Conclusion
On a tenté de montrer au cours de ce mémoire, au
travers de l'étude de cas du Centre Pompidou-Metz, dans quelle mesure la
culture peut s'insérer dans une politique globale.
A la différence de notre mémoire sur Nancy, nous
percevons un réel écart entre une politique plus
événementielle à Nancy sans être si
électoraliste que la décision d'implantation d'un nouveau
musée à Metz. On peut avancer que Nancy a fait des expositions
temporaires grace à des collections permanentes, alors qu'à Metz,
on crée un nouvel élément permanent pour accueillir du
temporaire. Nous avons beaucoup moins intégré la dimension
sociale au cours de ce nouveau mémoire. Cependant, on constate que les
enjeux d'attractivité restent similaires pour chacune des deux villes.
Les moyens mis à disposition à Metz sont plus importants. Dans
les deux villes, la culture a un rôle prescrit au sein d'une politique
globale.
Le Centre Pompidou-Metz a vu le jour grace à l'ancien
Maire de la ville de Metz, dont le rôle a été capital au
sein d'une temporalité spécifique, celle de faire un Centre
Georges Pompidou déconcentré, proposé par Jean-Jacques
Aillagon. Il s'agissait en effet de la rencontre de deux ambitions qui ont
trouvé un terrain d'entente, profitable à toutes les deux.
On peut déceler une opportunité politique dans
la mesure où celle-ci s'annonçait électoraliste.
Cependant, cette décision s'insérait dans une logique des
idées cohérente et mûrement réfléchie. A
Metz, grâce à une architecture porte-drapeau, on impulse une
régénération urbaine et urbanistique intéressante
dans la mesure où à long terme, elle permettra la création
de nouveaux emplois. Un consensus politique s'est opéré dans
l'intérêt commun, outrepassant les partis.
Outre l'opportunité politique et urbanistique, le
Centre Pompidou-Metz annonce une évolution en matière de
politique culturelle pour la ville de Metz. Il contribue à apporter de
nouveaux éléments dans son orbite en engendrant la
création de nouvelles structures artistiques et créatives. Une
cohésion s'effectue au sein de la région et de
l'euro-région qui
se trouve désormais mieux irriguée en
matière d'art contemporain, ce qu'Alain Seban souhaitait :
« (...). Et puis, naturellement, l'implantation
à Metz nous permet de nous positionner idéalement au coeur d'un
arc nord-est européen ouvert sur le Benelux, l'Allemagne, la Suisse, des
pays très dynamiques sur le plan de l'art contemporain.
»253
D'un point de vue culturel national, on peut trouver le pari
moins ambitieux dès lors qu'on s'installe dans une région
où le potentiel est déjà existant. Culturellement, le
Centre Pompidou-Metz constitue un plus, au milieu de ses «
confrères » luxembourgeois et allemands. Cependant, il n'arrive pas
au milieu d'un désert culturel. Le territoire n'est pas enclavé
non plus : l'arrivée du TGV-Est sert le Centre Pompidou-Metz, tout
autant que l'autoroute, enfin Metz reste tout de même au coeur d'une
région transfrontalière, qui permettait de savoir que le «
pari » du Centre Pompidou-Metz pouvait fonctionner, même s'il
n'était pas visité par les autochtones. Ainsi, on peut
s'inquiéter d'une volonté expansive de l'Etat dans ce genre
d'opérations visibles, parce que médiatisées, en lui
reprochant de ne pas suffisamment se préoccuper de l'existant et de sa
rénovation avant que d'entamer de nouveaux chantiers. Ce que reprochait
Sophie Flouquet lors de l'ouverture du Centre Pompidou-Metz :
«Pendant ce temps, d'autres sites, situés
à l'écart des flux touristiques ou dotés de collections
plus pointues, attendent une rénovation qui ne vient pas, au risque
d'une menace pour leur existence... Ainsi se dessine le paysage muséal,
fondé sur une dichotomie entre établissements spectaculaires et
musées perpétuant une tradition que d'aucuns jugeraient
obsolète. »254
Si une nouvelle forme de musée se réalise, le
Centre Pompidou-Metz n'apporte pas une réponse toute-faite à la
différence entre exposition temporaire et exposition permanente,
puisqu'il réitère le modèle de rotation des collections de
son frère parisien, dans une durée plus courte cependant. Le
Centre Pompidou-Metz pose d'une certaine façon la question de
253 Alain Seban, Avant-propos, Centre Pompidou-
Metz, l'architecture du musée- Chefs d'oeuvre du XXe siècle,
p.5.
254 COSTE Christine, FLOUQUET Sophie, « La
nouvelle vague des musées, p.25.
l'inaliénabilité des collections, de la
conservation et des réserves en se demandant comment tout exposer.
Même si le Centre Pompidou-Metz n'est pas un
musée au sens législatif (il n'a pas de collection), il se pose
beaucoup de questions similaires à celles des musées. Mais si les
conservateurs savent s'appliquer dans les années à venir, le
Centre Pompidou-Metz ne restera pas une coquille vide.
Grâce à plusieurs médias, le Centre
Pompidou-Metz a connu une fréquentation importante pour l'histoire des
musées de province. Celle-ci est pour l'instant bénéfique
à l'institution autant qu'à la ville qui l'accueille. Le Centre
Pompidou-Metz permet à ses habitants de bénéficier d'un
nouvel emblème qui leur redonne une image positive.
Enfin, nous nous inscrivons dans ce travail, dans un temps
d'étude et de recul, assez court, il reste, dans les années
à venir, à se reposer quelques questions que nous nous sommes
posés. Comment va s'achever l'urbanisation environnante du Centre
Pompidou-Metz ? L'effet d'annonce passé, la qualité des
expositions restera t'elle semblable ? Comment va évoluer la
fréquentation du site et de la ville ? Restera-t-on attaché
à offrir aux visiteurs la connaissance et le plaisir ? Metz continuera
t'elle à faire parler d'elle ?
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