UNIVERSITE DE TUNIS
Faculté des Sciences Humaines de
Tunis
Département de Psychologie
Mémoire de master de recherche en
Psychologie Clinique
CORPS PULSIONNEL DES ATHLETES A HANDICAP MOTEUR.
CONTRE PERFORMANCE ET MOTIVATION INCONSCIENTE
Elaboré par : AMIRA NAJAH
Encadré par : Mr RIADH BEN REJEB
Année Universitaire 2008-2009
Le présent travail n'aurait pas pu être
effectué dans les meilleures conditions qui lui ont été
offertes sans les nombreux appuis qui m'ont été apportés
tout au long de sa réalisation.
J'adresse mes respectueux sentiments de gratitude à
Monsieur RIADH BEN REJEB, mon directeur de mémoire, qui, en plus de
l'encadrement, m'a aimablement guidé dans mes efforts en me
communiquant sa vaste expérience. Son encadrement bienveillant durant
l'exécution de mon programme de travail m'a été
bénéfique. Je le remercie pour le temps qu'il m'a consacré
pour le suivi de mon travail, et le support qu'il a pu m'apporter.
Mes vifs remerciements vont également à tous les
membres de la fédération tunisienne Sport et Handicap, pour leur
coopération et leur confiance.
Toute ma reconnaissance est adressée à mes
parents, ma soeur et mes deux frères, qui m'ont apporté leur
soutien pendant les moments difficiles. Je les remercie de la confiance qu'ils
ont placée en moi et sans laquelle je n'aurais pu mener à terme
ce travail.
Enfin, je dis merci aux entraineurs du club et aux sportifs,
qui ont su me faire confiance et sans qui ce travail n'aurait pu se
réaliser.
SOMMAIRE
RESUME
|
1
|
INTRODUCTION
|
2
|
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
|
2
|
Introduction
|
6
|
1. Motivation
|
9
|
2. Notion de motivation dans l'état de performance
sportive
|
10
|
3. Motivation et nature de relation
entraineur-entrainé
|
11
|
4. Motivation et rapport athlète-spectateur ;
regard de l'Autre
|
12
|
5. Motivation et Handicap dans le domaine du sport
|
12
|
6. Hypothèses de recherches
|
13
|
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
|
14
|
I - Contre performance et Rapport entraineur
entrainé
|
14
|
1. La contre performance
|
14
|
Introduction
|
14
|
1.1. Entre performance et contre performance : le contre
désigne réellement quoi ?
|
16
|
1.2. Sport et handicap
|
18
|
1.3. Quel critère nous mène à
désigner un athlète comme contre performant ?
|
19
|
2. rapport entraineur-entrainé
|
20
|
Introduction
|
20
|
2.1. Les quatre catégories de rapport
entraineur-entrainé, en fonction de la dimension fantasmatique de
l'entraineur
|
21
|
2.2. Etre entraîneur d'un athlète
handicapé moteur ?
|
24
|
II- Etats motivationnels en activité sportive
|
26
|
Introduction
|
26
|
1. Comprendre et évaluer la motivation en milieu
sportif
|
26
|
2. Peut-on parler « des » motivations
« inconscientes » ?
|
29
|
3. Dynamique de l'idéal du moi dans la
structuration de la motivation
|
29
|
4. De l'Amour de la performance au Désir de
compétition
|
30
|
5. Peut-on assimiler amour de performance à la
motivation extrinsèque et désir de compétition à la
motivation intrinsèque ?
|
32
|
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
|
34
|
I. Variables de la recherche
|
34
|
II. Objectifs et démarches du travail
|
34
|
1. Evaluation de la motivation
|
34
|
1.1 Choix de la population
|
34
|
1.2 Description de l'échantillon
|
35
|
- Critères d'inclusion
|
36
|
- Critères d'exclusion
|
36
|
1.3. Travail sur terrain
|
37
|
1.4 Outils d'évaluation de la motivation
inconsciente
|
37
|
1.4.1. Justification du choix de l'outil
|
37
|
1.4.2. Contexte théorique du TAT et de l'EMS
28
|
39
|
1.4.3. Description des outils
|
40
|
a. Le Thematic Apperception Test (T.A.T.)
|
40
|
b. L'Echelle de Motivation dans le Sport (EMS
28)
|
41
|
1.5. Entretiens cliniques : comprendre et
évaluer la motivation inconsciente
|
42
|
1.5.1. Principes déontologiques
|
43
|
1.5.2. Nature des entretiens : entretien
semi-directif
|
43
|
CHAPITRE III. ANALYSE QUALITATIVE : ETUDES DE CAS /
ANALYSE ET INTERPRETATION DU TAT
|
44
45
|
1. Le cas de MOUFIDA
|
45
|
1.1. ANALYSE DU TAT
|
51
|
1.2. Compte rendu
|
55
|
2. FIRASS
|
56
|
2.1. ANALYSE DU TAT
|
59
|
2.2. Compte rendu
|
62
|
CONCLUSION
|
63
|
3. IMENE
|
65
|
3.1. ANALYSE DU TAT
|
67
|
3.2. Compte rendu
|
70
|
4. FOUED
|
72
|
4.1. ANALYSE DU TAT
|
73
|
4.2. Compte rendu
|
77
|
CONCLUSION.
|
78
|
v Vérification de l'hypothèse
|
78
|
PARTIE VI : DISCUSSION, PERSPECTIVES ET LIMITES
|
79
|
CONCLUSION
|
82
|
BIBLIOGRAPHIE
|
83
|
ANNEXE
|
87
|
RESUME :
Ce travail se propose d'étudier une dimension du corps
pulsionnel, « la motivation inconsciente » (Amour de
Performance et Désir de Compétition) auprès de deux
athlètes (1 fille et 1 garçon), de haut niveau handicapés
moteur, à contre performance sportive et à rapport
dépendant avec l'entraineur et de deux autres athlètes (1fille et
1 garçon), de haut niveau handicapés moteurs, à bonne
performance sportive et à rapport autonome avec l'entraineur. Les deux
groupes ont une moyenne d'âge de 21 ans et sont issus d'un milieu
socioéconomique moyen.
Trois outils d'évaluation (EMS 28 de Vallerand &
al, TAT de Schentoub, un guide d'entretien de Moragues) ont été
proposés. L'analyse qualitative indiquent que les athlètes du
premier groupe présentent une motivation inconsciente de première
génération (Amour de Performance) tandis que les athlètes
du deuxième groupe présentent une motivation inconsciente de
deuxième génération (Désir de Compétition).
INTRODUCTION :
Le handicap est un sujet qui partage notre humanité et
s'insère activement dans notre société. Désigner
ces personnes comme « handicapées » a
remplacé ceux d'infirmes, d'anormaux, de retardés ou
d'inadaptés. L'évolution des attitudes à l'égard de
ces individus s'est faite de façon lente et discontinue, mais va peu
à peu dans un sens positif du droit à la vie et à la
dignité (Champonnois, 1996).
Les personnes handicapées revendiquent leur droit
à l'égalité vis à vis de ceux
considérés comme « normaux ». Nous pouvons penser que
parmi les moyens les plus appropriés qui leur permettent d'y parvenir
« le sport », en se présentant sous la forme de jeux
individuels ou collectifs, donnant lieu à des compétitions et
à des pratiques selon des règles particulières.
Que ce soit sous la forme de détente ou de
rééducation, de loisir et d'épreuve de masse ou de
compétition, les personnes handicapées pratiquent la plupart des
sports, soit avec les mêmes règles que les valides, soit avec des
règles adaptées (André, 2007).
Nous pouvons citer l'exemple de la fédération
Tunisienne consacrée au sport pour les personnes handicapées
appelée « la Fédération Tunisienne des Sports
pour Handicapés ». Cette institution multidisciplinaire, avec
tous les clubs qu'elle regroupe constituent une réelle reconnaissance
nationale et internationale du sport pour les handicapés tunisiens. Il
en est de même pour les jeux paralympiques et toutes les
compétitions nationales et internationales qui permettent à ces
personnes de se sentir non marginalisées.
L'usage de l'approche psychologique et clinique dans le monde
sportif, plus particulièrement auprès de personnes
handicapées, nous offre l'occasion d'introduire des concepts et de
viser des problématiques psychologiques déjà
significatives, dans le temps, mais voilées derrière l'ombre
technique et pédagogique de l'encadrement sportif. Quand nous parlons,
par exemple, de « contre performance », que tout sportif
craint, nous nous rendons compte que divers auteurs, lui assignent souvent, le
facteur de stress, de manque de volonté de gagner ou de motivation,
sans chercher, pour autant, à comprendre l'écart entre l'envie
consciente de la performance (le gain) et celle qui s'y oppose (la perte, la
perte de l'objet d'amour) (Najah, 2007)
La motivation en elle-même pour ces personnes, est une
réelle énigme et joue un rôle décisif dans
l'évolution de leur performance sportive. Il serait nécessaire
d'étudier la particularité psychologique de cette dimension et en
rechercher ses profondeurs. Quand nous parlons de profondeurs, nous
désignions la « subjectivité », le
«désir », pour saisir ce que cette motivation
appréhende comme raisons qui poussent le sujet à
« agir », à « perdre » ou
« gagner » en compétition. La psychologie tout comme
la psychanalyse s'intéresse aux désirs. Elle pose la question du
pourquoi au sujet : « Pourquoi fait il ceci, pourquoi agir comme
cela ? ». « La réalité de la
situation sur le terrain sportif vient télescoper le réel de la
problématique inconsciente » (Moragues,
2004 ; p 8). La progression des personnes handicapées dans la
compétition sportive va de pair avec leur propre maturation au plan
psychique.
Le présent travail se résume en une
évaluation clinique des pulsions investies dans le sport de haut niveau.
La contre performance pourrait emprunter le fonctionnement d'un symptôme
et pourrait être analysé comme tel. Elle aurait la
faculté de prétendre traduire de manière
détournée une motivation inconsciente où le désir
imaginaire du sportif handicapé, est d'occuper une place centrale
auprès du substitut parental qui est
« l'entraîneur », et réparer ce
« miroir brisé d'identification » qui le fait tant
souffrir.
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE RECHERCHE :
Introduction :
Ce fut en Angleterre, à la fin du XVII siècle
que le discours de la science a pu manifester son efficacité dans le
champ des pratiques motrices. Celui-ci, grâce, à
l'institutionnalisation génératrice des règles et
à la généralisation de la compétition, avait
introduit une nécessité chiffrée de la performance
précisément dans l'univers des pratiques athlétiques.
Mesure objectivable du temps, de la distance, et autres paramètres qui
la définissent et la déterminent. Le sujet du « sport
moderne » est devenu un sujet de « la science »,
un sujet dont sa « motricité » est réduite au
calcul de son résultat chiffré et à sa stratégie
consciente et formelle à laquelle tend son entrainement. L'exploit comme
l'échec sportif est devenu un simple résultat comparable à
d'autres. La préparation sportive s'est réduite à un
unique ensemble rationnel défini par les sciences du sport (Brousse et
al, 1997).
Durant l'évolution de ses recherches sur la
performance, la psychologie s'est finement croisée avec la science et le
sport, se centrant précisément autour du phénomène
du « corps ». La motricité est devenue un
« langage », définissant le corps comme
« l'image », l'image du corps propre. L'activité
sportive est devenue, une expression, un langage du corps (Brousse et al,
1997).
Comme nous l'avions déjà mentionné, le
présent travail cible la dimension subjective de l'être sportif.
Quand nous évoquions le corps, nous évoquions le
« JE » qui s'accompli dans le langage. Comme l'explique
Bernard Robinson (2007), « Le Je s'exprime, mais cette expression
est problématique (...) La série « il y a du corps-je
suis ce corps-là-je ne suis pas ce corps-là » aboutit
à mon sens à ce qui est logiquement visé dès le
départ : « j'ai un corps ». Le Je a son corps. Nous
savons qu'il se trompe en partie, puisque ce corps lui échappe, comme il
lui a échappé auparavant. Reich avait compris que le corps est
marqué de l'histoire du procès de la subjectivité
(...) Le danger propre est d'être castré. Si le Je s'exprime,
avec le corps, il doit accepter d'y être soumis sous peine d'être
castré » (p.15-18).
La dimension du corps devient indispensable pour comprendre le
corps motionnel, pulsionnel et subjectif de l'être à la fois
sportif et handicapé. Jusqu'à présent, les
spécialistes se sont très peu intéressés à
la vie psychique des personnes handicapées d'une manière
générale, et de l'athlète handicapé en particulier.
La plupart des publications sur l'athlète handicapé sont
consacrées aux dysfonctionnements spécifiques liés au
handicap, à sa classification scientifique aux différents types
de pratiques athlétiques, et non à la manière dont il vit
sa déficience et l'exprime via le sport. On parle de sportif
handicapé, on ne donne jamais la parole à cet être. Et
pourtant, aussi démuni soit-il sur le plan de ses moyens, moteurs,
langagiers et/ ou intellectuels, détient un moyen latent d'expression
quant à sa situation, et à sa position subjective. Ce sujet est
porteur de questions, même s'il ne peut les exprimer que de
manière insuffisante ou détournée. Qui suis-je? Pourquoi
suis-je différent des autres? Est-ce que vous m'aimez tel que je suis?
Le sport pourra t'il me rendre ce qui m'a été pris ? Or
voilà le problème: face aux questions extrêmement
troublantes que soulève le handicap, la recherche d'amour, d'autonomie
etc... qui sont des questions sans réponses, les encadreurs sportifs se
sentent démunis, sachant qu'ils ne pourront y en apporter des
solutions.
La réalité sur le terrain sportif, mène
l'athlète handicapé à se confronter à de nouvelles
exigences dans son activité sportive. Il doit être capable
d'analyser et de comprendre les tactiques de jeu des autres adversaires,
s-y-opposer et imposer son propre « JEU », plus
précisément son propre « JE ». Ces
capacités nouvelles requises dans le monde sportif dépendent de
manière directe de sa propre maturation et structuration psychique.
(Moragues, 2003). Or le sportif handicapé, comme tout être
handicapé traverse perpétuellement une phase de restructuration
psychique, se caractérisant sur le plan relationnel par les remaniements
des rapports aux figures parentales (Simone Korff-Sausse, 2008). Dans ce cas,
les changements qui surviennent sur le terrain sportif (hébergement
spécifique, stages, entrainement et compétitions de haut
niveau...), et la disparition des parents fictifs, entrent en résonance
avec les remaniements psychiques en cours. Les nouveaux enjeux de la
compétition poseraient métaphoriquement à l'athlète
handicapé les enjeux de ses propres enjeux psychiques. Sa progression
dans la compétition sportive irait de pair avec sa propre maturation au
plan psychologique.
L'exploit ou l'échec ne se définirait plus en
terme chiffré, mais en termes d'évolution ou pas de la
maturation psychique de ce sujet sportif. La performance ou plutôt la
contre performance, vu que nous ciblons particulièrement les
athlètes contre performants, emprunterait elle la forme d'un
symptôme psychologique et pourrait elle en être
analysé ainsi? Traduirait elle, une façon
détournée d'une motivation inconsciente où le désir
imaginaire est celui d'occuper cette place centrale auprès du substitut
parental (l'entraineur, l'Autre (les spectateurs), etc...appartenant au staff
sportif) ? Perdre ne serait t'il pas relié à la perte de
l'amour parental tant désiré par cet être
assoiffé, et ferait ainsi exploser une angoisse de perte
incontrôlable ?
1. Motivation :
La motivation est un mot récent, qui s'est
développé en France à partir des années 1930 (Le
Robert, 2000). En se livrant à un processus de déconstruction du
terme « motivation », nous constatons que son origine
étymologique nous aide à comprendre sa signification. Venant du
latin «moveo / motivus», il amène l'idée du mouvement
(Pablo Martinez, 2006). Le mot `motivation' vient du latin bouger
(movere) ; motiver c'est mouvoir quelque chose ou quelqu'un vers un
but, induisant le sens d'une action intériorisée (Poirot,
2007).
Au sens courant, être
« motivé », c'est
« désirer » intensément et
volontairement quelque chose. Désirer, c'est étymologiquement
être de-sidéré. La sidération renvoyant à
l'influence d'un astre (sidus, sideris en latin) sur une
personne. Le désir suppose toujours avant lui la sidération de
l'astre avec son caractère hypnotique, son enchantement. Il commence
avec la perte de cette vision : on regrette
l'objet disparu, déclenchant ainsi un
mouvement de recherche - la dynamique du désir-.
Mouvement, motus en latin, motivation. (Barrier, 2008).
Selon la revue, « Psychologie, Pensée,
Cerveau et Culture », le mot motivation renvoie à une
force motrice qui stimule le comportement. Les motivations ne peuvent pas
être directement observées mais déduites suite à un
comportement donné. Deux éléments déterminent la
motivation ; ceux que les personnes désirent faire et la force avec
laquelle elles le désirent (Drew, 2000).
Carré (2005), adhérant à cette
définition ajoute que «Pour le sens commun, la motivation
représente «ce qui pousse à l'action»,
c'est-à-dire «l'ensemble des motifs qui expliquent un acte»
(Larousse) ou «la relation d'un acte aux motifs qui l'expliquent ou le
justifient» (Robert). Sur le plan scientifique, d'après R.
Vallerand et E. Thill (1993), le concept de motivation est un construit
hypothétique censé décrire «les forces
internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction,
l'intensité et la persistance du comportement« (p.
228). Toujours dans cette même idée, et selon ces
différents auteurs, et coordonnateurs d'un important volume de
synthèse sur les approches actuelles de la psychologie de la motivation,
Philipe Carrée résume ces quatre facettes de la motivation comme
suit : « le déclenchement indique le
passage de l'absence d'activité à l'exécution d'un
comportement (...) la direction traduit l'orientation ou la
canalisation de l'énergie vers le but approprié(...)
l'intensité est la manifestation observable de la
motivation sur le comportement (...) la persistance est
l'indice motivationnel qui caractérise la poursuite de l'engagement dans
l'action au cours du temps» (p. 229).
Une des premières théories de la motivation a
été proposée par Aristote. Philosophe
grec de l'antiquité, il a affirmé que la motivation est le
résultat d'une fonction « appétitive », qui a toujours
fonctionné en lien avec des finalités. Cette «
finalité » est générée par des processus
constants de pensée induisant la perception, la mémorisation ou
l'imagination (Dilts, 1992).
D'ailleurs, les théories cognitives modernes
s'inspirent du modèle d'Aristote, postulant, que la motivation est issue
des cartes cognitives internes ou des « attentes » à
concernant les conséquences potentielles des actions. L'origine primaire
de la motivation se trouve principalement dans les attentes afférentes
aux résultats comportementaux projetés. La manière qu'ont
les individus de se sentir et de faire, dépend particulièrement
de la valeur qu'ils accordent aux conséquences attendues et aux causes
qu'ils attribuent à ces conséquences. Des attentes «
positives » peuvent même pousser à fournir un
effort supplémentaire dans l'espoir d'atteindre un résultat
désiré. Tandis que, les conséquences attendues «
négatives », mènent à des actions d'évitement
ou d'apathie (Dilts, 1992)
La théorie des besoins d'Abraham
Maslow (1940) est l'une des plus célèbres. Elle propose
une conception systématique des besoins de l'homme au travail et
hiérarchise différents niveaux selon une pyramide. Maslow pense
que les conduites humaines sont dictées par la satisfaction des besoins
; l'homme est donc instinctif, biologique et fondamental. La satisfaction des
besoins s'effectue selon un
ordre prioritaire : La satisfaction des besoins physiologiques
(logement, alimentation, hygiène etc...) est primordiale, suivi par un
besoin de
sécurité.
Viennent ensuite la recherche de la plénitude sentimentale,
l'appartenance à un groupe, la vie familiale etc...
Puis, l'individu cherchera l'estime de soi au travers du
regard des autres et enfin
dans l'accomplissement de soi et de ses
buts les plus élevés
(Maslow, 1954).
Travaillant longtemps sur l'accompagnement de l'enfant
à trouver du sens et de la motivation à ses
apprentissages, Alfred Binet, estime que la motivation en
elle-même serait une "fiction motivante", qui propulse le sujet vers des
buts, des
rôles et des styles de vie
qu'il s'imagine pour lui-même. Certaines motivations peuvent être
trompeuses, issues de
perceptions exaltées
d'autrui ou de soi (Sahuc, 2006).
Joseph Nuttin, quant à lui, propose
une approche interactionniste de la motivation humaine. Se basant sur les
interactions dynamiques préférentielles entre le sujet et son
environnement, il cible le besoin que l'individu a d'entrer en contact avec son
environnement (relations psychologiques, spirituelles et biologiques). Il
propose l'idée que la motivation en elle-même, n'est pas
l'élément déclencheur du besoin mais constitue une
direction active du comportement vers un but donné. Ce sont ses
buts poursuivis qui permettent
d'atteindre un «
idéal du
mo »i. Il parle ainsi, de motivations
intrinsèques et extrinsèques.
Pour Deci et Ryan ou encore
Vallerand, la motivation intrinsèque est une pure
recherche du plaisir lors de la réalisation d'une tâche par la
satisfaction des besoins de contrôle, d'autodétermination et de
compétence. Tandis que la motivation extrinsèque est un moyen
extérieur à la personne, par lequel l'organisation, le groupe ou
la société peut agir sur la désutilité à
accomplir la tâche ressentie par le sujet. Mais dans les deux cas
Nuttin affirme qu'il y a toujours une surdétermination,
qu'un acte est motivé de plusieurs manières, et que les deux
types de motivation peuvent certainement motiver les individus à
l'accomplissement d'une tâche, mais détiennent des effets
très différents sur la perception ainsi que sur la qualité
de leur performance (Bittar, 2008). Il évoque aussi le concept de
plaisir de causalité, et met au centre de sa
théorie de la motivation les interactions spécifiques
individu-monde. Il s'agit du plaisir d'être la cause des changements, que
d'être spectateur. Il détermine trois degrés
d'activité dans le développement humain : la réception du
stimulus auquel le sujet est soumis (action passive), la recherche active du
stimulus sélectionné et enfin la production du changement autour
de soi. Il résume son travail en désignant ce type de plaisir
comme source d'un effet sympathique. L'être ne peut laisser "les choses"
dans l'état où il les trouve; il prend plaisir à
intervenir et à faire des changements (Nuttin, 1981).
Robert Dilts (inspiré des travaux de
Gregory Bateson), dans son article La motivation, établis une
définition systémique de ce concept. Selon lui «la
motivation prend naissance lorsque l'individu est en situation de tension. Il
perçoit la situation actuelle comme non satisfaisante et peut imaginer
une situation future dans laquelle la situation serait devenue
satisfaisante(...) les sentiments qui motivent sont pour la plupart d'entre
nous : la fierté, le défi, l'importance, le pouvoir, la
découverte, l'appartenance à une équipe
forte.» (p 238). Les différents
environnements dans lesquels l'être humain vit (professionnels,
familiaux, urbains etc...)
influencent ses
comportements. Ces mêmes comportements déterminent ses
capacités. Il est
important que les actions et le savoir-faire/savoir-être soient en
harmonie avec les valeurs héritées et le sentiment
d'identité profond. C'est ce sentiment d'identité qui
influencerait les propres valeurs du sujet, qui orienteront à leur
retour ses propres capacités et comportements, dans le but d'agir sur
son environnement (Drew, 2000).
Ces approches psychologiques de la motivation, plus
particulièrement celle de Maslow et Herzberg où les besoins
motivationnels sont explicites ou du moins accessibles à la conscience,
ont été heurtées par une autre approche qui perçoit
la motivation non pas uniquement dans sa structure purement biologique,
sociale, éducative... donc purement objectivable et observable, mais
associe l'étendue de la motivation à celle de la
personnalité à travers une perspective psychodynamique (à
versant psychanalytique). Une approche qui cherche à étudier la
motivation non pas comme un élément séparé de la
personnalité mais comme quelque chose qui fait partie de la
personnalité et qui se transpose via le comportement. Les psychanalystes
mettent l'accent sur le désir producteur de sens. Ils décrivent
des écarts entre les besoins (qui correspondent à des "manques"
reliés aux états ou aux processus corporels) et les désirs
(que chaque sujet construit à travers une interprétation
subjective des signifiants du besoin).
Ces différentes approches sont aussi
intéressantes les unes que les autres, et peuvent être compatibles
et significatives au niveau de certaines facettes de la motivation. Les
définitions de ce concept ne manquent pas, mais le problème
central serait d'en proposer une approche qui ne se limite pas uniquement
qu'à l'objectivité. Une approche qui valorise la
subjectivité ... ce qui pousse l'être à agir.
Avant de nous avancer sur ce point, il faudrait
préciser que la motivation en elle-même ne prend pas la même
figure quelque soit le champ dans lequel elle s'exprime. Dans notre
présent travail c'est la motivation des personnes handicapés et
sportives qui est à exposer. Nous allons essayer de mettre en
évidence la motivation du sportif et la motivation de l'être
handicapé et trouver un point de convergence entre ces deux pôles.
2. La notion de motivation dans l'état de
performance sportive:
La performance et la contre performance sont des concepts
clés dans notre recherche sur la motivation. Les degrés de
réussite ou d'échecs en compétition ou à
l'entrainement sont des traductions palpables du degré de la motivation
du sportif. La motivation serait probablement un des processus psychologiques,
les plus utilisés dans cet environnement pour rendre compte de la
réussite sportive. Elle est ainsi estimée comme l'un des facteurs
clés de la performance. Malgré sont omniprésence dans les
discours des différents agents du milieu sportif, il semble qu'elle ne
soit pas toujours aussi bien comprise de ce qu'elle traduit réellement
et donc incontrôlable pour la rendre le plus optimale que possible.
C'est un concept complexe se manifestant sous diverses formes, avec ses divers
facteurs déclencheurs, multiples et variées. Il serait
nécessaire d'en clarifier ce concept afin de pouvoir dégager, si
possible, des voies et des suggestions utiles à notre intervention sur
le terrain. Cependant, plusieurs études estiment qu'il en est difficile
de donner un jugement décisif sur l'état de motivation d'un
athlète en se basant uniquement sur les performances
réalisées. Les travaux de Famose par exemple,
démontrent que, de nombreux facteurs environnementaux, biologiques,
sociaux, historiques et même culturels conditionneraient la performance.
Pour cela, proposer des indicateurs comportementaux de natures diverses et pas
forcément dépendantes les uns des autres serait radical. Il
s'agit de l'intensité, la persévérance, la direction et la
motivation continuée. Cet auteur décrit la motivation comme un
processus psycho-logique basé sur un ensemble de croyances concernant
aussi bien les résultats antérieurs du sportif, ses ressources
possédées, l'aide supposée de son entourage, la
difficulté de la tâche et enfin les valeurs perçues de la
tâche (Famose, 1997). Cette théorie à été
critiqué et complétée par l'apport d'autres courants de
recherches comme celui de Pablo Martinez,
Françoise Labridy ou encore Jean
Leveque, qui ont longtemps travaillé sur le terrain avec des
athlètes et des sportifs de haut niveau. Ce volet sera discuté
dans le prochain chapitre.
3. Motivation et nature de relation
entraineur-entrainé :
L'association de ces deux acteurs a suscité de nombreux
travaux. Cependant un grand nombre de recherches aurait consacré une
investigation plus dominante sur le plan de la transmission du savoir
faire ; relevant de tout ce qui concerne la technique motrice et les
méthodes appropriées à son apprentissage et son
perfectionnement. Cette relation si particulière et distinctive, comme
l'affirme Labridy (1997) ou encore Leveque
(1992), n'a pas souvent été
exploré sur son versant affectif. Le couple entraineur-entrainé
ne saurait se résumer uniquement à un simple guidage
pédagogique tournant autour du savoir faire. Il s'agirait plutôt
d'une véritable relation d'Amour (Leveque, 1992).
