1.4. La problématique de la recherche.
La République Centrafricaine est un pays pauvre dont
l'économie est basée sur l'exportation des matières
premières (coton, café, bois, diamants, etc.). Selon le DSRP,
l'agriculture représente 56,6% du PIB et emploie près de 80% de
la population active.30 Parmi les cultures de rentes du pays
destinées à l'exportation, le coton figure en bonne place. En
effet, cette culture qui se pratique uniquement en zone de savane est
exploitée dans les préfectures de : l'Ouham,
l'Ouham-Péndé, la Nana-Gribizi, la Ouaka et une partie de la
Basse-Kotto. Ces préfectures qui exploitent le coton concentrent un fort
taux de densité de la population du pays. Pour les habitants de ces
régions, cette culture constitue une source de revenu non
négligeable.
Botaniquement, le cotonnier en latin, Gossypium, appartient
à la famille des malvacées, dont sa fleur à l'aspect
caractéristique. Dans cette famille des malvacées, le cotonnier a
pour cousin géant l'arbre à Kapok qui, lui aussi produit une
fibre duveteuse, mais d'un usage limité. Pour sa production, le
cotonnier a besoin de sols de bonnes qualités. Pourvue d'une longue
racine dont la longueur dépasse parfois le double ou le triple de la
hauteur de la plante, il lui faut une terre profonde et perméable. Ce
qui justifie la culture attelée dans ces zones cotonnières.
Craignant l'humidité stagnante qui favorise les
maladies, des moisissures et le pullulement des insectes ravageurs, il lui faut
une terre bien drainée. Développant en quelques mois une
végétation arbustive relativement importante, il lui faut une
terre fertile. La culture du cotonnier est parmi les plus épuisantes
pour les sols et pour les paysans du fait de son entretien continu. Pour toutes
ces raisons, les terres d'élections du cotonnier sont des terres riches
et particulièrement les terres alluvionnaires. Il réussit
néanmoins dans des terres moins généreuses mais exige
alors, si l'on veut obtenir des rendements satisfaisants, un apport
appréciable d'engrais organiques et chimiques.
30 RCA: MINISTERE DU PLAN ET DE LA COOPERATION
INTERNATIONALE, Document de Stratégies de Réduction
de la Pauvreté 2008-2010, P. 1
Le cycle de développement du cotonnier varie de cinq
(5) à sept (7) mois, la levée de semis se situe du sixième
au trentième jour, les premières fleurs entre cinquante et
soixante et dix jours et le stade reproductif au-delà. Du fait de ce
cycle, les exigences climatiques du cotonnier sont nettement plus
précises que celles relatives au sol. Ne supportant pas la
température inférieure à
+5°c, la culture du coton ne peut se situer
que dans les climats assurant une température supérieure à
sept (7) mois durant.
Par ailleurs, le cotonnier a besoin d'humidité,
d'oxygène et les températures optimales se situent entre 11 et
25°c pour le barbandense et 15 à 35°c
pour l'hirsutum. Des chaleurs excessives (au-delà de 37°
à 38°c) et des sécheresses prolongées
risqueraient de lui être fatal de même qu'une humidité
permanente (l'optimum étant l'existence d'une humidité
satisfaisante à la récolte).31
De ces différentes données, on déduit
aisément que la culture du cotonnier épuise notablement les sols,
car elle ne peut que rarement être poursuivie plusieurs années sur
les mêmes terres. C'est pourquoi les cotonculteurs font très
souvent recourt aux techniques de l'assolement, plus ou moins régulier,
mais plus fréquemment à l'assolement triennal comportant, outre
le coton, une année de légumineuses et une année de
céréale.
En parlant des ennemies de cette plante, disons que le
cotonnier comme tous végétaux, doit se défendre et
être défendu contre de nombreux dangers et ravageurs : maladies et
ravageurs. Les maladies ont souvent pour origine des bactéries, des
champignons, des virus et des mycoplasmes qui s'attaquent à une partie
ou une autre de la plante. Les maladies peuvent se manifester tout au long du
cycle du cotonnier. Durant la germination, elles peuvent provoquer la fonte des
semis ou des maladies des plantules.
