Internet et démocratie( Télécharger le fichier original )par Lionel VEH Université catholique de l'Afrique de l'ouest - Maà®trise 2011 |
CHAPITRE II : INTERNET ET LA FRACTURENUMERIQUE.La notion de fracture numérique ou digital divide a été utilisée vers le milieu des années 1990 par le département du commerce américain pour designer les disparités d'accès au réseau entre les catégories socio-économiques. La notion est reprise par les différentes institutions internationales chargées de la réduire. L'UIT la définit comme l'écart qui se creuse entre les individus, les ménages, les entreprises et les zones géographiques de niveaux socio-économiques différents en ce qui concerne les possibilités d'accès aux technologies de l'information et de la communication et l'utilisation de l'internet. Au niveau international, elle définit les écarts d'accès aux TIC et a l'internet entre pays.96(*) Cette dernière définition de la fracture numérique nous concerne tout particulièrement car concordant parfaitement avec le développement de notre thème. En effet si dans les pays industrialises on par le déjà d'économie numérique il n'en est pas le cas pour l'Afrique qui est confrontée elle a des problèmes d'accès au réseau. Or il est impossible de parler aujourd'hui de démocratie et de liberté d'expressions quand tout le monde d'une manière ou d'une autre n'a pas les moyens de donner son avis. Et comme nous l'avons dit en ce qui concerne l'Afrique le problème de la fracture numérique est intimement lié au problème de l'accès au réseau (SECTION I), et aussi à celui de la volonté du contrôle absolu des médias par les régimes politiques (SECTION II). SECTION I : LES PROBLEMES LIES A L'ACCES AU RESEAU.La société de l'information avance à deux vitesses. Elle divise le monde entre : « les infos pauvres » et les « infos riches »... l'excès d'information d'un coté et la pénurie de l'autre.97(*) Cette configuration est bien celle que représente aujourd'hui l'accès à internet des différents point du globe. D'un côte l'occident et les pays industrialisés et leur large accès au réseau et d'un autre tiers monde, l'Afrique en tête et sa presqu'inexistence présence sur le réseau. Ces problèmes sont généralement liés à l'accès au réseau. Le PNUD (programme des Nations unies pour le développement) dans son rapport de 1999 révèle les écarts suivants en matière de connexion à internet en 1998 : l'Afrique compte 13% de la population mondiale et moins de 1% d'internautes ; les pays industrialisés représentent moins de 15% de la population mondiale mais 88% des internautes ; l'Afrique est donc en retard sur le plan de l'accès par rapport aux autres pays. Les USA comptent plus de 50% d'internautes dans le monde pour une population qui compte 5% de la population mondiale. La situation a peu évoluée depuis. Ainsi en Afrique le total des internautes a quasiment stagné en 2002 : 1,041% dont près de 40% se concentrent en Afrique du sud. Mais cette inexistence de l'Afrique sur le réseau et le retard qu'elle a par rapport aux autres est intimement liée aux problèmes d'infrastructures. Problèmes d'infrastructures qui se rapportent soit au manque de moyens soit à la mauvaise volonté politique des dirigeants. (PARAGRAPHE I) mais encore plus grave à l'analphabétisme (PARAGRAPHE II) PARAGRAPHE I : UN VERITABLE PROBLEME D'INFRASTRUCTURESL'obstacle majeur au développement des TIC (technologie de l'information et de la communication) demeure l'absence ou la faiblesse des infrastructures de télécommunications. Il est clair que la réalité nous montre que l'Afrique est confrontée en ce qui concerne les TIC à de véritables problèmes d'infrastructures. Ces problèmes d'infrastructures concernent pour la plupart des problèmes liés à l'équipement (A) et ensuite des problèmes liés à l'accès même au réseau par les populations(B). A.LE MANQUE D'EQUIPEMENTS NECESSAIRE ET APPROPRIELe fonctionnement d'internet, repose sur une infrastructure téléphonique, en grande partie défaillante en Afrique. La télé densité, définie comme le nombre de lignes téléphoniques principales pour 100 habitants est inferieure à 1[un minimum pour satisfaire les besoins élémentaires en télécommunications] pour 25% des pays du Tiers-Monde (dont la plupart en Afrique). Sur ce sujet le Président du Sénégal Abdoulaye Wade caricaturait en disant :' « il y a plus de lignes téléphoniques à Manhattan que dans toute l'Afrique réunie ». A cette faible densité, s'ajoute la médiocre qualité des communications et la concentration du réseau de télécommunications dans les grands centres urbains alors que les populations sont dans leur grande majorité rurales. Les services offerts sont en général modestes et techniquement contraints par des bandes passantes réduites. Le manque de ressources financières et d'expertise fait que la plupart des sites Africains se réduisent à des pages statiques décrivant les activités de la structure qui les gère. L'interactivité est souvent réduite au courrier électronique.98(*) Le problème de l'infrastructure demeure donc l'obstacle majeur au développement des TIC et notamment d'internet sur le continent. Aujourd'hui rares sont les foyers en Afrique qui bénéficient non seulement du matériel informatif approprié mais même d'une connexion internet pour s'informer et s'ouvrir au monde. Seuls les cyberespaces en donne cette opportunité quand on sait que tout le monde n'a pas forcement les moyens de se connecter étant donné que les coûts dans la plupart des pays Africains ne sont pas abordable. Cette question nous emmène à réfléchir sur l'accessibilité aux TIC par les populations(B) * 96 GABAS(j) (j), « société numérique et développement en Afrique », Ed Karthala, Paris 2004, page 27 * 97 Pouly(J), « réduire la fracture numérique », revue problèmes économique, numéro 2945, 9 avril 2008, p 41. * 98 GABAS(j)(j), société numérique et développement en Afrique, Ed Karthala, Paris 2004,page 29 |
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