Le Mali connaît, comme la plupart des pays voisins, un
phénomène d'exode des jeunes femmes et filles rurales vers les
grandes villes. Elles y travaillent comme aides familiales et peuvent ainsi
soutenir financièrement leur famille ou réunir leur trousseau de
mariage. Mais ces jeunes femmes et filles sont souvent exploitées par
des employeurs peu scrupuleux, car elles sont bien souvent très peu
respectées, considérées et traitées comme des
"bonnes à tout faire" et non comme des aides familiales envahissant
l'ossature des villes maliennes. Elles sont également
sous-payées, avec un salaire mensuel moyen de 7500 francs CFA. Elles
sont pour la plupart mineures et ne maîtrisent pas les questions
élémentaires d'une vie saine. Elles sont en danger
quotidiennement dans nos grandes villes car non scolarisées, sans
expérience et généralement sans protection, elles courent
une vulnérabilité de santé élevée dont les
maladies sexuellement transmissibles faisant d'elles des groupes à fort
potentiel de propagation du VIH et du Sida, rejets fréquents dans la
société, grossesses non désirées avec leur
corollaire d'avortement et d'abandon d'enfants. A cause de leur statut
d'analphabète, les aides familiales s'adonnent à certaines
pratiques familières aux urbains. En abandonnant leur village et leurs
parents, elles laissent derrière elles, us et coutumes, pour rechercher
de quoi constituer leur trousseau de mariage. Au retour de leur périple
citadin, elles partageront fièrement avec le village, tout ce que, des
années de dur labeur auront permis d'amasser en termes de biens
matériels et financiers. Le mercantilisme de nos sociétés
et la recherche de l'argent facile accentuent la vulnérabilité
des aides familiales. A l'instar des citadines, il est de
notoriété publique que nombre de nos aides familiales ont
emboîté le pas aux professionnelles du sexe pour amasser beaucoup
d'argent. De ce fait, elles sont soumises à la volonté des
patrons, souvent victimes de rapports sexuels non protégés. Dans
certaines familles, ces aides familiales après avoir fini les travaux
ménagers, s'acquittent d'un autre devoir : vendeuses ambulantes,
DELTA C
Bamako
2012
ETUDE SUR LES CONNAISSANCES, ATTITUDES ADOPTEES ET
PRATIQUES
COMPORTEMENTALES DES AIDES FAMILIALES EN MATIERE DES IST DU VIH
ET
DU SIDA DANS LA COMMUNE URBAINE DE SIKASSO, EN 3eme REGION DU
MALI.
elles sillonnent les « grins », garages et chantiers
et rares sont celles qui ne tombent pas dans les filets des hommes et finissent
par faire la prostitution.
Selon l'EDSMIV, la prévalence du VIH de 0.6 %
à Sikasso relativement faible cache une épidémie
d'un niveau élevé dans certains groupes à risque qui sont
majoritairement composés de jeunes. La vulnérabilité des
adolescents et des jeunes au VIH n'est plus à démontrer. La
prévalence du VIH est de 1,9 % dans la tranche
d'âge des filles de 15 à 24 ans et de 1,5 % pour
les jeunes garçons de 15 à 24 ans. Les résultats de la
même enquête ont également montré que les jeunes
femmes en « union rompue » ont statistiquement plus de risque
d'être infectées. Les jeunes ont une assez bonne connaissance du
VIH et du Sida, mais l'utilisation du préservatif reste encore faible.
Seulement 16,5 % des jeunes filles et 35,9 %
des garçons de 15 à 24 ans ont utilisé un
préservatif au cours des derniers rapports sexuels à haut risque
(EDSMIV). Par ailleurs, l'analyse de la situation des adolescents et des jeunes
face au VIH et au SIDA réalisée en 2008 par le SEHCNLS fournit
également d'importantes informations sur les jeunes des
communautés rurales qui, recevant peu d'informations, sont donc moins
nantis pour se protéger. Ceci peut être dû au fait que les
actions de prévention du VIH sont pour la plupart menées dans les
villes et ne sont pas étendues à tout le milieu rural. Les jeunes
filles sont souvent victimes de grossesses précoces et non
désirées. Il convient de les sensibiliser sur la
prévention primaire pour éviter la transmission
mère-enfant du VIH.
Par notre étude, nous chercherons à
répondre aux questions suivantes :
· La question
principale :
- Quel est le niveau de connaissances, des
attitudes adoptées et des pratiques comportementales des aides
familiales en matière des IST du VIH et du SIDA dans la commune urbaine
de Sikasso ?
DELTA C
Bamako
2012
ETUDE SUR LES CONNAISSANCES, ATTITUDES ADOPTEES ET
PRATIQUES
COMPORTEMENTALES DES AIDES FAMILIALES EN MATIERE DES IST DU VIH
ET
DU SIDA DANS LA COMMUNE URBAINE DE SIKASSO, EN 3eme REGION DU
MALI.
· Les questions secondaires :
La question principale suscite des questions subsidiaires ;
- Quel est le niveau de croyance des aides
familiales sur l'existence du VIH et du SIDA ?
- Quel est le niveau de connaissances des aides
familiales sur les modes de transmission et les moyens de prévention du
VIH et du SIDA ?
- Quelles sont les attitudes adoptées
des aides familiales face aux IST au VIH et au SIDA ?
- Quelles sont les pratiques comportementales
des aides familiales en matière des IST du VIH et du SIDA ?
- Quels sont les facteurs d'exposition des aides
familiales aux séances de sensibilisation contre les IST, le VIH et le
SIDA.