CHAPITRE DEUXIEMECadre
contextuel de l'étude
Ce chapitre aborde la présentation et la pratique de la
gestion du risque de crédit dans le secteur bancaire du Togo de 2000
à 2009.
Section 1 :
Présentation du secteur bancaire togolais
Le secteur bancaire togolais est composé de 11 banques
au 31 décembre 2009 qui sont, selon l'ordre de classement de la
Commission Bancaire et par taille de bilan, Ecobank Togo, La Banque Togolaise
pour le Commerce et l'Industrie (BTCI), Union Togolaise de Banque (UTB), Banque
Togolaise de Développement (BTD), la Banque Internationale pour
l'Afrique au Togo (BIA TOGO), la Banque Atlantique Togo (BA TOGO), La Banque
Populaire pour l'Epargne et le Crédit (BPEC), La Financial Bank Togo,
Banque Sahélo-Saharienne pour l'Investissement et le Commerce - Togo
(BSIC Togo), La Société InterAfricaine de Banque (SIAB TOGO) et
la Banque Régional de Solidarité du Togo (BRS). Pour les
informations concernant le capital et sa répartition, le total bilan,
les réseaux d'agences, le nombre de comptes et les effectifs, consultez
l'annexe n°1. Les 6 premières banques représentent plus de
87% du total bilan du secteur avec 606 532 millions de F. CFA contre 703 783
millions de F. CFA pour le secteur. Parmi ces 6 banques nous avons :
§ Ecobank Togo, créée en 1988, elle est la
première banque du groupe Ecobank (ETI) dont le siège se trouve
à Lomé la capitale du Togo. Sur le plan financier, la banque a
accru ses ressources totales de 36% passant de 105 231 millions de F. CFA en
2008 à 143 155 millions de F. CFA en 2009 grâce à
l'accroissement des ressources à vue de la clientèle. La
croissance des emplois clientèles est passée à 9%
justifiant l'augmentation mesurée de la distribution des crédits
en ligne avec une activité économique encore timide mais
également en raison de la volonté de la banque de maintenir un
portefeuille de crédits sain. Le total bilan s'est accru de 14% passant
de 155 327 millions de F. CFA au 31 décembre 2008 à 176 988
millions de F. CFA au 31 décembre 2009 et le résultat
après impôt s'est contracté et s'établit à 3
468 millions F. CFA en 2009 contre 4 956 millions F. CFA en 2008. Cette baisse
s'explique également par le fait que d'importantes reprises de
provisions avaient été comptabilisées en 2008, notamment
suite à l'opération de titrisation par l'Etat, des
créances compromises sur les sociétés publiques. La banque
respecte désormais les ratios prudentiels en vigueur grâce
à l'augmentation de son capital de 2 à 5 milliards de F. CFA en
septembre 2009.
§ La BTCI société d'économie mixte
de droit Togolais créée le 30 avril 1974 avec un capital de 300
millions de FCFA, succède au groupe d'agences de la Banque Nationale de
Paris en activité au Togo. Connue en 1946 sous la dénomination de
la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie (BNCI), elle devient en
1967 une succursale de la Banque Nationale de Paris (BNP). Le capital de la
BTCI s'élève aujourd'hui à 1, 700 milliards de F.CFA.
Les 100% des actions sont détenues par les organismes publics ou
privés nationaux, ainsi que des personnes physiques nationales.
Aujourd'hui, outre l'agence centrale, la BTCI dispose de 9 agences qui sont
opérationnelles sur l'ensemble du territoire national. Son total bilan
s'établit à 130,236 milliards de F. CFA en 2009 soit une
augmentation de 11,38% par rapport à 2008. Son PNB de 2009 est de 4,225
milliards de F. CFA, soit une augmentation de 35,9% par rapport à
2008.