L'entraîneur, figure de référence,
compagnon intime de parcours, que l'athlète va adresser revendications,
demandes et élans affectifs, constitue la pierre angulaire de la
diffusion des significations. Il est celui qui légitime un ordre, impose
le devoir être et ce qu'il faut accomplir et surtout attribue du sens
aux efforts (Najah, 2007). Reconnaître l'intensité de cette
dimension affective suscite chez le clinicien un questionnement
immédiat : relatif au mode d'organisation dyadique, aux processus
psychiques conscients et inconscients qui la structurent et qui poussent ainsi
le sujet à agir. Car il est fort probable comme le soulève
Labridy, que l'acte sportif soit une particularité, une
motivation voilée, inconsciente de
requérir le désir d'un autre « un seul acte, mais
deux désirs d'être premier qui se rencontrent » (p
85), la rencontre du même désir pour un objet
idéalisé (Labridy, 1997).
Comme l'évoque Moragues (2004), dans
son travail « Psychologie de la performance, corps
motionnel, corps pulsionnel », chez les sujets sportifs, il
existe un investissement libidinal important d'une activité purement
corporelle. Le corps devient l'interprète d'un moulage de
restructurations et de réélaborations psychiques qui jalonnenent
la maturation psychologique de l'athlète, de l'enfance à
l'âge adulte. Le corps via son expression de performance ou de contre
performance devient le terrain obligé de l'expression de tout conflit
psychique traversant le sujet. Souvent l'imaginaire parental se retrouve
aspiré et emporté dans ce rapport
entraîneur-entrainé. Les sucées sportifs s'inscrivent
parfois et de manière pathologique dans une relation circulaire dont la
satisfaction narcissique (idéal du moi) des parents et donc des
substituts parentaux, qui devient l'unique but (idéal du moi) du
sportif et l'alimente (Moragues, 2004). On comprend ainsi, combien
l'état de performance du sujet est étroitement relié
directement ou indirectement à ce substitut parental.
Il serait nécessaire d'interroger cette relation aussi
structurée par la prégnance d'un objectif poursuivi, la
performance, et rechercher les fins réelles et cachées provenant
de telles résonances affectives. Cette idée sera plus
développée dans le prochain chapitre.
4. Motivation et rapport
athlète-spectateur : le regard de l'Autre :
La motivation constitue un réel témoignage de la
particularité du rapport entre athlète et audience. Dans une
récente recherche faite sur des pongistes de haut niveau (2007), nous
nous sommes rendu compte que la valeur du public est très importante
aux yeux du sportif.
Via l'observation participante, les entretiens psychologiques
et la passation des tests projectifs, nous avons conclus, qu'il s'agissait
d'une réactivation d'un comportement « infantile », avec un
mode particulier de rapport à l'audience, marqué par une forte
dépendance à son égard. Pour les joueurs il a
été impératif de gagner, car perdre, traduisait une
déception de l'Autre (entraîneur, public, amis...) et une
privation de son amour (Najah, 2007)
Dans le monde sportif, plusieurs termes s'associent, se
chevauchent et se répètent dans le discours des uns et des
autres ; « public »,
« supporters », « regard »,
« show » et « perte ». Regarder et
être regardé, perdre et être mal vu, appréhender
d'être regardé... Nous offrons ainsi, une preuve implicite de la
prédominance du visuel (à côté du son), dans
l'élaboration narcissique. « Parfois je fais ma
star», Freud cité par Bonnet (1996), évoque comme
premier exemple de pulsions partielles « le plaisir de regarder
et de s'exhiber », en insistant sur le fait que cette pulsion se
définit par son but, son objet mais telle, le regard représente
"le supposé voir de l'autre", le voir de la pulsion telle qu'elle se
profile en lui (Najah, 2007)
Dans le prochain chapitre nous allons développer cette
idée et citer les travaux de Bion et de Lacan, concernant le rapport
triangulaire du voir imaginaire entre sujet, audience, et substitut parental
(l'entraineur).
5. Motivation et Handicap dans le domaine du
sport:
Poser la question de la motivation, en relation avec le
handicap, n'est pas simple, surtout dans le milieu sportif et en
particulier dans le haut niveau: c'est un thème rarement abordé,
et sur lequel peu de travaux sont disponibles. Notre expérience
professionnelle d'intervenants en Activités Physiques Adaptées
auprès de personnes handicapées physiques nous met en situation
quotidienne d'observation attestant de l'accès de ces personnes à
un niveau particulier de motivation, et nous menant à nous interroger
sur les processus et les modalités que ces personnes déploient
pour manifester une motivation aussi particulière que la leur.
Notre recherche cible une population particulière. Il
s'agit du handicap provenant à la suite d'un accident ou d'une maladie,
alors que la personne est adolescente ou adulte. Sur ce sujet on pourrait se
baser sur les travaux de Champonnois (2001),
Simon (1989) ou encore Sausse (2008), qui ont
longtemps travaillé avec des sujets handicapés moteurs. Certains
d'entre eux évoquent l'abord psychologique du traumatisme et du deuil
dans la motivation subjective du sujet. D'autres parlent plutôt de miroir
brisé sur le plan narcissique et la manière dont l'individu tend
à en s'évader. Ceci sera plus développé dans le
prochain chapitre.
6. Hypothèses de recherche :
Notre hypothèse traite les différents aspects de
la motivation inconsciente (subjective) de l'athlète handicapé et
tend à en identifier les différences observées en rapport
avec la dimension de l'état de performance sportive et du rapport
dyadique entraineur-entrainé. Cette hypothèse sera
déterminée par trois sources : les données de la
littérature scientifique que nous venons de mettre en évidence,
celle de notre propre expérience clinique, et celle des
différents travaux portés sur cette problématique. Ces
trois sources nous dirigent vers une hypothèse générale
selon laquelle : les athlètes de haut niveau, handicapés
physiques, à rapport dyadique dépendant avec leur entraineur et
souffrant de contre performance sportive, présentent une activation de
la motivation de première génération. Nous
distinguons ainsi hypothèse spécifique:
Ø les athlètes de haut niveau, handicapés
physiques, à rapport dyadique dépendant avec leur entraineur et
à contre performance sportive, présentent à
l'entretien semi directif et à la passation du test projectif TAT une
activation au plan psychique du stade de l'Amour de performance, tandis que
les athlètes de haut niveau, handicapé physiques, à
rapport dyadique autonome avec leur entraineur et à performance
sportive présentent une maturation psychique typique du désir de
compétition.
L'opérationnalisation des variables sera
développée dans la partie méthodologie.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
I. Contre performance et Rapport
entraineur-entrainé :
1. La contre performance :
Introduction :
Avant de développer la notion de contre performance, il
faudrait insister sur le fait que ce terme est employé à la
lettre, au sens où une force se manifeste « contre »
la performance (Moragues, 2004). Entre la performance et la contre performance
existe ce terme « contre », faisant ainsi toute la
différence entre ces deux notions. Pour cela il faudrait commencer du
tout début, de « la performance » elle-même,
pour arriver à concevoir la réalité de la
« contre » performance.
Performance, ce mot d'origine anglaise, employé qu'au
pluriel, date du 19ème siècle, dans la langue du turf,
lors des courses hippiques, puisque les chevaux à cette époque,
faisaient des "performances". Le même mot, au singulier, est
fréquemment utilisé aujourd'hui comme synonyme d'exploit ou de
rendement, celui d'une personne, d'un animal ou d'une machine. Si l'on revient
à l'étymologie, on pourrait penser, que performance est
la forme de l'ancien français : performer, plutôt
parformer ce qui fait que performer ou parformer
'est plutôt parfaire que performer d'aujourd'hui et
là, nous constatons qu'il a une certaine coïncidence entre le sens
ancien et le sens moderne, car performance est aussi bien la
perfection dans l'action que la perfection dans l'oeuvre. Le mot
performance par rapport au mot perfection est une bonne
indication de l'évolution des moeurs au cours du dernier siècle.
Le premier n'a rapport qu'au faire, le second désigne une
qualité de l'être avant de s'appliquer au faire.
Il va de soi que dans la critique des excès et des travers du temps
présent, Le mot performance est souvent utilisé pour
désigner le mal qu'il faut combattre. Ce n'est qu'en 1876 que le terme
performance a été appliqué aux sportifs. En 1924 il est
devenu question d'un résultat sportif exceptionnel. Puis le sens
psychologique est apparut, venant de l'anglais : il s'agissait alors d'un
résultat individuel dans l'accomplissement d'une tâche, dont les
facteurs principaux sont l'aptitude et la motivation (Depecker, 2009).
En 1906, paraît le premier article sur une étude
prospective des performances à la course. La
« performance » était uniquement synonyme de
« record », causant de suite, un désaccord
théorique. Son auteur Kinnelly, fut un véritable pionnier
concernant la bioénergétique de l'exercice musculaire. Les
sciences modernes, notamment dans le domaine de la physiologie et de la
biomécanique, commencèrent à catégoriser les
différents paramètres gravitants autour de la performance
dès le début du 20ème siècle avec le renouvellement
des Jeux Olympiques. Dès lors ils se sont aperçut combien
l'obtention de la performance était complexe. (Billat, 2008).
Comme l'affirme Seve (2006) dans son travail intitulé
« Sciences humaines L'esprit sportif, La gestion, Communication
et promotion des APS, Tome3 », la performance sportive, se
déclinerait selon le discours, car elle revêt une certaine
ambigüité. Son emploi est souvent relié à certaines
connotations de succès, de réussite et d'exploits, mais elle
désigne « en tout autant l'affection d'une réponse
motrice que le résultat obtenu, c'est-à-dire aussi bien le
mouvement réalisé que le résultat du mouvement »
(p 29). Il prend l'exemple du saut en longueur et du saut en hauteur pour
montrer que la performance en elle-même, fait non seulement
référence à la hauteur ou à la longueur de la barre
ou de la ligne franchie, mais aussi aux actions motrices
réalisées.
La majorité des modèles explicatifs de la
performance se rejoignent sur certains points: Le modèle de Cratty
(1968), repris par Carron (1982) présente quatre grandes
catégories de variables influençant l'évolution de la
performance : les facteurs sociaux, structuraux, physiologiques et
psychologiques, pouvant se trouver dans l'entourage immédiat du sportif,
à sa proximité, ou éloignés de celui-ci (Thomas et
al, 1989). Même chose pour le modèle d'Alderman (1974) qui
en ajoute un autre facteur, celui de l'aptitude technique.
Le modèle des déterminants de la performance
sportive de Bouchard (1971) : indique par contre que la performance
dépend de trois sous-ensemble : les déterminants invariables
liés au facteur de l'hérédité, les
déterminants qui peuvent être modifiés ou manipulés
dans le cadre d'une stratégie d'entraînement regroupés en
neuf facteurs (technique, intelligence stratégique, condition physique
générale, condition physique spécifique, niveau de
préparation psychologique, influence du milieu social, conditions
climatiques et alimentation et enfin récupération et loisirs) et
celui des contrôles importants dans l'organisation de la
préparation à la performance sportive (Bouchard, 1971).
Billat (1991), quant à lui, a essayé de combiner
entre l'approche scientifique et l'expérience issue de la pratique de
l'athlétisme. De formation physiologique, athlète et
entraîneur d'athlètes de haut niveau, il a pu dégager un
nombre de facteurs plus large que ces antécédents et qu'il jugea
nécessaire pour la performance en course de fond. Il évoque
entre autre le mode de vie et le potentiel social, la connaissance de la
spécificité de l'activité, la connaissance du potentiel
physique et psychique, l'infrastructure institutionnelle et enfin le
règlement. Ce même modèle a été repris par le
même auteur en collaboration avec Peres et a été
adapté au triathlon (Billat. 1991).
La performance sportive a longtemps désigné, des
comportements observables d'un sujet donné, dans une situation
donnée et à un moment donné. Cependant elle est instable
et varie au cours de la saison sportive. Suite à cette
variabilité dans le temps et dans l'espace elle peut être efficace
ou au contraire inappropriée à la situation. Dans ce cas, nous
parlerons de contre performance (Seve, 2006).
1.1. Entre performance et contre performance : le
contre désigne réellement quoi ?
Banalisé dans le monde sportif, le terme de contre
performance est souvent synonyme d'échec ou de mauvais résultats.
Quand elle survient, puis se répète en dépit d'une
condition physique optimum, elle laisse perplexes sportifs et
entraîneurs. Pour essayer de comprendre, ils ont quelquefois recours
à des justifications mettant en cause les facteurs psychologiques,
admettant alors que la condition physique, est insuffisante pour amener
à la performance. En se référant à la
majorité des travaux sur ce sujet, nous nous sommes rendu compte de la
prégnance perpétuelle de deux dimensions
considérées comme causes majeures et reliées
indépendamment à l'athlète. Il s'agit de la dimension du
stress directement liée au contexte purement physiologique et l'absence
ou l'insuffisance de motivation, perçue comme facteur majeur des
résultats d'échec (Moragues, 2004).
La théorie des « styles attributionels » ou
« styles explicatifs », développée par Abramson,
Seligman et Teasdale (1978), conçoit que chaque individu aurait une
manière relativement stable d'expliquer les événements
positifs et/ou négatifs susceptibles de lui arriver. Cette
théorie est un renouvellement de la théorie de la
résignation apprise ; lorsqu'un athlète échoue et
devient contre performant, devant une situation dans laquelle il ne
perçoit aucun moyen d'atteindre le but, il fait l'apprentissage de
l'inutilité de ses efforts et peut devenir par conséquence,
résigné. Cette résignation apprise devient une perception
d'un rapport d'indépendance entre le comportement exécuté
et le résultat. Le « contre » devient une
manifestation de résignation acquise et
généralisée. Cependant, ce modèle explicatif, a
fait l'objet à la fois de très peu d'études dans le
domaine des activités physiques et sportives, mais surtout de plusieurs
critiques qui ont commencé à se multiplier parallèlement
à l'avancée des recherches. Certains chercheurs et
théoriciens, ont dénoncé le manque de validité
interne de certaines expériences, en apportant d'autres explications
à la contre performance constatées dans celles-ci. La
validité même de cette théorie a été remise
en cause. Selon certains, le modèle ne permet pas d'expliquer l'ensemble
des réactions que les sportifs démontrent face aux
événements incontrôlables (voir les travaux faits par,
Miller & Norman, 1979 ; Roth, 1980 ; Wortman & Brehm, 1975) : certains
manifestent des déficits et des contre performances
présumés à travers le temps et les situations, tandis que
d'autres ne manifestent pas ces déficits. Ce modèle semble
constituer une simplification excessive de la contre performance (Krumm.,
Sarrazin, 2004).
L'observation psychologique clinique de la contre performance
apporte, par contre, un autre éclairage sur la question. C'est en tout
cas ce que montrent les données recueillies lors des consultations du
centre de psychologie sportive de Montpellier sur des athlètes et des
sportifs du CREPS. On peut citer les travaux de Moragues (2004) et les
études de cas qu'il a pu développer dans son travail
intitulé « psychologie de la performance », à
travers lequel la contre-performance n'est pas une simple insuffisance de
résultat, due à une simple absence de motivation ou à une
augmentation du stress. Elle témoigne d'une présence du sujet,
et que parfois même, elle peut être, paradoxalement, un indicateur
de bonne santé psychique dès lors que l'on cesse de concevoir la
santé comme un équilibre sans conflit, mais plutôt comme
une dynamique de remaniements, où les indispensables conflits et crises
sont facteurs d'évolutions et de possibles transformations.
En effet ce qui pourrait paralyser une performance, et donner
une « contre » performance, est la vision de la
compétition où domine justement une certaine
représentation imaginaire et où existe un écart entre le
« vouloir » de la volonté consciente et un autre
« vouloir » qui s y oppose. Le moi
« veut », « désire », mais aussi
« ne veut pas » ne « désire
pas » de même que le corps « peut »ou
« ne peut pas » ou parfois tend à
désobéir et « ne veut pas ». Cette
« contre » pourrait ainsi emprunter le fonctionnement d'un
symptôme et être analysé comme tél (Lollini et al,
2007)
L'éclairage psychanalytique, nous montre combien cette
action de « contre » performance atteste de la
présence du sujet de l'inconscient et combien celui-ci est à
l'oeuvre dans ce genre de manifestations corporelles. Ce
« contre » ne traduit pas uniquement une manifestation
motrice ou corporelle inadaptée, mais également se structure
comme « un langage », ou sa forme et sa construction sont
signifiantes du désir de l'être sportif. Il s'agit de la
manière si particulière du corps moteur à
traduire le corps pulsionnel et où la marque de la
compétition, du « jeu »
mais surtout du « je » porte sur
des lois du langage qui caractérise selon le modèle freudien, le
fonctionnement psychique (Moragues, 2004).
Vu que notre travail porte sur des athlètes à
handicap physique, le handicap à lui seul ne suffit pas pour justifier
la contre performance. Certainement un athlète valide diffère
d'un athlète handicapé au niveau des remaniements psychiques et
de la perception latente de la symbolique de la contre performance. Ce
symptôme observé chez ces deux acteurs n'évolue pas
forcément de la même manière, mais ce qui nous
intéresse pour le moment, c'est de le décortiquer auprès
de cette population si particulière et signaler l'importance de son
intégration dans les recherches cliniques, surtout que peu de travaux
ont traité la contre performance et le corps pulsionnel des
athlètes handicapés, en estimant que le sport pour
handicapé est un sport de loisir et non de haut niveau.
L'évolution de cette pratique démontre le contraire. Pourquoi se
soucier seulement d'optimiser la performance des sportifs valides et chercher
à tout prix de comprendre la nature de leur contre performance alors
que les athlètes handicapés de haut niveau ne cessent de montrer
leurs capacités et leurs talents dans les diverses pratiques
sportives ?
1.2. Sport et handicap
Turpin (2008), dans son cours « anthropologie de
la performance », indique que si on reprend le
développement historique du sport chez les handicapés, on
s'aperçoit que les activités se sont diversifiées de
manière très importante, parallèlement aux performances
qui sont devenus très élevées, faisant des athlètes
handisports des sportifs de haut niveau, au plan des résultats. Ce que
nous pouvons constater avec le développement du sport pour
handicapés physiques, c'est qu'il répond parfaitement à
l'injonction du sport en général. Il utilise les mêmes
processus et se soumet à la même logique. Les adaptations sont
majoritairement techniques, réglementaires et matérielles, mais
elles participent de la même philosophie. Pour les handicapés ceci
est extrêmement important puisque cela leur permet d'attester
(grâce au recours à la performance sportive) qu'elles sont des
personnes comme les autres (Turpin, 2008).
Marcellini et Turpin (1999) ont tenté de trouver des
réponses aux attitudes des sujets handicapés vis à vis de
l'objet "sport". Dans une recherche clinique qu'ils ont mené
(longitudinale sur 5ans), ils ont pu mettre en évidence la
multiplicité des utilisations du sport par ces personnes, et la liaison
entre le type d'usage du sport et le rapport à la perte et au handicap.
Ils ont montré que le sport peut être support de stratégies
d'isolement dans le groupe de handicapés, ou bien support
d'expérimentations du contact avec le monde "ordinaire", support de
méthodes de distinction vis à vis des autres handicapés,
ou encore support de militantisme pour la modification des
représentations sur le handicap. Ces différents usages traduisent
un ensemble d'étapes dans la reconstruction identitaire des sujets. Ils
ont pu constater que du moment où le sport n'est plus investi d'une
fonction quelconque au regard du handicap, ils constatent l'émergence
parallèle de références identitaires dominantes
évacuant la dimension du handicap (professionnelles et familiales en
particulier), et le retour à des préoccupations "ordinaires", en
même temps que se reconstruit le lien avec "l'avant" (l'accident)
où le sujet devient à nouveau capable d'éprouver un
sentiment de "continuité de soi" (Marcellini et al, 1999).
La bienfaisance du sport pour handicapé en Tunisie
à été signalée de quelques travaux de recherches,
celle de Lacheb et Moualla (2008), serait un exemple parfait. Il
s'agit d'une étude clinique très intéressante,
à travers laquelle a été proposée une analyse du
vécu corporel d'athlètes tunisiens handicapés physiques,
investis dans une pratique sportive de haute compétition. Dans cette
expérience clinique, le corps est en position d'ambivalence entre la
matérialité de la déficience qu'accusent le regard
d'autrui et les exigences de la performance sportive. L'étude montre que
la déficience corporelle s'exprime, pour les athlètes, en termes
d'écart par rapport à la norme. Cependant, la mise en jeu
spécifique du corps dans la pratique sportive et la réalisation
des performances de pointe suscitent la rencontre avec un corps autre et
participent à une révocation, voire même un oubli du
handicap. En effet, l'engagement corporel des athlètes dans une pratique
socialement signifiante leur permet de se forger une identité
exceptionnelle dans l'espace sportif. Par ailleurs, l'appropriation de cette
nouvelle identité et la conciliation avec le corps déficient
transforment leur perception du corps propre et conduisent à la
réconciliation avec soi, malgré une confrontation continue
à la logique de la norme dans l'espace extra-sportif.
Notre travail a pour but de s'intéresser au handicap et
d'observer les relations qu'il entretient avec la contre performance sportive.
Ici, il ne s'agit pas de questionner la notion de handicap en elle-même
mais de comprendre les remaniements psychologiques d'un athlète
handicapé et contre performant. Ceci sera plus développé
dans la partie « motivation ».
1.3. Quel critère nous mène à
désigner un athlète comme contre performant ?
Un bon résultat, tout comme un mauvais résultat,
est la conséquence d'une série de comportements adaptés,
ou inadaptés, à la situation et aux événements.
Nous allons nous baser sur la définition de Moragues (2004) pour pouvoir
désigner un athlète comme contre performant ;
« La contre performance se définit par la
répétition de l'impossibilité en
situation de compétition des prestations ou des résultats
déjà obtenus à
l'entraînement » (p 6). Bien évidement, la contre
performance peut être d'origine psychologique, mais avant d'arriver
à cette conclusion, il faudrait se poser certaines questions afin de
tenter de mettre à côté et contrôler toutes variables
(non psychologiques) susceptibles d'expliquer l'échec du résultat
lors du moment de compétition ou de l'entrainement : Avant la
compétition, est ce que l'athlète était prêt
physiquement ? Comment était-il techniquement ? Tactiquement, a il
fait des erreurs inhabituelles ? Est-il irréprochable sur le plan
diététique ? etc... Mais surtout il ne faut pas
négliger le caractère répétitif de la contre
performance (Costa, 2008).
Chose qu'il ne faut absolument pas négliger pour
identifier une contre performance est l'évaluation objective et
subjective de l'entraineur. Ces exemples de questions lui sont souvent
adressés vu que son but unique est celui d'optimiser la performance de
son athlète et réparer tout signe de contre performance. Dyade
exceptionnel à objectif commun, dans notre étude, nous nous
intéressons également à cette proximité pouvant
exister entre entraîneur et entraîné, telle que pourrait
l'être une relation de type familial, marital ou autre.
2. Rapport entraineur entrainé
Introduction
La relation entre un athlète et son entraîneur
est unique, complexe et à diverse facettes. Les études montrent
que la qualité de ce rapport joue un rôle déterminant dans
l'aboutissement du succès sportif comme dans son échec. Cette
relation si particulière, intéresse chercheurs et même
médias qui tendent souvent à s'incruster dans leur
intimité. Les athlètes, eux-mêmes, se voient parfois en
difficulté à trouver les mots justes pour expliquer ce lien
unificateur (Smith et Smoll, 1996).
Divers termes nous viennent à l'esprit ;
« couple », « dyade »,
« coéquipier », « partenaire »,
supposant l'existence non seulement d'une relation "professionnelle",
basée sur la technique, mais aussi d'une relation affective entre deux
êtres. L'entraîneur souvent désigné comme
simple technicien, ou pire comme calculateur de performance, soutient un
statut intriguant que nous qualifierons de paradoxal, et difficile à
assumer ; où la crainte, l'incertitude, le non control de la performance
et des détours négatifs de la compétition le rumine et
affectent à leur tour le rapport si particulier qu'il entretient avec
son athlète (Najah, 2007).
Jowett et ses collaborateurs (Jowett et Cockerill, 2003 ;
Jowett et Meek, 2000), définissant cette relation comme un vecteur d'un
ensemble d'émotions, de pensées et de comportements, ont
travaillé avec un groupe de nageurs, pour analyser le rapport
entraîneur-entraîné, afin de mieux comprendre sa dynamique
et ses éventuelles répercussions sur la performance. À
partir des entretiens semi-directifs (guide d'entretien basé sur celui
de Jowett et Meek, (2000)), auprès de cinq nageurs de haut niveau, ils
ont pu relever qu'au niveau du but d'optimisation de la performance, la
qualité des relations interpersonnelles est une priorité à
développer. Les nageurs qui entretiennent une relation avec leurs
entraineurs, alimentée de confiance, de respect, d'affection,
d'échange, de mise en commun des objectifs, d'acceptation et de respect
des rôles, leur offre un développement psychologique mature
(Jowett et al, 2003).
Huget et Labridy, (2004), ont tenté via une
étude de perspective clinique analytique d'étudier la relation
entraîneur-entraîné. Elles ont constaté que ce
rapport contient différentes modalités transférentielles,
se mettant en perspective, en fonction de la structuration familiale du
sportif. L'objectif de cette recherche était de repérer si la
relation à l'entraîneur introduisait une continuité ou une
discontinuité par rapport à la structuration familiale initiale.
Les entretiens cliniques effectués auprès des athlètes de
haut niveau et le recueil de chaque histoire singulière, ont pu relever
l'énonce d'une structure identifiable : la rencontre de
l'athlète d'un autre, dans ce rapport à l'entraîneur
répond à un manque, ainsi que l'existence d'un désir
(inconscient) particulier d'entraîner à travers les dires de
l'entraîneur.
Dans cette même optique, Inchauspé et Dubier
(2008), travaillant également auprès d'un groupe de nageurs de
haut niveau, ont essayé d'associer quatre types d'entraineurs avec
quatre types de nageurs, en affirmant que c'est l'attitude de l'entraineur qui
affecte celle du nageur, de la relation entre eux, et par conséquence la
performance. Ils évoquent le rapport triangulaire que le sportif
détient, et la manière dont l'entraineur, peut être en
dehors de ce rapport ou prendre la place d'un des parents. Ils classent la
relation entraineur-nageur en quartes catégories : (1)
L'entraîneur qui se situe sur l'axe
chaleur-autoritarisme, développant chez le nageur, un
comportement de soumission, (2)l'entraîneur sur l'axe
autoritarisme-hostilité, face à qui le nageur aura
tendance à se renfermer et à internaliser ses sentiments laissant
émerger une auto-agressivité, comme de la timidité ou de
l'anxiété, (3) l'entraîneur sur l'axe
hostilité-encouragement, partenaire d'un nageur qui,
à la fois ne respectera pas les règles de fonctionnement et ne
fera aucun compromis et enfin (4) l'entraineur sur l'axe
encouragement-chaleur, créatif et actif, le nageur
devient à son tour créatif et actif et demandera lui-même
des exercices nouveaux. Il apprend à prendre des initiatives et à
être indépendant.
