Contribution de l'encyclique "laborem exercens" de Jean-Paul II, au volet "emploi" du document de stratégie de croissance du Cameroun( Télécharger le fichier original )par Richard Maga Université catholique d'Afrique Centrale - Baccalauréat canonique en sciences religieuses 2011 |
1.3. DSCE et problème de l'EmploiLe DSCE a été conçu sur la base des leçons tirées de l'exécution des différents plans de développement socio-économique antérieurs37(*). Il vise à « promouvoir la reprise économique amorcée depuis une décennie et l'asseoir durablement38(*) pour faire du Cameroun un pays émergent39(*), démocratique et uni dans sa diversité40(*) ». Les objectifs globaux du DSCE concernent essentiellement l'accélération de la croissance, la promotion et la création d'emplois décents et la réduction de la pauvreté41(*), résultant de la mise en oeuvre des projets structurants42(*). Ces projets sont principalement localisés dans sept régions43(*) du pays. Pour la confection de cet important document qui engage l'avenir du pays, l'Eglise n'y a pas été spécialement conviée peut-être parce que les décideurs concernés ignorent quelle pourrait être la contribution de l'Eglise à ce sujet. Adopté le 26 août 2009, le DSCE en son chapitre quatre44(*), expose la stratégie de création des emplois. Cette stratégie s'appuie sur les enquêtes menées par les états généraux de l'emploi et les données pertinentes du Bureau International du Travail (BIT). Concrètement, il s'agira, d'une part, de promouvoir les emplois décents, en faisant passer le pourcentage du sous-emploi de 75 % à 50 % de la population active45(*), et d'autre part, de créer plus de 465.000 nouveaux emplois. A l'analyse, la stratégie de création des emplois dans le cadre du DSCE présente des avantages et opportunités certains, mais aussi quelques déficiences. Les avantages et opportunités du DSCE Ø le mécanisme d'élaboration du document : le recours à des équipes pluridisciplinaires, l'association de la société civile, et l'aval apporté par les partenaires au développement, rendent ce document crédible ; Ø la prise en compte des leçons tirées de la mise en oeuvre du DSRP, en ce qui concerne la prédominance de l'emploi dans le secteur informel, et l'utilisation des statistiques fiables relatives au marché du travail46(*) ; Ø la mise en place d'un Comité Technique de Suivi et d'Evaluation (CTSE) des activités de mise en oeuvre du DSCE ; Ø la décentralisation de certaines activités gouvernementales au niveau des régions47(*). Quelques déficiences constatées Ø les jeunes qui sont davantage concernés par le problème de l'emploi, posent celui-ci en des termes qui font ressortir d'autres types de préoccupation. La déclaration48(*) des jeunes énumère explicitement les conséquences néfastes du chômage. Celui-ci, selon cette déclaration peut mettre en péril les fondements de toute la société ; Ø La mise en oeuvre du DSCE, donc la création des emplois, est fortement dépendante des facteurs endogènes handicapants49(*) et des facteurs externes sur lesquels l'état n'a pas de prise. Face à ce qui précède, nous examinerons aux chapitres deux et trois ci-après, quelle peut être la contribution de l'Encyclique Laborem exercens de Jean Paul II. Il ne fait plus aucun doute aujourd'hui que l'intervention de l'Église dans le domaine social et économique est salutaire. A ce propos, le Père Jacques Turk, répondant à une question sur la crise financière, déclarait le 19 juillet 2008 : « Il importe pour nous de nous situer au niveau du sens et de la finalité, là où se rejoignent l'Eglise et la société, le bien commun et l'unicité du genre humain50(*) ». Dans le même registre, Théodore W. Schultz, prix Nobel de l'Economie déclare : « les économistes ont critiqué historiquement les doctrines