2. La notion de motivation dans l'état de
performance sportive:
La performance et la contre performance sont des concepts
clés dans notre recherche sur la motivation. Les degrés de
réussite ou d'échecs en compétition ou à
l'entrainement sont des traductions palpables du degré de la motivation
du sportif. La motivation serait probablement un des processus psychologiques,
les plus utilisés dans cet environnement pour rendre compte de la
réussite sportive. Elle est ainsi estimée comme l'un des facteurs
clés de la performance. Malgré sont omniprésence dans les
discours des différents agents du milieu sportif, il semble qu'elle ne
soit pas toujours aussi bien comprise de ce qu'elle traduit réellement
et donc incontrôlable pour la rendre le plus optimale que possible.
C'est un concept complexe se manifestant sous diverses formes, avec ses divers
facteurs déclencheurs, multiples et variées. Il serait
nécessaire d'en clarifier ce concept afin de pouvoir dégager, si
possible, des voies et des suggestions utiles à notre intervention sur
le terrain. Cependant, plusieurs études estiment qu'il en est difficile
de donner un jugement décisif sur l'état de motivation d'un
athlète en se basant uniquement sur les performances
réalisées. Les travaux de Famose par exemple,
démontrent que, de nombreux facteurs environnementaux, biologiques,
sociaux, historiques et même culturels conditionneraient la performance.
Pour cela, proposer des indicateurs comportementaux de natures diverses et pas
forcément dépendantes les uns des autres serait radical. Il
s'agit de l'intensité, la persévérance, la direction et la
motivation continuée. Cet auteur décrit la motivation comme un
processus psycho-logique basé sur un ensemble de croyances concernant
aussi bien les résultats antérieurs du sportif, ses ressources
possédées, l'aide supposée de son entourage, la
difficulté de la tâche et enfin les valeurs perçues de la
tâche (Famose, 1997). Cette théorie à été
critiqué et complétée par l'apport d'autres courants de
recherches comme celui de Pablo Martinez,
Françoise Labridy ou encore Jean
Leveque, qui ont longtemps travaillé sur le terrain avec des
athlètes et des sportifs de haut niveau. Ce volet sera discuté
dans le prochain chapitre.
3. Motivation et nature de relation
entraineur-entrainé :
L'association de ces deux acteurs a suscité de nombreux
travaux. Cependant un grand nombre de recherches aurait consacré une
investigation plus dominante sur le plan de la transmission du savoir
faire ; relevant de tout ce qui concerne la technique motrice et les
méthodes appropriées à son apprentissage et son
perfectionnement. Cette relation si particulière et distinctive, comme
l'affirme Labridy (1997) ou encore Leveque
(1992), n'a pas souvent été
exploré sur son versant affectif. Le couple entraineur-entrainé
ne saurait se résumer uniquement à un simple guidage
pédagogique tournant autour du savoir faire. Il s'agirait plutôt
d'une véritable relation d'Amour (Leveque, 1992).
L'entraîneur, figure de référence,
compagnon intime de parcours, que l'athlète va adresser revendications,
demandes et élans affectifs, constitue la pierre angulaire de la
diffusion des significations. Il est celui qui légitime un ordre, impose
le devoir être et ce qu'il faut accomplir et surtout attribue du sens
aux efforts (Najah, 2007). Reconnaître l'intensité de cette
dimension affective suscite chez le clinicien un questionnement
immédiat : relatif au mode d'organisation dyadique, aux processus
psychiques conscients et inconscients qui la structurent et qui poussent ainsi
le sujet à agir. Car il est fort probable comme le soulève
Labridy, que l'acte sportif soit une particularité, une
motivation voilée, inconsciente de
requérir le désir d'un autre « un seul acte, mais
deux désirs d'être premier qui se rencontrent » (p
85), la rencontre du même désir pour un objet
idéalisé (Labridy, 1997).
Comme l'évoque Moragues (2004), dans
son travail « Psychologie de la performance, corps
motionnel, corps pulsionnel », chez les sujets sportifs, il
existe un investissement libidinal important d'une activité purement
corporelle. Le corps devient l'interprète d'un moulage de
restructurations et de réélaborations psychiques qui jalonnenent
la maturation psychologique de l'athlète, de l'enfance à
l'âge adulte. Le corps via son expression de performance ou de contre
performance devient le terrain obligé de l'expression de tout conflit
psychique traversant le sujet. Souvent l'imaginaire parental se retrouve
aspiré et emporté dans ce rapport
entraîneur-entrainé. Les sucées sportifs s'inscrivent
parfois et de manière pathologique dans une relation circulaire dont la
satisfaction narcissique (idéal du moi) des parents et donc des
substituts parentaux, qui devient l'unique but (idéal du moi) du
sportif et l'alimente (Moragues, 2004). On comprend ainsi, combien
l'état de performance du sujet est étroitement relié
directement ou indirectement à ce substitut parental.
Il serait nécessaire d'interroger cette relation aussi
structurée par la prégnance d'un objectif poursuivi, la
performance, et rechercher les fins réelles et cachées provenant
de telles résonances affectives. Cette idée sera plus
développée dans le prochain chapitre.
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