Ces différentes études nous montrent
l'importance de cette relation, et signaler l'inexistence unique d'un seul et
modèle relationnel. La relation, qui est en elle-même une
rencontre entre deux êtres, devrait être explorée dans son
versant affectif et autour des diverses facettes touchant les multiples
déterminants et régulations de cette alliance que nous pouvons
parfois même qualifier de passionnelle. La passion en elle-même se
diversifie d'un couple à un autre en fonction des particularités
conscientes et inconscientes (fantasmatiques) du couple, nous menant ainsi
à nous interroger sur les types de rapport entraineur -entrainé
2.1. Les quatre catégories de rapport
entraineur-entrainé, en fonction de la dimension fantasmatique de
l'entraineur :
Marc Léveque (1992), psychologue clinicien, ancien
athlète et entraineur, dans son travail intitulé
« la relation entraineur-entrainé. Perspective dynamique
affective », affirme que l'entraineur est un agent de
représentations, relaie et prolonge l'emprise sur l'athlète, en
tentant de le persuader et de lui inculquer un ensemble de valeurs. Sa parole
pour l'athlète, paraît comme l'unique vecteur crucial de
persuasion. Considéré par cet auteur, comme emblème de
significations, nous pouvons dans notre travail et suivant notre optique
théorique (psychanalytique) le qualifier
d'« Autre » tout puissant ou Autre barré, ou encore
de « Surmoi », dépendamment de la force de son
Emprise (Lacan, 1949). En restant dans l'approche de Léveque,
tirée de celle de Labridy (1990) (surtout que nous allons nous baser
dans notre travail méthodologique sur certains points qu'ils ont pu
développer) et en analysant les diverses études cliniques que
ces deux auteurs ont pu mettre en place dans des équipes de tennis de
table, de volley Ball, de Ski, de Boxe et autres, nous constatons que via
l'analyse de la « dimension fantasmatique » de
l'entraineur quatre catégories le désignant on été
déterminées: (1)
l'entraineur modèle sur ordonnance, où
le rapport entraineur-entrainé s'affiche sur « un mode de
mère phallique omnipotente et autarcique »
(Léveque, p 18), et étouffe la singularité de
l'athlète. Ce type d'emprise intense et uniquement dans un registre
duelle empêche toute possibilité de triangulation.
L'athlète perçoit son entraineur comme l'unique bon objet et
devient mauvais objet à la moindre résistance. Dans
l'incapacité d'exprimer son malaise le sportif risque de retourner son
insatisfaction contre lui-même sous forme d'abondant. (2) le
formateur-entraineur, insatisfait de ne pas être totalement
réalisé comme athlète, par déni, peut couvrir
cette blessure narcissique avec une attitude de toute puissance et
d'autosatisfaction. Peu soucieux des nécessités de son
athlète en tant que personne, il en manifeste un total
désintérêt et produit via ce dernier sa propre histoire
personnelle et sportive. L'athlète ne s'affiche plus dans ce rapport et
devient inexistant. (Léveque, 1992). (3) l'entraineur
dominant, se présente sur un mode de
fantasmatique anale, tournant autour d'un accrochage au plaisir pris dans la
maîtrise, le façonnage et le modelage du sujet. Un moulage selon
le désir du maître, ou plutôt une jouissance du pouvoir.
« Si tu fais (techniquement) comme ça, soit sur que tu
gagneras (...) si tu continues à rester comme ça c'est fini pour
toi ». Ne pouvoir gagner que dans la
« dépendance » et la
« soumission » aux directives de l'entraîneur, le
joueur se réduit à n'être qu'un exécutant technique,
dépossédé de sa part de succès, menacé
d'échec à la moindre désobéissance. Cette tendance
peut sous tendre ainsi des excès. Comme l'indique KAES (1976), les
fixations anales du formateur ont pour correspondance des positions
régressives orales du sujet en formation (Najah, 2007)
Quant à la quatrième catégorie, que nous
ciblons d'ailleurs dans notre travail, est ;
(4) l'entraineur
inépuisablement généreux, disponible sans
limite, répondant à tout désir de son athlète,
traduit un enthousiasme et une conscience professionnelle intense à
l'égard du projet sportif. Ces comportements nous font penser à
la mère généreuse, et illimitée dans sa
bonté. Déclenchant chez l'entraîneur un comportement
surprotecteur et souvent, intrusif dans la vie privée de
l'athlète. Il devient incapable de « lâcher »,
de se séparer ou d'assumer la perte d'un objet libidinalement
surinvestit, engendrant une attitude de possessivité alimentée
encore plus par la sollicitude de l'athlète, vu qu'un athlète
handicapé, présentera une sollicitude autant plus forte qu'elle
ne favorisera pas son l'autonomisation. L'athlète est maintenu en
conséquence en état d'immaturité. Le rapport dyadique est
fusionnellement intense, idéalisé où toute
émancipation de l'athlète est empêchée ; de
bonne intention dans un seul et unique but se conformer à cet
idéal de mère généreuse. L'entraineur oubli ainsi
de renvoyer à son athlète des « feed back »
autres que protecteurs et maternants (Léveque, 1992).
Toujours dans cette quatrième catégorie, et
mentionnant que dans notre recherche nous ciblons une activité sportive
particulière, le lancé en général, le
caractère « individuel » de cette pratique, rend le
rapport entre ces deux acteurs de plus en plus étroit. L'entraineur
certainement s'occupe d'un groupe d'athlètes, mais la variable handicap,
le mène souvent, à s'en occuper cas par cas, accentuant par
conséquence l'intimité du rapport ; un lien direct les
unit, sans qu'aucune structure d'équipe ne fasse écran entre eux.
Ils deviennent des interlocuteurs immédiats. Pratiquant ainsi en
solitaire, le seul partenaire de l'athlète devient son entraineur
(Léveque, 1992).
La nature du handicap joue également un rôle
très important, sa gravité, ses degrés, les circonstances
de son déclenchement, mais surtout tout ce qu'elle détient de
remaniement psychologique spécifique à elle, module à son
tour tant la dimension fantasmatique de l'athlète que de celle de
l'entraineur.
2.2. Etre entraîneur d'un athlète
handicapé moteur ?
Les situations de handicap sur lesquelles nous nous appuyant
pour ce travail de synthèse sont des situations particulièrement
traumatisantes vu qu'elles ont été brutalement provoquées
par un accident ou une maladie. La première conséquence d'un
tél traumatisme corporel est un "éclatement" de la
structure du Moi. Le sujet se retrouve d'un coup dans des conditions proches de
celles du nouveau né avec une dépendance totale au milieu. Les
situations régressives que connaissent les sujets à ce moment du
traumatisme, alliées à l'altération des barrières
psychiques et à la désorganisation topique, vont offrir des
conditions favorables à l'expression de la vie inconsciente. Cette
dépendance peut entraîner de la part de l'entourage ; parents
ou substitut parental, dans notre cas l'entraineur, une réelle
infantilisation de la personne handicapée : on pense pour elle, on parle
pour elle, l'identité du concerné disparaît
parallèlement avec l'intensité de la fusion handicapé
-parent ou substitut parental (Simone, 2001).
Dans le milieu sportif, l'entraineur, joue un double
rôle ; pédagogue et parent. Les athlètes de haut
niveau hébergés dans des centres sportifs et participant à
des stages clos de longues périodes, loin de leurs familles, vont se
retourner au seul substitut parental, l'entraineur, et installer dans cette
dépendance, une forme de cocon sécurisant.
Le déficit moteur est visible. Il crée une
sorte de « miroir brisé » et renvoie aux
personnes qui le côtoient, des questions sur leurs identité, leurs
angoisses de castration, leurs propres peurs de la dépendance, leur
pouvoir limité sur le monde... à partir de là, plusieurs
réactions et formes relationnelles émergeraient :
l'entraineur «valide» peut rejeter la personne handicapée afin
de ne pas voir qu'elle lui ressemble. Il essai le maximum d'éviter le
handicap, de ne pas s'en rapprocher de trop près et éviter le
toucher associé symboliquement à la peur d'une contagion. Nous
observons alors des entraineurs distants, agressifs, parfois même violent
évitant à tout prix toute approche avec l'athlète. Dans
d'autres situations, L'athlète est «accepté» mais doit
demeurer dans son rôle ; c'est un sportif mais c'est un
handicapé avant tout. Le sujet se trouve stigmatisé par son
entraineur. La troisième forme défensive face à un
porteur de handicap est la réparation. Il s'agit, en
réalité d'une compassion vers son semblable en difficulté.
Cette attitude perçue comme positive, dépend, en
réalité de l'intention profonde (la dimension fantasmatique
et réparatrice) de l'entraineur. Car chacun sait qu'il existe des
excès de la relation d'aide pouvant entrainer des effets pervers
(Sausse, 2008)
Face à toutes les difficultés qu'un
handicapé moteur peut ressentir, au sentiment de pitié que
l'autre peut éprouver, souvent la culpabilité se trouve
renforcée, celle de la personne handicapée, celle des parents,
ou celle de l'entraineur. Pour y faire face, comme le souligne Crombecque et
Mukendi (1996), il faudrait trouver un juste équilibre entre ce
mélange de peur, d'angoisse, de désir , de besoin, de pouvoir...
des uns et des autres pour garantir une dynamique mature et
équilibrée de la personne handicapée et la
" libération " de son entourage qui a souvent du mal à
trouver l'attitude juste, oscillant entre surprotection et rejet.
Problème que les entraineurs rencontrent souvent ; face à ce
sportif si particulier, qu'elle est l'attitude juste à adopter pour
optimiser la performance, surprotection, rejet, les deux à la
fois ? C'est pour cela que parler uniquement de la nature du rapport
entraineur- entrainé en fonction de la dimension fantasmatique de
l'entraineur seulement ne suffit pas, il ne faudrait pas négliger la
modalité de la demande latente de l'athlète dans la
régulation de la relation. Cette partie sera développée
dans le chapitre motivation.
II - Etats motivationnels en activité
sportive :
Introduction :
Les préoccupations théoriques sur la motivation
en contexte sportif ne datent pas d'aujourd'hui, son investigation
représente l'une des modalités les plus fascinantes et les plus
complexes de la psychologie. Fascinante dans le sens où la recherche et
l'étude des facteurs et des processus déclencheurs et
régulateurs des conduites détiennent quelque chose de magique.
Complexe également, parce que le comportement humain sportif est traduit
par une multitude de facteurs en interaction, ce qui confère à
cette motivation un caractère particulièrement dynamique
(Sarrazin, 2001).
1. Comprendre et évaluer la motivation en milieu
sportif :
La volonté de comprendre le « pourquoi » des
comportements en contexte sportif a fait l'objet de plusieurs recherches et
investigations théoriques, intéressantes les unes que le autres
et même complémentaires. La mise en évidence de certains
modèles pourrait nous être bénéfique et permettre la
compréhension des raisons de notre orientation théorique.
Sarrazin, (1995) un adepte de la théorie ?du but
d'accomplissement? (à versant cognitivo-sociale), au cours de plusieurs
études effectuées en contexte scolaire et sportif, avec l'aide de
Famose et Cury (1995, 1997, 1998), a essayé d'établir
« un profil motivationnel », via la passation de
l'échelle QPSS (questionnaire de perception du succès en sport),
sur différents groupes de sujets à pratiques sportives
diversifiées (escalade, basket, hand-ball...). Ils ont pu
confirmer ; l'existence d'un sentiment de compétence reposant
à la fois sur des critères externes (la performance
réalisée et l'effort fourni par autrui) et sur un processus de
comparaison normative à un groupe social de référence, il
s'agit « d'implication de l'ego » (ego involvement)
(Nicholls, 1989, p.87), se traduisant par des préoccupations
relatives à son positionnement dans une norme, (« suis-je bon
?», « où est-ce que je me situe par rapport aux
autres? » etc...). Également, Le profil motivationnel et les
facteurs déclencheurs du sentiment de performance jouent un rôle
important dans la régulation de l'habilité sportive du sujet et
dans l'évaluation auto-réflexive de ses propres
capacités. Les diverse études exposées par la suite dans
cette optique, valident empiriquement l'existence de liens de causalité
potentiels entre les dispositions motivationnelles et les croyances sportives
(Sarrazin, 1995).
Dans ce même contexte, François (1998), (en se
référant aux travaux de Bundura, 1986, Rotter, 1955, Deci &
Ryan, 1991) a tenté d'expliquer la motivation sportive, via ?la
théorie de l'expectation?. Il évoque l'importance de
l'expectation de résultat, quand une personne, évalue ses
possibilités de succès ou d'échecs, en se basant sur les
croyances relatives de ce qui survient (locus de contrôle). Il
évoque deux types de locus ; le locus de contrôle interne (se
qui se passe, performance ou contre performance, est de la
responsabilité du sujet, qui reconnaît ses capacités
d'influencer les événements), et le locus de contrôle
externe (ce qui se passe, performance ou contre performance, ne dépend
pas du sujet, mais des facteurs externes, avec une reconnaissance d'une
incapacité totale) (François, 1998).
Cury, Schiano-Lomoriello et Da Fonséca, (2001),
également dans le domaine du sport et de l'éducation physique ont
proposé un renouvellement conceptuel de la théorie d'ajustement,
en se basant sur la distinction conceptuelle entre motivation d'approche et
motivation d'évitement. Ils postulent l'idée de deux buts
distincts : le but d'approche de la performance dirigé
vers la démonstration de compétence normative et le but
d'évitement de la performance dirigé vers
l'évitement de la démonstration d'incompétence normative
(Gernigon et Cury, 2003). Ils en ajoutent après, un troisième
but ; le but de la maîtrise de la performance, à
tendance motivationnelle appétive. L'effort instrumental qu'ils ont pu
mettre en place pour mesurer les trois orientations motivationnelles et
l'attestation de la solidité psychométrique n'a pas suffit pour
faire face aux critiques. Divers auteurs estiment que la définition du
but de maîtrise reste à approfondir. Il faudrait,
également, formaliser une tendance appétitive et une tendance
aversive du but de maîtrise dans le domaine sportif. Les analyses
psychométriques menées dans ce but, révèlent
l'existence de quatre facteurs indépendants (les 4 buts
d'accomplissement) et non de trois facteurs, reliés à des
antécédents et des conséquences spécifiques et
différenciées. La théorie du but d'accomplissement est
jusqu'à ce jour discutable aux niveaux du caractère, bi, tri ou
quadri dimensionnel (Gernigon et Cury, 2003).
Outre le courant cognitif et social, d'autres modèles
théoriques abordèrent la notion de motivation et ont tenté
de l'évaluer de manière particulière. Dans ses
études sur la motivation, Famose (1997), met en avant deux questions
fondamentales : à partir de quel indicateur comportemental peut on
conclure qu'un sportif est motivé ou pas ? Et Quels sont les
processus psychiques internes qui en sont responsables ? Pour
répondre à la première question, l'auteur en
désigne quatre indicateurs ; (1) L'intensité, comme
quantité de ressources attentionnel que le sportif investit durant
l'entrainement et la compétition. Il s'agit de la force de la vigueur
dans la mobilisation de ses capacités dans la tâche à
accomplir. (2) la persévérance, comme effort maintenu
dans le temps. Dans ce cas, toute forme d'abandon et de non acharnement est
témoin d'un manque de motivation. (3) La direction, dans le
choix de l'activité sportive et la centration de l'attention du sportif
sur les aspects les plus pertinents de la compétition. Les deux premiers
indicateurs doivent, à l'intérieur d'une activité
sportive, être dirigé vers l'accomplissement d'un résultat
désiré pour déterminer ainsi le quatrième
indicateur (4) La motivation continuée, qui se définie
comme la volonté de poursuivre l'activité dans un cadre
différent (lieu, entraineur, partenaire...). Pour ce qui est de la
deuxième question ; Famose, parle de deux processus psychologiques.
Le premier processus se réfère à la théorie de
?l'expectation de succès?, désigne les probabilités
subjectives qui résulte de la comparaison entre, la performance
désirée et celle anticipée (Exemple « si je veux
gagner ce match, je pense que j'en suis capable »). Il s'agit en
d'autre terme de la confiance en soi. Le deuxième processus, la valeur
de la tâche, est l'intérêt qu'un sujet trouve dans son
engagement dans une activité sportive, évalué par les
conséquences positives qu'il espère retirer de cette
activité. (Exemple « quelle importance a cette
compétition pour moi ? »). Cependant Famose rejoint les
autres théoriciens déjà cité au début de
cette partie, et parle à son tour de l'importance de la dimension de
croyance mais dans un autre contexte, celui de la valeur d'atteinte :
quand le sportif se sent menacé dans son estime personnelle et dans le
but de maintenir un schéma de soi positif, il adopte diverses
stratégies motivationnelles, qui lui permettent de préserver son
estime de soi. L'entraineur et les partenaires de jeux peuvent y parvenir dans
cette dimension de croyances, selon l'importance qui lui en sont accordé
(Famose, 1997).
Ces diverses études affirment, que dans
l'activité sportive, la performance est reliée à la
motivation et/ou à son augmentation alors que la contre performance est
reliée à l'absence et/ou à l'insuffisance de motivation.
Nous nous sommes interrogés sur ce rapport d'existence et d'absence et
nous nous sommes demandés pourquoi faire disparaitre la motivation quand
il s'agit de contre performance. Si la contre performance en elle-même,
est une manifestation de quelque chose, une expression d'un « manque
inconscient », comme nous l'avons déjà
développé au début de ce travail, impliquerai elle
forcément cette absence? Ne serait ce pas une manifestation d'un autre
type de motivation ? Nous pouvons ainsi reprocher à ces
différentes études le fait qu'elles ne prennent pas en compte la
complexité réelle des différents processus psychiques qui
alimentent la motivation. Celle ci ne constitue pas une dimension à
part, mais fait partie intégrante de la personnalité et devrait
en être analysée comme tel. La théorie psychodynamique, et
l'approche psychanalytique sont des exemples parfaits de ce que nous tendons
à montrer (Ben Rejeb, 2001).
2. Peut-on parler « des » motivations
« inconscientes » :
La psychodynamique aborde l'idée
« des » motivations, et en ajoute qu'elles peuvent
être « inconscientes ». Quant à la
psychanalyse même si le terme de motivation n'a guère cours dans
son langage, Moragues (2004), a pu faire un croisement entre
« motivation » et « désir », et
montrer que le concept de pulsion en psychanalyse répondait parfaitement
à la question de la motivation. Il affirme que la contre performance se
manifeste contre la volonté consciente du sujet. C'est un acte
inconscient doté de sens et témoigne d'une motivation
particulière traduisant un conflit psychique inconscient. La motivation
serait donc une hypostase du désir qui surgit, et à travers
duquel les instances psychiques particulièrement l'idéal du
moi et le moi idéal prennent un espace fulgurant et structure de
manière fascinante. La motivation inconsciente se structure dès
lors en motivation de première génération en
évoquant le Moi idéal de première
génération, et en motivation de deuxième
génération caractéristique de l'Idéal du moi de
deuxième génération, nous laissant ainsi perplexe devant
la particularité du corps pulsionnel du sujet sportif (Moragues,
2004).
3. Dynamique de l'idéal du moi dans la
structuration de la motivation :
L'idéal du moi se caractérise chez le sujet par
la dimension du projet, d'un projet de retour à la perfection
narcissique de l'enfance. A partir de la prématuration de l'infans et de
la dépendance qu'elle peut instaurer, la toute puissance, se trouve
incarnée dans les figures parentales, premiers objets libidinaux.
L'idéalisation des parents, constituant une part importante de
l'idéal du moi de l'enfant, se développe à partir du
narcissisme primaire et tente d'en assurer la
pérennité (Moragues, 2004). Le surmoi est porteur de
l'idéal du moi, auquel le moi se mesure, à quoi il aspire et dont
il s'efforce de satisfaire la revendication d'un perfectionnement plus
avancé. Cet idéal du moi est le précipité
de l'ancienne représentation parentale, sorte d'expression de
l'admiration pour la perfection que l'enfant leur attribuerait. (Freud,
1914).Ses rapports avec le Moi ne se bornent pas à lui adresser le
conseil « sois ainsi » (comme ton père) mais
impliquent aussi l'interdiction « ne sois pas ainsi »
(comme ton père) (Najah, 2007).
Il est impératif de faire la distinction entre
l'idéal du moi et le moi idéal. Dans le stade du miroir, Lacan
(1949), insiste sur le moi idéal (qui prend la relève du
narcissisme primaire freudien) et sa dimension spéculaire.
L'autorité parentale dans le sens de l'influence du désir
parental est par ailleurs nécessaire à l'émergence de
celui de l'enfant. Ce dernier se soutient de la reconnaissance parentale et
forge son idéal du moi afin de la préserver. L'importance de ce
désir parental s'exprime dans le discours, dans le
« regard » et par d'autres signes. Comme l'affirme Perrier
(1970) « on lui apprend à parler, on le nomme, on le
reconnaît. Le bébé tourne pour voir
« l'oeil » qui le regarde dans le miroir ; il y a
là, dans le latent des significations ou des signifiants, l'homologue
des voeux que prononcent les bonne et mauvaises fées pour tout infans,
venant de la vie » (p.110) . Cet idéal du moi commande le
jeu de relations d'où dépend tout rapport à autrui.
« Et de cette relation à autrui dépend le
caractère plus au moins satisfaisant de la structuration
imaginaire » (Lacan, p.161).
A l'adolescence, le sujet est mené à renoncer
à ce premier idéal, marqué du narcissisme parental,
« pour lui substituer un nouvel ou de nouveaux idéaux du
moi qui se référeront sans doute (directement ou indirectement),
aux modèles parentaux mais qu'il pourra dès lors s'approprier ou
rejeter sans risquer de « disparaître »
lui-même, d'y perdre sa subjectivité » (Moragues,
p. 74). Au plan de l'activité sportive, de son investissement, ces
modifications psychiques et pulsionnelles se traduisent par le passage de
« l'amour de performance » au « désir de
compétition », indiquant la réélaboration de la
motivation qui est étroitement liée à la restructuration
du désir du sujet (Moragues, 2004). Ceci traduit à quel point le
mode d'investissement libidinal du sujet et les effets engendrés dans
son rapport à l'activité sportive dans sa dimension
fantasmatique, dépendent du travail psychique de représentation
de cette nouvelle donnée pulsionnelle. Cette dimension
représentationnelle déterminante à l'adolescence,
régulant le rapport du sujet à la compétition, se
maintient dépendante à l'âge adulte et pourra l'amener
à rejouer, dans certaines situations, certains avatars symptomatiques
(Najah, 2007).
4. De l'Amour de la performance au Désir de
compétition:
L'Amour n'est pas un pouvoir à exercer. C'est une
relation complexe qui implique la contribution réciproque d'être
suffisamment libre. Le don d'Amour suppose dans ce sens, la présence
d'un autre pour recevoir, pour prendre ou refuser ce qui est à son sens
bon ou mauvais. L'enfant se sent aimé quand sa contribution au monde est
approuvée et appréciée. Quand cet Amour ne se
réduit qu'à la satisfaction de l'autre, à la sauvegarde de
l'autre, le sujet devient un être aliéné, plus
particulièrement, lorsque ses gestes d'autonomie deviennent
découragés. Ses dons d'Amour se réduisent alors
qu'à ceux approuvés par l'autre, le laissant régner de
façon totalitaire (Portnoy, 1994).
Pour un handicapé accidentel, la demande d'appui et
d'amour est tellement vitale, qu'elle le fait exister et lui inculque, un fond
de confiance et une assurance de toute puissance. Il rencontre des
difficultés dans son expérience singulière qu'est la
construction de son moi et se trouve face à des altérations dans
les premiers processus d'identification primaire (en lien avec les parents). La
première conséquence du traumatisme corporel qu'endure un
invalide moteur est une désorganisation topique du psychisme et un
"éclatement" de la structure du Moi. Il se retrouve
parachuté dans des conditions proches de celles du nouveau né :
dépendance du milieu. La première demande du sujet sera donc de
"trouver-créer" un Moi auxiliaire qui prendra place de mère et de
pare-exitation : La mère réelle, la conjointe,
l'infirmière, l'institution, et entre autre l'entraineur... Il s'agit
d'une expérience de régression brutale qui lui offre des
conditions favorables à l'expression de la vie inconsciente,
réveillant ainsi les angoisses infantiles de ses premières
expériences de désunion, de séparation d'avec le corps de
sa mère, de perte du "bon" sein, de castration ou d'abandon de la
situation dyade mère-enfant. Ces premiers vécus sont en mesure
d'influencer le déroulement du processus de retour à l'autonomie,
en fonction des angoisses dont ils sont chargés et en fonction du cadre
humain de leur retour. Avec un tel narcissisme blessé, la
dépendance psychique et amoureuse au regard de l'autre se double
(Simone, 1989).
Ce rapport complexe qu'entretient l'Amour, peut se manifester
au plan sportif et faire émerger, certaines dimensions de la
problématique inconsciente des sportifs. La performance en tant que bon
résultat, a été jusqu'à l'adolescence, le moyen
fondamental pour la satisfaction des désirs parentaux ou des
désirs des substituts parentaux. Il est impératif de ne pas
perdre. Perdre excède la simple perte d'un match. Moragues (2004),
indique que c'est aussi risqué de décevoir parents,
entraîneurs supporters et surtout ne pas être conforme à
leurs désirs. La performance « était aimée
par l'enfant pour la garantie d'amour parental qu'elle lui procurait en retour
» (p. 83). La cause de la motivation pour la performance
n'est autre que l'amour parental et sa sauvegarde. Ainsi, échouer en
compétition, signifierait perdre pour le sportif ce que jusque là
« constituait le principal soutien au plan narcissique : un
idéal de moi issu de la toute puissance primaire et de l'idéal du
moi parental » (p. 83). .
Et c'est pour cela que nous évoquons à nouveau,
le terme « d'amour de performance » émergeant dans
ce que Freud (1912) nomme « le courant tendre »
désignant la tendresse exprimée par les soins parentaux et dont
il en souligne la dimension auto-érotique et celle de la toute puissance
qui peuvent s'engendrer de l'auto-satisfaction. Ce courant correspond au
« choix d'objet infantile primaire et il se dirige sur les
personnes de la famille et celles qui donnent les soins à
l'enfant » (p. 56). . Ici il s'agit d'une demande
d'amour, ce que l'enfant aime c'est d'être aimé.
La situation au plan sportif, représente alors le
support du conflit interne qui se joue autour de la structuration psychique et
narcissique et au plan relationnel avec les parents et/ou les substituts
parentaux (Najah, 2007).
Au moment où, le sujet détient une certaine
maturité psychique, prend pour lui-même le risque de
l'échec, et dans son rapport à l'Autre le risque de le
décevoir, on parle du désir de compétition. La performance
marquée du manque et de l'échec possible, devient
désirée. La cause principale de la motivation pour la performance
n'est plus la sauvegarde de l'amour parental mais le désir
lui-même de la compétition, où l'athlète s'inscrit
pour son propre compte dans un échange symbolisé de la
compétition. En acceptant de perdre et surtout en l'assumant, la
performance ne devient plus l'objet imaginaire auquel l'athlète tend
à s'identifier, elle devient un « signifiant », et
ne tire son sens que de sa relation avec les autres performances, et de sa mise
en place dans l'ordre symbolique de la compétition, un ordre auquel tout
compétiteur s'ajuste. C'est au prix de l'acceptation de la perte, qu'un
nouvel idéal du moi se structure. Les modèles parentaux
deviennent à ce moment des références dont il est possible
de refuser ou d'accepter. Il s'agit d'un renoncement de fonctionner dans un
rapport exclusif de dépendance affective à l'égard du
parent ou du substitut parental et pouvoir ainsi exister en dehors de l'amour
d'amour ; renoncer à tout ce que le situation oedipienne peut
réactiver et accepter la perte de l'amour de l'Autre (Moragues,
2004).
Nous allons mettre en place une investigation clinique,
basée sur une analyse des entretiens et la passation du TAT, afin de
pouvoir déterminer ces deux types de motivations (amour de performance
et désir de compétition). Ceci dit afin de consolider notre
recherche par une analyse quantitative il nous faudra trouver un outil de
mesure fiable, valide mais surtout qui coïncide avec l'apport
théorique choisit. Nous évoquons alors l'EMS (échelle de
motivation dans le sport) de Vallerand et al (1993). .
5. Peut-on assimiler amour de performance à la
motivation extrinsèque et désir de compétition à la
motivation intrinsèque ?