économiques de l'Eglise. Depuis Viner, on connaît également un essai sur le rôle de la providence dans l'ordre social. Les contradictions entre la pensée religieuse et la pensée économique se sont désormais estompées51(*) ». De plus en plus, les experts qui travaillent sur les problèmes de développement socio-économique de l'Afrique pensent que « l'histoire européenne d'engagement social chrétien doit pouvoir faire réfléchir les chrétiens des pays sous-développées sur leur devoir et action52(*) ». Faisant nôtre les points de vue mentionnés ci-dessus, dans ce qui suit nous envisageons de montrer comment l'Eglise, à travers sa Doctrine Sociale, peut contribuer à la réussite du volet emploi du DSCE. A cette fin, nous examinerons l'Encyclique de Jean-Paul II, Laborem exercens, en mettant en relief certaines idées forces, en rapport avec notre préoccupation. * 37 Il s'agit en particulier des différents plans quinquennaux, antérieurs à 1985, du programme PPTE (Pays Pauvres Très-Endettés), des Plans d'Ajustements Structurels, du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), de l'Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD), etc... * 38 DSCE, p. 50 * 39 Les pays émergents sont des pays dont le niveau de vie des habitants est inférieur à celui des habitants des pays développés, mais qui vivent une croissance rapide, et dont le niveau de vie ainsi que les structures économiques convergent vers ceux des pays développés (http://fr.wikipedia.org/wiki/pays). * 40 DSCE, p. 50. * 41 Cf. Cameroun Tribune, Mercredi, 06 avril 2011, p. 6. * 42 Un projet structurant désigne tout projet de grandes tailles, susceptible de générer d'autres projets de moindre dimension. * 43 Ce sont : Adamaoua, Centre, Est, Littoral, Nord, Nord-Ouest et Sud (in Cameroun Tribune n° 0101-Avril-Mai 2011, consacré au chômage des jeunes). * 44 Op. cit., pp. 84-90. * 45 Cameroun Tribune, du 06 avril 2011, p. 6. * 46 DSCE, p. 84. * 47 République du Cameroun, Loi n° 2004/017, 22 juillet 2004. * 48 Déclaration faite par l'association des jeunes. « Le chômage comme le sous-emploi donne naissance à une maladie nationale qui a pour nom la pauvreté. La pauvreté entraîne un genre de vie que l'on appelle la subsistance et celle-ci, lorsqu'elle donne naissance à l'esprit qui porte son nom, l'esprit de subsistance, elle devient le stimulus pour un ensemble de comportements auto destructeurs dont les plus dangereux pour la survie de l'individu en quête de survie, sont la tendance à consommer ses semences et à s'accaparer de tout, y compris des biens communs, de peur de périr de manque ou de l'insuffisance qu'il créé lui-même inconsciemment. Détruire pour empêcher d'autres personnes de jouir d'un bien qu'il convoite et chercher à s'en accaparer, se substituer à une action initiée par autrui afin d'obtenir le bénéfice même hypothétique, faire obstacle à toute action non organisée autour des bénéfices propres, entraîne ce que le Chef de l'État a appelé l'inertie ». (cf. http://dsrpjeunessecm.afrikblog.com/.) * 49 Dans un document relatif à la première étude sur le marché de l'emploi au Cameroun, Louise Simondet www.Afrik.com, relève les différents facteurs qui handicapent le marché de l'emploi. Dans le même ordre d'idées, Christian Cardinal TUMI, dans un livre récent (Ma Foi : Un Cameroun à remettre à neuf), identifie dans les chapitres trois et quatre une série de maux qui minent le développement du pays. * 50 http://www.penseesociale.catholique.fr/spip. * 51 SCHULTZ W.-T., « il n'est de richesse, que d'hommes », Paris, Coll. Economie Sans Rivage, Ed. Bonnel, 1983, p. 145. * 52 WOLFGANG F., OCKENFELS R., Doctrine Sociale Catholique une piste éthique pour l`Afrique, Cologne, Flamboyant, 2000, p. 56. |
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