1.3. La revue de la littérature.
Tout travail de recherche s'appui généralement
sur des ressources documentaires. A cet effet, nous avons recensé un
certain nombre d'ouvrages susceptibles de fournir des informations en rapport
avec l'étude que nous avons entreprise. Pour une exigence de
rédaction, nous avons organisé cette revue de littérature
autour de quatre (4) thématiques.
1.3.1. Thématique relative à l'origine et au
développement de la culture du coton.
Dans cette rubrique, nous avons retenus les ouvrages suivants
:
ü Le coton et l'industrie cotonnière,
ü Mémoire d'agronomie,
ü Maladies et ravageurs du cotonnier.
Le premier ouvrage s'intitule : Le coton et
l'industrie cotonnière~~ écrit par
Daniel CHAIGNE. Dans cet ouvrage, l'auteur aborde le coton comme culture de
rente, matière première beaucoup sollicitée dans
l'industrie textile.
En parlant des origines de la culture du coton, l'auteur
affirme que : « la culture du coton et son usage pour des
tissus d'habillement remonte à des millénaires. Des
découvertes ont permis de constater cet usage au Mexique en 5800 avant
JC, au Pakistan et en Chine vers l'an 3000 avant JC. Son apparition en Europe
remonte, après l'an 1000 aux invasions. Mais son rôle ne devient
important qu'à partir du XVIIIème siècle et notamment en
raison de son développement en Amérique et de son
industrialisation.»13
Le cotonnier de son nom botanique « gossypium
», a deux variétés courantes : le
gossypium hirsutum et le gossypium
barbadense. Quant à la résistance de cette plante,
l'auteur admet que le cotonnier est une plante fragile qui a beaucoup
d'ennemies nuisibles. D'après lui en effet, « on
énumère plus de 1326 espèces vivants aux dépens du
cotonnier.»14
13 (D) CHAIGNE: Le coton et l'industrie
cotonnière~~, QSJ, PUF, Paris, 1996, P.3
14 (C) CHASSARD-BOUCHAUD, Op cit, p.15
Ainsi, les principaux ravageurs de cette plante sont
généralement classés en trois catégories:
v' Les acariens (classe des arachnides) qui attaquent les
feuilles et perturbent les fonctions chlorophylliennes de la plante ;
v' Les Diplopodes (« mille-pattes ») qui
détruisent les semences en terre ;
v' La classe des insectes ou ravageurs appartenant à
plusieurs ordre tels que les Thysanoptères, les Homoptères, les
Hémiptères, les coléoptères.
Pour la protection de cette plante fragile, l'auteur propose des
séries de procédés de luttes à savoir :
v' Les moyens agronomiques tels que la rotation des sols et la
destruction des plantes ;
v' Les moyens génétiques qui permettent d'obtenir
des variétés des plantes plus résistantes à
l'agression définie ;
v' Les moyens biologiques dont le but est de créer des
parasites vivant aux dépens des ravageurs ;
v' Les moyens chimiques notamment l'utilisation des pesticides,
des insecticides et des fongicides.
Si cet ouvrage nous a permis d'apprendre un peu plus sur
l'origine du cotonnier, de sa culture et de ses principaux ravageurs,
cependant, l'auteur reste silencieux sur les effets nocifs des produits
phytosanitaires l'une des options de protection de ces plantes dont ce dernier
envisage beaucoup. L'ouvrage-ci nous a retracé l'historique de la
culture du cotonnier dans le monde mais pas celle de notre pays. C'est
justement l'objet du prochain ouvrage.
Le second document est un Mémoire d'agronomie
écrit par le jeune chercheur français Erich CIBIEN qui s'intitule
: « étude agro-économique des comportements des
producteurs de la région de Bossangoa, Préfecture de L'Ouham,
RCA. » Ce mémoire qui aborde à la fois les
aspects traditionnels, culturels et pratiques culturales de la région de
l'Ouham, et notamment celle de Bossangoa, retrace de même, l'historique
de la culture du coton dans le pays. Selon ce jeune chercheur français,
l'histoire ou l'origine de la culture du coton en RCA est étroitement
liée à la colonisation. Pour une
bonne compréhension, nous avons choisi respecter la
démarche de notre prédécesseur qui a subdivisé
l'historique de cette culture en de différentes périodes.