Vallerand et al (1983) ont mit en place un
modèle hiérarchique de la motivation intrinsèque et
extrinsèque et ont pu montrer son application dans le domaine du sport
et des activités physiques. Ce modèle a pu nous fournir des
outils d'évaluation valides et pratiques permettant de mettre en place
des avancées théoriques potentielles mais surtout, a
été désigné comme un instrument utile d'aide
à la décision pour les professionnels du sport
(entraîneurs, éducateurs).
La motivation intrinsèque désigne la force qui
pousse l'individu à pratiquer une activité pour le plaisir et la
satisfaction qu'il en retire de celle ci. Ont dit qu'une personne est
intrinsèquement motivée quand elle effectue des activités
volontairement et par intérêt pour l'activité
elle-même (jouer pour lui-même). Elle se traduit par une motivation
intrinsèque à ; (1) la connaissance, se
définissant par le fait de faire une activité pour le plaisir et
la satisfaction ressentie lors de l'exécution de quelque chose de
nouveau, et l'apprentissage de nouveaux mouvements. (2) à
l'accomplissement, traduisant le plaisir ressenti lors de l'exécution de
la tâche, et surtout le plaisir du défis de l'ordre symbolique de
la compétition (défis moteurs, compétitifs....) (3) vivre
à la stimulation, dans le but de ressentir des sensations stimulantes
que lui procurent sa pratique ou sa participation. C'est le plaisir pur, sans
recherche de connaissances ou d'accomplissement (plaisir sensoriel lors du
touché de l'eau, de l'air, de l'outil du lancer...). Cette motivation
est fortement autodéterminée. Elle se chemine parfaitement
dans le désir de compétition et renvoie à la motivation de
deuxième génération ou l'athlète s'investit dans la
tâche sportive en raison de tout ce que cette activité peut
relever de symbolique (sensation, plaisir, défis de soi même....)
(Vallerand et Thill, 1993)
La motivation extrinsèque, par contre, se
définit comme ce qui pousse le sujet à agir dans l'intention
d'obtenir une conséquence se trouvant en dehors de l'activité
même, obtenir quelque chose d'extérieur à son être
comme le gain de l'approbation, la tentative de séduction,
l'évitement de culpabilité..... Elle se traduit par motivation
extrinsèque à ; (1) l'identification qui relève
du milieu extérieur ; faire des rencontres, créer des
amitiés ... (2) la régulation introjecté, à travers
laquelle l'athlète pratique pour se déculpabiliser de ne rien
faire et exerce ainsi de la pression sur lui-même. Le sport est
perçu ainsi comme une nécessité maladive (il faut que je
fasse... sinon je le regretterai...). (3) la régulation externe,
où l'athlète régularise son comportement dans le but
d'obtenir une valorisation de type ; pratiquer pour plaire, pour
séduire, pour avoir une belle apparence, pour être aimé...
Cette motivation peut être à caractère moyennement ou
faiblement autodéterminé. Elle traduit finement ce que l'amour de
performance essai de démontrer (Vallerand et Thill, 1993).
L'EMS, pourrait être un outil psychotechnique
complémentaire à notre travail et étayer encore plus notre
étude qualitative en nous fournissant des tendances et des courbes
motivationnelles objectives.
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE :
I. Variables de la recherche :
Dans le présent travail, les deux variables
indépendantes : « L'état de
performance », comme son nom l'indique nous allons en
définir deux modalités: (1) performance et (2) contre
performance, et « la nature du rapport entraineur-
entrainé » : comportant deux
modalités ; (1) rapport dépendant et (2) rapport
mature.
Quant à la variable dépendante
« motivation », elle s'exprime de
manière subjective, via une analyse psychodynamique des entretiens semi
directifs (grille d'entretien de Moragues(2004)) et du TAT, ce qui nous donne
deux types de motivation : (1) amour de performance (2)
désir de compétition.
II. Objectifs et démarches du travail :
Il s'agit d'une étude clinique, plus
précisément psychodynamique, utilisant à la fois une
méthodologie qualitative et quantitative. Deux objectifs majeurs sont
visés : la mise en évidence d'un lien entre contre
performance, rapport entraineur-entrainé et existence attendue d'une
motivation inconsciente bien particulière et l'exploitation des
réponses qualitatives du TAT, étayées par un guide
d'entretien semi directif et du test EMS 28. Autrement dit ce travail visera
comme but essentiel l'évaluation et l'appréciation de la nature
de la motivation inconsciente d'un petit échantillon de jeunes
athlètes de haut niveau handicapés moteurs, souffrant de contre
performance et présentant une dépendance affective à
l'égard de leurs entraineurs.
1. Evaluation de la motivation :
Afin d'évaluer la motivation inconsciente des
athlètes il est essentiel de décrire l'échantillon choisi,
le travail effectué sur le terrain et l'outil d'évaluation.
1.1. Choix de la population :
Notre recherche porte sur 4 athlètes de haut niveau
spécialité lancé, à handicap moteurs,
âgés entre 20 et 22 ans et répartis en deux groupes. Un
premier groupe à contre performance sportive et à rapport
dépendant avec son entraineur et présentant un certain nombre de
critères (d'inclusion et d'exclusion). Ce choix a été fait
dans l'optique d'homogénéiser certains facteurs comme
l'âge, statut parental, milieu socio-économique et autres
contraintes de la vie. Un deuxième groupe à performance sportive
et à rapport mature avec son entraineur.
1.2. Description de l'échantillon :
Dans ce travail, nous avons effectués une comparaison
inter-groupes. Pour se faire, nous avons disposés de 4 athlètes
de haut niveau spécialité lancé, à handicap
moteurs, âgés entre 20 et 22 ans et répartis en deux
groupes. Un premier groupe composé de 2 athlètes (1fille et 1
garçon) âgés entre 20 et 22 ans, à contre
performance sportive et à rapport dépendant avec son entraineur.
Un deuxième groupe composé de 2 athlètes (1 fille et 1
garçon) âgés entre 20 et 22 ans, à performance
sportive et à rapport mature avec son entraineur. Les deux groupes sont
spécialisés en lancé.
Nous avons eu certaines difficultés lors de la
constitution des groupes, particulièrement celui des contres
performants, avec rapport dépendant. Il nous a fallu donc faire une
pré-enquête ; comme point d'appui, nous nous sommes
renseignés auprès des entraineurs sur le niveau de
performance de leurs athlètes tout en nous basant sur la
définition de Moragues et des critères déjà
cité au début de ce travail (voir la partie performance). Pour ce
qui est de la nature du rapport entraineur entrainé
nous avons passé l'échelle « relation interpersonnelle
section entraineur », et l'échelle « autonomie
section entraineur » de Vallerand et al (2003),
auprès d'un groupe de 12 athlètes dont 6 athlètes
performants et 6 autres contre performants. Nous en avons retenus de chaque
groupe, deux sujets ayant les résultats les plus significatifs.
Le vécu subjectif étant différent d'une
personne à une autre, il en est en effet impossible de trouver deux
individus complètement semblables. Le plus adéquat serait donc
d'essayer de contrôler au mieux le maximum de différences
interindividuelles. Nous ne devons pas perdre de vue qu'il s'agit avant tout
d'êtres humains et pas uniquement de sujets porteurs ou non d'une
certaine variable. Dès le début de sa vie, l'individu est
influencé par une intrication de facteurs biologiques, environnementaux,
culturels, qui participeraient ultérieurement, au modelage de
l'expression et du vécu du malaise dans une situation
particulière, en occurrence ici, la contre performance et la
dépendance affective. Pour cela, une pré-enquête a
permis la sélection des deux groupes en fonction d'une
variété de critères d'inclusion et d'exclusion, dans le
but de d'éliminer le maximum de variables parasites et afin que les
deux groupes demeurent comparables.
Critères d'inclusion
Critères
groupes
|
d'inclusion
|
Groupe 1
|
· Agé entre 20 et 22 ans
· Handicap moteur
· Contre performance
· Rapport de dépendance envers l'entraineur
· Spécialité lancé
· Résidant à Tunis, dans un foyer pour
athlètes
· D'un milieu socio-économique moyen (père
travailleur) + bénéficie d'un revenu de la part de la
fédération.
|
Groupe 2
|
· Agé entre 20 et 22 ans
· Handicap moteur
· Performance excellente
· Rapport mature envers l'entraineur
· Spécialité lancé
· Résidant à Tunis, dans un foyer pour
athlètes
· D'un milieu socio-économique moyen (père
travailleur) + bénéficie d'un revenu de la part de la
fédération.
|
Critères d'exclusion
Critères
groupes
|
d'exclusion
|
Groupe 1
|
· Agé en dessous ou en dessus de 20 et 22 ans
· Autre que Handicap moteur
· Pas de contre performance
· Pas de Rapport de dépendance envers
l'entraineur
· Spécialité autre que le lancé
· Non résidant à Tunis, dans un foyer pour
athlètes
· D'un milieu socio-économique autre que moyen
|
Groupe 2
|
· Agé en dessous ou en dessus de 20 et 22 ans
· Pas Handicap moteur
· Pas performance excellente
· Pas de rapport mature envers l'entraineur
· Spécialité autre que le lancé
· Non résidant à Tunis, dans un foyer pour
athlètes
· D'un milieu socio-économique autre que moyen
|
1.3. Travail sur terrain :
Le cadre proposé est une intervention se
déroulant sur toute la saison (mi-octobre à mi-mars),
comprenant une série d'entretiens individuels en face
à face d'environ 1 heure. Le travail auprès des athlètes
appartenant aux deux groupes s'est effectué dans le bureau de la
psychologue de l'équipe. Il s'agissait d'une série d'entretiens
semi-directifs, suivies d'une séance de passation du TAT et de l'EMS.
Semi directif, car nous avons tenté de laisser au sujet un espace
d'expression à la fois libre mais contrôlé. Nous avons
essayé via la grille d'entretien de Morgues (2004) et les deux tests,
d'apprécier la nature de la motivation subjective et ceci selon deux
critères : Selon l'importance et le retentissement de la motivation
spécifique (intensité et fréquence) et selon la
qualité des interactions des différents processus psychiques dont
son alimentation et sa régulation.
1.4. Outils d'évaluation de la motivation
inconsciente :
Afin de répondre aux objectifs de notre recherche, nous
avons eu recours à deux outils d'évaluation et à une
grille d'entretien semi-directif ; Il s'agit du TAT, de l'EMS, et de la
grille de Moragues ( Vu que nous allons nous baser sur l'interprétation
uniquement qualitative du TAT). Avant de les décrire, il serait
préférable de justifier les raisons pour lesquelles nous avons
opté pour ces outils d'évaluation.
1.4.1. Justification du choix de
l'outil :
Le test d'Appréciation
thématique (TAT), est l'un des outils projectifs les plus
populaires permettant au mieux d'étudier les motifs inconscients. Sa
passation et son analyse comme l'a bien indiqué Moragues (1997), lors de
l'évaluation des motivations des candidats d'admission au centre
national de Volley Ball de Montpellier, permet de repérer les
inhibitions et les blocages majeurs. Les éléments de ce test
sont surtout utilisés en vue de mesurer l'écart pouvant exister
entre les rationalisations des discours conscients et la nature conflictuelle
des projections inconscientes. Le plus important, c'est que le TAT sollicite
différents registres de représentations de relations (relation
d'objet), dans un contexte d'investissement objectal et/ou narcissique, ainsi
qu'une représentation de soi selon les axes d'identité et
d'identification (Moragues 2004).
Le stimulus TAT est caractéristique des épreuves
projectives. Figuratif et ambigu il permet une analyse à la fois
objective de type perceptif et une interprétation subjective mettant en
jeu des associations d'ordre projectif en lien avec les sollicitations latentes
du contenu des planches. En construisant l'histoire, le sujet démontre
sa capacité à appréhender l'objet dans sa double vision
objective/perceptive et subjective/projective et donc à indiquer ses
capacités de reconnaissance d'un dedans et d'un dehors et d'un espace
psychique interne. (Fernandez, 2006). Shentoub et al (1998), affirment que le
discours TAT n'est ni pure rêverie, ni produit cognitif mais
plutôt un témoignage des relations intrapsychiques : il s'agit
d'une compénétration de la dimension fantasmatique et des
exigences de la réalité, traduisant ainsi une épreuve de
créativité. Il s'agit en effet de l'évaluation de la
qualité de l'intégration des opérations défensives
: ni trop rigide, ni trop coupé de l'imaginaire, ni trop fantasque,
débordé par les processus primaires et accompagné d'un
enrichissement conjoint entre processus conscient et inconscient. Le discours
TAT traduit un mode de résolution du conflit entre fantasme et
réalité. (Shentoub et al, 1998). Selon le même auteur, un
fonctionnement psychique souple et mature produit des histoires
structurées avec une résonance fantasmatique, autrement dit, des
histoires qui répondent à la consigne (en relation avec le
contenu manifeste) mais qui portent, en même temps, la marque de la
singularité du sujet (sollicitations latentes). Tandis qu'un
fonctionnement peu souple produit une histoire envahie par le processus
primaire (affects et représentations inconscients), mal
structurée, incohérente ou une parfois une histoire sèche,
contrôlée et sans affects. (Fernandez, 2006).
Cependant, à la différence de la majorité
des tests psychométriques, le TAT (et autres tests projectifs), n'est
pas utilisé d'une manière univoque. D'un point de vue
psychométrique, plusieurs faiblesses méthodologiques peuvent
apparaître: pas de méthode standardisée d'administration,
pas de méthode objective standardisée de cotation des
réponses et pas de cotations chiffrées permettant une
représentation. Le clinicien dépend de ses propres normes
subjectives basées sur son expérience professionnelle
personnelle. Pour cette raison, nous avons tenu à appuyer cette
évaluation qualitative par une autre quantitative et dotée d'une
validité psychométrique. Il s'agit de l'EMS 28.
L'échelle de motivation dans le sport
(EMS 28), est un test psychotechnique qui permet l'évaluation du
degré de la motivation du sujet sportif et plus
précisément l'évaluation des différentes (1)
Stratégies motivationnelles ; comme les pensées et les
comportements qui aident le sportif à négocier les
conséquences affectives de la situation sportive sont surtout en rapport
avec l'estime de soi du pratiquant. (2) Stratégies au service de la
valorisation de soi (besoin de se percevoir favorablement: se produire en
public, compétitionner). (3) Stratégies au service du
perfectionnement du soi (s'approcher de ce que l'on aimerait être:
s'investir, progresser, apprendre, modifier ses comportements). (4)
Stratégies au service de la connaissance de soi (la difficulté de
la tâche m'informe sur mes habiletés: besoin d'évaluer mes
habiletés) (Chevalier, 2003).
L'EMS 28 est souvent utilisé en raison de ses
propriétés psychométriques solides et ses coefficients de
fiabilité élevés. La consistance interne de l'ensemble de
cette échelle est supérieure à .75. Les études
montrent également que l'indice d'autodétermination
motivationnelle aux 3 formes de motivations intrinsèques et à la
motivation extrinsèque identifiée ont été
attribués les poids respectivement de +2 et +1, aux formes de
motivations extrinsèque introjectée et externe, le poids de -1.
Les études montrent également que les différents items de
l'échelle EMS 28 sont intiment liés à une observation
clinique, renforcement encore plus sa validité de mesure. (Laurin et al,
2008).
1.4.2. Contexte théorique du TAT et de l'EMS
28 :
C'est en 1935, aux Etats-Unis, que HENRI MURRAY a mis au point
le Thematic Apperception Test (T.A.T.). En 1943, la version définitive
fut publiée et composée de 31 planches. Autour des années
1970, les critiques concernant les tests projectifs, dues au manque de
méthodologie efficace et objective, se multipliaient. A la même
époque, VICA SHENTOUB (1970-1971) a essayé de dégager les
mécanismes en jeu ainsi qu'une méthodologie efficace. C'est
grâce à ses travaux et à ceux de ses collègues,
à l'École Française de 1955 à 1974, que les voies
de la codification du T.A.T. lui ont été tracées. Ceci a
donné lieu à la rédaction du «Manuel d'utilisation du
Thematic Apperception Test (Approche psychanalytique)» en 1990, sur lequel
nous nous sommes basés pour la cotation et l'interprétation de
nos protocoles de recherche. SHENTOUB (1987) retient ainsi seize planches des
trente, qu'elle juge les plus pertinentes et les plus significatives - et
réduit le temps de passation à une séance (qu'à
deux). (Fernandez, 2006).
Nous avons choisi le mode de passation et d'analyse du T.A.T.
proposé par VICA SHENTOUB ET COLL. (1990), car ils utilisent le test
dans une perspective de psychologie clinique et dynamique.
L'EMS 28, par contre, représente une des multiples
échelles de motivation construites par le laboratoire de recherche sur
le comportement sociale. Cet outil d'évaluation a été mit
en place au Canada, à partir de 1995 par, Brière, Vallerand,
Blais et Pelletier. Au cours des années, de nombreuses recherches ont
été menées, entre autres sur : la motivation
intrinsèque et extrinsèque; le rôle des théories
motivationnelles dans la compréhension de la participation sportive. Le
LRCS effectue jusqu'à aujourd'hui plusieurs recherches sur le
thème de la passion amoureuse envers l'activité sportive.
1.4.3. Description des outils :
a. Le Thematic Apperception Test (T.A.T.):
Planches représentant des conflits universels : avec un
contenu manifeste (scènes plus ou moins ambiguës) et un contenu
latent susceptibles de réveiller certaines problématiques. Sur 31
planches sont retenues les plus pertinentes : 1 ; 2 ;3 BM ; 4 ; 5
(proposées aux garçons et filles, hommes et femmes) ; 6 BM et 7
BM ; 8BM (proposées aux garçons et aux hommes) ; 6 GF et 7 GF ;
9GF (proposées aux filles et aux femmes) ;10 ; 11 ;12 BG ; 13 B ; 13 MF
; 19 et 16 (proposées aux garçons et aux filles (sauf 13 MF), aux
hommes et aux femmes). Certaines planches sont communes à tous les
sujets. D'autres sont particulières aux enfants ou aux adultes, à
l'un ou à l'autre sexe. Les initiales anglaises imprimées
derrière chaque planche, en précisent la destination : B : boy
(garçon) ; G : girl (fillette jusqu'à 14 ans) ; M : male (homme)
; F femelle (femme). Les planches sont constituées par des dessins, des
photographies, des reproductions de tableaux ou de gravures. Leur signification
est ambiguë. 12 planches représentent un être humain seul
à divers âges, les deux sexes étant également
représentés. 7 planches représentent deux personnages du
même sexe. 4 planches représentent deux personnages de sexe
différent. 1 planche représente trois personnages (deux femmes et
un homme), 1 planche représente plusieurs hommes ensemble. 2 planches
représentent un jeune homme ou une jeune fille évoquant ou
contemplant une scène à plusieurs personnages. 3 planches
représentent des paysages plus ou moins fantastiques sans êtres
humains. 1 planche est complètement blanche (elle favoriserait la
projection de l'image idéale que le sujet se fait de lui même).
Les planches s'administrent en une seule fois pour V. Shentoub. L'ordre de
passation des planches doit être respecté car le stimulus
évolue du plus structuré et figuratif (personnages sexués)
au plus ambigu (Fernandez, 2006).
· La consigne : Formulée
par Shentoub (1990), elle est énoncée une seule fois avant la
présentation de la première planche : «Imaginez une
histoire à partir de la planche». L'athlète est alors
invité à raconter librement une histoire sur chaque planche. Mais
lors de la planche 16 (carte blanche), et suite à son caractère
insolite, une nouvelle consigne est formulée : «Jusqu'à
présent, je vous ai montré des images qui représentaient
des personnages ou des paysages, maintenant je vous propose cette
planche qui est la dernière : vous pourrez me raconter
l'histoire que vous voudrez». Nous avons essayé durant la
passation d'être neutres, mais parfois nous nous somme sentie
menés à intervenir face à un sujet très
inhibé pour le soutenir tout en prenant en considération comment
cette intervention pouvait être vécue par l'athlète
(intrusion, renforcement des défenses, désorganisation...) et
tout en évitant tout type de suggestion et des jugements de valeur
(Shentoub, 1990)
· Durée de passation :
La passation est individuelle et se réduit à une
séance de 45 mn à 60mn et parfois plus, en fonction de la
souplesse ou des inhibitions au niveau du discours des athlètes.
· Dépouillement et Cotation :
Il s'agit (1) d'une évaluation de la lisibilité du
contenu (2) d'une analyse des récits planche par planche et de son
décryptage à l'aide d'une feuille de dépouillement et un
repérage de la problématique du sujet. (3) d'une Synthèse
des informations recueillies en regroupement sur la feuille de
dépouillement les différents procédés pour
apprécier la qualité du processus associatif en tenant compte des
relations entre affects, représentations et mécanismes de
défense. (4) d'un dégagement des modalités de
fonctionnement psychique : registres conflictuels, modalités
défensives ; propositions d'hypothèses concernant l'organisation
psychique du sujet ; et enfin (5) d'un regroupement des
procédés sur la feuille de dépouillement nous permettant
l'évaluation de la diversité des procédés
utilisés sur l'ensemble du protocole. Il nous facilite
l'appréciation de l'organisation défensive
privilégiée au sein du fonctionnement psychique. Ainsi remplir
cette feuille nous requiert une démarche à la fois quantitative
et qualitative.
b. L'Echelle de Motivation dans le Sport (EMS 28) :
L'Echelle de Motivation dans les Sports (EMS) de
Brière, Vallerand, Blais et Pelletier (1995) mesure les niveaux de
motivation intrinsèque et de motivation extrinsèque. Pour Deci
& Ryan (1985), ces deux types de motivation répondent aux deux
extrêmes d'un continuum d'autodétermination. Dans l'EMS de
Brière et al. (1995), ce continuum d'autodétermination est
représenté par sept sous-échelles. Trois de ces
sous-échelles ont trait à la motivation intrinsèque, trois
autres à la motivation extrinsèque et une dernière, en
marge du continuum, mesure l'absence totale de motivation
dénommée "amotivation". On y retrouve ainsi 28 items, soit 4
items pour chacune des 7 sous échelles. Ces 28 items reflétent
différentes raisons de pratiquer son sport favori (Vallerand et
al, 1995)
Motivation intrinsèque à la
connaissance : items 1, 11, 17, 24
Motivation intrinsèque à
l'accomplissement : items 5, 10, 15, 22
Motivation intrinsèque à la
stimulation : items 7, 12, 19, 26
Motivation extrinsèque
-identifiée : items 3, 9, 18, 25
Motivation extrinsèque
-introjectée : items 6, 13, 21, 27
Motivation extrinsèque- régulation
externe : items 2, 8, 16, 23
Amotivation : items 4, 14, 20, 28
· Durée de passation :
Vu que la passation a été orale, la durée s'est
étendue entre 20 et 30 minutes.
· Cotation : Chaque item est
suivi d'une échelle de type Likert allant de 1 ("ne correspond pas du
tout") à 7 ("correspond très fortement") sur laquelle le
participant peut juger le degré de correspondance entre l'item et ses
raisons de pratiquer. Ainsi nous avons 7 choix :
L'addition des scores varient de 1 à 175. Ce score est
d'autant plus élevé que le degré de motivation est plus
important. L'EMS 28 établit un score final se rapportant au type de
motivation ainsi qu'à un certain nombre de profils motivationnels
liés aux trois catégories de motivation.
Les notes brutes sont transformés en note Z où
pour chaque catégorie, faire le total et diviser par le nombre d'items :
4.
· Courbe d'échelle
motivationnelle : Vu que nous ne travaillons que sur les deux
premiers types de motivation (intrinsèque et extrinsèque), la
courbe ou le profil de l'athlète se limitera à ces
modalités visées.
1.5. Entretiens cliniques : comprendre et
évaluer la motivation inconsciente :
Se baser uniquement sur des données relevée
suite à des outils d'évaluation comme le TAT, ou à des
données quantitatives via l'EMS, pour l'étude de la motivation de
première et de deuxième génération, nous semble
restreint et dénué de pertinence clinique. Nous avons donc
choisi d'introduire une analyse qualitative des entretiens établis, dans
notre recherche, afin de mieux appuyer et argumenter nos hypothèses lors
de la présentation de quarte études de cas de deux filles et de
deux garçons, appartenant aux deux groupes.
1.5.1. Principes déontologiques :
S'investir en psychologie clinique, plus
précisément dans le domaine de l'entretien de recherche, est
extrêmement enrichissant mais pose, néanmoins, certains
problèmes d'ordre éthique et déontologique. Bien
évidement, les entretiens cliniques que nous avons pu effectuer
auprès de la population visée sont différents de
l'entretien clinique mis en place dans le cadre d'une pratique
psychologique.
Dans notre travail, l'observation d'une inversion des
rôles dans la demande est bien manifeste. C'est plutôt nous et non
le sujet qui sommes demandeurs. Notre travail d'écoute subit à
son tour une certaine modification. L'écoute devient plus attentive et
focalisée sur ce qui est recherchée. Elle devient
sélective, et ce, à travers un guide d'entretien
préétabli. De plus, et chose que nous avons déjà
évoquée au début de notre recherche, la
problématique de réticence de certains entraineurs et
l'inquiétude de celle des athlètes. Leur participation devrait
être volontaire, sans manifestation de refus ou de réticence.
Raison pour laquelle, l'une des étapes de la pré-enquête
déjà mentionnée au début de notre travail,
consistait à sélectionner les athlètes favorables à
de tel entretien et présentant à chacun d'entre eux une demande
écrite (voir annexe) à propos de son consentement, dans laquelle
nous avons résumé certaines informations sur notre travail en lui
garantissant l'anonymat. Certes l'anonymat présente une limite en
lui-même, en confondant et en désindividualisant les sujets, mais
nous permet par contre de garantir mutuellement un climat de confiance et de
respect.
1.5.2. Nature des entretiens : entretien
semi-directif :
Les entretiens de recherche cliniques ont été
semi-directifs. Nous avons essayé de mettre en place un guide
confectionné par nos soins combinée avec la grille de Moragues
(2004) qui fait appel à une définition intégrative de la
motivation subjective. Les thématiques abordées lors des
entretiens et selon cette grille sont ; le projet sportif
(l'évolution de la carrière, le vécu de
compétition, les éléments relationnel avec l'entraineur
etc...), le projet scolaire universitaire ou professionnel (le parcours
scolaire, les projets de carrières...), le projet familial et les liens
avec la famille (la nature des liens familiaux, parents, fratrie...) et les
relations à l'environnement (l'environnement sportif, social...). Ces
items ont été examinés en eux-mêmes et en fonction
de leur cohérence et de leur compatibilité réciproque.
(voir annexe)
CHAPITRE III : ANALYSE QUALITATIVE : ETUDES
DE CAS / ANALYSE ET INTERPRETATION DU TAT :
Il s'agit d'une analyse thématique du récit, et
d'une analyse qualitative du TAT. Le thème principal est celui de la
motivation et des raisons pouvant pousser l'athlète à pratiquer
du haut niveau, formant ainsi les axes centraux de nos entretiens. Nous avons
choisi de présenter les quarte expériences cliniques, en essayant
d'illustrer cette fixation ou régression au niveau d'une modalité
particulière de motivation inconsciente, quête d'amour
effréné et angoisse de « perte », perdre
l'amour de « l'autre ».
1. MOUFIDA (22 ans)
Jeune femme que nous nommerons, Moufida, 22 ans est issue
d'une famille socio-économiquement moyenne. Père ouvrier et
mère au foyer, elle est la quatrième d'une fratrie de 5. Elle a
arrêté l'école à l'âge de dix ans et a
intégré l'équipe nationale depuis 4 ans. Elle a eu des
médailles dans plusieurs compétitions nationales et
internationales. Depuis un an et demi, le staff technique, ses
résultats sportifs et elle-même, affirment une nette baisse dans
sa performance particulièrement au moment des compétitions. En
voici ci-dessous la courbe représentative de sa tendance motivationnelle
à l'échelle EMS 28.