§ L'UTB créée en juin 1964, Elle participe
activement au financement de l'économie nationale en tant que banque
universelle. Elle enregistre en 2009 des résultats satisfaisants en
matière de crédit. Plusieurs secteurs de l'économie ont
été financés à travers divers crédits
ordinaires et les engagements par signature. Les crédits ordinaires sont
en hausse en 2009 passant à 41 980 millions de F. CFA contre
31 589 millions de F. CFA en 2008 soit un accroissement de 32,9%. Leur
décaissement effectif se chiffre à 35 624 millions de F. CFA
en 2009 contre 31 212 millions de F. CFA en 2008, soit une progression de
14,1%. Les engagements par signature concernent les cautions et les avals
(cautions de marchés administratifs, obligations cautionnées,
cautions pour magasins et aires de dédouanement et les avals de traites)
et les crédits documentaires. Leur montant autorisé à fin
décembre 2009 s'élève à 23 266 millions de F.
CFA contre 19 179 millions de F. CFA en 2008 soit une hausse de 21,3%. Au
cours de l'exercice 2009, les efforts de la banque dans le recouvrement des
créances normales ont été encourageants. Les
résultats des créances douteuses et litigieuses ont connu une
régression en raison de nouveaux déclassements de 3 063
millions de F. CFA. Les ressources financières de la banque au 31
décembre 2009 se chiffrent à 54 041 millions de F. CFA
contre 45 043 millions de F. CFA pour l'exercice précédent,
soit une augmentation de 20%. L'UTB affiche un résultat net de 711
millions de F. CFA en 2009 contre 619 millions de F. CFA en 2008 soit une
progression de 14,9% avec un PNB s'établissant à 6 264
millions de F. CFA en 2009 contre 4 855 millions de F. CFA en 2008 avec
une hausse de 29%.
§ La BTD, depuis sa création en 1967, la Banque
Togolaise de Développement a toujours gardé sa vocation
originelle qui est de prendre une part active dans le financement de
l'économie. Toutes les catégories d'entreprise et tous les
secteurs sont sollicités dans la politique de crédits de la
Banque : de la grande entreprise à la micro finance en passant par les
PME. De même, toutes les catégories socio professionnelles
bénéficient des concours de BTD au niveau des crédits
à l'habitat et pour l'équipement des ménages à
travers les prêts personnels. Tout en jouant ce rôle de banque
d'investissement et de soutien aux ménages, la BTD est devenue, suite
aux réformes bancaires de 1977, résolument une banque universelle
avec les produits bancaires classiques. Ces produits sont entre autres : les
opérations de caisse, les dépôts, le financement du
commerce international et les produits innovants tels que BTD VOCAL qui
renseigne sur le solde et les mouvements de compte par téléphone,
BTD Plus SMS qui informe le client par portable sur toutes les
opérations ayant affecté son compte.
La BTD figure parmi quatre banques publiques en
restructuration au Togo mais les Institutions de Bretton Woods ne recommandent
pas son assainissement comme c'est le cas des autres banques publiques. La
Banque distribue depuis 15 ans des dividendes aux actionnaires et a pu
résister à diverses crises notamment économiques,
sociopolitiques et financières. Les fonds propres de la BTD se chiffrent
à 10,552 milliards de F. CFA au 31 décembre 2009 pour un minimum
règlementaire de 5 milliards. En juin 2008, elle a porté son
capital social à 6,130 milliards de F. CFA par incorporation d'une
partie de ses réserves, pendant que la norme du capital social
fixée dans l'espace UEMOA est de 5 milliards.
§ La BIA Togo a une très longue histoire passant
de son origine à travers la banque du Sénégal
créée par décret impérial de Napoléon en
1853, à la BIAO TOGO en 1965, à la reprise par la Bergolaise et
enfin par l'Etat togolais en avril 1996 sous le nom de BIA TOGO. Elle a un
budget de 4 352 millions de F. CFA en 2009 avec un PNB de l'exercice 2009 de
3 146 millions contre 2 718 millions de F. CFA en 2008 soit une
progression de 16%. Pour les emplois, la trésorerie est en nette
progression de 83,8% passant à 19 282 millions de F. CFA en 2009
contre 10 488 millions de F. CFA en 2008. Pour la clientèle,
l'encours net des créances s'établit à 20 612
millions de F. CFA en 2009 contre 41 750 millions. En ressources, la
trésorerie remonte à 7 804 millions F. CFA en 2009 contre
2 872 millions de F. CFA en 2008 et pour la clientèle, les
ressources présentent un encours de 45 651 millions de F. CFA en
2009 contre 41 711 millions de F. CFA en 2008 soit une hausse de 9,4%. Le
résultat net est de 961 millions de F. CFA pour l'année 2009 avec
un résultat fiscal de 414 millions de F. CFA.
