3-2- Processus de l'érosion pluviale et ses
impacts sur le sol
3-2-1- Processus de l'érosion pluviale
L'érosion pluviale est due à l'action
combinée des précipitations et de la topographie (Agossou et
Odoulami, op.cit.). Selon le Bissonnais et al (op.cit.),
l'érosion des sols se développe lorsque les eaux de pluie, ne
pouvant pas s'infiltrer dans le sol, ruissellent sur la parcelle en emportant
les particules de terre. En effet, pendant les précipitations, une
partie de l'eau arrivant au sol s'infiltre immédiatement et l'autre
partie reste quelques instants en surface. Cette dernière forme un film
d'eau qui disparaît au bout de quelques minutes par écoulement ou
par évaporation.
Si la quantité d'eau arrivant au sol est
supérieure à la capacité d'absorption de la terre, le
surplus de l'eau forme un film continu à la surface de la portion
mouillée et s'écoule en utilisant la moindre pente. Lors du
ruissellement, l'eau se charge de matières limoneuses, puis arrache
certaines particules solides. Sur une surface en pente mais plane, le
ruissellement se fait en nappe. C'est après une longue période
que l'on peut observer les effets d'une telle érosion ; la terre
présente un aspect rugueux car les éléments fins ont
été emportés. Au fur et à mesure que la pluie
augmente, elle frappe le sol. Ainsi chaque lieu de contact provoque une
dégradation mécanique du sol (Kèkè, op.cit.).
Ce processus d'érosion est soutenu par l'emprise de
l'homme sur le sol. En effet, dans la ville de Pobè, sous l'impulsion de
la forte poussée démographique et en l'absence d'un plan de
lotissement et d'aménagement, l'espace est mal occupé et mal
géré. Les populations occupent les exutoires naturels des eaux de
ruissellement, remplissent les caniveaux de tas d'ordures empêchant
automatiquement l'écoulement normal des eaux. Aussi elles modifient les
circuits principaux de l'écoulement des eaux de ruissellement. Celles-ci
dévient
vers les zones habitées et provoquent l'intensification
des processus érosifs en décapant progressivement les fondations,
en sapant les voies.
3-2-2- Impacts sur le milieu physique
3-2-2-1- Répartition du
phénomène
L'érosion pluviale est un phénomène dont
les impacts sur la ville de Pobè sont nombreux et sont différents
d'un secteur à un autre. Ainsi on pouvons distinguer les secteurs
fortement érodés, les secteurs moyennement érodés
et les secteurs faiblement érodés. La figure 11 présente
le degré de risque d'érosion dans les quartiers de la ville de
Pobè.
Figure 11: Carte des risques dans la ville de
Pobè
A travers cette figure on constate tous les quartiers sont
affectés par l'érosion. Mais les risques varient d'un secteur
à un autre. Ainsi, les quartiers qui appartiennent au secteur à
forte pente présentent des risques élevés. Ils sont
caractérisés par l'existence de plusieurs ravines, ravins ;
infrastructures déchaussées etc. Ceux des secteurs à
moyenne et faible pente ont aussi les mêmes caractéristiques mais
à des degrés respectivement moyens et faible. Cependant,
l'attention des usagers de ces différents secteurs est de mise vu
l'ampleur que prend le phénomène.
> Secteurs fortement érodés
Les secteurs fortement érodés sont ceux qui
correspondent aux quartiers Pobènord, Adjégounlè,
Igboiché, Issalè-affin I, Issalè-affin II et
Oké-ola. La puissance de l'érosion dans ces secteurs est due
à l'action conjuguée des facteurs naturels et anthropiques. En
effet, situés en aval des versants et ayant des pentes très
prononcées, ces secteurs sont la cible d'un ruissellement abondant. Ceci
résulte aussi de la forte densité de l'occupation de l'espace et
de l'accumulation des eaux provenant des zones situées en amont. Dans
ces secteurs les rues sont complètement dégradées,
l'érosion y a creusé de profondes ravines, les maisons sont
déchaussées et se détachent par endroit.
Photo 3: une case qui se détache
Photo 4: Déchaussement de la clôture
à Oké-ola d'une maison dans le quartier
Pobè-nord
Clichés : DANSOU Brice, Juin
2011
Ces photos sont des exemples d'impacts de l'érosion
dans la ville de Pobè en particulier dans le secteur fortement
érodé. Non seulement les maisons se détachent mais elles
s'écroulent par endroit.
Photo 5 : Façade d'une maison
dégradée par l'érosion pluviale à
Igboîché Cliché : DANSOU Brice,
Juin 2011
En dehors des secteurs fortement érodés, on
retrouve aussi à Pobè des secteurs moyennement
érodés et des secteurs faiblement érodés.
> Secteurs moyennement
érodés
Ils couvrent les quartiers ci-après: Adjissou, Akouho
et Oké ata. Ces secteurs sont marqués par une pression humaine
moins forte, de petites rigoles par endroit et des déchaussements
atténués des maisons et infrastructures. Aussi, pouvons-nous
noter l'existence de pentes divergentes plus ou moins douces.
> Secteurs faiblement érodés
Ils couvrent les quartiers Illoussa, Idogan et
Mamangué. Ici, les manifestations de l'érosion se trouvent
ralenties par la présence du couvert végétal et par la
douceur des pentes. Cependant, l'accroissement de la population et l'expansion
de nouvelles constructions vers ces secteurs sont de potentiels facteurs
susceptibles de les dégrader.
Nos enquêtes sur le terrain nous ont permis d'identifier
dans chaque secteur le nombre de ravine, de rigole et d'incision (tableau
III).
Tableau III : Impacts suivant les secteurs
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Ravine profondeur moyenne (30 cm- 1 m)
|
Rigole
|
Incision
|
Secteur 1 :
faiblement érodé
|
10
|
21
|
30
|
Secteur 2 :
moyennement érodé
|
19
|
34
|
89
|
Secteur 3 :
fortement érodé
|
30
|
46
|
100
|
Total
|
59
|
101
|
219
|
Source : DANSOU Brice,
résultats d'enquête, Juin 2011
A travers les résultats du tableau II nous pouvons
constater que le site est fortement dégradé par l'érosion
car la ville de Pobè compte 59 ravines et 219 incisions.
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