VI : DISCUSSION, PERSPECTIVES ET LIMITES:
Rechercher une éventuelle relation entre contre
performance, relation à l'entraineur et nature de motivation
inconsciente, nous a conduit à émettre l'hypothèse selon
laquelle les sujets appartenant au groupe des contre performants et à
rapport dépendant avec leur entraineur présenteraient une
activation du stade de l'AMOUR DE PERFORMANCE tandis que les sujets appartenant
au groupe des performants et à rapport non dépendant avec leur
entraineur présenteraient une maturation psychique typique du DESIR DE
COMPETITION. Cette hypothèse nous avait été inspiré
des travaux antérieurs cités au début de notre travail
(Moragues, 2004 ; Jeantet, 2005 ; Leveque, 1992 ; 1993 ;
Labridy, 1997, Labridy et al, 2004, Famose, 1999). Pour évaluer cette
motivation inconsciente et sa relation avec les autres variables, nous avons eu
recours à une série d'entretiens semi-directifs via une grille
d'entretien spécifique (Moragues, 2004) et le test projectif TAT
(Shentoub, 1997). Les données qualitatives et l'analyse du discours et
du protocole, ont attesté de cette différence au niveau de la
nature de la motivation. Les analyses obtenues ont pu valider l'existence d'une
motivation d'Amour de performance chez les sujets contre performants et
à rapport dépendant avec leur entraineur. Nous pouvons ainsi
conclure que nos résultats vont dans le sens de nos attentes et
pourraient vérifier le modèle théorique de Moragues
(2004).
Au plan théorique, cet auteur interprète ce
rapport particulier entre performance et type de motivation comme étant
le résultat d'une expérience de remaniement intrapsychique
tournant autour du rapport existant avec les Idéaux du Moi. Selon lui,
l'expérience d'une régression ou d'une fixation de ce type,
peut se réactiver chez l'adulte puisqu'au plan psychique rien n'est
totalement résolu. L'encadrement de l'équipe, peut en être
l'une des principales causes, dans le sens où il réactive des
comportements « infantiles » chez les sportifs. Comme
l'affirme Leveque (1992), le sportif aurait tendance, avec un militantisme
affiché, à valider et à intérioriser des valeurs et
des références de conduites, afin de
bénéficier du retour d'une réassurance narcissique.
Fonctionnant dans un rapport exclusif de dépendance à
l'égard des substituts parentaux ; entraîneurs, institution,
public...Cette attitude dépendante, cimentée par l'institution,
s'alimenterait de plus en plus, laissant place à un malaise interne,
où la performance devient l'unique moyen de garder cette
réassurance narcissique (Najah, 2007). De plus la problématique
de l'handicap a été soulevé dans certains entretiens et
discours des athlètes. Le fait de porter une insuffisance, un manque
corporel, Le handicap moteur, crée une sorte de « miroir
brisé » et renvoie aux personnes qui le côtoient,
des questions d'identité. La personne atteinte psychiquement tendra
à combler et à remplir ce manque en essayant de restructurer son
assurance narcissique (si défaillante) par la satisfaction de
désir de son objet d'amour. Etre aimé par l'autre lui permettra
de s'aimer à son tour (Sausse, 1996). Les cas présentés
illustrent parfaitement ce que nous venions de dire. Le rôle de
l'entraineur et de l'institution sportive sédimente à son tour
cette défaillance ou au contraire renforce une assurance et une
autonomie singulière de l'athlète handicapé.
L'environnement entourant un athlète et lois relationnels qui
régissent son fonctionnement joue un rôle primordial dans le
modelage de la motivation du sujet et donc de sa performance (Najah, 2007).
S'il est vrai que notre recherche constitue un apport à
la fois théorique et pratique, elle présente néanmoins
certaines limites. La principale limite serait le nombre restreint des sujets
de chaque groupe, nombre qui nous a été imposé par la
difficulté de rencontrer des sujets contre performants adhésifs
à se mettre en lumière. Nous avons parfois été
confrontés à un refus de certains entraineurs estimant
intolérable la recherche du pourquoi psychologique de la contre
performance.
Il aurait était plus pertinent de prendre en
considération la variable « sexe », étant
donné que plusieurs auteurs comme Moragues (2004), Labridy (1997),
affirment que les rapports et les motivations inconsciente différent en
matière du genre de l'athlète et de l'entraineur.
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