a) La période du « cotonnialisme »
:1925/1926 - 1945/1946
La culture du coton industrielle fut introduite en 1925 dans
la région de Bangassou, à l'initiative de Félix EBOUE,
alors chef de circonscription de M'BOMOU. Ainsi, quatre sociétés
étrangères, principalement Belges et Hollandaises se
constituèrent de repartir le territoire. COTONFRAN,
COTOUBANGUI, COMOUNA et notamment
COTONAF qui occupaient la plus grande portion du pays, la
région de Bossangoa y compris.15
En contre partie de l'exclusivité d'achat du coton dans
leur zone, ces sociétés acceptaient de fixer un prix
planché aux planteurs, d'acheter des cotons produits et de construire un
certains nombres d'usines d'égrainage. Pour soutenir la production du
coton, les gardes de l'administration coloniale chargés de surveiller
les cultures collectives, recourraient à la méthode de chicotte
et aux regroupements des planteurs le long des pistes. Cette pratique
couplée au portage qui s'est généralisé au
début des années 1930 a été des causes de
nombreuses protestations noires, de soulèvement des populations
autochtones.
C'est ainsi que de 1928 à 1931, éclata la guerre
de « KONGO-WARA » (guerre des manches des
houes), dirigée par le grand chef Gbaya
KARINOU, dans tout l'ouest du pays. Face à cet
échec, les cultures collectives laissent progressivement la place aux
cultures individuelles, introduites en 1931/1932 et
généralisée en 1936/1937. Chaque paysan doit cultiver une
parcelle de taille standard (la corde de 30 mètre à l'origine) et
la culture doit se faire en «bloc» c'est-à-dire des parcelles
contigües (20 à 30 parcelles), pour en faciliter la surveillance
par les gardes, remplacés à partir de 1938 par les
«BOYS COTON ». Alors qu'en est-il de
l'époque suivante ?
15 (E) Cibien : Etude
agro-économique des comportements des producteurs de la région de
Bossangoa, Préfecture de l'Ouham, République
Centrafricaine, Mémoire d'Agronomie, Ecole Nationale
Supérieure Agronomique de Montpellier, 1994-1995, P.15
b) La période de l'après-guerre à
l'indépendance.
Bien que la loi Houphouët-Boigny d'avril 1946 abolisse
les travaux forcés dans les nouveaux territoires d'Outre-mer, la culture
du coton conservera encore son caractère plus ou moins obligatoire.
Cette culture est jugée trop faiblement rémunératrice par
comparaison au travail fourni et l'on ne fait du coton que pour s'acquitter de
l'impôt. Pourtant c'est au cours de cette période
qu'apparaît le souci de moderniser cette culture. En effet, l'I.R.C.T.
s'installe en Oubangui-Chari avec création des stations de recherche de
Soungbé (1946) et à Bambari (1947).
Enfin, à partir de 1953/54, on essaie de diffuser des
thèmes nouveaux (protection phytosanitaire, fumure minérale,
culture attelée). Par ailleurs, l'encadrement technique demeurait
largement autoritaire puisque les « boys coton » au rôle
surtout répressif et de formation technique limitée, se
contentant du piquetage des plantations et de la propagande en
répétant les mots d'ordre « la bouche du commandant»
ceci lors des semis et des sarclages. Ces techniques continueront à
servir jusqu'en 1959. Qu'en est-il de la période de
l'indépendance?
c) De l'indépendance à la fin de
l'U.C.C.A. (1981-1982).
L'Union Cotonnière Centrafricaine est
créée en 1964 avec la participation majoritaire du secteur public
(Etat) et minoritaire des sociétés privées
(COTONAF, COTOUBANGUI,
COTOUNA). Cette époque a été
marquée par la suppression de l'impôt pour les femmes (1961). Avec
la possibilité d'une culture individuelle, les paysans
préféraient faire des parcelles dispersées pour ainsi,
éviter tout contrôle des «boys cotons ».
Pour redynamiser le secteur cotonnier après la
période de crise de 1950 (découverte de fibres
synthétiques qui a fait chuter le prix du coton), un Bureau pour le
développement de la production agricole (BDPA) a été mise
en place. Cette structure avait pour mission:
ü L'encadrement rapproché des paysans ;
ü L'introduction de la culture attelée ;
ü La constitution de GIR pour assurer la commercialisation
des produits vivriers.
Pour réguler et soutenir le prix du coton, ainsi que
pour financer des programmes d'intensification, une caisse de stabilisation a
été créée. Intervenant dans le cadre des O.R.D.
