5. Analyse des risques suivant leur origine
A première vue, le prêt GCV paraît la forme
d'octroi de crédit aux paysans le moins risquée pour la banque.
La mise en gage des paddy, peu difficile à commercialiser par rapport
aux autres types de garanties en cas échéant, et le cautionnement
de ces derniers par un assureur illustrent cette hypothèse.
Les réalités confrontées par les agences
d'institutions financières éparpillées dans toute
l'île poussent les prêteurs à renforcer d'avantage la
sécurisation de ses opérations31.
Les différentes origines de recouvrement incomplet des
dettes, dans le cas de crédit GCV, feront l'objet de cette partie.
5.1. Non-recouvrement dû aux
phénomènes indépendants des emprunteurs Le
non-recouvrement peut être dû aux phénomènes suivants
:

Longue sécheresse,

Ensablement des parcelles dû aux inondations en
décembre,

Destruction des cultures par les bovidés en
divagation,

Crises socio-politiques d'envergure régionale ou
nationale perturbant le marché.
Les figures suivantes démontrent la domination de la
période sèche durant le deuxième semestre à
Ambatondrazaka.

Precipitation (mm)
400
700
600
500
300
200
100
0
Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
Mois
1998 1999 2000 2001 2002 2003
Figure 17 : Les précipitations
mensuelles à Ambatondrazaka de 1998 à 2003
Source : Station Météorologique
d'Ambohitsilaozana (Ambatondrazaka) - Août 2003.

45
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Nombre de jours pluvieux
Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
Mois
Figure 18 : Nombre moyen de jours pluvieux de
1998 à 2003
Source : Station Météorologique
d'Ambohitsilaozana (Ambatondrazaka) - Août 2003.
Le climat à Ambatondrazaka est
caractérisé par de faibles crachins de juin au mois d'août,
et sec jusqu'en décembre. La température moyenne y est de
17,7°C en juillet, qui augmente progressivement pour atteindre en
décembre le 23,7°C. Le travail d'arrosage se trouve ainsi plus
important dans la mesure où la surface exploitée est
élevée et se trouve loin de point d'eau.
5.2. Non-recouvrement dû à l'incapacité
des emprunteurs
Les paysans ne devraient pas attendre le déstockage et
la vente des paddy à l'échéance pour régler leurs
dettes. L'éventuelle faiblesse des cours en ce moment
limite en effet leurs profits et pourra contraindre le recouvrement.
La rentabilité des petits projets, dans lesquels ils
ont investi le prêt, est ainsi un facteur à prendre plus de
considération. Si leurs activités sont rentables, la
capacité de remboursement de ces emprunteurs est évidente. La
productivité de ces dites activités peut cependant se heurter
à des problèmes intérieurs du système de production
:

Techniques de culture inappropriées entraînant une
faible rentabilité :
- Inadaptation de la culture aux conditions climatiques
(ex : des variétés ne supportant pas le froid
d'hiver en août et septembre), - Usage de pesticides
inappropriés,
- Semence de faible germination.

> Carence des facteurs essentiels de production :
- Manque de pulvérisateur32, matériel
très important et à usage fréquente en cultures sur
tanety et baiboho,
- Insuffisance de capacité de stockage aboutissant
à des grosses pertes,
- Manque de moyens de transport plus appropriés.

> Incapacité des emprunteurs à gérer
efficacement :
- Gestion irrationnelle des fonds financiers, de la main d'oeuvre
ou d'intrants (faible ou application excessive d'engrais),
- Non-intervention aux moments opportuns (dans le repiquage, le
sarclage ou le traitement par pesticides),
- Incapacité des producteurs à éradiquer de
manière définitive (ou au moins limiter) les attaques des rats
sur les cultures.

> Difficulté de commercialisation :
- Eloignement du marché par rapport au village
(augmentation des charges), - Forte concentration du même produit sur le
marché (baisse des cours),
- Faute d'acheteur.

> Destruction involontaire du GCV et/ou du produit objet de
nantissement :
- Pillage du silo par des individus étrangers au
groupement,
- Incendie accidentelle du magasin de stockage; surtout que si ce
dernier est une des pièces de l'habitat dans lequel on utilise de lampes
à pétrole.
Beaucoup de paysans ont l'habitude d'acheter en vrac les
semences au marché à ciel ouvert. Ces petits grains
non-emballés peuvent être contaminés facilement par des
maladies, desquelles tous ceux qui circulent sur le lieu sont suspects
d'être vecteurs33. Leur exposition directe à l'air
humide diminue en plus le taux de germination et puis, le rendement à la
récolte.
A défaut de pulvérisateur, les paysans
n'arrivent pas à traiter convenablement leurs cultures contre les
maladies. Certains méconnaissent la nature de la pathologie que
subissent les cultures et font usage de pesticides inappropriés. De
même, l'inexistence de magasin de stockage remplissant les normes
hygrométriques favorise le pourrissement des récoltes.
32 Dans les zones Vallée Marianina - PC 15,
deux exploitants sur cinq possèdent en privée de
pulvérisateur. Parmi ceux qui n'en ont pas, 54% devait
emprunter auprès des amis, tandis que les restes n'en utilisent jamais.
Auteur / Enquêtes auprès des paysans - Août 2003.
33 Ceux-ci peuvent être des poussières,
des insectes, des instruments de quantification des graines, des mains humaines
provenant d'un champ quelconque.
|