4.1. La phénologie de Millettia laurentii est
liée à la saisonnalité des pluies
La phénologie foliaire et florale de Millettia
laurentii coïncide fortement avec la saisonnalité des
précipitations.
A Bolobo, la défeuillaison est maximale en Janvier,
lors de la petite saison sèche, mais aussi en septembre vers la fin de
la grande saison sèche. Par contre à Kinshasa, le pic se situe en
Septembre, vers la fin de la grande saison sèche. Ces résultats
corroborent ceux de plusieurs auteurs dont Withmore (1975) et Kouadio (2008),
qui stipulent que pour un grand nombre d'espèces tropicales la chute des
feuilles coïncide avec la saison sèche, car pendant ce temps, les
arbres sont confrontés à un stress hydrique foliaire et
racinaire, la photosynthèse est affectée, les feuilles jaunissent
puis tombent. L'impact du régime pluviométrique dans les deux
sites s'observent également dans la proportion totale des individus
ayant défeuillé durant les 12 mois d'observation. En effet, le
site de Bolobo, plus arrosé que celui de Kinshasa, présente
près de 55 % de tiges défeuillées ; alors que celui de
Kinshasa, plus sec en présente environ 78 %. Cela laisse entrevoir que
Millettia laurentii présente un comportement
semi-décidue si elle se trouve dans son aire naturelle de Bolobo, et
décidue si elle est dans un climat sec que d'habitude comme à
Kinshasa. Donc, les différences observées entre ces deux sites
résultent des conditions environnementales de chaque site. Sur le plan
individuel, les individus suivis ne défeuillent pas
nécessairement au même moment, la chute des feuilles n'est pas
simultanée pour toutes les tiges, elle se déroule parfois de
façon alternative d'un individu à l'autre ou d'une branche
à l'autre sur le mrme pied ; en plus, certains individus ne sont pas
soumis à une défeuillaison. Cela peut être lié
jà l'organisation physiologique et à la génétique
propre à chaque individu.
Quant à l'apparition de feuilles (débourrement),
les pics s'observent au début des deux saisons des pluies (en
février et octobre) pour le site de Bolobo, et lors de la grande saison
de pluies pour le site de Kinshasa. Ces périodes s'apparentent donc
à l'amélioration des conditions climatiques pour le
fonctionnement des arbres.
La floraison de Millettia laurentii s'effectue de
façon synchrone avec l'apparition des nouvelles feuilles, comme chez
d'autres espèces caractéristiques des forts semi-décidues
d'Afrique centrale, à l'instar des Entandrophragma spp
jà M'baïki en Afrique centrale (Medjibe et Hall, 2001). Les
précipitations semblent être le principal facteur stimulant la
floraison chez l'espèce malgré que des floraisons occasionnelles
peuvent néanmoins ftre observés tout au long de l'année.
Ce qui rend le type de floraison difficilement identifiable avec exactitude ;
ce type de floraison varie donc en fonction de l'échelle d'observation
comme suggéré par Newstrom et al. (1994).
A l'échelle du peuplement (sites), la floraison
paraît continue (Hecketsweiler, 1992) pour les deux sites, car les
individus fleurissent en se relayant, on retrouve des floraisons occasionnelles
de faibles amplitudes tout au long de l'année. Le pic de floraison
s'observe en février, lors de la petite saison de pluies sur le site de
Bolobo, et un peu plus tard, en novembre sur le site de Kinshasa. Ce constat
vient en appui de celui de Martineau (1929) cité par Capon (1947), qui a
observé également chez certaines espèces de la RD Congo,
des floraisons au début de la petite et de la grande saison des pluies.
A l'échelle de l'individu, la floraison présente un rythme annuel
(sensu Hecketsweiler, 1992), car la majorité d'individus
fleurissent par groupes mais chaque groupe ne fleurit qu'une seule fois par an
(environ 93 % pour Bolobo et 86 % pour Kinshasa).
La fructification suit directement la floraison, les jeunes
fruits deviennent perceptible à l'~il nu un à deux mois
après la floraison. La proportion d'arbres portant les fruits matures
reste assez faible jà cause d'une importante chute
prématurée des fruits immatures.
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