Médias et pouvoir politique en rdc. (de la deuxième république à la transition)( Télécharger le fichier original )par Michel Kifinda-Ngoy Université de Kinshasa, RDC - Licence en sciences de l'information et de la communication 2009 |
3. Impact de la personnalisation et de la personnification du pouvoir politiqueDisons d'entrée de jeu que la personnalisation du pouvoir, c'est la centralisation ou la concentration du pouvoir entre les mains d'une seule personne. En personnalisant, affirme Serge Albouy93(*), la communication politique (...) « explique » un phénomène psycho-politique aussi rependu qu'ancien. Elle a consisté d'abord à la suppression de poste du premier ministre. Le président assure seul l'exécutif. En suite, au sein des institutions, la constitution de 1974 a fait du président de la République l'organe suprême, [...], il exerce la plénitude du pouvoir, il cumule les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Le premier rôle, qui lui incombait, était capital car il se trouvait renforcer par sa qualité de fondateur du parti. Il constituait en lui-même le premier organe du parti et donc, la République. Dans cette logique, Mobutu, tant qu'il était vivant, ne pouvait logiquement être écarté du pouvoir, sauf en cas de la folie (le déviationnisme). Cette mystification politique constituait un élément important de la stratégie d'ensemble. Par ailleurs, cette stratégie s'étendit à la personnification du pouvoir. C'est en fait l'incarnation du pouvoir (de l'Etat) par une personne. C'est-à-dire l'Etat est personnifié sous le trait d'un individu ou par une personne, Le président fondateur du MPR est d'office chef de l'état, il incarne la nation. Cette personnification s'est traduite par le culte de la personnalité ; le président fondateur a fait l'objet d'une véritable adoration à la radio, à la télévision, dans la presse écrite, dans les chansons et danses folkloriques. La personnification s'est également traduite par le port de l'insigne et dans la titélarité (c'est-à-dire le titre que Mobutu portait). Cette personnification confère à Mobutu l'identité nationale. À la nation toute entière, en réalité, s'identifie Mobutu, d'où son action est identifiée à celle de toute la nation, il fait passer sa réussite ou son échec comme ceux de la nation entière.94(*) Comme conséquence, il y a eu disparition de la démocratie. Toutes les libertés politiques et individuelles étaient battues en brèche. Ainsi l'égalité devant la loi fut remplacée par le quota ; cela accentua les arrestations et emprisonnements sans jugement, des tortures, des enlèvements et des meurtres politiques demeuraient impunis donc la justice était rendue inapte. La suppression de la liberté d'expression et d'association, la presse libre a été interdite, toutes les associations culturelles sont supprimées pour intégrer dans le MPR. Signalons que ces deux maux ont facilité l'enrichissement personnel et cela a eu des retombés dans le secteur économique et social. La dette du Zaïre devenant parmi les plu lourdes des pays sous-développés par tête d'habitant, cela plaça Mobutu au troisième rang des présidents qui ont fait détourner de fonds avec cinq milliards de dollars à son effectif.95(*) * 93 Albouy serge, Marketing et communication politique, Paris, L'Harmattan, 1994, p. * 94 Kayembe Sébastien, Le défit de l'ethno démocratie, Paris, éd. de L'observatoire, 2001, p. 70. * 95 Rapport annuel de la Banque Centrale du Congo, Kinshasa, 2003-2004. |
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