Conclusion partielle
Par rapport à ceux de la moitié Sud de
Madagascar, les paysans d'Ambatondrazaka disposent plus de surface rizicole par
ménage. Leur niveau de production annuelle est ainsi plus
élevé qu'ils possèdent une bonne capacité de
stockage pour se lancer dans le GCV. Néanmoins, cette population - dans
son ensemble même - présente une grande disparité par le
fait que certains produisent plus que d'autres. Il en est de même pour
les soldes de trésorerie annuelle.
D'une manière générale, on a
constaté un faible taux de pénétration aux crédits
formels des paysans pour une zone si haute potentielle rizicole. Les
catégories les plus aisées, comme les plus faibles,
économiquement, ne s'intéressent pas trop aux GCV. Pour les
restes, la question de caution solidaire, reposant sur l'utilisation convenable
des prêts et la solvabilité des partenaires, constitue leur
principale contrainte. Viennent ensuite la nécessité de
constitution de fonds de garantie mutualiste, les problèmes de silo et
d'organisation sur le gardiennage de ce dernier.
La manque de liquidité après les travaux de
récolte, face à la faiblesse des cours de paddy sur le
marché, mais également le souci de non-récupération
de leur part financière en cas de défaillance des membres, sont
les raisons pour lesquelles les paysans sont hostiles au fonds de garantie. En
conséquence, et vu l'importance du rôle que joue ce fonds en terme
de sécurisation des crédits, des nouvelles mesures devront
être adoptées afin d'inciter les emprunteurs à assurer le
bon recouvrement de leur dette et de gagner la confiance des membres; tout en
gardant la formation de ce type de garantie.
III. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
Souvent, des agents de développement rural et autres
acteurs en dehors des institutions financières voient contradictoires la
stratégie politique de la BOA en matière de financement du monde
rural, notamment après la privatisation de cette banque35
d'un côté, et la politique générale de l'Etat sur la
promotion de l'accès au crédit des paysans de l'autre
côté. Ils déclarent ainsi que :
" La banque doit modérer ses rapports avec les
paysans : il lui faut être crédible sans pour autant
étrangler les paysans. Les banquiers doivent parvenir à
distinguer les mauvais payeurs des paysans en
difficultés, à travers des informations fiables, avant
d'ordonner toutes sanctions".
Cependant, il faut reconnaître que :
· les caractères moraux des clients, quel que soit
le secteur où ils travaillent, ne se voient pas sur leur front ;
· les opérations bancaires ne sont pas du tout
différentes de celles des entreprises commerciaux : des ventes de
marchandises non-payées constituent des pertes au niveau du compte
d'exploitation ;
· comme dans toutes ventes à crédit, il est
plus évident que le créancier prend les meilleures mesures de
sécurisation des prêts en vue d'un recouvrement plus sûr
;
· pour le cas des paysans déjà
sanctionnés par la banque - à cause de la défaillance d'un
de leur coéquipier - mais qui souhaitent encore y effectuer de GCV en
formant de nouveau groupement, ils ont été incapables de se faire
pression, d'où de gérer efficacement leur groupement.
Par suite, les recommandations proposées
ci-après visent à la fois à : (i) arranger
l'accès au microcrédit GCV des paysans, (ii) augmenter
le montant global octroyé par l'Agence et, (iii) assurer la
sécurité des crédits.
1. Flexibiliser les conditions d'octroi selon la
capacité du groupement à fournir le fonds de garantie
Compte tenu de l'importance du FGM en cas d'incendie ou vol
des produits stockés, ou encore baisse des cours au moment de
l'échéance, il n'est pas conseillé de supprimer ce fonds.
Toutefois, la BOA est sollicitée à flexibiliser ses
conditions d'octroi suivant la rentabilité des projets
d'utilisation des crédits et le niveau du risque attribué
à ceux-ci.
Pour les groupements incapables de constituer
complètement le FGM, on pourrait leur permettre d'en fournir à un
taux inférieur. En revanche, on leur accordera des avances sur produit
basées sur un quantum plus faible, tout en s'assurant de la large
couverture des coûts de l'opération. La nette différence
entre le montant à rembourser par le groupement et la valeur des stocks
à l'échéance diminuera les risques.
Néanmoins, ce système pourra être
limité par la complication des tâches des agents banquiers dans
l'étude des dossiers.
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