouvelle situation : cela contribue beaucoup à
l'estime et à la confiance en soi.
CARPENITO L.J. (1995 :365) propose dans les situations de
crise qu' « il faut mettre en place une démarche pour que la
personne résolve ses problèmes ». Nous connaissons
déjà la cause de la crise : l'intervention qui a aboutit à
l'amputation de son membre. L'important est d'aider la personne à
identifier les difficultés qu'elle éprouve par rapport à
cela. On mettra également ses ressources en valeur afin de les mobiliser
et de lui faire trouver des solutions pour rétablir l'équilibre
antérieur. On pourra alors discuter des possibilités qui
s'offrent à elle afin qu'elle choisisse la plus adaptée. De
même, il faut encourage le patient à s'intéresser à
nouveau au monde extérieur afin de conserver le lien social et
d'éviter un néfaste repli sur soi
Les pertes liées à l'amputation d'un membre
inférieur, entraînent chez la personne amputée un travail
de deuil à propos des pertes de son membre, de son image corporelle et
de ses potentialités physiques. Selon CARPENITO L.J., il existe trois
sortes de deuils :
Le chagrin (deuil) : CARPENITO L.J. (1995
:66) « réaction humaine naturelle (psychologique et
physiologique) d'une personne ou d'une famille à une perte réelle
ou ressentie ». Ceci se produit chez la personne qui vient
d'être amputée d'un membre inférieur : elle prend compte
des modifications apportées à son corps, ce qui constitue un choc
et l'entrée dans un travail de deuil.
Le chagrin (deuil) par anticipation :
CARPENITO L.J. (1995 :73) « est une réaction d'une personne ou
d'un groupe de personne à une perte avant qu'elle ne se produise
». Cette situation est vécue par la personne future
amputée en attente de son intervention: elle commence à
travailler sur elle-même à propos des différentes pertes
qu'elle va subir.
Le chagrin (deuil) dysfonctionnel : CARPENITO
L.J. (1995 :71) le décrit comme « une situation où une
personne ou un groupe de personnes n'arrive pas à résoudre son
deuil et présente des comportements néfastes ». Cela
concerne les personnes qui n'ont pas su faire face à la nouvelle
situation, et qui ne sont pas dans le processus de deuil ou y restent trop
longtemps. Les réactions suite au traumatisme sont excessives,
prolongées et problématiques. Cela peut se produire chez la
personne amputée d'un membre inférieur qui ne s'est toujours pas
acceptée avec sa nouvelle image, sa nouvelle physiologie.
Pour permettre la meilleure compréhension de notre
travail de recherche nous avons fait la présentation de quelques
concepts et théorie en faisant référence aux idées
de différents auteurs. Ces derniers soulignent les différentes
théories en rapport avec le vécu d'une personne en situation de
crise. Le vécu des patients récemment amputés d'un membre
inférieur a attiré notre attention au cours de ce premier
chapitre, à cela s'ajoute les mesures d'une meilleure prise en charge
psychologique de ces patients.
Après la présentation de la revue de
littérature, il convient de décrire la méthodologie qui a
été suivie au cours de notre travail de recherche.
|