Echelle de motivation
Peu bavarde et d'apparence timide, dès que nous avons
lancé le sujet de la performance et des compétitions, elle a
exposé, de manière hésitée, son problème qui
serait relié à l'idée de perdre
« devant l'équipe... non pas l'équipe, les
gens... non je n'ai pas peur... non...mais je ne veux pas perdre... c'est
tout ». Cette attitude psychologique à refuser
en niant une telle pensée, par elle-même énoncée,
témoignerait de l'importance du mécanisme de négation dont
elle avait souvent recours. Opposition entre cette affirmation puis sa
négation ou l'inverse, traduirait une modalité symptomatique d'un
climat mental contradictoire, divisant Moufida en deux tendances
« ennemies » ; émotionnelle sans réserve
et rationnelle submergée par la précédente. Moufida via
son discours aurait tendance à présenter son être sur le
mode de n'être pas. La dénégation dans ce cas, de cette
peur de perdre, ne serait qu'un moyen parmi d'autres de prendre connaissance de
son refoulé, une méthode d'admission intellectuelle suivie d'une
non admission émotionnelle. Ceci dit son Moi serait en
méconnaissance dans la connaissance. Répugnant expressivement de
ce qu'elle vient de dire elle a ajouté qu'il y a
« un an à peu prés j'étais une
championne, des médailles, je jouais bien, merci dieu, mais depuis j'ai
stoppé, depuis qu'on m'a changé de coach, Houssem n'est pas
pareil il est sympa mais me stresse parfois ».
Peur, négation, passant de suite au
« mais », que nous qualifierons de castrateur, puis
à la non acceptation de la perte, et aboutir à la pression,
Moufida finit son discours difficilement en y ajoutant
« mais merci dieu, il m'aime ici et me soutiennent,
même si... tout le monde prend bien soin de
moi ». Fût ainsi sa position finale
jusqu'à la fin de la séance (à répéter
sans cesse que le staff et l'entraineur sont là pour elle).
Au cours des entretiens, Moufida a été
verbalement inhibée, s'exprimant que par un oui ou par un non et
répondait courtement aux questions, ce fût les mêmes
attitudes lors de la passation du TAT.
Nous avons également constaté qu'elle avait
tendance à se plaindre auprès de son entraineur et de son
kinésithérapeute de douleurs physiques au niveau des jambes,
d'affaiblissement moteur, de maux de tête, de douleurs abdominales, et de
grippe. Les bilans médicaux répondaient par la négation
de toutes douleurs ou de toutes blessures. L'important dans tout cela c'est que
ces plaintes apparaissaient souvent au moment où les dates des
compétitions commençaient à se planifier. Se blesser, ou
tomber malade avant une semaine de la compétition serait comme un
« rituel » qu'elle mettrait en place, exploitant,
inconsciemment la maladie, et surtout l'exagérant (incapacité
même de se tenir debout), pour des fins d'évitement et de
régression, lui permettant à leur tour d'échapper de cette
responsabilité de perte, et contourner ainsi sa culpabilité
Le dernier entretien fut révélateur, très
angoissée elle s'est enfermée dans un silence lourd, et puis elle
a rétorqué «j'ai peur de perdre et la
compétition c'est dans un mois.... Il faut que je fasse bien pour lui et
pour les autres il faut que je sois à la hauteur et quand je pense
à ça je joue mal ». Ce besoin excessive
de l'Autre, qui servent de collègues, d'entraineur et même de
public, qu'elle cherche à satisfaire est teinté d'ambivalence au
niveau de son désir avec une amplification du caractère
sexué des relations. Voulant savoir ce « lui »
désignait qui en particulier (même si nous avions notre
idée), nous lui avons posé la question. Dès lors, elle a
ajouté de manière agressive « y a rien
entre lui et moi ». À ce que nous remarquions,
Moufida serait totalement déchirée entre le « bien
faire », but premier de la pulsion de plaisir et de la recherche
d'amour, qui se transformerait inconsciemment en son contraire, en le
« mal faire », déplaire, et donc établir la
séparation et perdre les autres. Ce rapport si particulier qu'elle
entretient avec son entraineur l' « Autre »
(substitut parental) avec déni du désir amoureux, et les
« autres » personnes est teinté d'une certaine
angoisse dont elle cherche désespérément à
combattre via ce renversement dans le contraire.
Afin d'étayer nos observations et nos données
cliniques, nous exposons ci -joint les données relevés au TAT.
1.1. ANALYSE DU TAT
Lisibilité : faible
L'élaboration de l'histoire peut s'amorcer mais la
faiblesse des procédés rigides/labiles conduit à une
utilisation prépondérante des procédés
d'évitement (, C3, C4) qui ne permettent pas un travail effectif
d'élaboration en liant les représentations aux affects de
façon souple et modulée en rapport avec les sollicitations
latentes du matériel. Les histoires sont brièvement construites.
Il n'y a pas de lien entre les représentations et les affects. La
résonance fantasmatique est difficilement saisie. Il n'existe pas de
prime de plaisir à investir le fonctionnement psychique.
Planche 1
1- ÔäíÉ åÏå
ãÇ åãÊåÇÔ...
ÈÇÈå åÏÇ
æáíÏ... ãÇ åãÊÔ
ãÇ äÚÑÔ ãÇ
åãÊÔ.
Procédés : demande faite
au clinicien suivi par la nécessité de se poser des questions
(C/CP5), puis un long silence (CP1). Une instabilité dans les
identifications (B2-11), suivi d'un accrochage au contenu manifeste (CF1), un
autre silence (CP1) avec un refus de continuer (CP5)
Problématiques : Le recours aux
mécanismes d'évitement et d'inhibition entrainent une
altération de la lisibilité. Il existe une absence totale de
prise en compte des sollicitations latentes, par l'abrasion pulsionnelle, et le
recours plaqué à la réalité externe, soit par des
désorganisations (altération de la perception et confusions dans
les identités ou encore altérations. Les critères
relatifs au caractère structurant de l'OEdipe ne sont pas
retrouvés. La problématique de l'angoisse de castration est trop
excitante et aurait même un aspect désorganisateur.
Planche 2
2- åÏå ãÑÇ æ
åÏå ãÑÇ æ åÏÇ
æáíÏ... ãÇ
åãÊÔ... í
ÇíÏíåÇ ßÊÇÈ
ãßÊÉ íÏíåÇ...
ãÇ äÚÑÔ... åÏÇ
íÛÒÑ ãÇ ÍÕÇä
æÇáÇ ÔäæÉ...
ÇáãÑÇ
ÇáÇÎÑì ãßÊÉ
ÇíÏíåÇ æ
ÇßÇåæ æ ÊÛÒÑ
ááØáÉ
ÇáÇÎÑì
ÙÇåáÑáí , ãÇ
äÚÑÔ.
Procédés : Accrochage au
contenu manifeste (CF1), puis un silence (CP1), une tendance au refus (CP5), un
autre silence (CP1) suivis d'une description avec attachement aux
détails (livres à la main) avec une valorisation de l'image de la
fille (CN10) et une isolation des personnages (A2-15). Un silence (CP1) avec
une autre tendance au refus (CP5) suivis d'un accrochage au contenu manifeste
et une demande faite au clinicien (CF1/C), puis un autre silence (CP1) pour
terminer son discours par une description de la femme, dans un rapport
interpersonnelles avec la fille et un refus de continuer l'histoire à la
fin (A2-1/ B2-3/CP5)
Problématiques : Il existe une
problématique narcissique ou dépressive profonde à
vérifier via les entretiens. La planche aurait ravivé
d'autres registres de problématiques que le sujet cherche à
inhiber à tout prix. L'élaboration du conflit oedipien
s'avère difficile (une fragilité au niveau du remaniement
pulsionnel avec une précarité des investissements
libidinaux).
Planche 3
Procédés : Entrée
immédiate (B2-1) avec une description avec attachement aux
détails, portant sur un conflit intrapsychique et une demande faite au
clinicien (A2-1/A2-17/C), suivi d'une tendance au refus (CP5), un silence(CP1)
et une critique du matériel (CC3). Un silence (CP1), rumination du
conflit intrapsychique avec refus de continuer ensuite (A2-8 /A2-17/CP5),
puis un autre silence (CP1) suivi d'une introduction de personnages tierces non
figurant sur l'image (B1-2). Elle finit son discours par une exclamation, une
références personnelle avec une demande au clinicien (B2-8/C).
Problématiques : les affectes
dépressifs sont reconnus et la dépression dans ce cas est
reliée. La perte de l'objet n'est pas directement
évoquée elle est évitée. Seule la
représentation de l'affect dans cette planche est importante et
s'inscrit dans un registre d'atteinte narcissique et de conflit avec le
partenaire ou les objets parentaux. Les procédés pour lutter
contre l'angoisse éprouvée (demande de détresse au
psychologue, abandon du récit) renvoient essentiellement aux
procédés d'inhibition narcissiques.
Planche 4
4- åÏÇ íÈßí æ
ÇáÇ ÔäæÉ ãÇ
äÚÑÔ ... ãÇ
åãÊÔ åÇ
ÇáÊÕæíÑÉ ...
ãÊÞáÞ ÚäÏæ
ÍÇÌÇÊ
ãÞáÞÊæ ãÇ
äÚÑÔ... ãÊÞáÞ
ãä ãÑÊæ ãä
ÚíáÊæ Çááå
áÇ íæÕáäí
áåÇ ÇáÍáÉ
ÈÇááå ãÚÇÊÔ
ÊÚØíäí åÇ
ÇáÊÕÇæÑ.
Procédés : En
évoquant anonymement les personnages (CP3), le sujet décrit
l'histoire en s-y-attachant aux détails (A2-1) portés sur les
relations interpersonnelles (B2-3). Un silence, une tendance au refus
(CP1/CP5), puis un autre silence et une autre tendance au refus (CP1/CP5), une
rumination sous forme de demande adressée au clinicien (A2-8 /C), suivi
d'une tendance au refus et un silence (CP1/CP5), une rumination (A2-8), un
silence (CP1). A la fin le sujet évoque un conflit intrapsychique avec
arrêt du discours(A2-17/CP5)
Problématiques : Le
conflit pulsionnel (agressivité) au sein d'une relation
hétérosexuelle est présent. Cependant l'élaboration
de la configuration défensive est importante (via le mécanisme
d'évitement).
Planche 5
3- åÏÇ ãÊÛÔÔ
æ åÏå ÊÊßáã...
ãÇ äÚÑÔ ... ãÇ
åãÊÔ íÛÒÑ
åßÇ ãÊÛÔÔ
ãÚäÊåÇ ãÇ
äÚÑÔ ... åí
Êßáã íå ...
ãÊÞÇÞ ãÇ
äÚÑÔ .
Procédés : Tendance
directe au refus avec agitation motrice (CP5/CC1), puis un silence (CP1),
suivis d'une description avec attachement aux détails (A2-1). Le sujet
s'adresse au clinicien (C) puis raconte l'histoire en s'accrochant au contenu
manifeste (CF1), silence (CP1), puis annulation (A2-9)
Problématiques : Les
modalités défensives d'inhibitions, du retour au factuel et au
comportement, portent sur la pulsion voyeuriste par rapport à une
scène primitive dont les protagonistes ne sont pas
évoqués. Le sujet parait anxieux et essai rapidement de refouler
cela via le recours plaqué à la réalité
externe.
Planche 6GF
- åÏå ãÇ
åãÊåÇÔ. ÇäÇ ...
ÑÇÓ åäÇ ÑÇÌá
íÛÒÑ åßÇ ãÇ
åãÊÔ ÒæÒ
ÑÌÇá åÇåæ
ÑÇÓ ãÇ äÚÑÔ .
áÇ ÈäíÉ åÏå
ÙÇåÑáí ãÑÇ
åÏå ãÇ äÚÑÔ ...
ãÑÇ åÏå ãÔ
ÑÇÌá
íÛÒÑáåÇ æ
íÍßí ãÚÇåÇ
ÑÇÌá ÞÇÚÏ
ÇßÇåæ.
Procédés : tendance au
refus suivi d'un long silence (CP5/CP1), puis description avec attachement aux
détails (A2-1) et instabilité dans les identifications (B2-11)
suivis d'une annulation (A2-9) et d'une précaution verbale (A2-3) avec
rumination (A2-8). Elle parle brièvement du rapport interpersonnel entre
les deux personnages et ne tarde pas à affirmer une tendance au refus
(B2-3/ CP5)
Problématiques :
l'intégration de l'identification féminine au sein d'une
relation de désir est confrontée à une instabilité.
Le fantasme de séduction est manifesté sous un mode de
voyeurisme (répète le mot regardé plusieurs fois).
L'importance « du regard » de l'autre pourrait ainsi
être un élément important dans notre analyse.
Planche 7GF
10- í ÍãáÊåÇ
ÈíÈíå æåÏÇ
æáíÏ æ ÇáÇ
ÑÇÌá ãÇ äÚÑÔ
ãÇ åãÊÔ
ÈÇáÙÈØ
ÍÇØÊæ í
ÍÌÑåÇ ...
ÇáÇÎÑ æÇáÇ
ÇáÇÎÑì ÊÛÒÑ
ááÈíÈíå
ÊËÈÊ íå.
Procédés : Entrée
directe dans l'expression, avec description avec attachement aux détails
(B2-1/ A2-1), avec une problématique au niveau des identifications
(B2-11),avec tendance de refus (CP1) puis se remet à décrire la
situation tout en s y attachant aux détails (A2-1), silence (CP1), puis
hésitations entre interprétations (A2-6) pour présenter
ensuite les rapport interpersonnels sous le versant du regard (B2-3)
Problématiques : le sujet
se focalise principalement sur « le poupon », qui pourrait
se traduire comme le représentant du bébé oedipien que la
mère « regarde ».
Planche 9GF
9- ãÇ
åãÊåÇÔ... ãÑÇ
æÇÞÉ í
ÇáÈÇÈ ÇÔ äÌã
äÍßí ÊÛÒÑ
áåäÇ ááÊáÒÉ
æ ÇáØÇæáÉ...
áÇ ãÔ
ÊÛÒÑáåã.
Procédés : après un
long silence (CP1), le sujet décrit la situation avec attachement aux
détails, tournant autour d'une histoire proche du thème banale
(A2-1/A1-2) portant sur les relations interpersonnelles (B2-3). Un autre
silence(CP1), puis une instabilité au niveau de l'identification du
genre du personnage (B2-11), suivi d'une précaution verbale (A2-3) et
critique du matériel (CC 3), d'un autre silence (CP1) ensuite d'une
dramatisation dans une perspective de fuite (B2-13)
Problématiques : l'identification
féminine est mise à l'épreuve suite à son
instabilité, l'histoire élaborée par le sujet, renvoie
à une identité floue et fragile. Les personnages mal
différenciés sont pris dans un système d'identification
narcissique avec un évitement du conflit. Avec une
préférence inconsciente du personnage
« homme » que « femme », qui lui court
après (lui faire la court », rapidement elle inhibe ce
désir par un retour au contenu manifeste.
Planche 10
5- ÞáÈÊ
ÇáÊÕæíÑÉ ...
ãÇ åãÊåÇÔ
åÏå ÔäíÉ ... ãÇ
åãÊÔ åÏæãÇ ...
åÏÇ åÇåæ
ÑÇÌá.ãÇ
åãÊåÇÔ åÏå
ÔäíÉ ãÇ
äÚÑÔ.
Procédés : Le sujet
s'agite(CC1), reste silencieux un moment(CP), puis affirme une tendance au
refus (CP5), un autre silence (CP1) une autre tendance au refus suivi d'un
craqué verbal (CP5/ E17), puis une description avec attachement aux
détails (A2-1), suivis d'un long silence (CP1) avec une tendance au
refus (C·P5).
Problématiques : deux
éléments important se présentent : le sujet a
évité d'identifier le sexe du deuxième partenaire, et il
n y a pas de reconnaissance de liens ni sexuel ni de tendresse : les
défenses sont d'inhibition et d'évitement sont importantes, afin
de lutter contre cette représentation. L'inexistence de liaison
entre tendresse et sexualité souligne la non élaboration et le
non déclin du conflit oedipien.
Planche 13MF
6- ... ãÑÇ
ÑÇÞÏÉ æ ÑÇÌ
íÛÒÑáåÇ
ÇßÇåæ...ÇáÑÇÌá
æÇÞ íÛÒÑ ãÇ
åãÊÔ åÇ
ÇáÊÕæíÑÉ
ÇßÇåæ... åÏÇ ÇÔ
åãÊ.
Procédés : Un long silence
(CP1), puis une description avec attachement aux détails tournant autour
du rapport interpersonnel (A2-1/B2-3) avec une tendance au refus (CP5) puis un
autre silence (CP1), suivis d'une rumination (A2-8), puis refus, silence et
refus (CP5/CP1/CP5)
Problématiques : Les
inhibitions sont fortes, l'expression à l'agressivité et à
la sexualité dans le couple sont évitées et
inhibées. L'oscillation entre désir, défenses et
libération pulsionnelle en termes d'interdits et de culpabilité
est inexistante.
1.2. COMPTE RENDU
Le protocole de Moufida est pauvre. Tout au long de la
passation le sujet a manifesté un refus et une agitation motrice. Une
sécheresse et une aridité dans le récit sont bien claires,
résultant d'une impossibilité à construire une histoire en
raison du poids de l'inhibition visant l'arrêt immédiat de tout
dynamisme dès son ébauche figeant ainsi tout mouvement
pulsionnel. Le TAT ne se pas lit facilement, son récit s'est
placé sous le signe de la restriction et de l'évitement du
conflit.
La prégnance du registre d'évitement du conflit
(C) et du contrôle (A) est flagrante. Un bon nombre de
procédés de la série (A) sont présentés de
façon répétitive, signalant le besoin impératif de
maîtriser le pulsionnel et contenir l'excitation. Ces
procédés sont reliés par d'autres procédés
de la série (C). Les personnages sont anonymes, à travers une
érotisation refoulée, campés dans une situation banale et
déconflictualisée (C/P) se perdant parfois dans une pensé
opératoire. C'est via le refus actif (C/P5) quasi caractériel que
Moufida nous présente l'ir-présentable à travers ces
« isolats » non intégrés, une manière
à ne permettre aucun aménagement du conflit par la pensée.
La problématique oedipienne est trop
excitante et a un impact désorganisateur,
signalé soit par une absence totale de prise en compte des
sollicitations latentes, par l'abrasion pulsionnelle, le recours plaqué
à la réalité externe, soit par des désorganisations
(altération de la perception, massivité de la projection,
confusions dans les identités ou encore altérations du discours
et de la pensée). Les critères relatifs au caractère
structurant de l'OEdipe ne sont pas retrouvés. La
problématique dépressive est activement
évitée. La représentation de la
perte de l'objet est inaccessible et s'inscrit dans un registre d'atteinte
narcissique. Les procédés pour lutter contre l'angoisse
éprouvée (détresse, auto-accusation massive, abandon)
renvoient essentiellement aux procédés d'inhibition,
narcissiques, de surinvestissement de l'objet, de surinvestissement de la
réalité externe et des conduites agies. La
problématique identitaire est marquée par un défaut de
différenciation sujet/objet. L'intégration
de la représentation de soi et de l'objet n'est pas stable et permanent
conduisant à un sentiment d'identité
2. FIRASS (22 ans)
Firass, un athlète de 22 ans est issu d'une famille
socio-économiquement moyenne. Le deuxième d'une fratrie de
trois, son père est ouvrier et sa mère est au foyer. Ancien
footballeur, il a arrêté l'école et le football à
l'âge de 20 ans et a depuis rejoint sport handicap.
Considéré, il y a un an, par son coach comme un futur champion,
tout le staff technique le défini désormais comme une
déception car « il avait tout pour être au
podium ». En voici ci-dessous la courbe représentative de sa
tendance motivationnelle à l'échelle EMS 28.
Echelle de motivation
Au moment où il a commencé à parler de
son niveau actuel de performance, il a été dépourvu de
moyens pour y faire face et a désespérément essayé
de masquer cette incapacité par « une incontinence
verbale », une logorrhée traduisant une pulsion
irrépressible de parole. Cette situation de contre performance serait
très angoissante et excitante sur le plan psychologique qu'il
n'arriverait plus à la contenir et l'aurait laissé exploser via
ce débit rapide et continu de verbalisation banalisée et couvert
des incohérences. Il s'est décrit comme «
non aimé ... je sais pourquoi mais je sais que je ne suis pas
apprécié ici, peut être par ma spontanéité...
la vérité c'est que je suis attirant, pourquoi eux oui et moi
non ... c'est injuste...j'ai ma dignité si c'est pour qu'on me
rabaisse non pas besoin du sport mais bon que faire ».
Il ne nous a pas fallu trop de questions pour comprendre ce qui
se passait avec Firass. Sa colère a été bien manifeste
durant son discours. D'ailleurs il a, souvent, été sur le mode
de la revendication et de la demande, « mon entraineur il
est bien c'est un Homme, il est correct avec moi c'est comme un frère je
jure, j ai une appréciation particulière avec lui mais depuis que
Youssef et la il a changé je ne sais pas pourquoi et je trouve ca
injuste il faut qu'il soit équitable .... Je comprends ...je comprends
mais bon je le redis c est pas normal je pense qu'il a entendu un truc sur
moi... Youssef est un mec bien mais bon ce n'est pas une raison».
Cette idéalisation envers l'entraineur lui permettrait de
protéger ce bon Objet des pulsions destructrices qu'il exprime en
amplifiant ses qualités (Homme, correct, comme un frère...).
Cependant, la dépréciation est présente. Cette
agressivité passive exprimée de manière non combattive et
indirecte, lui permettrait de se préserver de l'angoisse d une
éventuelle perte. Cherchant à donner une explication
cohérente, logique, à cette attitude injuste dont il ne
perçoit pas de véritables motifs, Firass a essayé de
justifier cette situation par l'introduction d'une personne tierce (le rivale),
ou par une minimisation latente de soi. Durant les suivants entretiens, Firass
a été dans le remmanchement des idées. Sous une forme
détournée et humoriste ; faire le clown, se moquer de soi
même ou des autres, ceci fut son cas. Cette méthode
défensive « humoriste » lui permettrait de se
représenter l'éloignement de son entraineur et de sa contre
performance d'une manière à s'en dégager des aspects
plaisants et réduire l'angoisse de l'échec et donc de la perte.
L'élément le plus révélateur a
été lorsque le sujet a commencé à parler du public,
lors des compétitions ; « le public c'est
important, les filles aussi». Avec un grand sourire, il a
commencé à rigoler et tout son corps à trembler ;
« le look quand on est sportif quand je joue il faut que je
fasse bien, je saute bien, je fais mes échauffement et tout, moi je
regarde que mon coach, je le fixe que lui mais je ne nie pas, le public
m'attire aussi et le faite de les entendre ca
déconcentre». De suite, plusieurs termes se sont
chevauchées dans son discours, public, show, gagner, perdre... regarder
et être regardé, perdre et être mal vu, attirance
d'être regardé, nous nous offrons une preuve de la
prédominance du visuel chez Firass. Développant de plus
près ce sujet, nous nous sommes interrogés s'il ne s'agirait pas
d'une vision inconsciente du regard, sous la forme d'un voir originaire (Bonnet
1996), qui se réactiverait au moment des compétitions. En
l'observant sur le terrain, en situation de compétition, nous avons
remarqué que dans l'incapacité de faire face à la pression
(enjeu narcissique) de la compétition, dans le sens ou il
intègrerait des signifiants venant du lieu ou surgissent les regards et
les voix (public) à travers lesquels s'exprime tout l'enjeu de son
désir, Firass se trouverait dans l'incapacité de les neutraliser.
Ces représentations visuelles et auditives qui le hanteraient feraient
corps avec lui ; ceci suppose l'intervention d un oeil tiers auquel le
public se réfère à son tour, celui de l'entraineur. Firass
verrait tout ce qui se passe d'un seul point, convaincu qu'il aurait
trouvé le point d'appui en question, il se verrait à son tour
capable de voir sans limite. Le regard fixe sur le coach serait cet appui, par
lequel les désirs s'incarnent, parfois même croulent sous le
poids de leurs contradictions.
Firass
Public
Mouvements régressifs et des tentatives de
retour aux états narcissiques primaires
KAES (2005)
Entraîneur
Le voir originaire
(Bonnet, 1996).
SI
SV
Stimuli sonores et visuels
1
2
Enfermement dans un système narcissique
aliénant.
(Bonnet, 1996).
3
Rater le coup
4
5
6
Schéma récapitulatif du
système narcissique de Firass via le voir imaginaire
Cette sollicitation visuelle de son entraineur, et cette
recherche d'étayant se heurterait parfois avec les contradictions du
retour faites par l'entraineur, déclenchant chez Firass une angoisse
très excitante qu'il en perd le contrôle. Englobé par la
foule Firass «renonce à ce qui lui
est personnel et particulier, et se laisse suggestionner par les autres, nous
avons l'impression qu'il le fait parce qu'il éprouve le besoin
d'être d'accord avec les autres (...) plutôt qu'en opposition
à eux ; donc il le fait peut être pour l'amour des
autres... » . (SMIRGEL J. 1999, p. 74). Il
serait dominé par les influences de cette
« âme collective » ou la perte est incalculable,
engendrant l'effacement de ses caractères personnels. Comme si la
volonté individuelle au moment de la compétition n'existait plus,
juste au moment où elle devient trop faible pour se risquer à
l'action. (Najah, 2007). L analyse du TAT va de pair avec ce que nous venons de
présenter.
2.1 ANALYSE DU TAT
Lisibilité : bonne
Les procédés utilisés (essentiellement A
et C) permettent un travail effectif d'élaboration en liant les
représentations aux affects de façon souple et modulée en
rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont
construites et il existe une prime de plaisir à investir le
fonctionnement psychique.
Planche 1
1- æÇÍÏ
ÞÏÇãæ ßãÇä
íÎãã , Ç ÓæÇÑ
íÍÈ íÓÊÚãáæ
ãÇ íÓÊÚãáæÔ
, Ç ÓæÇÑ åæ
íÙåÑ íå
ãÊÑÏÏ ÈÔ
íÓÊÚãáæ
íÙåÑáí íå
ßÚÈÉ áÇ.
Procédés : entrée
immédiate dans l'histoire avec anonymat du personnage (B2-1/ CP3), avec
accrochage au contenu manifeste (CF1) et mise de conflit intra-personnel
(A2-17). Précaution verbale (A2-3), suivis d'un aller retour et retour
entre expression pulsionnelle et défense (A2-7), puis une
deuxième précaution verbale (A2-3) avec mise en évidence
encore une fois de conflit intrapsychique (A2-17). Avant de finir son discours
il donne son appréciation de la situation en dévalorisant le
sujet (B2-8/ CM2)
Problématique : le sujet
reconnaît l'immaturité actuelle mais ne peut s'en dégager
dans un projet identificatoire avec dévalorisation de soi. Le
sentiment d'impuissance est très important mettant en évidence
les insuffisances de l'investissement de soi : ce sont les
éléments dépressifs qui apparaissent alors.
Planche 2
11- ÒæÒ äÓÇÁ
æ ÑÇÌá íáÍ...
ÚÇíÔíä í
ÞÑíÉ ÑííÉ
áÇÍÉ, ÇáÈæ
ãÓßáÇáå
ÊÈÑß Çááå
Úáíå æ
ÇáØáÉ
ÚíäíåÇ í
ÇáÓãÇÁ
ÊÍáã. Çáã
ÔÇÏå ßÑÔåÇ
ÈÔ ÊæáÏ æ ÅáÇ
ÊæÌÚ íåÇ.
Procédés : entrée
directe dans le discours avec attachement aux détails (B2-1/A2-1) suivi
d'un silence (C P1), il continue son discours par une mise en place de relation
interpersonnelle (B2-3) avec rumination (A2-8), suivi une mise en place de
détails narcissiques (B2-10), et une va et vient entre
interprétations différentes (A2-7).
