3.1.3 Identification des solutions.
Les contraintes liées à la faible performance des
interventions identifiées, pour atteindre la cible de
réduction de la faim au Bénin, ont à ce stade fait l'objet
d'une
analyse critique en vue d'identifier les solutions
d'accélération susceptibles de produire à court et moyen
terme de meilleurs impacts pour le bien-être des populations rurales. Ici
aussi, le processus est analogue à celui des interventions, depuis
l'identification des solutions jusqu'à la priorisation de celles-ci.
Dans ce cas, les résultats de la priorisation des solutions
identifiées sont présentés à l'annexe E. Dans le
corps du texte, il n'est présenté que la synthèse des
solutions retenues. Il faut rappeler à ce niveau que le tableau de
synthèse des solutions retenues reprend les informations du tableau de
synthèse des goulots d'étranglement avant d'y ajouter les
solutions retenues par goulot.
Au regard de tout ce qui précède et à
l'instar des pratiques développées dans d'autres pays, les
solutions qui peuvent permettre au Bénin de réduire fortement la
faim sont d'ordre politique, économique, social et culturel. Une
sélection de ces solutions a été opérée sur
la base d'une évaluation d'impact (ampleur, rapidité,
durabilité et impact défavorable) ainsi qu'une évaluation
de faisabilité (gouvernance, capacité, disponibilité de
financement et facteur additionnel). Suivant l'esprit du CAO, les solutions
retenues, identifiées sur la base d'initiatives concluantes et de bonnes
pratiques nationales s'inscrivent toutes dans le court et le moyen terme.
L'évaluation a permis de retenir vingt-neuf solutions adéquates
parmi toutes celles identifiées à travers les documents de
stratégies et des plans nationaux existants. Certaines d'entre elles
sont nouvelles et sont donc à initier en 2012. Néanmoins la
plupart d'entre elles existent déjà mais sont faiblement mise en
oeuvre d'où la nécessité de les accélérer
davantage.
3.1.3.1 Amélioration de la productivité
des PP de maïs.
Plusieurs solutions ont été retenues quant aux
différents goulots d'étranglement limitant
considérablement les interventions clés, relatives à
l'amélioration de la productivité des petits producteurs de
maïs, nécessaires pour la réduction de la pauvreté.
Ainsi, dans le cadre de l'amélioration de la disponibilité et de
l'accessibilité aux intrants spécifiques et produits
phytosanitaires de qualité, il a été retenu les solutions
suivantes : (i) Renforcer l'accès des PP au microcrédit pour
l'achat d'intrants vivriers, (ii) Structurer la commercialisation du maïs
pour la vente dans le but de
faciliter le recouvrement des crédits, (iii) Assurer la
demande des formules appropriées lors de la commande des intrants, (iv)
Appuyer la création d'un point de distribution d'intrants par
arrondissement, (v) Former et augmenter le nombre de multiplicateurs de
semences présents dans les différentes communes, (vi)
Sensibiliser les producteurs sur les opportunités de l'utilisation des
intrants agricoles. Ces diverses solutions se basent sur un diagnostic non
seulement des documents de stratégies et de plans nationaux existants
mais aussi sur des expériences et des bonnes pratiques
éprouvées dans plusieurs pays. C'est ainsi qu'au Nigéria,
une étude36 effectuée auprès des producteurs
afin de déterminer leurs préférences en matière de
mise à disposition de semences a permis de déterminer leur mode
d'approvisionnement préféré selon leur taille et leurs
revenus, le type de semences souhaité, les périodes de mise
à disposition idéales, etc. Ce sont autant de facteurs qui
permettent aux fournisseurs de mettre à la disposition des producteurs
des semences à temps. Il serait donc intéressant de
caractériser également la demande au Bénin, afin que
l'offre soit à la mesure des besoins. Au Niger, 77 Banques d'Intrants
(BI) ont été créées37. Elles ont
été structurées et organisées. Au total 538
responsables dont 87 femmes ont bénéficié de formations
