Médias et pouvoir politique en rdc. (de la deuxième république à la transition)( Télécharger le fichier original )par Michel Kifinda-Ngoy Université de Kinshasa, RDC - Licence en sciences de l'information et de la communication 2009 |
§3. La bonne gestion du pouvoir politique1. Nécessité de bien gérer le pouvoir politique :Avant toute analyse, il nous semble digne d'aborder ce point par le fondement du pouvoir politique. En effet, on se demanderait : pourquoi n'y a-t-il pas de société sans pouvoir politique ? Ou bien, si de telles sociétés existent, à quelles conditions peuvent-elles s'en passer ? La tradition de la pensée occidentale donne deux réponses contraires, entre lesquelles le débat s'est renouvelé sans cesse du Ve siècle avant J.-C., au XIXe siècle de notre ère. Selon la première, le pouvoir politique est une nécessité inscrite dans l'ordre de la nature ; selon la seconde, le pouvoir politique est un artifice qui résulte d'un accord passé entre les hommes pour mettre fin à des conditions naturelles d'existence jugées insupportables.31(*) Et le contrat social de J. J. Rousseau n'affirme-t-il pas que le pouvoir politique soit une émanation du peuple et que ce soit le peuple qui cède une partie de sa souveraineté à un groupe pour l'exercer en son nom ? D'où ce groupe a l'obligation « contractuelle » d'assurer la sécurité de la société, réaliser son bien être, et la conduire à son développement. Chaque individu membre de la société attend du pouvoir la réalisation de ses aspirations les plus légitimes. Mal géré, aucun pouvoir ne sera en mesure de remplir toutes ses obligations contractées vis-à-vis de sa société. Le mode de gestion et de distribution du pouvoir politique et économique détermine pour une large part, au sein de l'Etat, la nature des attitudes du citoyen à l'égard des affaires publiques. Plus la gestion est bonne, plus elle a des chances de favoriser le civisme des citoyens. Par contre, lorsque la gestion du pouvoir est irrationnelle et sa distribution injuste, le citoyen a tendance à manifester ses frustrations au moyen de comportements inciviques. Le professeur Ngoma-Binda32(*) n'a-t-il pas raison lorsqu'il affirme qu'un mode de gestion du pouvoir capable de favoriser l'émergence et le développement de l'esprit civique est celui qui prend nécessairement en compte la rationalité, la justice, l'égalité, en un mot, les principes d'un gouvernement démocratique? 2. La démocratie comme moyen de la bonne gouvernance :Si le citoyen a l'obligation de participer à la gestion politique et à la construction de son pays, et s'il a le devoir de connaître les lois qui régulent les rapports entres les citoyens et l'Etat dans son pays, il a aussi le droit et le pouvoir d'exiger constamment aux dirigeants politiques de mettre sur pied des institutions qui soient conformes aux aspirations et désirs particuliers de l'homme et du peuple concernés.33(*) La gestion démocratique constitue la forme de gouvernement politique la plus correcte et la plus noble. Elle est en effet ce régime politique au sein duquel les chances de participation politique à la prise des décisions relatives à la conduite du pays sont institutionnellement garanties et, autant que possible, équitablement partagées parmi tous les citoyens adultes.34(*) Le citoyen a donc l'obligation de connaître les structures et mécanismes de fonctionnement du système démocratique. Cette connaissance lui donne la possibilité de réclamer son instauration ou d'exiger de revenir sur le chemin de ses principes lorsqu'on s'en est écarté. Elle lui permet de juger et d'apprécier les actions de l'homme au pouvoir.35(*) Ce qui précède, il faut l'admettre, est vraiment compliqué. Pourtant nous devrions essayer de le rendre simple, puisque l'une des conditions essentielles à la survie d'un système démocratique est l'intelligibilité de l'idée de démocratie. Alors que le régime démocratique est plus complexe que tout autre modèle politique, assez paradoxalement sa survie n'est pas assurée si ses principes et mécanismes ne sont pas à la portée de l'intellect de l'homme moyen.36(*) Affirmons en somme que la démocratie libérale met un accent particulier sur la liberté de l'individu tandis que la démocratie populaire ou socialiste met grandement en valeur l'idée d'égalité de tous les citoyens, la démocratie libérale communautaire intégrant les valeurs libérales de la démocratie occidentale et les valeurs communautaires de la démocratie africaine traditionnelle. * 31 J. W. Lapierre, « Le pouvoir politique », in Encyclopedia Universalis, op. cit., p. 563. * 32 P. Ngoma-Binda, La participation politique, éd. Ifep, Kinshasa, p. 143. * 33 P. Ngoma-Binda, op. cit., p. 157. * 34 Ibidem, p. 143. * 35P. Ngoma-Binda, op. cit., p. 157. * 36 Giovanni Sartori, Théorie de la démocratie, Paris, Armand Colin, 1965, p. 5. |
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