RESUME :
Ce travail se propose d'étudier une dimension du corps
pulsionnel, « la motivation inconsciente » (Amour de
Performance et Désir de Compétition) auprès de deux
athlètes (1 fille et 1 garçon), de haut niveau handicapés
moteur, à contre performance sportive et à rapport
dépendant avec l'entraineur et de deux autres athlètes (1fille et
1 garçon), de haut niveau handicapés moteurs, à bonne
performance sportive et à rapport autonome avec l'entraineur. Les deux
groupes ont une moyenne d'âge de 21 ans et sont issus d'un milieu
socioéconomique moyen.
Trois outils d'évaluation (EMS 28 de Vallerand &
al, TAT de Schentoub, un guide d'entretien de Moragues) ont été
proposés. L'analyse qualitative indiquent que les athlètes du
premier groupe présentent une motivation inconsciente de première
génération (Amour de Performance) tandis que les athlètes
du deuxième groupe présentent une motivation inconsciente de
deuxième génération (Désir de Compétition).
INTRODUCTION :
Le handicap est un sujet qui partage notre humanité et
s'insère activement dans notre société. Désigner
ces personnes comme « handicapées » a
remplacé ceux d'infirmes, d'anormaux, de retardés ou
d'inadaptés. L'évolution des attitudes à l'égard de
ces individus s'est faite de façon lente et discontinue, mais va peu
à peu dans un sens positif du droit à la vie et à la
dignité (Champonnois, 1996).
Les personnes handicapées revendiquent leur droit
à l'égalité vis à vis de ceux
considérés comme « normaux ». Nous pouvons penser que
parmi les moyens les plus appropriés qui leur permettent d'y parvenir
« le sport », en se présentant sous la forme de jeux
individuels ou collectifs, donnant lieu à des compétitions et
à des pratiques selon des règles particulières.
Que ce soit sous la forme de détente ou de
rééducation, de loisir et d'épreuve de masse ou de
compétition, les personnes handicapées pratiquent la plupart des
sports, soit avec les mêmes règles que les valides, soit avec des
règles adaptées (André, 2007).
Nous pouvons citer l'exemple de la fédération
Tunisienne consacrée au sport pour les personnes handicapées
appelée « la Fédération Tunisienne des Sports
pour Handicapés ». Cette institution multidisciplinaire, avec
tous les clubs qu'elle regroupe constituent une réelle reconnaissance
nationale et internationale du sport pour les handicapés tunisiens. Il
en est de même pour les jeux paralympiques et toutes les
compétitions nationales et internationales qui permettent à ces
personnes de se sentir non marginalisées.
L'usage de l'approche psychologique et clinique dans le monde
sportif, plus particulièrement auprès de personnes
handicapées, nous offre l'occasion d'introduire des concepts et de
viser des problématiques psychologiques déjà
significatives, dans le temps, mais voilées derrière l'ombre
technique et pédagogique de l'encadrement sportif. Quand nous parlons,
par exemple, de « contre performance », que tout sportif
craint, nous nous rendons compte que divers auteurs, lui assignent souvent, le
facteur de stress, de manque de volonté de gagner ou de motivation,
sans chercher, pour autant, à comprendre l'écart entre l'envie
consciente de la performance (le gain) et celle qui s'y oppose (la perte, la
perte de l'objet d'amour) (Najah, 2007)
La motivation en elle-même pour ces personnes, est une
réelle énigme et joue un rôle décisif dans
l'évolution de leur performance sportive. Il serait nécessaire
d'étudier la particularité psychologique de cette dimension et en
rechercher ses profondeurs. Quand nous parlons de profondeurs, nous
désignions la « subjectivité », le
«désir », pour saisir ce que cette motivation
appréhende comme raisons qui poussent le sujet à
« agir », à « perdre » ou
« gagner » en compétition. La psychologie tout comme
la psychanalyse s'intéresse aux désirs. Elle pose la question du
pourquoi au sujet : « Pourquoi fait il ceci, pourquoi agir comme
cela ? ». « La réalité de la
situation sur le terrain sportif vient télescoper le réel de la
problématique inconsciente » (Moragues,
2004 ; p 8). La progression des personnes handicapées dans la
compétition sportive va de pair avec leur propre maturation au plan
psychique.
Le présent travail se résume en une
évaluation clinique des pulsions investies dans le sport de haut niveau.
La contre performance pourrait emprunter le fonctionnement d'un symptôme
et pourrait être analysé comme tel. Elle aurait la
faculté de prétendre traduire de manière
détournée une motivation inconsciente où le désir
imaginaire du sportif handicapé, est d'occuper une place centrale
auprès du substitut parental qui est
« l'entraîneur », et réparer ce
« miroir brisé d'identification » qui le fait tant
souffrir.
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