Problématique : le
triangle oedipien est reconnu avec une idéalisation et une mise
en valeur du père. Le sujet reste collé au couple en
échappant de reconnaître le lien privilégié
oedipien.
Planche 3BM
4- åÏå ÈäíÉ
ãÊäÑÒÉ ÈÇÒ
ÈÇÒ ãÇÊáåÇ
ÍÏ ÎæåÇ ÚãåÇ
íÇÓÑ ÍÒä ÇßÇ
ÇáÚãíÞ
ÍÓíáæ Ô
ÚáíäÇ íå .
Procédés : après un
long silence (CP1), le sujet exprime un conflit intrapsychique avec attachement
aux détails (A2-17/ A2-1) avec introductions de personnages non
figurants sur l'image (B1-2), dans une situation dramatique
(décès) (B2-5). Avec plaquage du discours à la fin tout en
s'adressant au clinicien (CP4/CF2).
Problématique : la position
dépressive est élaborée, sont reconnus et
associés à une représentation de perte de l'objet d'amour.
Cependant il semblerait que le sujet vit mal cette perte dans le sens où
il exprime une colère envers cet éloignement.
Planche 4
2- Çæå ... æÇÍÏ
ÎÇÑÌ ãä
ÇáÏÇÑ "æáÇ
ãÇ ÊÑÌÚ"
ÍæÇÑ , ÛÒÑÇÊ,
ÍÓíáæ ÇßÇåæ
íÍÈæ ÈÚÖåã
ÞÊáæ ãÇ
ÊÎáíäíÔ æ åæ
ÞÇáÈ í
ÇáÊÕæíÑÉ í
ãÎæ ãÑÇ ÇÎÑì
ÈÑ Ôæ ÚÇÏÉ ÈÔ
íÓíÈåÇ æ
ÇáÇ ÎÇäÊæ ãÇ
ÎÇäÊæÔ Ò ÈÏäæ
ãÞÏã áÞÏÇã
íÍÈ íÓíÈåÇ
ÇãÇ íÍÈåÇ.
Procédés : le sujet
s'exclame tout en faisant un clin d'oeil au clinicien (B2-8/ CC5), suivi d'un
silence (CP1), puis une description avec attachement aux détails et
postures tournant autour des relations interpersonnelles et un récit en
dialogue (A2-1/ B2-3) , ce rapport est érotisé (B2-9). Le sujet
présente juste après un refus de continuer (CP5), suivi d'une
rumination (A2-8) avec introduction de personnage non figurant sur l'image
(B1-2). , puis une précaution verbale (A2-3) et un changement brusque du
cours de l'histoire (A2-14) avec attachement aux détails et postures
afin de justifier son idée et un aller et retour entre désirs
contradictoires (A2-1).
Problématique : Le conflit
pulsionnel au sein d'une relation hétérosexuelle est
présent. Il s agit d'une une manifestation de mise en tension
conflictuelle et une présence de la valence masculine de la
problématique oedipienne, dans le sens où il existe une
attirance envers le sexe opposé et une rivalité avec le
même sexe, cependant on il semblerait que le sujet malgré la
dévalorisation de l'image de la femme (la trahie) trouve de la
difficulté à la quitter même si il pense à une autre
femme. Une ambivalence dans la relation (à l'égard de l'objet
d'amour).
Planche 5
9- ÏÎáÊ ÊÔæ
ÊÊÞÏ í
ÇáÛÑÞÉ ÇÎí
ãÇ áÞÇÊ ÍÊì
æÇÍÏ. ãÇ ÚäÏí
ÍÊì ÊÚÈíÑ
ÇÎÑ.
Procédés : entrée
immédiate dans le discours avec agitation motrice (B2-1/ CC1),
accrochage au contenu manifeste (CF1), tout en gardant le personnage anonyme
(CP3) et plaquage du discours (CP4)
Problématique : les
modalités défensives particulièrement, les inhibitions
sont importantes. Portant sur la pulsion voyeuriste, mais le refoulement
opère rapidement.
Planche 6BM
10- Çã
ãÊäÑÒÉ Úáì
æáÏåÇ ÚáØíÉ
ÈÙåÑåÇ
ÙÇåÑÉ æåæ
íÓÑáåÇ í
ÇáæÖÚíÉ æ
ÇáÇ åæ íÍÈ
íÓÇÑ æåí ãÇ
ÊÍÈÔ æåí
ÛÇÖÈÉ Úáíå
æåæ ãÇ
íÍÈåÇÔ ÊÛÖÈ
Úáíå æÇáÇ
ÊÎáíå æ åæ
ÍÒíä.
Procédés : Entrée
immédiate dans le discours avec attachement aux détails dans une
histoire portée sur les relations interpersonnelles (B2-1/A2-1/B2-3)
avec un accent porté sur les conflits intrapsychiques (A2-17) avec une
hésitations entre interprétations différentes (A2-6).
Rumination (A2-8) et dramatisation de la situation suite à la
décision de la mère de le laisser.
Problématique : les
affects de tristesse sont bien présents, renvoyant ainsi au thème
de déception et de perte de l'objet d'amour.
Planche 7BM
5- åÇåí! åÏå
íåÇ ãæÖæÚ!
ÇáÑÇÌá ÚäÏæ
ÔÑßÇÊ æ íßáã
í æáÏæ ÈÔ
íÔÏáæ
ÇáÔÑßÇÊ Çáí
ÚäÏæ æÇáÇ
ÊäÌã Êßæä
äÕíÍÉ ÑÇÌá
ßÈíÑ , æÇÍÏ ãÔ
ÈÇáÖÑæÑÉ
æáÏæ æÇáÇ
ÊäÌã Êßæä
ÍæÇÑ Èíä ÒæÒ
ÇãíáíÇÊ,
æÇáÇ ÚäÏæ ãÇ
íÞæá
ááÑÇÌá.
Procédés : Entrée
immédiate dans le discours avec exclamations et clin d'oeil au clinicien
(B2-1/ B2-8/CC5), suivis d'une autre exclamation et une critiques de la
situation (B2-8/ CC3). Le sujet développe une histoire construite autour
d'une fantaisie personnelle portant sur les relations interpersonnelles (B1-1/
B2-3), suivis d'une autre interprétation (A2-6) indiquant le support
étayant d'un personnage anonyme (un vieux monsieur, quelqu'un) suivis
d'une précaution verbale (CM2/CP3/A2-3), le sujet développe
encore deux autres interprétations (B2-3) et termine son récit
par un plaquage (CP4)
Problématique : le
rapproché père-fils est reconnu, l'objet père est
perçu comme objet étayant, mais rapidement ce
désirs à l'égard de l'objet d'amour est refoulé
par la mise en évidence d'autres propositions ainsi que par le
déni de l'image du père (vieux monsieur, quelqu'un). Cependant
l'agressivité et la dimension de rivalité n'est pas
évoqué même si il y a ce déni de l'image du
père, ce qui nous mène à réfléchir sur
l'élaboration ou non de la dimension de l'ambivalence à
l'égard de ce « bon père ». L'affrontement
conflictuel est évité par le recours à une relation
spéculaire. Dans ce cas soit la problématique narcissique domine
soit le sujet tente de refouler ses fantasmes destructeurs.
Planche 10
6- ÞÕÉ ÍÈ
ßÈíÑÉ ßÈíÑÉ
! ÊäÌã Êßæä
ÚáÇÞÉ ÍÈ,
ÍÓíáæ... ßíÇÔ
íÇÓÑ
ãÊäÇÓÞíä åÇ
ÇáÒæÒ ãä
ÇáäÇÓ
ÇäÓÌÇã ßáí
ÈíäÇÊåã. ÇãÇ
􂌄
ÇáÑÇÌá
íÍÈåÇ æ åí
ÊÍÈæ ááãæÊ!
ÊÕæíÑÉ íÇÓÑ
ÊÚÈíÑíÉ
ÇãÇ ÇÔÇÁ
Çááå ãÇ
ÊÏÎáÔ
ãÇÈíäÇÊåã
ÇáÇäÓÇÈ æ
ÇáÍãæ...
Procédés : Entrée
directe dans le discours avec exclamation et agitation motrice (B2-1/ B2-8/CC1)
avec érotisation directe de la relation (B2-9), suivi de
précaution verbale (A2-3) puis de rumination (A2-8), plaquage (CP4), un
silence (CP1), puis une demande au clinicien (C) et une mise en évidence
des rapports interpersonnels avec une idéalisation de cette relation
(B2-3/CM2) suivi d'une exclamation (B2-8). Le sujet donne une
appréciation de la situation (CC3) le sujet finit son discours par un
rebondissement surprenant (B2-2) en exprimant une méfiance traduit par
une représentation de persécution (E14).
Problématique : la planche, dans
cette situation, renvoie à un rapproché libidinal au sein d'une
relation hétérosexuelle, avec une reconnaissance du lien
érotique entre les deux partenaires. La liaison entre tendresse
et érotisation souligne l'élaboration du conflit oedipien.
Cependant l'introduction de personnages tiers dans le rapport réactive
des angoisses archaïques de perte de l'objet d'amour.
Planche 13MF
7-
Çå...Çå...Çå...Çå.
ÇÛÊÕÇÈ ÊÇÉ æ
ÞÊáåÇ,
ÇáÚãáíÉ
ÙÇåÑÉ æ äÏã
ÔÏíÏ æ ÚÑÇä
ÈÇáÛáØ ãä
ÇáãÌÑã. ÇãÇ
Ç ÓæÇÑ ÏÎá
ÓßÑÇä ÍÓíáæ
ÇÞ Úáì æÖÚæ
ÈÚÏ ãÇ ÎÏã
ÇáÎÏãÉ Çáßá.
ÇáØáÉ
ØÇíÍÉ ÒÈÏÉ .
Procédés : Exclamation,
silence, exclamation, silence, exclamation, silence et exclamation (B2-8/CP1/
B2-8/CP1/ B2-8/CP1/B2-8), suivis d'une expression crues liées
à une thématique sexuelle et agressive (viol et meurtre) dans un
contexte dramatique (E3/B2-13), avec conflit intrapsychique et une
précaution verbale (A2-17/A2-3) avec valence négative du
personnage (CM2). Le sujet évoque à nouveau un conflit
interpersonnel (A2-17) et finit son discours par description de la fille avec
attachement aux détails (A2-1).
Problématique : Il s'agit
d'une intégration des pulsions agressives et sexuelles de
manière persécutrice. Cependant les nuances de
culpabilité et de remords liés à ces mouvements
pulsionnels et manifestées.
2.2 COMPTE RENDU
Le protocole de Firass est assez riche. Le sujet a
manifesté un engagement très vivant tout au long de la passation.
Le TAT se lit facilement, mais la mobilisation du sujet est assez
intéressante. Malgré les entrées immédiates dans le
discours, l'agilité langagière, la totale
coopérativité, et surtout l'excès de motivation et d
engagement, le récit a été placé sous le signe de
la restriction et de l'évitement. Si bien que l'impression globale
donnée d'un matériel personnel et offert est aussitôt
soustrait entravant une meilleure lisibilité sous jacente du protocole.
Face à l'émergence de la conflictualité,
les procédés (A) et (B) ne suffisent plus et sont
contre-investis par des procédés d'évitement (C).
L'ensemble du protocole reste marqué par une prédominance des
procédés rigides et labiles mais le contraste est frappant au
niveau des procèdes de labilité et la masse des
éléments d'inhibition et d évitement du conflit. Le
meilleure registre est assuré par la manière dont un certains
nombre de procédés de la série (A) sont
présentés de façon répétitive signalant un
besoin impératif de maîtriser le pulsionnel et contenir
l'excitation. Ces procédés sont reliés par d'autres
procédés de la série (C) ; le plus souvent, les
nombreux personnages introduits, particulièrement dans à travers
une érotisation des relations, sont aussitôt anonymes (CP) se
perdant parfois dans une pensée opératoire (CF) et ont pour but
de stopper toute manifestation dynamique et rendre l'activité psychique
moins conflictuel. Nous notons également l'importance accordée
aux procédés (CM), glissant le versant interpersonnel sur une
polarité de perte et d'étayage. L'importance du
procédé (CC) est frappante (clin d'oeil, demande, critiques...)
tentant ainsi d'entrer en dialogue avec le clinicien dans une recherche
d'étayage et de séduction transférentielle. Les
procédés de la série (B), de labilité sont assez
riches, malgré le contraste qu'ils présentent avec les deux
registres déjà cités. L'utilisation des exclamations et
des commentaires est massive tout comme les précautions verbales,
donnant l'impression d'être souvent au service de la mise en
évidence narcissique.
La problématique oedipienne
s'élabore mais sans dégagement possible.
Les mécanismes rigides et labiles sont majoritairement
utilisés (de type obsessionnel et hystérique) associés
à des émergences ponctuelles en processus primaires (E3)
témoignant de l'acuité du conflit et de la force des
défenses mobilisées. L'angoisse de castration est forte, avec des
difficultés dans la gestion de l'ambivalence pulsionnelle. L'expression
des désirs entraîne en retour des défenses coûteuses.
Le surmoi peut apparaître sadique. Les difficultés à
renoncer à la satisfaction de l'objet et un conflit dans les
identifications sexuées sont présentes. La
problématique dépressive s'élabore mais sans
dégagement possible. La perte de l'objet
s'inscrit dans un registre objectal en lien avec la difficulté à
renoncer à l'amour des premiers objets, ce qui peut conduire à de
sentiments de culpabilité ou d'impuissance, des mouvements
d'idéalisation des images parentales, un retournement de
l'agressivité contre soi et autrui, etc. La problématique
identitaire est marquée par des défaillances narcissiques
nécessitant un surinvestissement de la
représentation de soi et/ou un surinvestissement des limites visant
à maintenir une bonne différenciation entre le sujet et l'objet.
L'angoisse (d'intrusion par l'objet ou d'effondrement) est colmatée par
un recours massif aux procédés narcissiques
CONCLUSION :
Malgré la diversité de procédés
utilisés et de la dynamique psychologique mise en place, les deux
protocoles tournent autour du même
pôle, «l'Amour ».
Qu'il s'agit du refoulement de cette pulsion trop excitante ou
son affirmation excessive, les deux sujets expriment manifestement une
problématique d'angoisse de perte de l'objet avec une défaillance
narcissique. Ceci converge exactement avec ce que nous venions d'avancer en ce
qui concerne la motivation de première génération
appelé à son tour « Amour de performance ».
En analysant de plus près les discours élaborés lors des
entretiens, nous constatons que pour les deux athlètes, il est
impératif de ne pas perdre. Perdre excède la simple perte d'un
match, c'est risqué de décevoir entraîneurs et supporters
(substituts parentaux) et ne pas être conforme à leurs
désirs. Leur propre satisfaction narcissique serait
inévitablement relié à celles de leurs substituts
parentaux particulièrement l'entraineur. Se faire ainsi l'objet- ou le
signifiant- du désir du substitut parental (l'entraîneur, public)
et se satisfaire, uniquement à être reconnu, pour sa valeur de
conformité aux attentes de son comportement, les engagerait
fantasmatiquement, dans une voie génératrice d'angoisse. La
situation au plan sportif, représente alors le support du conflit
interne qui se joue autour de la structuration psychique et narcissique et au
plan relationnel avec les parents et/ou les substituts parentaux. Pour les deux
athlétes la demande d'appui et d'amour est tellement vitale, qu'elle les
font exister et leur inculque, un fond de confiance et une assurance de toute
puissance.
Il est essentiel de préciser ici, comment la position
de l'entraîneur, engendre des modalités relationnelles
spécifiques. L'impossibilité de jouer « sans
capitanat », sans la présence d'un Autre étayant,
montre comment « la situation sur le terrain sportif vient
télescoper le réel de la problématique
inconsciente » des joueurs, posant métaphoriquement des
enjeux de leurs propres maturations psychiques. Ici la relation à
l'entraîneur comme substitut parental est idéalisé,
exprimé par un besoin d'étayage. En reprenant le concept de
WINNICOTT, cet appel affectif inclus ainsi une demande régressive de
dépendance et requiert une qualité d'attention
particulière. (Najah, 2007). C'est pour cela que nous évoquions
à nouveau, le terme « d'amour de performance »
émergeant dans ce que Freud (1912) nomme « le courant
tendre » désignant la tendresse exprimée par les soins
parentaux et dont il en souligne la dimension auto-érotique et celle de
la toute puissance qui peuvent s'engendrer de l'auto-satisfaction. Ce courant
correspond au « choix d'objet infantile primaire et il se dirige
sur les personnes de la famille et celles qui donnent les soins à
l'enfant » (Freud, 1916, p 56). Ici il s'agit d'une demande
d'amour, ce que, l'enfant- l'athlète, aime c'est d'être
aimé.
3. IMENE (21 ans)
Jeune fille que nous nommerons Imene, âgée de 21
ans, est la deuxième d'une fratrie de quatre, son père est
ouvrier et sa mère est au foyer. Elle a arrêté
l'école à l'âge de 14 ans et a intégré
l'équipe handisport depuis trois ans. Elle est reconnue par son
équipe comme l'une des meilleurs athlètes. En voici ci-dessous la
courbe représentative de sa tendance motivationnelle à
l'échelle EMS 28.
Echelle de motivation
Dynamique et très expressive sur le plan verbal et
corporel, elle s'est présentée comme une personne qui
mérite sa place dans cette équipe « dieu
sait combien j'ai travaillé, et il faut toujours travailler plus,
l'entraineur a un grand rôle dans ça sans lui certainement je ne
saurais pas arrivée là, mais l'athlète c'est lui qui fait
le grand travail, (jure), surtout dans notre cas on est des handicapés,
on ne trouve pas ça facile, mais ce n'est pas
impossible ». Parler avec une aisance de son handicap,
et manifester cette gratitude à l'égard de son entraineur tout en
affirmant son autonomie et sa part propre dans sa réussite, Imene nous a
semblé parfaitement à l'aise dans son corps, avec une attribution
propre de sa position dans son équipe.
Cependant et dés qu'elle commençait de parler du
handicap, elle déviait souvent du « je » vers le
« on », sorte de camouflage verbale, un pronom
caméléon dont elle se servirait. Ce « on »,
pronom indéfini comme l'indique, Messinger (2005), n'existe pas, ce qui
permet à celui qui l'emploie de reporter la faute ou le manque sur les
autres. Le « on » n'est jamais coupable de ses erreurs, il
ne peut assumer la culpabilité toute entière puisque la justice
parentale ou autres ne peuvent condamner un individu multiple et
indéfini. Ce recours à la généralisation et
à l'intellectualisation, face à cette situation conflictuelle de
handicap, d'incapacité, qui l'angoisse, lui permettrait d'éviter
la reconnaissance qu'elle y est personnellement impliquée. Même si
elle affirme son handicap, elle chercherait implicitement et par tous les
moyens à s'en échapper par une reconnaissance propre de ses
propre capacités au niveau du sport et à la
généralisation de sa situation de handicap.
Lors des entretiens qui ont suivis, Imene s'est
exprimée avec aisance et sagesse mature
« l'athlétisme c'est quelque chose de très
important pour moi d'abords je veux bien faire pour voir jusqu'où je
peux aller, parfois je fais bien parfois non certes c'est pas bien de perdre
mais je sais mes capacités et mes limites mais c'est bien de remporter
des médailles, ça me rend heureuse, puis pour rendre heureux ma
famille, ils me soutiennent eux et mon coach, je remercie dieu je suis bien
entourée mais même quand je perd je me dis j'ai fais de mon
mieux ». La cause principale de la motivation, pour
elle, n'est plus la sauvegarde de l'amour parental mais le désir
lui-même de la compétition, où l'athlète s'inscrit
pour son propre compte dans un échange symbolisé de la
compétition. Même si la perte est douloureuse, elle l'accepte et
surtout l'assume. La performance serait dans ce cas, un
« signifiant », qui ne tire son sens que de sa relation
avec les autres performances, et de sa mise en place dans l'ordre symbolique de
la compétition, un ordre auquel tout compétiteur s'ajuste. En
acceptant la perte les modèles parentaux et les substituts parentaux
deviennent à ce moment des références dont il est possible
de refuser ou d'accepter. Il s'agit d'un renoncement de fonctionner dans un
rapport exclusif de dépendance affective leur égards et pouvoir
exister en dehors de l'amour d'amour ; bref Imene serait totalement dans
le renoncement de tout ce que la situation oedipienne peut réactiver.
Ceci va de pair avec son protocole TAT.
3.1. ANALYSE DU TAT
Lisibilité : bonne
Les procédés utilisés (essentiellement A
et B) permettent un travail effectif d'élaboration en liant les
représentations aux affects de façon souple et modulée en
rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont
construites et il existe une prime de plaisir à investir le
fonctionnement psychique.
Planche 1
1- äÊÕæÑ Øá
íÎãã , ãÊÞáÞ
ßíÇÔ íÍÇæá
íáÞì
ÇáãÚÒæÉ æ í
ÇáÇÎÑ ÈÔ
íáÞÇåÇ æ ÈÔ
íÊÑåÏ ÇßÇåæ.
Procédés : La
reconnaissance immédiate (B 2-1) du thème banal (A1-1) avec une
tendance générale à la restriction (CP 2) passe par une
précaution verbale (A 2-3) et une reconnaissance d'un personnage anonyme
(C/P 3). Le conflit mis en scène sur un mode intrapsychique (A 2-17) est
suivi d'une expression verbalisée modulée par le stimulus (B1-4)
et une symbolisation (A 2-13), puis par une expression du désir (B 2-7).
La fin est marquée par un procédé d'inhibition (C/P
5).
Problématique : L'identification
à l'enfant confronte le sujet à sa propre angoisse de
castration qui le renvoie directement à son incapacité
à utiliser l'objet dans l'ici et maintenant de la passation.
Planche 2
2- Çå...ßÇä
ÒáÒÇá ßÇäæÇ
ÚÇíÔíä í
ÇáÞÑíÉ.ÇáãÑÇ
æ ÇáÈæ ãÇÊæÇ
ÈÞÇÊ ÇáØáÉ
ÇßÇåæ ÑÌÚÊ
ááÞÑíÉ ßí
ßÈÑÊ æ ÞÚÏÊ
ÊÊßÑ í
ÇíÇãÇÊåÇ
ßßÇäÊ ÕÛíÑÉ
ÞÈá ãÇ íÕíÑ
ÇáÒáÒÇá.
Procédés : L'entrée
directe dans le discours (B 2-1) par une exclamation (B2-8) et suivi
directement par un silence important (C/P 1), débouche vers une histoire
construite autour d une fantaisie personnelle (B 1-1)
caractérisée par la présence du thème de
catastrophe lointain dans le passé (B2-13 /A2-4) avec une dramatisation
(B2-5) et une reconnaissance de personnages anonymes (C-P 3).
Problématique : La triangulation
oedipienne est reconnue, le conflit de rivalité l'est aussi dans le sens
où le sujet n'a pas donné de statut à la mère
(femme) pourtant en en a précisé celui du père (renoncer
et perdre ses premiers objets d amour), le sujet reconnaît la
perte de ses objets parentaux tout en manifestant un va et vient entre la perte
et les retrouvailles.
Planche 3
4- Çå... ØáÉ
ãäåÇÑÉ
ãÍÊÇÑÉ
ÕÇÑÊáåÇ
ãÔÇßá ßíÇÔ
ÊÍáåã ÞÈá ãÇ
íÔáÞæ ÈæåÇ æ
ÇãåÇ æ í
ÇáÇÎÑ ÈÔ
ÊáÞì æ ÈÔ
ÊÍßíáåã æÈÔ
íåãæåÇ æ
íÓãÚæåÇ.
Procédés :
précaution verbale (A2-3), suivi d'un long silence (C-P1), son discours
est porté sur les conflits intrapsychiques (A17). Le sujet ne tarde pas
à introduire des personnages non figuratifs sur l'image (B1-2) avant de
faire du plaquage, un aller et retour entre désirs contradictoires est
vite établi (B-7/ A2-3)
Problématique : les affectes
dépressifs sont reconnus la dépression dans ce cas est
reliée au sentiment de culpabilité et à la crainte du
châtiment. Mais le sujet affirme une certaine indépendance
dans le sens ou il gère son problème seul et en parle
après à ses parents.
Planche 4
Procédés : Après un
long silence (C-P1), et une précaution verbale (A 2-3), suivi d un autre
long silence (C-P1), l'accent est mis sur les relations interpersonnelles
(B2-3) suivi de précautions verbales (A2-3) et de récit proche du
discours banale (A1-1). L'introduction d'un personnage anonyme et la mise en
évidence de posture signifiante d'affects (b1-2 / C-N4) et suivi d'un
long silence (C-P1). Le va et vient entre expression
pulsionnelle et défense se trouve rapidement plaqué (B2-6/
C-P4)
Problématique : Le conflit
pulsionnel au sein d'une relation hétérosexuelle est
présent. Il s agit d'une une manifestation de mise en tension
conflictuelle et une présence de la valence féminine de la
problématique oedipienne, dans le sens où il existe une
attirance envers le sexe opposé et une rivalité avec le
même sexe. Le repli stratégique s'opère cependant
l'abrasement n'est pas total et des rejetons du refoulé se
présentent.
Planche 5
9- ...åÏå
ÇáÇãíÑÉ æ
ÇáÇÞÒÇã
ÇáÓÈÚ.åÇÑÈÉ
ãä ÏÇÑåã , ÏÇÑ
ãÑÇÉ ÈæåÇ
åÇÑÈÉ æ ÊÈßí
æ ÎÇíÉ áÞÇÊ
ßæÎ Ñ ÍÊ ÏÎáÊ,
äÙíÉ íÓßäæ
íåÇ ÚÈÇÏ ÈÔ
íÑÍÈæ ÈíåÇ æ
ãÚÇåã í
ÇáÏÇÑ.Çí
ÓðíÈÊ ÏÇÑåã
ãÑÇÉ ÈæåÇ
ãÚÏÈÊåÇ
åÑÈÊ ãäåÇ
áÏÇÑ ÇÎÑì
Procédés : après un
temps de latence (C/P1), l'abord de la planche se fait par une fabulation hors
image (E7) sous couvert d'une référence littéraire
(A1-2).L'accent est portée sur la thématique de la fuite avec une
introduction de personnages non figurants sur l'image (B2-12/ B1-2). Le
discours se poursuit par un remâchage de la même idée avec
un accent porté sur les relations interpersonnelles (B1-3/A1-8).
Problématique : la confrontation
de l'image maternelle entraîne un désordre et une
désorganisation de la pensée ainsi qu'à une perte totale
des repères identitaires exprimés par le biais d'un conte
enfantin qui renvoie à une angoisse archaïque.
Planche 6 GF
8- ... Çå... ãÇ
äÚÑÔ... äÔæ ãÑÇ
æ ÑÇÌá
íÍßíÔí
ãÚÇåÇ åí
ÌÇíÉ ãÕÍÍÉ
ãÚÇå
ßäÊÑÇÊæ
ÞÇááåÇ ÇÚãá
åßÇ ÇáÍÇÌÉ æ
åí ÎÇíÉ
ãäÊÍÈÔ æ
äÊÕæÑ ÎÇÊÑ
ÇáÚÞÏ Çáí
ãÕõÍÊæ
äÊÕæÑ ÈÔ
ÊÚãáåÇ ØáÚÊ
ÎÏãÉ ÇÎÑì
ÇãÇ ãÊÈØá
ÇáÇ ãÇ ÊÚØí
áæÓ ãÍÏÏÉ
äÊÕæÑ ÈÔ
ÊÓãÚ ßáÇãæ æ
ÊÚãáåÇ.
