Contribution de l'encyclique "laborem exercens" de Jean-Paul II, au volet "emploi" du document de stratégie de croissance du Cameroun( Télécharger le fichier original )par Richard Maga Université catholique d'Afrique Centrale - Baccalauréat canonique en sciences religieuses 2011 |
INTRODUCTIONL'accès à l'emploi est devenu un des défis majeurs auxquels sont confrontés tous les pays du monde. L'actualité1(*) est dominée par des événements qui menacent la paix et la stabilité du monde. A l'origine de ces événements, se trouve le problème de l'emploi, notamment des jeunes. Certes, le travail a toujours été une préoccupation constante de la société humaine2(*), mais la mondialisation des économies, favorisée par les progrès technologiques, les problèmes écologiques consécutifs à une surexploitation des ressources naturelles, contribuent à faire du problème de l'emploi un critère fondamental d'appréciation des politiques nationales. En ce qui concerne le Cameroun, depuis 1960, plusieurs plans de développement socio-économique ont été élaborés. Ces plans connus sous l'appellation plan quinquennal, car ayant une durée de vie de cinq ans, mettaient plus d'accent sur le volet infrastructures. Mais, dès 1988, le Cameroun doit suivre un programme d'ajustement structurel, sous le contrôle du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM). Ce plan comporte néanmoins une dimension sociale pour atténuer les effets néfastes de sa mise en oeuvre. A l'issue de ce plan d'ajustement structurel, les autorités camerounaises ont préparé, suivant une démarche participative, le premier document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), en Avril 2003. « La mise en oeuvre du DSRP, a permis au Gouvernement de maintenir la stabilité du cadre macroéconomique et de soutenir les taux de croissance positifs jusqu'en 2008. Toutefois, le profil général de croissance est resté en retrait du niveau espéré pour résorber substantiellement la pauvreté, et le chômage3(*) ». Face à cette situation, et compte tenu de l'importance de l'emploi dans un environnement en pleine mutation, les autorités camerounaises ont reformulé la vision de développement à long terme dans un document intitulé : « Document de Stratégie de Croissance et de l'Emploi » (DSCE). En ce qui concerne la création des emplois, le DSCE vient compléter une série de mesures préexistantes, visant le même objectif, mais jamais atteint de manière satisfaisante. La question à laquelle le présent mémoire tente d'apporter des éléments de réponse, est de savoir comment l'Encyclique Laborem exercens du Pape Jean-Paul II, peut contribuer à l'optimisation du volet "Emploi" du DSCE ? Cette Encyclique, bien que promulguée il y a environ 30 ans, reste encore actuelle et pertinente en certaines de ses dispositions ; en particulier, trois idées forces de cette Encyclique retiennent notre attention : · La notion "d'Entrepreneur indirect", qui pouvait paraître abstraite à l'époque de la rédaction de l'Encyclique en 1981, devient aujourd'hui une donnée importante à l'élaboration et à la mise en oeuvre de toute stratégie visant à résoudre le problème de chômage. En effet, la mondialisation a eu pour conséquence immédiate, l'accroissement du rôle des multinationales dans l'économie et les finances au niveau des états, collectivement et individuellement. · La nécessité de ne pas fonder le développement économique sur les idéologies dont l'histoire a montré le caractère éphémère et illusoire, eu égard au besoin fondamental de l'homme. Selon l'Encyclique Laborem exercens, le travail est le fondement de toute société humaine digne. Par sa double dimension objective et subjective, le travail a pour sujet la personne humaine. Cette vision du travail interpelle tous les acteurs impliqués dans la recherche de solutions au problème de l'emploi. · La spiritualité du travail fait de celui-ci une participation à l'oeuvre du créateur. L'organisation de la présente étude se déploiera en trois chapitres. Nous examinerons le volet "Emploi" du DSCE, en indiquant son contexte d'élaboration. Nous présenterons ensuite les idées forces de l'Encyclique Laborem exercens, en rapport avec notre problématique, pour enfin analyser dans quelle mesure cette Encyclique peut contribuer à la réussite du volet Emploi du DSCE. Le choix du thème du présent mémoire est antérieur à l'actualité du sujet traité ; il est motivé par notre expérience personnelle et vise surtout à faire connaître l'importance de la Doctrine Sociale de l'Église. Celle-ci est riche d'enseignements, et sa prise en considération dans la gestion des problèmes de notre société serait un puissant facteur de développement, même si celui-ci devrait être réduit à sa seule dimension sociale et économique. Il reste entendu que « l'Église n'a pas de modèle à proposer4(*) ». * 1 La révolte du « jasmin » en Tunisie, a trouvé des échos favorables d'abord en Afrique du Nord, mais se propage dans le monde musulman en général, et il est trop tôt pour en mesurer toutes les conséquences, sur la stabilité des Etats, même non musulmans. * 2 L'organisation Internationale du Travail est créée, dès la fin de la deuxième guerre mondiale ; certains Etats (France) ont inscrit le droit de travail dans leur constitution. Depuis l'Encyclique Rerum novarum du Pape Léon XIII, en 1891, la question du travail de l'homme occupe une place centrale dans la doctrine sociale de l'Eglise. * 3 DSCE, p. 8. * 4 Jean-Paul II, Encyclique Centésinus Annus, 43. |
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