(Offices Régionaux de Développement), le Bureau de
développement de la Production Agricole dans l'Ouham et la C.F.D.T.dans
l'Ouham-Péndé et la Kémo, ont permis de réels
progrès en matière d'intensification.
Hélas! En 1970, le Président
Jean-Bedel BOKASSA a
décidé une « reforme agraire » qui n'en est pas une,
puisque dans les faits, il s'agissait, outre de prier tous les
coopérants de quitter le pays du jour au lendemain, de regrouper les
villages en de plus grands agglomérations et d'assurer un encadrement
militaire des producteurs. Les structures d'intervention sont dissoutes et la
production tout comme les rendements diminuent. Avec la nationalisation de
l'U.C.C.A., la commercialisation du coton et l'approvisionnement en intrant
sont désorganisés.
d) De la SOCADA à la SOCOCA : 1981/1982 à
1991/1992.
La société centrafricaine de
développement agricole, SOCADA, est une société
d'économie mixte (75% du capital détenu par l'Etat et 25% par le
CFDT). En plus des activités purement commerciales et industrielles de
l'ancienne UCCA, la SOCADA se voit confié un rôle de
développement agricole dans la zone d'intervention.
Cette nouvelle société qui a redonné
confiance aux planteurs a stimulé ceux-ci à augmenter leur
production du coton en 1985/86 et 1990/91 ont fait accuser d'énormes
déficits financiers (5milliards F CFA en 1986 et 2,5 milliards en 1987)
à ladite société qui due s'éclater sous la pression
de la Banque Mondiale.
En effet, dans un programme d'ajustement structurel, la Banque
Mondiale et l'Etat centrafricain ont procédé au
démantèlement de la SOCADA en trois entités :
ü Une entité strictement industrielle et commerciale
la SOCOCA ;
ü Une agence chargée du développement rural,
l'ACDA ;
ü Un institut centrafricain de recherche agronomique,
ICRA.
En conclusion, disons que le coton en Centrafrique
possède une longue et lourde histoire. C'est d'ailleurs dans ce contexte
qu'ont écrit les auteurs d'un Rapport sur cette culture en RCA en ces
termes : « rarement, l'histoire d'un pays s'est autant
identifié avec l'histoire d'une culture que la République
centrafricaine ne l'a fait avec le coton sur une période de près
de soixante années. »16
Le troisième document est celui de Jean
CAUQUIL. Il s'intitule : «Maladies et ravageurs du
cotonnier en Afrique au sud du Sahara »17. Ce
document admet que le cotonnier est une plante fragile qui a beaucoup
d'ennemies nuisibles. Parmi ces ennemies énumérées,
ceux-ci sont classés en trois catégories dont les insectes, les
myriapodes et les arachnides. D'après le document-ci, chaque
catégorie d'ennemie du cotonnier a une action spécifique lors du
processus de développement de la plante.
Ainsi, pendant que les semences sont mises en terre, les
myriapodes s'attaquent à cette partie de la plantule. Ces ravageurs
détruisent les semences avant la levée de la graine au niveau du
hile. Ces liaisons peuvent donner lieu au développement de
microorganismes et entrainer la mort de la plante.
ü Lors de la phase végétative, les
ravageurs suivants entrent en cène : les piqueurs-suceurs, les
phallophages, les Acariens, les maladies foliaires, les maladies vasculaires et
les pourritures du collet.
ü Pendant la phase reproductrice, les ravageurs suivants
s'attaquent à la plante : les chenilles des boutons floraux, les
hémiptères et les pourritures des capsules comme les punaises et
autres insectes.
De même qu'il y a une multitude d'ennemies du cotonnier,
de même il existe différentes méthodes de lutte pour une
meilleure protection de ladite plante afin d'en augmenter le rendement à
l'hectare. Parmi ces moyens de lutte, l'auteur préconise la lutte
chimique qui, selon lui demeure le plus efficace. De ce fait, quelle est la
perception de la lutte phytosanitaire des manipulateurs de ces produits
chimiques ? C'est de la prochaine thématique.
16 (J-L) BOUTILLER et all : Evaluation de
la recherche sur le coton en RCA, 1984, P. 15
17 (J) CAUQUIL : Maladies et ravageurs du
cotonnier en Afrique au Sud du Sahara, CIRAD, Montpellier, 1993,
P.5
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