Procédés : un long
silence, une exclamation, une dénégation et encore un autre
silence (C/P1 -/ B2-8/ A2-11/ C/P 1), puis une précaution verbale et
une nécessitée de poser des questions (A2-3/ C/P5)
annonçant une conflictualisation suivi d'un discours qui tourne autour
des relations interpersonnelles (B 2-3) avec une intégration des
références sociales et du sens communs (A1-3). L'accent porte sur
la thématique du dire (B2-12) vient juste après un accent
porté sur les conflits intrapsychiques (A2-17) interrompue par une
précaution verbale, une intellectualisation et une autre
précaution verbale (A2-3/A2-13/ A2-3) elle fini son récit par
une précaution verbale et une rumination (A2-3/ A2-8)
Problématique : la
relation se pose en terme d'opposition, cependant la
charge agressive ne peut se manifester et donne ainsi lieu au
mécanisme d'intellectualisation et d'inhibition mais un compromis
pourrait se dessiner a travers une prise une prise en compte des
qualités des objets.
Planche 7 GF
10- åÏå Çã
ÊäÕÍ í ÈäÊåÇ
ÞÇáÊáåÇ ãÇ
ÊÚãáÔ åßÇ ãÔ
ÈÇåí ÊßðÓÍ í
ÑÇÓåÇ ãÚ
ÇãåÇ æ äÊÕæÑ
í ÇáÇÎÑ ÈÔ
ÊÓãÚ ßáÇãåÇ
æ ÊÞæááåÇ
ÚäÏß ÇáÍÞ íÇ
Çãí ÎÇÊÑ
ÇãåÇ ÊÍÈ
Úáì
äÕíÍÊåÇ.í
íÏíåÇ ÓÇß
ÊÍÈ ÊÎÑÌ æ
ÇãåÇ
ÞÇáÊáåÇ
áÇ,ÈÔ ÊÞÇÈá
ÕÇÍÈåÇ ÊÓåÑ.
í ÇáÇÎÑ ÈÔ
ÊÓãÚ ßáÇã
ÇãåÇ.
Procédés : une
entrée directe dans le discours (B2-1) avec mise en évidence des
relations interpersonnelles (B 1-3) et un accent porté sur le dire
(B2-12) suivi d une précaution verbale (A1-3) et un va et vient entre
l'expression pulsionnelle et la défense (A2-7). Une fausse perception
et introduction de personnage non figurant sur l'image(E 5/B1-2) avec
idéalisation de soi (CN10) et une rumination de la même
idée (2-8)
Problématique : la relation
mère enfant renvoie à l'interdit. Le
sujet est réduit à investir la mère uniquement dans un
registre de domination soumission.
L'introduction d un personnage tiers dans le rapport
dyadique mère-fille renvoie a dimension de rivalité entre
elles.
Planche 9 GF
7- åÏå åí æ
ÇãåÇ
ÊÚãááåÇ ãÇ
ÊãÔíÔ ÇíÌÇ
áåäÇ ÇáÈäíÉ
ãÔÇÊ æ
ÎðáÇÊåÇ ãÇ
ÍÈÊÔ ÊÓãÚ
ßáÇã ÇãåÇ
ÊÈÚÊåÇ
áÞÇÊåÇ ÈÔ
ÊãÔí ÊÞÇÈá
ÕÇÍÈåÇ.
Procédés : entrée
directe dans le discours avec une histoire construite autour du thème
banale (B2-1/ B1-1), et un accent porté sur les relations
interpersonnelles (B2-3) et sur la thématique de partir et du laisser
(B2-12) suivi d'une dénégation (A2-11) et d une
érotisation des relations (B2-9) avec introduction de personnages non
figurants sur l'image (B1-2)
Problématique : le contexte
oedipien est présent, la problématique renvoie à une
rivalité entre deux femmes avec introduction d'un personnage non
figurant sur l'image. La mère devient le représentant
surmoïque des interdits au sein du conflit mère -fille
traduisant ainsi un conflit intra psychique. Les motions
pulsionnelles agressives réactivées par la rivalité
féminine sont prit en charge.
Planche 10
5- åÏå Èæå æ
æáÏæ íØáÈ Þí
ÇáÓãÇÍ ãä
ÚäÏæ. æáÏæ ãÇ
ÍÈÔ íÓãÚ
ßáÇãæ æßí ÍÓ
ÑæÍæ ÛÇáØ
ÌÇÁ íØáÈ í
ÇáÓãÇÍ ãä
Èæå æ äÊÕæÑ
Èæå ÈÔ
íÓÇãÍæ.ãËáÇ
ãÍÈÔ íÓãÚ
ßáÇãæ ÞÇáæ
ãÇ ÊÇÎæÔ
ÇáØáÉ ÎÏÇåÇ
æ ÈÚÏ ÌÇÁ
íØáÈ í
ÇáÓãÇÍ.
Procédés : entrée
directe dans le discours (B2-1), avec mise en évidence de relations
interpersonnelles (B2-3) et un aller et retour entre expression pulsionnelle et
défense (A2-7) suivi d'une précaution verbale et d'une
appréciation personnelle (A2-3/ B2-8) puis une rumination, et un accent
porté sur la thématique du dire ( A 2-12/ B 2-12) puis une
introduction d'un personnage non figurant sur l'image( B1-2) et finit par une
rumination (A 2-12).
Problématique : Le sujet
établi un rapport parent-enfant où le parent est investi
uniquement dans un registre de domination soumission.
L'introduction d un personnage tiers dans ce rapport
dyadique renvoie à une dimension de rivalité entre eux.
Planche 13MF
6-
ÇáÊÕæíÑÉ
åÏå ÑæðÍÔí
ÇáÑÇÌá
ááÏÇÑ ÏÎá
ÚíØ Úáì
ãÑÊæ ÏÎá ÈíÊ
Çáäæã áÞÇåÇ
ãíÊÉ ÞÚÏ
ÍÒíä ÚáíåÇ
ÊÌÚ ßí áÞÇåÇ
ãÞÊæáÉ íÚäí
ãíÊÉ áÇ
ãíÊÉ... ÌÊØÉ
ÞáÈíÉ.
Procédés : une
entrée directe dans le discours qui tourne autour d une scène du
quotidien (B2-1/ C/F 2), avec une expression verbalisée d'affects forts
(B2-4) un accent porté sur le conflit intrapsychique (A2- 17) et
l'évocation de la mort en commentaire( B2-8), puis une hésitation
entre interprétations différentes avec annulation (A2-6 / A2-9),
un long silence se met en place (C/P 1) et s'achève par une
intellectualisation justificative de l'état du personnage (A-13)
Problématique : Malgré le
fait que le matériel a pu mobiliser des quantum d'affects, le conflit
lié à la sexualité est évincé, cependant
celui lié a l'agressivité est bien manifeste.
L'agressivité évoquée d'emblée reste
isolée le sujet évite toute insinuation à toute
érotisation même si des rejetons du refoule ont surgis dans une
éventuelle évocation du crime passionnelle
3.2. COMPTE RENDU
Imene s'est présentée coopérative et
motivée pour la passation. Dès la première lecture du
protocole, son engagement dans le TAT se révèle très,
chaud et vivant : se lit quasi immédiatement, avec une intense
mobilisation face au matériel réactivant des
représentations et des affects investis dans leur conflictualité.
Le style général semble à première
vue de type labilité, avec une tolérance, bien
manifestée, au dégagement de la pulsion. L'utilisation massive de
l'expression immédiate et directe, indique qu'elle affirmerait une
sûreté au niveau de son discours.
La dramatisation, les affects contrastés forts et
exagères, les exclamations et appréciations personnelles lui
permettent de faire les oscillations mais c'est via la labilité des
identifications des rapports relationnels que la mouvance et la souplesse
identificatoire est bien établie permettant ainsi son engagement dans le
registre relationnel. Au deuxième plan nous constatons la
prégnance de quelques procédés de
contrôle. Via l'intellectualisation, le recours au
références culturelles, les précautions verbales, et les
conflits intrapsychique, Imene tente de contrôler ses pulsions, en
laissant apparaître par moments des manifestations proches du processus
primaire qui ne paraissent pas l'inhiber totalement mais pourrait même
être l'un des facteurs qui nourrissent ses habilités
d'élaboration du discours, en lui permettant de rendre son récit
plus fidèle à la charge libidinale qu'elle montre.
Imene ne trouve pas de difficultés à
renoncer à la satisfaction de l'objet. Les
critères relatifs au caractère structurant de l'Oedipe sont
présents et la problématique oedipienne
s'élabore avec des possibilités de dégagement dans un
projet identificatoire.
La problématique dépressive est
élaborée et un dégagement peut être
trouvé. Les liaisons entre les affects
dépressifs et les représentations de la perte sont
assurées. Les représentations et les affects sont modulés,
l'investissement de la représentation de l'objet témoigne d'une
liaison possible entre les mouvements agressifs et libidinaux. Le retrait de
l'investissement et le déplacement sur un autre objet apparaît
possible. L'angoisse s'élabore à partir essentiellement des
procédés rigides (A1, A2) et /ou labile (B1, B2). La
problématique identitaire est marquée par une
différenciation claire et stable du sujet et de l'objet
assurant au sujet un sentiment de continuité
d'être et de permanence. De ce fait, on n'observe
pas de recours massifs aux procédés signalés plus haut, du
fait du maintien possible de l'investissement
objectal. Signalons cependant, qu'un recours très ponctuel
et efficace à l'investissement narcissique ou
à l'étayage peut apparaître et avoir une valeur
dégageante, sans pour autant relever de la
défaillance narcissique
4. FOUED (20 ans)
Nommé Foued, il s'agit d'un jeune homme de 20 ans. Il
est le premier d'une fratrie de trois, son père est ouvrier et sa
mère est au foyer. Il a arrêté l'école à
l'âge de 16 ans et a intégré l'équipe handisport
depuis deux ans. Son entraineur et le staff technique estiment qu'il a le
potentiel qu'il faut et que c'est l'un des athlètes les plus
prometteurs. En voici ci-dessous la courbe représentative de sa tendance
motivationnelle à l'échelle EMS 28.
Echelle de motivation
Expressif et réfléchis dans son discours, ceci
n'a pas exclu son côté rebel et autonome
« je suis nouveau je dois à mon entraineur, mais
ceci n'exclu pas le fait que je puisse ne pas être d'accord avec lui sur
certains points (...) lui il joue pour quelque chose moi je joue aussi pour la
même chose mais différemment, j'ai mon mot, mes sensations quand
je lance, tu comprends ce que je veux dire ». Cet acte
de revendication, de détachement de l'Autre (ou du substitut parental),
pour en saisir un nouveau mode d'être soi, sans cet Autre,
représenterait indéniablement un nouveau mode d'organisation
relationnelle « pourquoi je fais de l'athlétisme,
pour devenir un champion, avoir des médailles et me construire une vie
(...), j'aime le lancé, (jure), et j'ai confidence en mon entraineur
mais ce n'est pas lui qui va me prendre en charge si je fais pas de
médailles, les entraineurs viennent et partent et nous on reste un bon
moment, donc en voit beaucoup (...) en tout cas il faut qu'on soit toujours
prêt pour tout » . Foued tenterait de se prendre
lui-même comme identifiant de se référer à ses
propres sensations, besoins et émotions sans pour autant exclure la part
de son entraineur. Foued utilisait le « JE » de
manière répétitive, un moyen qui lui permettrait peut
être de revendiquer son autonomie, et précisément son
propre « JEU ». Il serait dans ce que nous nommerons,
processus d'individuation, de différenciation qualitative. La soumission
aveugle est rejetée. Ce que l'idéal empiétait de son
espace psychologique serait totalement rejeté.
« Je ne suis pas déçue de moi si je n'ai
pas eu de médailles en cette compétition, j'ai fait ma
performance, j'en suis fière mais c'est logique ils étaient plus
forts que moi ». Le sujet détiendrait cette
maturité psychique, en prenant pour lui-même le risque de
l'échec, nous parlons alors du désir de compétition. La
performance marquée ainsi du manque et de l'échec possible,
devient désirée. La cause principale de la motivation pour la
performance n'est plus la sauvegarde de l'amour parental mais le désir
lui-même de la compétition, où Foued tout comme Imene,
s'inscrit pour son propre compte dans un échange symbolisé de la
compétition. En acceptant de perdre et surtout en l'assumant. (Najah,
2007). Sa motivation de deuxième génération est
exprimée via le TAT.
ANALYSE DU TAT
Lisibilité : bonne
Les procédés utilisés (essentiellement A
et B) permettent un travail effectif d'élaboration en liant les
représentations aux affects de façon souple et modulée en
rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont
construites et il existe une prime de plaisir à investir le
fonctionnement psychique.
Planche 1
1- ÇáÉ
ãæÓíÞíÉ ...
ßãäÌÉ æáíÏ
ÍÇØØåÇ
ÞÏÇãæ
íÛÒÑáåÇ
.íÍáã Çáí åæ
ÚÇÒ ßãäÌÉ
ãÔåæÑ...æ
ÇðððáÇ íÎÊÑÚ
íÕäÛ æÍÏÉ
ÇÎÑì. ÞÇÚÏ
íÎãã í
ÇáßãäÌÉ ... æ
ÇðáÇ ÇðíÓ
ßÑåÇ
ÇáßãäÌÉ,
ÕÚíÈÉ æ ÇðáÇ
ÏÇÑåã ãÇ
íÍÈæÔ.
Procédés : Entrée
directe dans le discours tournant autour du thème banale,
accompagnée d'une description avec attachement aux détails, un
accrochage au contenu manifeste et un accent porté sur le conflit
intrapsychique(A1-1/B2-1/ A2-1/ CF1/ A2-17).le recours à des
références littéraires et au rêve (A1-2) suivis d'un
silence (C/P1) se poursuit par un changement d interprétations (A2-6),
un conflit intrapsychique (A2-17) et un autre ti long silence (C/P1). Un
changement brusque de direction dans le cours de l'histoire avec conflit
intrapsychique (A2-14/ A2-17) se croisent avec une autre hésitation
entre interprétations différentes caractérisées par
l'introduction de personnages non figurant sur l'image (A2-6/ B1-2).
Problématique : L'identification
à l'enfant confronte le sujet à sa propre angoisse de
castration et à cette incapacité de se servir de l'objet
« violon » (objet adulte) mais cette impuissance
actuelle pourra être dépassée dans l'avenir
(deviendra un excellent musicien). L'objet « violon » est
perçu à la fois comme « bon objet », de
désirs et donc de satisfaction et comme « mauvais
objet » qui le renvoie directement à son incapacité
à utiliser l'objet dans l'ici et maintenant de la passation, avec
introduction d'un personnage tiers (les parents) ayant un statut surmoïque
d'interdit.
Planche 2
11- åÇ
ÇáÚíáÉ ÊÚíÔ
í íÑãÉ
ãÚäÏåãÔ
ÈÑÔÉ áæÓ
ÇáÑÇÌá íÎÏã
Úáì ÑæÍæ æ
ÇáÇã áÇåíÉ
ÊÑÈí í ÈäÊåÇ.
ÇáØáÉ
ÙÇåÑÉ ÏßíÉ
íÇÓÑ ÔÇÏÉ
ßÊÇÈ ÊÞÑì íå
æ Êæ íæáí
ÚäÏåÇ ÎÏãÉ
ÈÇåíÉ æ ÊÑÏ
ÚíáÊåÇ
󊒃.
Procédés : Entrée
directe dans le discours avec une histoire construite autour du thème
banale et une description des trois personnages signant ainsi une
reconnaissance de la triangulation oedipienne (B2-1/ A1-1/ A2-1), l'accent du
discours porte sur les relations interpersonnelles (B2-3) et sur le quotidien
(C/F2). La centration sur le rapport père/travail,
mère/éduque, et fille/livre évoqué à l'abri
d'une intellectualisation (A2-13), s'accompagne par une idéalisation (CM
10).
Problématique : la
triangulation oedipienne est reconnue, le conflit de rivalité entre les
deux femmes est à son tour reconnue. Cependant une
dépréciation de l'héritage des parents est
établi (pauvres), par opposition celui de la fille est
valorisée.
Planche 3BM
4- ãÑÇ
ØÇíÍÉ ãä
ÇáÈäß Êßæä
ÏÇíÎÉ æ ØÇÍÊ
ãËáÇ ãÑíÖÉ
ÚäÏåÇ
ÇáÇÚÕÇÈ ÛÔ æ
ÇáÇ ãíÊÉ
ãËáÇ.ÇÚØíÊß
ÇÍÊãÇá
ÇßÇåæ.
Procédés : Entrée
directe dans le discours tournant autour d'une histoire proche du thème
banale, une description avec attachement aux détails suivit par une
justification des interprétations par ces détails (B2-1/
A1-1/A2-1/ A2-2) et une hésitation entre elles présentées
sous des thèmes de maladies, d'accident (A2-6/B2-13). Les affects forts
sont suivis de silence (B2-4/ CP1), puis une présentation d'un autre
contexte dramatisé de catastrophe (la mort) (B2-13) dans lequel figure
un personne tierce non présente sur l'image (B1-2), le discours se
termine par un discours adressé au clinicien et un plaquage (C//
CP4).
Problématique :
l'élaboration de la position dépressive est présents,
les affects dépressifs dans cette situation sont reconnus et
associés à une représentation de perte de l'objet d'amour.
Planche 4
2- ãÑÇ æ
ÑÇÌá...
ãÊÍãáÉ
ÑÇÌá ... ÈÑÔÉ
ÍÇÌÇÊ íåÇ
ããßä
ãÊÚÇÑßíä åí
ÊÍÈæ æåæ ãÇ
íÍÈåÇÔ ... æ
ÇáÇ ÑÇÌáåÇ
áÞÇåÇ ÊÚãá í
ÍÇÌÉ ÎÇíÈÉ ...
ÈÔ ÊæÇ
ÈÇáÕáÍ íÇ
ßá æÇÍÏ íãÔí
Úáì ÑæÍæ.
Procédés : Entrée
directe dans le discours tournant (B2-1) avec une description avec attachement
aux détails (A2-1) suivis d'un silence (CP1) puis une érotisation
de la relation (B2-9) et un autre silence (CP1).Critiques du matériel
(C/C3), puis une précaution verbale (A2-3) suivis d'un discours
centré sur les relations interpersonnelles (B2-3), puis un autre silence
(C/P1) avec une hésitation entre des interprétations
différentes(A2-6) puis un silence (C/P1)le discours s'achève avec
un aller et retour entre expression pulsionnelle et défense (A2-7).
Problématique : Le conflit
pulsionnel au sein d'une relation hétérosexuelle est
présent. Il s agit d'une une manifestation de mise en tension
conflictuelle et une présence de la valence masculine de la
problématique oedipienne, dans le sens où il existe une
attirance envers le sexe opposé et une rivalité avec le
même sexe.
Planche 5
9- åÏå ãÑÇ
ÊØá Úáì
æáÏåÇ ÊÔææ
íÞÑÇ ãËáÇ
æÇáÇ ÏÎáÊ
áÏÇÑåÇ Øá
ÊÔæ æÇáÇ
ÓÇÑÞÉ ãËáÇ
ÊÓÑÞ. Ôßæä í
ÇáÏÑ ÊÔæ í
æáÏåÇ íÞÑì
æÇáÇ ÈäÊåÇ
æÇáÇ
ÑÇÌáåÇ.
Procédés : Entrée
directe dans le discours avec une histoire proche du thème banale avec
une introduction d'un personnage non figurant tournant autour d'une situation
quotidienne concrète (supervise son enfant qui étudie)
(B2-1/A1-1/ion B1-2/ CF2) suivi d'une précaution verbale (A2-3) puis une
hésitation entre interprétations différentes avec
dépréciation de l'image de la mère (A2-6/B2-10) suivi de
rumination (A2-8) et introduction de plusieurs personnages non figurant sur
l'image (son fils, sa fille, son mari)
Problématique : Ce qui est
réactivée dans cette planche est l'image d'une mère
à la fois intrusive et idéalisée dans les soins
qu'elle apporte à l'enfant. Il arrive quant
même à en exprimer de l'agressivité via des mouvements de
dévalorisation.
Planche 6BM
10- ÏíãÇ ãÑÇ
ßÈíÑÉ ææáíÏ
íäÌã íßæä
æáÏåÇ
ÊÚÇÑßÊ åí æ
ÇíÇå ÈÔ
íæÏÚåÇ æåí
ãå ÊÍÈÔ.
ÊÚÇÑßæ ÓÈåÇ
æÇáÇ ÞÇááåÇ
ÍÇÌÉ ÎÇíÈÉ.
Procédés : après
une entrée immédiate par recours à une intellectualisation
(A2-12) et une centration aux personnages (A2-1) suivi d'une précaution
verbale (A2-3) la mise en évidence des relations interpersonnelles
(B2-3) dont l'éloignement dans le temps (A2-4) témoigne du
désir d'éviter une confrontation trop directe entre les
protagoniste suivi d'un aller et retour entre expression pulsionnelle et
défense (A2-7) ainsi qu'une expression de représentations de
persécution et de destruction (E9). Une déviation complète
et brusque du cours de l'histoire émerge à la fin (A2-14).
Problématique : la relation
triangulaire dans ce cadre laisse la place à une relation
mère/fils. Malgré la non introduction d'une personne
tierce, le sujet évoque le départ et la séparation avec
l'objet d'amour, même s'il a tenté de le refouler à la
fin.
Planche 7BM
5- ÑÇÌá
ßÈíÑ åæ
ææáÏæ íÇ Îæå
íÇ æáÏæ íÇ
ÌÇÑæ... ßÇä
æáÏæ íäÕÍ íå
íÍßí åæ æ
ÇíÇå ÍÊì
ÇáÇÎÑíä
íäÕÍ æÇáÇ
íæÏÚ íå ÈÑÔÉ
ÍÇÌÇÊ ÊÑãÒ
áíåÇ
ÇáÊÕæíÑÉ...
ÈÇáØÈíÚÉ
ÈÔ íÓãÚ
ÇáäÕíÍÉ , åæ
ãÔ ÍÇÈÈ åæ
ãÇ íÍÈÔ íÈÚÏ
ÇãÇ ÎÏãÊæ æ
ÇáÇ ÞÑÇíÊæ
ÍÇÌÉ ãåãÉ
ÈÔ íãÔí.
Procédés : Entrée
immédiate dans le discours avec un accrochage aux détails (B2-1/
A2-1) avec une instabilité des identifications (B2-11) puis un silence
(CP1) suivi d'une précaution verbale (A2-3). La relation
père/fils (B2-3) se caractérise par la dimension d'étayage
(C /M1) suivi d'une autre interprétation et un commentaire du
matériel (A2-6/ C/C3). Puis un autre silence (CP1) et une autre
précaution verbale (A2-3), l'idéalisation de l'image du
père (CM2) puis un aller et retour entre expression pulsionnelle et
défense (l'envie et non de quitter le père) (A2-7) avec une
idéalisation de soi (CN10).
Problématique : le maniement de
l'agressivité dans la relation au père est assez difficile. Les
mouvements d'opposition et de réticence à la parole du
père sont très peu représentés mais à la
fin cette soumission est écartée avec cette
décision de quitter cet objet parental et se prendre soit même
comme idéal est bien manifesté.
Planche 10
6-... ãÑÇ åí æ
ÈäÊåÇ æ ÇáÇ
ÍÏ ãä ÚíáÊåÇ
ÑÍÇäÉ æ ÇáÇ
ÊÚØí
ÇáÊÕæíÑÉ
ÍÊì ÍÒíäÉ ãÇ
ÊÚÑÔ ÊæÏÚ
íåÇ æÇáÇ
ÑÍÇäÉ Çí
ÞÇÈáÊåÇ ãÑÉ
ÇÎÑì æÇáÇ ßí
äÌÍÊ .
Procédés : temps de
latence initial court (CP1). Le sujet hésite entre des
interprétations différentes avec une représentation
contrastés des états émotionnels (A2-6/ B2-6) suivi de
rumination (A2-8) Avec idéalisation du personnage fille (CN2)
Problématique : Le sujet
établi un rapport parent-enfant dans un cadre de tendresse soulignant
ainsi l'élaboration et le déclin du conflit oedipien et
l'établissement du processus de séparation avec une
idéalisation de soi.
Planche 13MF
7- ÑÇÌá
æãÑÇ. ÇáãÑÇ
ÑÇÞÏÉ,
ÇáÑÇÌá
ÇíÞ,ÇÍÊãÇá
ÕÇÍÈÊæ ,
ãÑÊæ, ÑÞÏ
ãÚÇåÇæ åí
áÑÇÞÏÉ, åí
ÊæÇ í
ÇáÊÕæíÑÉ
ÑÇÞÏÉ. ãÇäí
ÞÊáß
ÇÍÊãÇá...æ
ÇáÇ æÍÏÉ ãä
ÇáÔÇÑÚ ÊäÌã
Êßæä ãÔÇ
ãÚÇåÇ æåæ
ÇíÞ ÞÇã
íãÓÍ í
Úíäíå.
Procédés : Une
entrée immédiate dans le discours et description avec attachement
aux détails (B2-1/A2-1) tournant autour des relations interpersonnelles
(B2-3) suivi de précaution verbale (A2-3) puis une érotisation
des relations avec prégnance de la thématique sexuelle (B2-9)
avec attachement aux détails (A2-1) puis un changement brusque du cours
de l'histoire tournant autour de la destruction (A2-14/ E9). Un long silence
(CP1) puis une nouvelle autre proposition (A2-6) caractérisé par
une dévalorisation de la femme exprimée par une expression crue
à thématique sexuelle avec érotisation du rapport (E8/
B2-9), le discours se termine par une banalisation du récit (CP4)
Problématique : le
matériel a mobilisé des quantums d'affects et de
représentations très importantes. L'érotisation et
l'agressivité sont évoquées dans la relation, le retour du
refoulé fait apparaître une femme à la fois trop excitante
sexuellement mais aussi dévalorisée. L'objet d'amour
procureur de satisfaction est dévalorisé et perçu comme
mauvais objet (ambivalence à son égard).
4.2. COMPTE RENDU
Le protocole de Foued est assez riche. Le sujet a
manifesté un engagement vivant durant la passation. Le TAT se lit
facilement, avec une mobilisation intéressante face au matériel
laissant émerger des représentations et des affects investis dans
leur conflictualité.
Le style général semble à première
vue de type contrôle et labilité avec une petite
dominance du registre contrôle. L attachement aux détails, les
hésitations, les précautions verbales, les ruminations et le va
et vient entre défenses et pulsions, traduiraient un mode
d'aménagement particulier de la relation d objet et une
conflictualisation intrapsychique importante. Ceci rendrait compte d une
construction intéressante des récits avec une tentative de
moduler et gérer les conflits pulsionnels sans désorganiser le
cours de la pensée. Ce registre rigide en le comparant au registre
labile (même intensité et importance) lui permettrait parfois de
nourrir ses habilités d'élaboration du discours, en lui
permettant de rendre son récit plus fidèle à la charge
libidinale qu'il montre. L'utilisation massive de l'expression immédiate
et directe, le retour aux scènes interpersonnelles, l'introduction de
personnage tiers dans la relation, constitueraient un pallier
d'aménagement souple et labile des conflits psychiques traduisant une
tolérance, bien manifestée, au dégagement de la pulsion.
En nous penchant sur le registre évitement de conflit, nous constatons
que l accent est surtout mi sur les détails narcissiques, nous laissant
réfléchir sur l importance que Foued concevrait à assurer
un sentiment d exister et se de valoriser investissant ainsi une image positive
de soi.
Les sollicitations latentes en rapport aux imagos
parentales sont élaborées. Les images maternelle
et paternelle sont différenciées, sexuées et il y a
intériorisation d'un bon objet avec possibilité d'ambivalence.