En effet, on dénombre à l'heure actuelle, plus
de 1326 espèces d'insectes vivant aux dépens du cotonnier. Parmi
les principaux ravageurs du cotonnier, on distingue généralement
trois classes: les acariens, les diplopodes et la classe des insectes ou les
ravageurs.32 La protection des cultures remonte aux temps les plus
anciens. Parmi les
31 (D) CHAIGNE : Le coton et l'industrie
cotonnière~~, Collection ~~Que
Sais-Je~~, PUF, Paris, 1996, P.13
32 Ibid., P.17
procédées variées de lutte, on distingue
: les moyens agronomiques, génétiques, biologiques et
chimiques.
En République Centrafricaine où la culture du
coton a été introduite depuis l'époque coloniale, seule la
lutte chimique aux conséquences souvent perverses, est utilisée
comme l'unique moyen de protection efficace. En effet, huit mille tonnes (8000)
tonnes de pesticides sont importées chaque année pour la
protection de différentes cultures dont le coton.33 Une bonne
protection en vue d'un meilleur rendement, exige cinq (5) traitements au moins.
Si ces produits phytosanitaires d'une part présentent un avantage de
protéger le cotonnier, mais d'autre part, ils représentent un
danger potentiel pour leurs manipulateurs, la faune, la flore et
l'environnement.
Les pesticides sont faits pour détruire les
indésirables, mais ils atteignent aussi les espèces non
visées dont l'Homme également. Lors de l'épandage, seuls 1
à 2% des quantités d'insecticides et 5% des herbicides
dispersés atteignent leurs cibles biologiques. Les 95 à 99%
restants vont se déposer dans les sols, se disperser dans l'air, les
eaux superficielles et profondes, se fixer dans les aliments et les organismes
non-visés spécifiquement tels que l'Homme, et les animaux.
Ainsi les insecticides comme le DDT, liposolubles, non
biodégradables vont subir une bioamplification conduisant à des
concentrations multipliées par des facteurs de plusieurs millions au
sommet de ces chaînes alimentaires pour des durées de plusieurs
dizaines d'année.34
Par action indirecte, l'Homme se contamine à travers
certains aliments consommés. En effet, certains produits animaux ou
végétaux consommés sont bien connus de contenir des
résidus des pesticides: bSufs, oranges, tomates, raisins, laitues,
pommes de terre. Fort de ces démonstrations, nous comprenons par
là qu'aucun individu n'est à l'abri des dangers que
représentent les produits phytosanitaires pour la santé
humaine.
Dans la zone cotonnière de la RCA en
général et en particulier à Bossangoa, force est de
constater que certaines pratiques à risque liées aux pesticides
agricoles
33 Entretien accordé au responsable de la
cellule coton, le 15 Décembre 2010, 11H30
34 (C) CHASSARD-BOUCHAUD :
~~L'écotoxicologie~~,
Collection ~~Que Sais-Je~~, PUF, Paris, 1995, PP.74-75
observées par certains cotonculteurs aux
conséquences souvent néfastes, sont exercées sous l'effet
de l'ignorance ou des mépris des dangers liés à ces
pesticides ou encore sous le poids de la tradition.
Ainsi, fort de ce qui précède, quelques
interrogations méritent d'être soulevées : v' Comment les
produits phytosanitaires sont-ils représentés par les
cotonculteurs de Bossangoa ?
Cette question principale ainsi soulevée, fait appel aux
questions subsidiaires suivantes :
v' Quelles sont les pratiques que les cotonculteurs de Bossangoa
font des pesticides agricoles ?
v' Ces pratiques respectent-elles les procédures et les
normes en vigueur ?
v' Quels sont les impacts socioéconomiques des pratiques
dans la localité de Bossangoa ?
v' Quelles sont les mesures à prendre pour réduire
l'ampleur des pratiques non conformes aux normes dans la localité de
Bossangoa ?
Ces questions ainsi posées, nous conduisent à
déterminer les objectifs liés à cette étude.
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