Conclusion
On trouve dans l'antiquité grecque, cinq siècles
avant notre ère, une pensée rationnelle exigeante, s'exprimant
notamment par la plume d'Aristote. Le philosophe savait que notre
planète est ronde et professait un système géocentrique
plaçant la Terre au centre du monde, faisant donc circuler les astres du
ciel, y compris le Soleil, autour de nous. Un philosophe grec Aristarque de
Samos, évoquera plus tard une explication héliocentrique
où le Soleil trône au centre de l'univers. Mais il ne sera pas
écouté. Au contraire, le géocentrisme sera conforté
au deuxième siècle de notre ère par le grand astronome
d'Alexandrie, Ptolémée, qui va élaborer un système
ingénieux détaillant la manière dont les astres bougent en
cercle autour de notre planète immobile.
La christianisation de l'Empire romain entraîne un recul
des connaissances : certains pères de l'Eglise prêchent même
que la Terre est plate. D'ailleurs, ils ne négligent pas seulement la
science grecque mais aussi la langue dans laquelle elle est écrite.
Heureusement, les manuscrits grecs qui avaient trouvé refuge en Orient
réapparaissent (traduits en arabe et commentés par des savants
musulmans et juifs) dans le monde chrétien, au 12ème
siècle par l'intermédiaire notamment de la civilisation musulmane
d'Espagne. Les chrétiens recommencent donc à envisager la
rotondité de la Terre, suscitant plus tard les grands voyages maritimes
qui conduisent à la découverte des Amériques.
Il aura fallu attendre Copernic au milieu du
16ème siècle pour voir apparaître un
système héliocentrique délogeant la Terre du centre du
monde. Mais peu de savants s'y intéressent dans une Europe
embourbée dans des guerres religieuses depuis la rébellion de
Luther. Vers la fin du 16ème siècle, l'Eglise prend
conscience que le copernicianisme sape certains fondements de son enseignement.
Un grand conflit surgit alors avec Giordano Bruno, brûlé vif
à Rome en 1600 pour avoir proféré entre autres
l'infinité de l'univers et la pluralité des mondes
habités. En 1616, l'Eglise condamne formellement l'héliocentrisme
comme doctrine hérétique et exige que Galilée cesse de
l'enseigner ; en 1633, elle condamnera ce savant à finir ses jours en
résidence surveillée après avoir exposé dans le
Dialogue sur les deux plus grands systèmes du monde que la
Terre tourne autour de l'univers et non pas l'inverse.
On doit à Galilée plusieurs découvertes
astronomiques révolutionnaires, ainsi que la formulation de la loi de la
chute des corps. En outre, il est l'un des rares savants rationnels au
début du 17ème siècle. La plupart des autres, y
compris le génial Kepler qui nous a donné les lois
régissant les déplacements planétaires, utilisent souvent
des considérations irrationnelles pour interpréter les
événements.
A l'instar de Galilée, Descartes s'oppose
également à l'antique mentalité et élabore un
système où chaque phénomène s'explique par une
cause mécanique. Pour lui, par exemple, le mouvement des planètes
ne résulte pas d'une action à distance du Soleil. Au contraire,
elles bougent parce que l'espace est plein d'une substance
dénommée « étendue » qui tourbillonne. Les
planètes sont emportées par ces tourbillons comme des bouchons
sur le courant d'une rivière. Par leur détermination, les
cartésiens parviennent non seulement à réduire
l'irrationnel en France mais aussi à contrôler la prestigieuse
Académie royale des sciences créée en 1666.
Newton révolutionne en 1687 aussi bien la physique que
la vision du monde à son époque en synthétisant les lois
terrestres de Galilée et les lois célestes de Kepler.
Malgré cette extraordinaire réussite, sa théorie de la
gravitation est rejetée aussi bien par les cartésiens que par
Leibniz car elle se fonde sur une force attractive à distance qui
paraît bien peu rationnelle. Voici le premier sujet de controverse
scientifique, qui se soldera au 18ème siècle par la
victoire de Newton.
Aujourd'hui, l'avancée de la science et de la
technologie d'observation a permis à l'homme de s'interroger sur le sens
véritable de l'univers dans lequel il vit. La découverte de la
multitude de systèmes planétaires, a amené les
scientifiques à se demander entre autres questions : sommes-nous seuls
dans l'univers ? Avons-nous des voisins dans l'espace cosmique ?
Pour répondre à ces interrogations, la science
astronomique devrait au préalable statuer sur l'existence de la vie sur
d'autres planètes. Pour certains scientifiques, ce n'est qu'une question
de temps. Dans quinze, vingt ou trente ans, des observatoires spatiaux seront
disposés en flottille autour de la Terre et leurs faisceaux de
lumière se combineront pour obtenir la résolution d'un grand
télescope virtuel. Leur objectif est unique : détecter la vie sur
les exoplanètes. En théorie, tout est prêt. Les astronomes
savent qu'il ne leur sera pas facile de repérer une exoterre
noyée dans la lumière de son Soleil - une étoile
émet un milliard de fois plus de lumière visible qu'une
planète- ni même d'espérer analyser son rayonnement sans
grande difficulté. Mais les défis technologiques peuvent
être relevés, et même si la barre est haute, elle sera
franchie.
Nonobstant ces espoirs, il faut tout au moins savoir à
quoi pourrait ressembler la vie sur une exoterre. Les biologistes, pour qui
l'apparition de la vie sur d'autres planètes est beaucoup moins
improbable qu'auparavant, s'avouent incapables d'aider les astronomes. Les
mécanismes du vivant sont trop complexes et il n'y a pas de
modèle capable de faire des prédictions sur ce que l'on pourrait
trouver ailleurs. Cette conquête est comme qui dirait, une campagne de
pêche dans un océan où l'on n'est pas sûr qu'il, y
bougent des poissons.
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