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La gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la commune de Navaka en République Centrafricaine

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par Alain Guy Ghislain GOTHARD
ESD Bangui -  2012
  

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I.1.2. Tueries de bétail

En RCA, les éleveurs ont évoqué les tueries de bétail. Les paysans locaux prennent des armes de fabrication locale, se cachent dans les zones de pâturages et abattent les boeufs qu'ils dépècent sur place. La viande ainsi obtenue est destinée à la consommation personnelle, ou acheminée soit chez les bouchers locaux, soit chez les femmes commerçantes `wali gara' pour être écoulée. Cette pratique serait apparue vers la fin des années 1980. Auparavant, il s'agissait des cas de tueries isolés perpétrés par des chasseurs ou des paysans des villages avoisinants. Aujourd'hui le phénomène s'est accru considérablement et semble être le fait parfois de réseaux bien organisés dans lesquels on retrouve d'un coté le braconnier qui abat le bétail, de l'autre les commerçantes et les bouchers qui collectent ou recèlent les produits et parfois fournissent les munitions pour tuer le bétail, et enfin au milieu des intermédiaires chargés de transmettre les informations sur les points de livraison ou les besoins des clients.

La dégradation des relations date de 1978. Les « autochtones », à en croire les éleveurs, viennent tuer des boeufs et voler des moutons et des chèvres, voire le manioc des champs de case des éleveurs. Selon ces derniers, c'est la jalousie et la pauvreté qui pousse les agriculteurs à commettre ces actes. Par le passé les éleveurs s'approvisionnaient chez les agriculteurs mais maintenant ils cultivent eux-mêmes. Parfois, affirment-ils, certains poussent même l'audace jusqu'à venir au campement des éleveurs réclamer des animaux libérés des pièges. Ces formes d'intimidation font que les éleveurs ne `se sentent plus maîtres de leurs biens'. Ce qui attriste le plus les éleveurs est qu'en même temps les chefs des agriculteurs contestent leur projet de délimitation et d'acquisition d'une zone pastorale, sous le prétexte du non-respect des conditions de transfert de droits traditionnels d'accès à la terre : afin de donner leur accord, les chefs exigent un boeuf en guise de compensation.

Les tueries de bétail peuvent facilement entraîner des rixes sanglantes de vengeance. Il se dessine à travers ces affaires de meurtres, de coups et blessures et de vols entre agriculteurs et éleveurs, un véritable affrontement inter-ethnique. Chez ces derniers, l'absence de réparation des torts a fini par susciter frustrations, crainte et animosité à l'égard de « l'autochtone ». Il arrive parfois qu'un l'éleveur tue sur-le-champ un villageois surpris en train de dépouiller un de ses animaux ; mais ces cas sont rares puisque les éleveurs savent qu'ils sont minoritaires et risquent de provoquer des actes de vengeance.

Il est par contre beaucoup plus fréquent que des éleveurs soient assassinés par des braconniers surpris en flagrant délit.

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