4- L'arabe marocain dans la publicité; quelles
perspectives?
N'importe qui se promène dans les rues de nos villes,
feuillette les pages des journaux, écoute la radio, regarde la
télévision, navigue sur des sites ou des blogs sur Internet
s'aperçoit de la présence massive de l'arabe marocain (la
dârija), une langue non standardisée qui apparait au fur et
à mesure comme un code préféré pour les annonceurs
pour diffuser leurs annonces publicitaires. Ainsi, la montée excessive
de l'arabe marocain dans la publicité en particulier et dans les
médias en général menace-t-elle l'arabe standard, langue
constitutionnelle du pays? Peut-on parler d'une concurrence entre l'arabe
marocain et l'arabe standard dans le champ médiatique? Quel futur
peut-on envisager pour l'arabe marocain dans les médias?
A partir des années 2000, l'arabe marocain commence
à envahir le champ médiatique au Maroc, principalement la
télévision et la radio. Par la suite, il est employé dans
d'autres médias tels les journaux, les magazines, les affiches et
l'internet. En effet, il a une forte présence dans la publicité,
celle-ci est effectuée en français, en arabe marocain ou en arabe
standard, bien que celui-ci n'a pas une forte présence dans la
télévision et la radio. Parfois, l'arabe marocain est
utilisé en mélange avec l'arabe standard ou avec le
français mais il est plutôt employé dans l'accroche vu
l'importance de ce constituant dans l'attraction du consommateur. L'arabe
marocain est caractérisé par sa force rhétorique et sa
capacité de toucher un public très large, contrairement à
l'arabe standard et le français. Cette vertu de l'arabe marocain pousse
les publicitaires à l'adopter pour diffuser leurs annonces, notamment
lorsque la publicité en question concerne tout le monde.
Cependant, l'arabe marocain n'est pas employé
seulement dans la publicité, mais il est présent dans d'autres
secteurs médiatiques. Dans les journaux par exemple, on le trouve dans
les rubriques des blagues et des caricatures comme les rubriques " t?qchab
siyassi " (blagues politiques), " chouf tchouf " (vois tu vois) du quotidien
arabe ALMASSAE. Il est aussi fréquemment utilisé dans des
émissions de société dans les chaînes de la
télévision et de la radio. Dans cette optique, nous
référons à l'article de Catherine Miller (2011)
intitulé " Langues et Médias au Maroc dans la première
décennie du XXI ème siècle : la montée
irrésistible de la dârija ? " dans lequel elle met en
évidence la question de l'émergence de l'arabe marocain dans les
médias en mettant l'accent essentiellement sur la
télévision et la radio tout en enrichissant son étude avec
des exemples des programmes animés en arabe marocain.
Ainsi, cette montée de l'arabe marocain dans les
médias commence à concurrencer l'arabe standard dans des
situations formelles et informelles. On s'aperçoit dans cette
perspective de l'emploi d'une langue mixte, un métissage de l'arabe
standard et de la dârija et parfois du français. Cette langue
mixte est employée dans la publicité, les émissions de
société, de culture ou de compétitions (ALOUSRA SAAIDA sur
Médi1 Tv par exemple) sans oublier les feuilletons et les films
marocains produits en arabe dialectal ou étrangers doublés.
Laquelle situation provoque un défi pour l'arabe standard à
maintenir sa suprématie dans le champ médiatique et nous
mène à nous interroger sur son futur. Ainsi, peut-on assister,
dans quelques années, à une décadence de l'arabe standard
dans les médias et particulièrement dans la publicité?
Peut-on prévoir l'apparition des journaux et des magazines
rédigés entièrement en arabe marocain? Si oui, pour quelle
variété peut-on opter? Le parler du nord, le parler du milieu, le
parler oriental, etc.?
La réponse à ces questions ne peut être
donnée sur le champ, car nous devons attendre les années
suivantes pour assister aux changements éventuels dans la situation
linguistique au Maroc.
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