AVANT - PROPOS
La dynamisation du marché des produits agricoles est
l'une des clés du développement économique et social de
Madagascar. Les paysans - qui constituent 80% de la population, et au niveau de
qui se trouve la grande masse des pauvres - devraient être les principaux
bénéficiaires de cette action.
Baisse de consommation de riz en milieu rural : signe
d'aggravation de la pauvreté
Le riz étant l'aliment de base des malgaches. Pourtant,
sa consommation a baissé depuis 1960. Si elle était en moyenne
à 146 kg par personne et par an, aujourd'hui, elle ne serait plus que de
107 kg. Cette baisse, plus importante en milieu rural qu'urbain,
révèle une aggravation de la pauvreté.
La production de paddy a augmenté presque
annuellement1, sans pouvoir suivre la croissance
démographique de 3% par an.
Des politiques de prix inappropriées, au
détriment des paysans producteurs
Durant des années, les politiques de prix
appliquées sur la filière riz n'ont fait que
détériorer le potentiel de production du pays. Elles consistaient
à fixer à un niveau relativement bas le prix d'achat aux
producteurs, au profit des consommateurs en milieux urbains.
Depuis l'Indépendance jusqu'en 1973, l'Etat fixe un
prix-plancher d'achat au producteur, tout en délimitant un prix-plafond
de vente au consommateur. En 1970, la part de ce prix de vente revenant au
producteur n'est que de 40% ; 60% se rapporte aux coûts d'usinage, de
transport et la marge commerciale.
Dès 1975, l'Etat a pris en mains le monopole de la
commercialisation du riz sur l'ensemble du pays. Il s'est investi même
dans des activités d'approvisionnement d'intrants, de production et de
transformation du paddy.
Pourtant, ces politiques de prix et de nationalisation à
outrance a entraîné la régression de produit
collecté. Des marchés parallèles existent toujours et
offrent aux producteurs des prix plus rémunérateurs. La
dégradation générale des périmètres
irrigués a aussi entraîné un grand recul de production
commercialisée. Par la suite, l'Etat procède à des
importations massives de riz2.
1 De 1,3 millions de tonnes de paddy en 1965, elle a
passé à 2,5 millions de tonnes en 2001. AYER Gérald, in
L'avenir de Madagascar : Idées-forces pour un vrai changement.
Antananarivo : FOI ET JUSTICE, 2001.
2 Par exemple, 354 000 tonnes sont importées en
1982.
Une solution libérale qui étrangle
davantage les paysans
Vers le milieu des années 80, la collecte de paddy,
l'importation et la commercialisation de riz sont enfin
libéralisées. Cette ouverture au secteur privée
résulte de la Politique d'ajustement structurel imposée par les
bailleurs de fonds internationaux.
Au début, le revenu des paysans augmente
progressivement, grâce à la hausse du prix de vente de paddy. Mais
ce prix au producteur a diminué sensiblement ces dernières
années. Il devient même inférieur à ce qu'il
était avant la libéralisation.
En effet, la libéralisation a entraîné la
nouvelle domination des intermédiaires (riziers), de la collecte
à la distribution. Les producteurs sont devenus sous leur étroite
dépendance. Même dans les régions d'Alaotra et de Marovoay,
la plupart des ménages n'arrivent pas à stocker le riz,
dont ils ont besoin pour l'année entière. Ils doivent le
racheter à un prix élevé durant la période de
soudure.
Quelle nouvelle politique pour un accroissement
effectif du revenu des paysans ?
La réalité actuelle démontre que le
désengagement de l'Etat de la filière riz (production et
commercialisation) ne suffit pas à augmenter la production, ni à
améliorer le prix au producteur. De nouvelles stratégies sont
ainsi indispensables, afin que les paysans profitent en grande partie
des marges générées par la vente de paddy, et de
développer sa production.
Comment y parvenir et l'adapter à la situation actuelle
? La promotion des greniers communs villageois (GCV) figure en
ce moment parmi les axes d'orientation du Ministère de l'Agriculture, de
l'Elevage et de la Pêche, dans le cadre de la Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté. L'existence des opérateurs
privés dans la commercialisation de paddy n'y est pas remise en
cause.
Le présent rapport, qui s'intitule "Etude
de pérennisation du microcrédit grenier commun villageois dans la
région d'Ambatondrazaka", synthétise les
résultats de nos recherches sur le GCV ; notamment dans la Vallée
Marianina et le Périmètre de Colonisation 15, Fivondronana
Ambatondrazaka. Il veut servir de support de réflexion, non seulement
pour notre encadreur professionnel - qui est la Direction
Déléguée de la Microfinance, de la Bank Of Africa
Madagascar - mais aussi pour les instances ministérielles et
Associations privées concernées par la promotion des
Organisations Paysannes et Organisations Professionnelles Agricoles.
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