§ La BA Togo, a été créée en
avril 2006 et intervient dans les principaux secteurs d'activités de
l'économie du Togo où elle accompagne différentes
entreprises et les PME/PMI dans le cadre de leur développement.
La situation financière du Togo s'étend aux
finances publiques, au système bancaire et marché boursier ainsi
qu'à l'évolution de la monnaie et du crédit.
L'assainissement des finances publiques à travers les
reformes continue avec l'appui des bailleurs de fonds. Ces réformes ont
lieu grâce à la mise en oeuvre effective d'une procédure
d'exécution des dépenses suivant le Système
Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGFIP). A travers le
programme de Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et
pour la Croissance (FRPC), les projets de redressement et des réformes
visant à améliorer les performances, sont initiés et
doivent permettre au Togo de devenir éligible aux programmes
d'allègement de dette publique (PPTE) en 2010.
Le secteur bancaire fait face aussi à un vaste chantier
d'assainissement et de redressement des banques publiques qui est toujours en
cours. Il y a également en cours d'exécution un programme
d'épurement de la dette intérieure. A ce jour la dette
intérieure est évaluée à 33 milliards de F. CFA
dont 23 milliards a été payés. Les 9 milliards restants le
seront d'ici fin décembre 2011 selon le gouvernement. La crise
financière internationale et la timide relance de l'économique ne
favorisent pas un démarrage dynamique des activités
économiques empêchant les opérateurs économiques
d'honorer leurs engagements. Ces derniers continuent de traîner des
créances impayées forçant les banques à continuer
à les provisionner. La BCEAO continue à superviser ce secteur qui
devient encore plus concurrentiel avec l'arrivée de la Bank Of Africa
(BOA) et de la nigériane Diamond Bank. Avec ce tissu dense de banques,
le programme de restructuration du gouvernement est justifié afin
d'offrir un environnement sain propice aux affaires. Ceci justifie donc, le
soutien donné en avril 2010 par la Banque Mondiale, à hauteur de
4,4 millions de dollars. Pour ce chantier il est prévu d'ouvrir au
secteur privé les trois banques publiques que sont la BTCI, la BIA-Togo
et l'UTB afin de réduire les interventions de l'Etat et de les rendre
plus compétitives et efficaces.
Quant au marché boursier animé par les SGI,
il annonce une activité bénéficiaire pour l'année
2009.
Au niveau de l'évolution du crédit et de la
monnaie, il est à noter que la masse monétaire s'est accrue de
16% en 2009 contre 18% en 2008 ce qui s'explique par la hausse du niveau de
crédit intérieur de 26% par rapport au 31 décembre 2008
grâce à la position nette du Gouvernement qui s'est passée
de 78,6 milliards à 112,2 milliards de F.CFA et le crédit de
l'économie qui a enregistré une hausse de 21% par rapport
à 2008.
La perspective pour 2010 pour le Togo était de
croître le PIB de 3,3% grâce à la relance des
activités économiques. Nous attendons la publication des chiffres
de 2010 pour s'assurer que cet objectif a été atteint.
Le tableau n°3 et les graphes qui suivent
présentent quelques chiffres de l'évolution du secteur bancaire
togolais de 1996 à 2009.