La problématique identitaire est marquée par une
différenciation claire et stable du sujet et de l'objet assurant au
sujet un sentiment de continuité d'être et de
permanence. De ce fait, on n'observe pas de recours massifs aux
procédés signalés plus haut, du fait du maintien possible
de l'investissement objectal. Signalons cependant, qu'un recours très
ponctuel et efficace à l'investissement narcissique ou à
l'étayage peut apparaître et avoir une valeur dégageante,
sans pour autant relever de la défaillance narcissique. La
problématique dépressive est élaborée et un
dégagement peut être trouvé. Les liaisons
entre les affects dépressifs et les représentations de la perte
sont assurées. Les représentations et les affects sont
modulés, l'investissement de la représentation de l'objet
témoigne d'une liaison possible entre les mouvements agressifs et
libidinaux. Le retrait de l'investissement et le déplacement sur un
autre objet apparaît possible. L'angoisse s'élabore à
partir essentiellement des procédés rigides (A1, A2) et /ou
labile (B1, B2)
CONCLUSION :
Les deux cas que nous avons pu présenter et l'analyse
du TAT, nous ont permit de concevoir la différence existante de la
motivation inconsciente des deux premiers cas et de ces deux derniers. Imene et
Foued cherchent à mieux ajuster leur expérience vécue et
les significations attribuées. Leur évolution personnelle, leur
requiert une séparation avec l'objet amoureux. Ce dégagement
s'est manifesté que ce soit via le protocole du TAT ou via l'analyse de
leur discours. L'identité de chacun est affirmée, avec ce
désir de faire surgir une parole personnelle, rôles et instances
singulières. La problématique identitaire est marquée par
une différenciation claire et stable de chacun des athlètes et de
l'objet leur assurant un sentiment de continuité d'être et de
permanence et en leur favorisant une assurance narcissique singulière.
Le renoncement à l'objet d'amour est bien élaboré, avec
une identification claire et stable du sujet et de l'objet. Imene et Foued sont
parfaitement dans le stade de Désir de compétition, et donc au
stade de motivation de deuxième génération.
v Vérification de
l'hypothèse :
Hypothèse de recherche :
Les athlètes de haut niveau, handicapés
physiques, à rapport dyadique dépendant avec leur entraineur et
à contre performance sportive, présentent à
l'entretien semi directif et à la passation du test projectif TAT une
réactivation au plan psychique du stade de l'Amour de performance,
tandis que les athlètes de haut niveau, handicapé physiques,
à rapport dyadique autonome avec leur entraineur et à
performance sportive présentent une maturation psychique typique du
désir de compétition.
? Cette hypothèse a été
vérifiée : les athlètes du premier groupe
présentent une motivation inconsciente de première
génération tandis que les athlètes du deuxième
groupe présentent une motivation inconsciente de deuxième
génération.
VI : DISCUSSION, PERSPECTIVES ET LIMITES:
Rechercher une éventuelle relation entre contre
performance, relation à l'entraineur et nature de motivation
inconsciente, nous a conduit à émettre l'hypothèse selon
laquelle les sujets appartenant au groupe des contre performants et à
rapport dépendant avec leur entraineur présenteraient une
activation du stade de l'AMOUR DE PERFORMANCE tandis que les sujets appartenant
au groupe des performants et à rapport non dépendant avec leur
entraineur présenteraient une maturation psychique typique du DESIR DE
COMPETITION. Cette hypothèse nous avait été inspiré
des travaux antérieurs cités au début de notre travail
(Moragues, 2004 ; Jeantet, 2005 ; Leveque, 1992 ; 1993 ;
Labridy, 1997, Labridy et al, 2004, Famose, 1999). Pour évaluer cette
motivation inconsciente et sa relation avec les autres variables, nous avons eu
recours à une série d'entretiens semi-directifs via une grille
d'entretien spécifique (Moragues, 2004) et le test projectif TAT
(Shentoub, 1997). Les données qualitatives et l'analyse du discours et
du protocole, ont attesté de cette différence au niveau de la
nature de la motivation. Les analyses obtenues ont pu valider l'existence d'une
motivation d'Amour de performance chez les sujets contre performants et
à rapport dépendant avec leur entraineur. Nous pouvons ainsi
conclure que nos résultats vont dans le sens de nos attentes et
pourraient vérifier le modèle théorique de Moragues
(2004).
Au plan théorique, cet auteur interprète ce
rapport particulier entre performance et type de motivation comme étant
le résultat d'une expérience de remaniement intrapsychique
tournant autour du rapport existant avec les Idéaux du Moi. Selon lui,
l'expérience d'une régression ou d'une fixation de ce type,
peut se réactiver chez l'adulte puisqu'au plan psychique rien n'est
totalement résolu. L'encadrement de l'équipe, peut en être
l'une des principales causes, dans le sens où il réactive des
comportements « infantiles » chez les sportifs. Comme
l'affirme Leveque (1992), le sportif aurait tendance, avec un militantisme
affiché, à valider et à intérioriser des valeurs et
des références de conduites, afin de
bénéficier du retour d'une réassurance narcissique.
Fonctionnant dans un rapport exclusif de dépendance à
l'égard des substituts parentaux ; entraîneurs, institution,
public...Cette attitude dépendante, cimentée par l'institution,
s'alimenterait de plus en plus, laissant place à un malaise interne,
où la performance devient l'unique moyen de garder cette
réassurance narcissique (Najah, 2007). De plus la problématique
de l'handicap a été soulevé dans certains entretiens et
discours des athlètes. Le fait de porter une insuffisance, un manque
corporel, Le handicap moteur, crée une sorte de « miroir
brisé » et renvoie aux personnes qui le côtoient,
des questions d'identité. La personne atteinte psychiquement tendra
à combler et à remplir ce manque en essayant de restructurer son
assurance narcissique (si défaillante) par la satisfaction de
désir de son objet d'amour. Etre aimé par l'autre lui permettra
de s'aimer à son tour (Sausse, 1996). Les cas présentés
illustrent parfaitement ce que nous venions de dire. Le rôle de
l'entraineur et de l'institution sportive sédimente à son tour
cette défaillance ou au contraire renforce une assurance et une
autonomie singulière de l'athlète handicapé.
L'environnement entourant un athlète et lois relationnels qui
régissent son fonctionnement joue un rôle primordial dans le
modelage de la motivation du sujet et donc de sa performance (Najah, 2007).
S'il est vrai que notre recherche constitue un apport à
la fois théorique et pratique, elle présente néanmoins
certaines limites. La principale limite serait le nombre restreint des sujets
de chaque groupe, nombre qui nous a été imposé par la
difficulté de rencontrer des sujets contre performants adhésifs
à se mettre en lumière. Nous avons parfois été
confrontés à un refus de certains entraineurs estimant
intolérable la recherche du pourquoi psychologique de la contre
performance.
Il aurait était plus pertinent de prendre en
considération la variable « sexe », étant
donné que plusieurs auteurs comme Moragues (2004), Labridy (1997),
affirment que les rapports et les motivations inconsciente différent en
matière du genre de l'athlète et de l'entraineur.
CONCLUSION :
Au cours de notre recherche, une relation a été
illustrée entre contre performance, rapport dépendant à
l'entraineur et motivation inconsciente. Face aux résultats et
interprétations obtenus dans notre présent travail et qui
pourraient enrichir l'appréhension de la relation contre performance/
motivation à un niveau théorique, nous sommes en devoir de nous
poser la question de l'intérêt de cette étude sur le plan
de la pratique clinque.
Notre objectif du départ n'était pas de
réduire les contre performances à l'unique cause de la
motivation, mais d'étudier la relation possible entre elles.
L'étude des groupes cliniquement bien définis permettraient de
diriger le clinicien, travaillant dans le milieu sportif, vers une tentative
d'aide bien ciblée et de mise en place de stratégies
préventives ou adaptatives plus adéquates.
Nous devons, par ailleurs, souligner qu'il s'agit d'une
première exploration des résultats d'un petit échantillon
sur toute une population. Nous ne devons jamais perdre de vue que le handicap
est une période de vie critique et que chaque individu s'exprime
différemment de l'autre et que chaque être est unique dans
l'expression de son intérieur psychique.
Bibliographie
ABRANSOM L.Y., SELIGMAN M.E.P., TEASDALE, J. (1978). Learned
helplessness in human: critique and reformulation. Journal of abnormal
psychology,87, 49-74.
ANDRE M (2007). Les personnes handicapées. Notions
à connaître dans la perspective d'une pratique sportive.
Consulté le 3 Février 2008.
http://www.psycho-ressources.com/bibli/ sport - handicap.pdf
ANZIEU D. (1975). Le groupe et l'inconscient, l'imaginaire
groupal. Paris : Dunod.
AULAGNIER P. (1975). La violence de
l'interprétation. Paris : PUF.
BANDURA A. (1986). Social foundations of thoughts and
actions: A social cognitive theory. Engeelwood Cliffs, NJ: Preventive
Hall.
BEN REJEB R. (2001). Intelligence test et culture. Le contexte
tunisien. Paris : L'Harmattan.
BIHAR E. (2009). Théories de Nuttin.
Consulté le 2 Février 2009.
http://helios-univreims/labos/leri/membre/bihar:motivation/html-rapport/motivation/mode8.html.
BILLART V. (1991). Course de fond et performance.
Paris : Chiron.
BILLART V. (2004). Physiologie et méthodologie de
l'entrainement. De la théorie à la pratique. Paris :
Boeck.
BARRIER E. (2008). La lettre de Magis, la motivation.
Consulté le 3 mars 2008. http://www.Instititut magis.com/pdf/70_la
motivation.pdf.
BONNET G. (1996). La violence du voir. Paris :
Presse universitaire de France.
BOUCHARD C. (1971). Qu'est ce qui fait un champion. La
préparation d''un champion. Canada : Pélican.
BRIERE N.M., ROBERT J., VALLERAND M.B., PELLETRIER L.G.
(1995). Développement et validation d'une mesure de motivation
intrinsèque, extrinsèque et d'amotivation en contexte sportif:
l'échelle de motivation dans le sport (EMS). International journal
of Sport Psychology, 26, 465-489.
CARRE P. (2005). L'apparence : vers un nouveau
rapport du désir. Paris : Dunod.
CARRON A.V. (1982). Cohesiveness in sport group:
interpretations and consideration. Journal of sport psychology. 4,
123-138.
CHAMPONNOIS C. (1996). Handicaps moteurs, aspects
psychologiques, « associations des paralysés de
France ». Déficience motrices et handicaps. Aspects sociaux,
psychologiques, médicaux, techniques et législatifs, troubles
associés. Paris : Associations des paralysés de France.
CHASSEGUET-SMIRGEL J. (1999). La maladie
d'idéalité. Essai psychanalytique sur l'idéal du Moi.
Paris : L'Harmattan.
CHEVALIER (2003). Les motivations de la pratique sportive.
Consulté le 2 Février
2009.http://www.er.uqam.ca/nobel/r12110/pdf/8-Les motivations dans la pratique
sportive.pdf.
CRATTY B.J. (1968). Psychology and physical activity.
New Jersey: Englemood Cliffs.
CROMNECQUE D., MUKENDI J. (1996). Associations des
paralyses de France. déficiences motrices et handicaps. Aspects sociaux
psychologiques, médicaux techniques et législatifs, troubles
associés. Paris : Association des paralysés de France.
CURRY F., GERNIGNION C. (2003). Théories de la
motivation et activités physiques et sportives: avancés
conceptuelles et perspectives. Toulouse : ACAPS.
CURRY F., DA FONSECA D. (2005). Approche évitement et
la théorie des buts d'accomplissement : données empiriques
et avancées conceptuelles. In F.Curry & CURRY F., DA FONSECA D.,
SARRAZIN, P., RUFO M.(2002). Perceptions of competence, implicit theory of
ability, perception of motivational climate, and achievement goals: a test of
the trichotomous conceptualization of the endorsement of achievement motivation
in the physical education setting. Perceptual and motor Skills. 75,
233-244.
CYSSAU C. (2003). L'entretien clinique. Paris :
La Presse.
DECI E.L., RYAN, R.M. (1991). A motivational approach to
self: integration in personality. Lincoln: University of Nebraska Press.
DEPECKER L. (2009). Evolution du mot
« PERFORMANCE ». Consulté le 2 Février
2009.http://www.presse francophone. org/apfa/journees/95-96/depecker.htm.
DILTS R. (1992). La motivation. Consulté le 2
Février 2009.
http://wwwrepere-pnl.com/site/lamotivation_Robert_Dilts-504.html
DUMAS D. (1999). Sans père et sans parole. La place
du père dans l'équilibre de l'enfant. Paris : Hachette
littérature.
DREW W. (2000). Psychologie, Pensée, Cerveau et
Culture. Paris : Boeck Université.
FAMOSE J.P. (1997). Motivation et performance sportive.
Rencontre des chercheurs praticiens. Revue EPS n° 35.
FERNANDEZ L. (2006). Méthodes projectives en
psychologie clinique. Consulté le 3 mars 2007.
http://sites.univ-provence.fr/psycli/pdf/PSY%20Q%2015%20-plans-biblio-LF-JFR.PDF.
FRANCOIS P.H.(1998). Bilan des compétences et
motivation : pour l'utilisation de la théorie d'expectation,
valence en bilan, perspectives d'application et de recherches. Europen
review of psychology. ISSN. 4, 275-283.
FREUD S. (1912). Contribution à la psychologie de
la vie amoureuse. La vie sexuelle. Paris : PUF.
FREUD S. (1914). Pour introduire le narcissisme. In La vie
sexuelle. Paris : PUF
INCHAUSPE I., DUBIER J.L. (2008). Affectivité et
performance : Les rapports entraineurs-nageurs. Consulté le 3
Février 2009.http://cbesnou.free.fr/Art098.htm.
IONESCU M & al. (2004). Les mécanismes de
défense. Théorie et clinique. Paris : Armand Colin.
JENATET L. (2005). Etude d'une situation de performance
dans une équipe d'adolescents. Narcissisme primaire et position de
l'entraîneur. Montpellier III : Département de
psychologie.
JOWETT S., MEEK G.A.(2000). The coach-athlete relationship in
maried couples : an exploratory cintent analysis. The sport
psychologist, 14, 157-175.
JOWETT S, COKERIL I.M. (2003). Olympic medallist perspectives
of the athlete-coach relationship. Psychology of sport and exercice,
4, 313-331.
KAES R. (1976). L'appareil psychique groupal.
Paris : Dunod.
KRUMM C.M,. SARRAZIN P. (2004). Théories des styles
explicatifs de la performance sportive fondements théoriques,
données empiriques et perspectives. Science et
motricité. 52, 2.
LABRIDY F. (1990). Le couple
entraineur-entrainé ; activité-passivité.
Paris : Dunod.
LABRIDY F., BROUSSE M.H., TERISSE A & SAURET M.J. (1997).
Sport, psychanalyse et science. Paris : Presse universitaire de
France.
LABRIDY F., HUGET, S. (2004). Approche psychanalytique de la
relation entraineur-entrainé : le sport comme prétexte de
rencontre. Science et motricité ISSN, CAIRN. 52, 109-126.
LACAN J. (1954). Les écrits techniques de
Freud. Paris : Le Seuil. p 161.
LACAN J. (1949). Le stade du miroir comme formateur de la
fonction du Je. Les Ecrits. Paris : Seuil.
LAURIN P., NICOLAS, M., LACASSAGNE, M.F. (2006). Effet de
l'accompagnement de projet sur la motivation footballistique et scolaire de
stagiaires de centre de formation de football. Consulté le 2
février 2009.
http://www.psychodusport.com/docs/actes/actes_
DIJON2006.pdf.
LEVEQUE M. (1992). La relation entraineur-entrainé.
Perspective clinique sur la dynamique affective. Bourgogne :
Université de Bourgogne.
LEVEQUE M. (1993). Sport et psychologie, l'apport du
psychologue aux acteurs. Cahier de l'INSEP, n° 4.
LOLLONI M.F., MORAGUES J.L. (2007). Contre performance et
condition physique. Montpellier : UFR STAPS.
LOUEB M., MOUALLA N. (2008). Un corps sportif et
handicapé. Regard de l'expérience du corps des athlètes
handicapés tunisiens. Consulté le 30 Janvier 2009. http://
www.em-consulte.com/article/200036.
MORAGUES J.L. (2003). Psychologie de la performance, corps
motionnel, corps pulsionnel. Montpellier : Université Paul
Valery.
PERRIER F. (1970). Narcissisme. La chaussé
d'Antin/2. Paris : U.G.E.
POIROT M. (2007). Psychologie positive du travail. La
véritable motivation n'est pas affaire de management.
Consulté le 30 Janvier.
http://psychologiepositiveautravail.
Blogspot/2007/05/la-vraie-motivation-n'est-pas-affaire-de.html
MARCELLINI A., TURPIN J.P., XUAN G.B. (2008). Le sport, u
travail de deuil a la continuité de soi, ou les usages du sport par les
personnes handicapées. Consulté le 15 Janvier 2009.
http:// caratom free.fr/publications/Deuil. Handicap.htm.
MASLOW A. (1954). Motivation and personnality. New
York: Harper.
NAJAH A. (2007). Intervention psychologique auprès
de certains pongistes présentant une contre performance. Incitation
à l'expression de soi afin de favoriser la prise de conscience des
réseaux relationnels entre le joueur et son entourage, renforcer son de
assurance narcissique et se détacher de l'Autre. Montpellier :
Paul Valéry III.
NICHOLLS J.G. (1989). The compétitive ethos and
democratic education. Cambridge: Harvard University Press.
NUTTIN J. (1984). Théorie de la motivation humaine.
Paris : PUF.
ROTTER J.B.( 1955). The role of psychosocial situation in
determining tpthe direction of human behavior. In Jones, M.R (Ed) Nebraska
symposium on motivation. Nebraska: Lincoln University of Nebraska Press.
ROUSSEAU M.H., LABRIDY, F., TERRISSE, A., SAURET, M.J. (1997).
Sport, psychanalyse et science. Paris : PUF.
SAHUC C. (2006). Comment motiver votre enfant.
Levallois-Perret : groupe studyrama.
SARRAZIN P., FAMOSE J.P., CURRY F. (1995). But motivationnel,
habilité perçue et sélection d'un niveau de
difficulté d'une voie en escalade. STAPS. 38, 46-61.
SARRAZIN P (2001), théories de la motivation et
pratiques sportives : états de recherche. Paris : PUF.
SARRAZIN P. (2001). Approche sociocognitive de la
motivation appliquée au champ du sport et de l'éducation physique
et sportive. Grenoble : Université Joseph Fourier.
SARRAZIN P. KRUMM C.M. (2004). Théories des styles
explicatifs et performance sportive, fondements théoriques,
données empiriques et perspectives. Grenoble :
Université J. Fourrier.
SAUSSE S.K. (2009). Le miroir brisé ; l'enfant
handicapé et le psychanalyste. Paris : Hachette
littérature.
Seve C. (2006). Science humaine, l'esprit sportif. La
gestion. Communication et promotion des PAS. Consulté le 3
Février 2009. http://wwwladoc-derif.injep.fr /thesarus.
SHENTOUB V & COLL. (1998). Manuel d'utilisation du
TAT. Approche psychanalytique. Paris : Dunod.
SIMONE J.L. (2001). Vivre après l'accident
conséquences psychologiques d'un handicap physique. Paris :
Chronique Sociale.
SMITH R.E., SMOLL F.L. (1996). The coach as the focus of
research and intervention in youth sports. Children and youth in sport : a
biopsychosocial perspective. IA Dubuque : Mc Graw-Hill.
THOMAS R., ECLACHE J.P., KELLER J. (1989). Les aptitudes
motrices; structures et evaluation. Paris : Vigot.
TLILI L., LEBIB, S., GHORBEL F., BENSALLAH C., DRIZI..,
AOUIDIDI F. (2008). Annales des réadaptations et de médecine
physique. Vol 51, p 179-183.
TURPIN J.P.(2008). Anthropologie de la performance.
Consulté le 3 Février 2009.
http://liotardlesite.ifrance.com/handicap.
html
ANNEXES
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
MI à la connaissance
|
28
|
7
|
6.83
|
MI à l'accomplissement
|
28
|
7
|
|
MI à la stimulation
|
26
|
6.5
|
|
totale
|
82
|
20.5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
ME identifiée
|
28
|
7
|
6.00
|
ME introjectée
|
23
|
5.75
|
|
ME régulation externe
|
21
|
5.25
|
|
totale
|
72
|
18
|
|
Tableaux récapitulatifs des notes brutes et
des notes Z de Firass au niveau de MI et ME
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
MI à la connaissance
|
20
|
5
|
5.58
|
MI à l'accomplissement
|
22
|
5.5
|
|
MI à la stimulation
|
25
|
6.25
|
|
totale
|
67
|
16.75
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
MI à la connaissance
|
26
|
6.5
|
5.83
|
MI à l'accomplissement
|
27
|
5.75
|
|
MI à la stimulation
|
22
|
5.25
|
|
totale
|
75
|
17.5
|
|
|
|
|
|
Tableaux récapitulatifs des notes brutes et
des notes Z de Foued au niveau de MI et ME
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
MI à la connaissance
|
28
|
7
|
7.00
|
MI à l'accomplissement
|
28
|
7
|
|
MI à la stimulation
|
28
|
7
|
|
totale
|
84
|
21
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
ME identifiée
|
28
|
7
|
6.17
|
ME introjectée
|
24
|
6
|
|
ME régulation externe
|
22
|
5.5
|
|
totale
|
74
|
18.5
|
|
Tableaux récapitulatifs des notes brutes et
des notes Z de Imene au niveau de MI et ME
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
MI à la connaissance
|
18
|
4.5
|
4.67
|
MI à l'accomplissement
|
22
|
5.5
|
|
MI à la stimulation
|
16
|
4
|
|
totale
|
56
|
14
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
note brute
|
note Z
|
moyenne
|
ME identifiée
|
20
|
5
|
6.25
|
ME introjectée
|
28
|
7
|
|
ME régulation externe
|
27
|
6.75
|
|
totale
|
75
|
18.75
|
|
Tableaux récapitulatifs des notes brutes et
des notes Z de Moufida au niveau de MI et ME
Tendance motivationnelle des quatre
athlètes
Graphique 1 : Moyennes des notes Z aux deux
échelles de l'EMS 28 (motivation intrinsèque et motivation
extrinsèque), des deux groupes (G1 : G expérimental ;
G2 : G contrôle)
Description de l'échelle
Cette échelle mesure la motivation
intrinsèque et extrinsèque que les gens peuvent avoir pour
effectuer des activités sportives. Cette échelle mesure les 7
construits suivants : la motivation intrinsèque à
l'accomplissement, à la connaissance et à la stimulation, les
régulations externes, introjectées et identifiées et
enfin, l'amotivation. On y retrouve 28 énoncés, soit 4
énoncés pour chacune des 7 sous-échelles et mesurés
sur une échelle de 1 à 7 points.
Références
Brière, N.M., Vallerand, R.J., Blais, M.R.,
& Pelletier, L.G. (1995). Développement et validation d'une mesure
de motivation intrinsèque, extrinsèque et d'amotivation en
contexte sportif : L'Échelle de Motivation dans les Sports (EMS).
International Journal of Sport Psychology, 26, 465-489.ÉCHELLE DE
MOTIVATION DANS LE SPORT (ÉMS-28)
Nathalie M. Brière, Robert J. Vallerand,
Marc R. Blais, Luc G. Pelletier (1995)
International Journal of Sport Psychology, 26,
465-489
ATTITUDES DANS LE SPORT
Indique le sport auquel tu feras
référence tout au long des 28 prochaines questions (ex:
basket-ball, badminton, ...):
Indique dans quelle mesure chacun des
énoncés suivants correspond actuellement à l'une des
raisons pour lesquelles tu pratiques le sport que tu viens
d'identifier.
EN GÉNÉRAL, POURQUOI PRATIQUES-TU CE SPORT
?
1. Pour le plaisir de découvrir de nouvelles techniques
d'entraînement. 1 2 3 4 5
6 7
2. Parce que ça me permet d'être bien vu-e par les
gens
que je connais. 1 2 3 4 5
6 7
3. Parce que selon moi, c'est une des meilleures façons
de
rencontrer du monde. 1 2 3 4 5
6 7
4. Je ne le sais pas; j'ai l'impression que c'est inutile de
continuer à faire du sport. 1 2 3
4 5 6 7
5. Parce que je ressens beaucoup de satisfaction personnelle
pendant que je maîtrise certaines techniques
d'entraînement
difficiles. 1 2 3 4 5 6
7
6. Parce qu'il faut absolument faire du sport si l'on veut
être en forme. 1 2 3 4 5 6
7
7. Parce que j'adore les moments amusants que je vis lorsque
je fais du sport. 1 2 3 4 5
6 7
8. Pour le prestige d'être un-e athlète. 1
2 3 4 5 6 7
9. Parce que c'est un des bons moyens que j'ai choisi afin de
développer d'autres aspects de ma personne. 1 2
3 4 5 6 7
10. Pour le plaisir que je ressens lorsque j'améliore
certains de
mes points faibles. 1 2 3 4 5
6 7
11. Pour le plaisir d'approfondir mes connaissances sur
différentes méthodes d'entraînement. 1
2 3 4 5 6 7
12. Pour l'excitation que je ressens lorsque je suis vraiment
"embarqué-e" dans l'activité. 1 2
3 4 5 6 7
13. Il faut absolument que je fasse du sport pour me sentir
bien
dans ma peau. 1 2 3 4 5
6 7
14. Je n'arrive pas à voir pourquoi je fais du sport;
plus j'y pense,
plus j'ai le goût de lâcher le milieu sportif. 1
2 3 4 5 6 7
15. Pour la satisfaction que j'éprouve lorsque je
perfectionne
mes habiletés. 1 2 3 4 5
6 7
16. Parce que c'est bien vu des gens autour de moi d'être
en forme. 1 2 3 4 5 6 7
17. Parce que pour moi, c'est très plaisant de
découvrir de
nouvelles méthodes d'entraînement. 1 2
3 4 5 6 7
18. Parce que c'est un bon moyen pour apprendre beaucoup de
choses qui peuvent m'être utiles dans d'autres domaines
de ma vie. 1 2 3 4 5 6
7
19. Pour les émotions intenses que je ressens à
faire un sport
que j'aime. 1 2 3 4 5 6
7
20. Je ne le sais pas clairement; de plus, je ne crois pas
être
vraiment à ma place dans le sport. 1 2 3
4 5 6 7
21. Parce que je me sentirais mal si je ne prenais pas le temps
d'en faire. 1 2 3 4 5 6
7
22. Pour le plaisir que je ressens lorsque j'exécute
certains
mouvements difficiles. 1 2 3 4 5
6 7
23. Pour montrer aux autres à quel point je suis bon-ne
dans
mon sport. 1 2 3 4 5 6
7
24. Pour le plaisir que je ressens lorsque j'apprends des
techniques d'entraînement que je n'avais jamais
essayées. 1 2 3 4 5 6
7
25. Parce que c'est une des meilleures façons
d'entretenir de
bonnes relations avec mes amis-es. 1 2 3
4 5 6 7
26. Parce que j'aime le "feeling" de me sentir
"plongé-e" dans
l'activité. 1 2 3 4 5
6 7
27. Parce qu'il faut que je fasse du sport
régulièrement. 1 2 3 4 5
6 7
28. Je me le demande bien; je n'arrive pas à atteindre
les objectifs
que je me fixe. 1 2 3 4 5
6 7
(c) Nathalie M. Brière, Robert J.
Vallerand, Marc R. Blais, Luc G. Pelletier
CLÉ DE CODIFICATION DE
L'ÉMS-28
# 1, 11, 17, 24 Motivation intrinsèque à la
connaissance
# 5, 10, 15, 22 Motivation intrinsèque à
l'accomplissement
# 7, 12, 19, 26 Motivation intrinsèque à la
stimulation
# 3, 9, 18, 25 Motivation extrinsèque -
identifiée
# 6, 13, 21, 27 Motivation extrinsèque -
introjectée
# 2, 8, 16, 23 Motivation extrinsèque -
régulation externe
# 4, 14, 20, 28 Amotivation
|