Conclusion
Nous avons vu que la politique de lecture dans une
bibliothèque se distingue entre la politique d'acquisition et le projet
d'établissement. Elle se construit dans cette perspective entre espace
concret, physique (livres, fonds spécialisés) et échange,
accueil, contact entre les individus. Aller à la
médiathèque pour les personnes âgées peut être
une habitude mais aussi une manière d'être présent dans la
vie active, avec les autres. C'est un mode de participation alors que se perd
le sentiment illusoire, d'avoir un quelconque prise sur les
évènements, sentiments que donne la participation à une
activité « productive », même au niveau le plus modeste.
Mais ce n'est pas seulement le travail qui échappe, c'est aussi le
temps, avec la conscience du vieillissement et pour les plus âgés,
de la proximité de la mort.
N'oublions pas que toutes les politiques de lecture
misent en place pour les personnes âgées peuvent être
intéressantes pour d'autres publics: les livres en gros
caractères seront très utiles aux malvoyants et aux apprentis
lecteurs, les livres audio et e-books s'adressent à tous les usagers,
les animations pour personnes âgées sont en fait le plus souvent
des animations ouvertes au public adulte en général, trop souvent
oublié de ce type d'actions, et les aménagements (comme des
chaises plus hautes) sont utilisés par tous, même ceux qui
n'étaient absolument pas visés au départ. De plus, comme
le public jeune, le public des seniors est en constant renouvellement, et les
seniors de demain ne seront pas les mêmes qu'aujourd'hui, ce qui implique
la nécessité d'une adaptation à ces
générations dont la vieillesse est plus dynamique, et pour
lesquelles les changements physiques interviendront plus tard. Grâce
à l'allongement de la vie, vieillir est devenu une chance. La
problématique des personnes âgées dans une
bibliothèque recoupe donc celle d'autres publics, y compris celui des
seniors en devenir, et présente donc un intérêt certain.
Satisfaire les besoins spécifiques de ce public peut conduire à
satisfaire des besoins plus larges, comme ceux liés aux problèmes
de visions, ou à l'apparition de nouvelles technologies.
Comme le dit Bruno Maresca dans son article sur la
fréquentation des bibliothèques pour le Bulletin des
Bibliothèques de France, "la génération vieillissante du
baby-boom a développé un intérêt pour les
bibliothèques bien supérieur à celui des
générations antérieures. On peut raisonnablement
s'attendre à ce que la présence des générations
accédant à la retraite s'accroisse notablement dans les
bibliothèques municipales, contribuant ainsi au vieillissement du
public." Cette affirmation place donc le public des personnes
âgées comme un public primordial pour les bibliothèques
d'aujourd'hui.
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