Investissements directs étrangers et politiques d'attractivité. Cas du Maroc( Télécharger le fichier original )par Mustapha MAGHRITI Université Mohammed V Rabat - Thèse pour l'obtention du diplôme des études supérieures en relations économiques internationales 0000 |
2-4 Appréciation des investissements étrangers selon leur nature:L'appréciation des investissements étrangers par nature d'opération permet de relever le niveau important atteint par les investissements directs étrangers (IDE) en 1997 après un net recul au cours des deux dernières années. En effet, la part des IDE qui n'a été que de 52,3% ( soit 2026,6 M dhs en 1995 et au bénéfice des investissements de portefeuille ( 2320,4 M dhs en 1994 soit 45,5 %), elle s'est fixée à son nouveau atteint en 1991 ( 10459,9 M dhs en 1997 ou 84,58% du total). Les investissements en portefeuille, par contre, ont chuté respectivement de leur niveau 45,5 en 1994 ( niveau record) et de 24,8% en 1996 à 5% soit 625,9 M dhs en 1997. Les opérations des prêts et avances en comptes courants d'associés ont été de l'ordre de 1250,9 M dhs en 1997 soit 10,1%. TABLEAU N°9: INVESTISSEMENTS ETRANGERS PAR NATURE D'OPERATION ( EN %) Source : office des changes
* il s'agit des prêts et avances en comptes courants d'associés La réalisation de ces investissements se fait principalement par cession de devises; cette modalité de financement intervient pour 88,49% en 1996 soit ( 3547,5 Mds) contre 4,4% ( soit 177,2 M dhs) par incorporation de réserves. Il convient de souligner, qu'en 1996, un partie des investissements étrangers a été financée par une conversion de la dette publique en investissements avec un montant de 282,9 M dhs (soit 7%) TABLEAU N° 10: REPARTITION DES INVESTISSEMENTS ETRANGERS PAR NATURE DE FINANCEMENT (EN%)
Source : Office des changes Les investissements étrangers, en dépit de leur croissance importante, demeurent bien en deçà des potentialités de l'économie marocaine. En témoignent plusieurs raisons: Primo, les flux nets profitant à l'économie marocaine sont beaucoup plus faibles qu'il n'y parait: Des recettes brutes, il convient de déduire les dépenses au titre de désinvestissement et de remboursement de prêts ainsi que les transferts effectués au titre des revenus. De ce point de vue, l'analyse du ratio « Recettes nettes / recettes brutes » révele que le gain net n'a été que 13,3% en 1995 et de 47,8% en 1996. Dit autrement, sur 100 dhs investis au Maroc respectivement en 1995 et 1996, l'économie nationale en exportait sous divers formes 86,7 dhs et 52,2 dhs. TABLEAU N° 11:EVOLUTION DES RECETTES ET DES DEPENSES AU TITRES DES INVESTISSEMENTS ETRANGERS ( EN M DHS %)
Source: Office des changes Il est probable que l'importance de ces sorties s'explique par la nature des investissements réalisés au Maroc depuis le démarrage du programme de privatisation. « Motivés surtout par la recherche de la plus value, des masse importantes ont été mobilisées dans des actifs financiers des entreprises publiques privatisées par le bais de la bourse des valeurs de Casablanca. Or, ces investissements sont, par nature, très volatiles. Une coïncidence frappante existe, d'ailleurs, entre les records de 1993-1994 et le démarrage du programme de privatisation en février 1992! »11(*). Secundo, la part des IDE dans la formation brute du capital fixe n'est que de 3,51% en 1996. Cette part est encore plus faible rapportée au PIB puisqu'elle a été de l'ordre de 1,63% en 1993 pour chuter à 0,71 en 1996. Pour la Tunisie la part des IDE par rapport à la FBCF se chiffre à 4,3% en moyenne. TABLEAU N° 12: INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS RAPPORTES A LA FBCF ET AU PIB ( EN MILLIONS DE DHS)
Source: Rapport de Bank Al Maghrib et Office des changes Tertio, comparativement à certains pays du bassin méditerranéen, le Maroc draine peu d'investissements étrangers directs: Sur un volume total de flux d'investissements directs étrangers nets, évalué par les services du FMI au cours des dix années (1983-1993) à 16,4 Milliards de dollars, environ 135 Millions de Dollars ( soit 8,2% du total) échoient Maroc, faisant de ce pays le troisième récipiendaire de ces flux d'IDE; les deux premières places reviennent respectivement à l'Egypte ( 8273 Millions de dollars, soit 26,8% du total investi) et à la Turquie ( 4390 M de dollars, soit 26,8% du total investi). La Tunisie (avec 7,8%). suivi de Chypre (3,5% ou 575 M de dollars) de la Jordanie (1,7% ou 281 Millions de dollars) et de Malte (1,5% ou 250 M de dollars). Pour le continent Africain seul, le rapport de la CNUCED de septembre 1997 classe le Maroc au troisième receveur des IDE après le Nigeria et l'Egypte. « Le rapport sur les investissements mondiaux » (Nations-unies 1996). relève que sur les 31,6 milliards de dollars en cours d'investissements reçus par les douze pays partenaires de l'union Européenne à la Fin de 1995, 2742 Millions de dollars sont revenues au Maroc ( soit 8,7% du total), faisant de lui le cinquième lieu de destination du capital privé étranger: les quatres premières places échoient respectivement à l'Egypte (12679 M ou 40% du total) à la Turquie (4414 M, soit 14%) à Israël (3812 M de dollars ou 12%) et à la Tunisie (3762 M de dollars, soit 11,9 du total). Au total, l'analyse des investissements étrangers enregistrés jusqu'à l'année écoulée, montre que le Maroc, malgré tous les atouts dont il dispose et les avantages qu'il accorde, est un pays non attractif des IDE. A cet égard se pose la question de savoir quels sont les facteurs qui limitent leurs afflux. * 11 Bulletin du centre marocain de conjoncture « investissement et nouveau contexte n° 16, janvier, 1997. |
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