Tableau n° 3 :
Evolution de quelques agrégats du secteur bancaire togolais sur la
période 1996 à 2009
Années
|
Total actifs
|
Ratio de risque de crédit (Crédit à la
clientèle/Total actif)
|
Résultat net
|
Fonds Propres
|
Coefficient de rentabilité financière
|
Crédit à la clientèle
|
Dette à l'égard de la clientèle
|
Ratio de Risque de crédit (Crédit à la
clientèle/Dette à la clientèle)
|
1996
|
233
|
59,23
|
2,59
|
18,87
|
13,70
|
138
|
154
|
89,61
|
1997
|
258
|
61,63
|
3,95
|
20,71
|
19,06
|
159
|
175
|
90,86
|
1998
|
256
|
65,23
|
2,29
|
20,70
|
11,08
|
167
|
157
|
106,37
|
1999
|
231
|
64,50
|
-4,11
|
20,70
|
-19,86
|
149
|
156
|
95,51
|
2000
|
247
|
59,11
|
-6,28
|
22,35
|
-28,09
|
146
|
171
|
85,38
|
2001
|
237
|
61,18
|
-3,64
|
22,35
|
-16,29
|
145
|
173
|
83,82
|
2002
|
258
|
51,16
|
-1,83
|
22,35
|
-8,20
|
132
|
194
|
68,04
|
2003
|
301
|
56,15
|
-3,27
|
18,95
|
-17,26
|
169
|
235
|
71,91
|
2004
|
337
|
52,23
|
17,28
|
16,35
|
105,66
|
176
|
253
|
69,57
|
2005
|
264
|
82,95
|
2,81
|
19,85
|
14,13
|
219
|
273
|
80,22
|
2006
|
420
|
60,24
|
4,11
|
24,35
|
16,89
|
253
|
307
|
82,41
|
2007
|
513
|
59,84
|
6,7
|
78,82
|
8,50
|
307
|
365
|
84,11
|
2008
|
631
|
47,70
|
11
|
86,61
|
12,70
|
301
|
425
|
70,82
|
2009
|
704
|
43,61
|
5,5
|
94,83
|
5,80
|
307
|
434
|
70,74
|
TOTAL
|
4890
|
|
37,1
|
487,79
|
|
2768
|
3472
|
|
En milliards de F. CFA. Source différents rapports
de la Commission Bancaire (UMOA)
Graphique n°1 :
![](Impact-de-la-composition-du-conseil-dadministration-sur-le-risque-de-credit-bancaire-cas-des-ba4.png)
En Milliards de F. CFA.
On remarque qu'après une période de stagnation
entre 1996 et 2004 liée à la crise politique des années
90, la croissance de la taille des banques du secteur bancaire a repris sa
croissance après les événements politiques du milieu des
années 2000.
Graphique n° 2 :
Rentabilité financière des banques togolaises sur la
période d'étude
![](Impact-de-la-composition-du-conseil-dadministration-sur-le-risque-de-credit-bancaire-cas-des-ba5.png)
Donnée en % (Resultats nets/Fonds Propres)
L'effet de la crise politique et économique des
années 90 se remarque beaucoup plus au niveau des rentabilités
financières des banques avec des valeurs négatives de 1999
à 2001. La croissance amorcée en 2003 a été presque
annulée par les nouveaux événements politiques de 2005.
Depuis lors et toujours avec les effets de la crise économique les
rentabilités semblent constantes à partir de 2005.
Graphique n°3
![](Impact-de-la-composition-du-conseil-dadministration-sur-le-risque-de-credit-bancaire-cas-des-ba6.png)
En milliards de F. CFA
Pendant la période de 1996 à 2009 les
crédits à la clientèle semblent suivre les mêmes
tendances que les dépôts et les emprunts des banques avec une
stagnation des crédits à partir de 2007 liée à
l'environnement économique timide et à l'incapacité des
opérateurs économiques à honorer leurs engagements.
Graphique n°4
![](Impact-de-la-composition-du-conseil-dadministration-sur-le-risque-de-credit-bancaire-cas-des-ba7.png)
Données en %
Le graphique n°4 et 5 (ci-dessous) confirment la
précédente analyse du graphique n°3
Graphique n°5
![](Impact-de-la-composition-du-conseil-dadministration-sur-le-risque-de-credit-bancaire-cas-des-ba8.png)
Données en %
|
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