portant sur la production des semences et la gestion stratégique des
banques d'intrants. Ces BI ont reçu à titre de fonds de
roulement, 182,5 tonnes de semences de mil, sorgho et riz local et 164 tonnes
d'engrais. Afin d'améliorer les conditions de gestion de ces intrants,
16 nouveaux magasins ont été construits et 13 anciens
réhabilités. Aussi, 50 magasins ont été
équipés en matériels nécessaires au bon stockage et
à la conservation des intrants et des céréales. Au regard
des bons résultats atteints, il serait opportun d'appliquer cette
solution dans la filière maïs au Bénin, en collaboration
avec les organisations de producteurs. Par ailleurs, il serait
intéressant que le gouvernement béninois s'inspire de la
Stratégie de d'Approvisionnement en Intrants pour une Agriculture
Durable (SIAD) expérimenté par le Niger. La SIAD prévoit
une plus grande implication des OP dans la gestion des intrants et
l'augmentation de leurs capacités. A cet effet, il a été
mis en oeuvre un fonds tampon pour l'achat des engrais par les OP. L'objectif
principal de ce fond tampon est de
36 Characterizing Seed Demand in Nigeria: Constraints,
Opportunities, and Challenges, Sheu Salau, Nigeria Strategy Support Program
(NSSP) Workshop Report No. 013, August 25, 2009
37 Le Niger a élaboré son CAO, pour la
sécurité alimentaire et la réduction de la faim, en
Janvier 2011
permettre aux OP de passer leurs commandes d'engrais au bon
moment (soit en moyenne 4 mois avant la date de livraison souhaitée),
avant même de disposer de la totalité des liquidités
nécessaires à la dite commande, en garantissant leur achat
auprès du fournisseur concerné, soit par l'ouverture d'un
crédit documentaire, soit par toute autre forme de garantie bancaire,
assurant ainsi leurs membres de disposer d'un engrais de qualité,
à un prix loyal et marchand, et en temps opportun. Par ailleurs vu les
importants dégâts occasionnés par les inondations en 2010,
il a été proposé des solutions quant à la
maîtrise et à la gestion de l'eau à petite échelle.
Il s'agira de : (i) recenser les technologies adaptées pour les
aménagements sommaires ; (ii) former les acteurs à la base ; et
de (iii) doter les communautés bénéficiaires
d'équipements appropriés pour les aménagements.
Le renforcement du conseil-appui en faveur des PP de maïs
a été la troisième intervention prioritaire retenue pour
l'amélioration de la productivité des PP de maïs. Les
solutions apportées pour la levée des goulots
d'étranglement entravant l'impact de cette intervention sont les
suivantes : (i) Faire des formations de mise à niveau des acteurs du
conseil agricole (conseillers et responsables du suivi des activités de
ces conseillers sur le terrain) ; (ii) Renforcer la capacité des OPA
dans la maîtrise et l'application des textes qui régissent
l'organisation, (iii) Renforcer la capacité en lecture et en
écriture des producteurs déscolarisés ; (iv)
Alphabétiser les non scolarisés pour leur rendre accessibles les
outils de conseil agricole ; et (v) Traduire les outils en langues locale pour
les rendre accessibles à ceux qui sont alphabétisés en
langue locale. Ces dernières solutions devraient permettre, dans un laps
de temps relativement court, d'améliorer considérablement les
performances du système de conseil-agricole d'une part et
l'amélioration de la cohésion entre conseillers et exploitants
agricoles d'autre part pour une meilleure mise en application des
différentes techniques agricoles. Quant à la mécanisation
des activités agricoles, les solutions retenues pour la levée des
obstacles entravant la mise en oeuvre effective de cette intervention sont les
suivantes : (i) Mettre en oeuvre dans l'immédiat et rigoureusement les
différents axes de la stratégie de développement des
activités de génie rural ; et (ii) Appuyer la mise en place d'un
Centre d'Exploitation de Machines Agricole par commune.
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