I.3. ROLE DES INSTITUTIONS FINANCIERES DANS LE
FONCTIONNEMENT DE L ECONOMIE
Les banques et institutions financières non bancaires
jouent un rôle important dans le fonctionnement d'une économie.
Des nombreuses études montrent l'existence d'une corrélation
positive entre le taux d'épargne et la part des actifs financiers non
monétaires dans le PIB.
La question reste cependant de savoir dans quel sens joue la
causalité : est-ce le développement économique qui
entraîne le développement financier ou l'inverse. Dans ce second
cas, il faut mettre l'accent sur l'intermédiation financière,
celle-ci devrait induire une croissance de revenu, de la richesse et donc de
l'épargne. On trouve ici la controverse classique entre
l'entraînement par la demande qui suppose le rôle premier de
l'épargnant et de l'investisseur et de l'entraînement par l'offre
qui met en avant le rôle premier des institutions financières et
de l'offre des services.
On retient dans cette analyse une influence réciproque
entre le développement du secteur financier et bancaire et le
développement d'une économie. Un secteur financier
développé favorise la croissance par la mobilisation et
l'allocation de l'épargne ayant donc des effets d'entraînement
importants tandis que cette croissance permet à ce secteur financier de
réaliser les économies d'échelle et d'augmenter son
efficacité et son efficience.
Le rôle traditionnel des institutions
financières, c'est de mettre à la disposition des agents
économiques (ménages, entreprises et APA ...) des ressources
nécessaires et suffisantes pour la production des biens et services.
Autrement dit, le développement des initiatives tant
privées que publiques dépend pour une majeure partie, de la
collecte et de la distribution de l'épargne susceptible de provoquer par
les effets des chaînes, des investissements importants à moyen et
le long terme.
L'investissement est certes, une panacée d'une
expansion voulue, car il préside à la croissance, au changement
d'orientation de toute activité et conditionne tout progrès
économique. Remarquons que dans les économies contemporaines, sa
réalisation nécessite des masse des capitaux considérables
et toujours croissants.
Cependant, les institutions financières,
particulièrement les banques travaillent avec des fonds
empruntés, les crises de fonctionnement auxquelles peuvent être
soumises ces institutions mettent en peine la « trinité
de finance classique » à savoir «
liquidité-solvabilité-rentabilité » :
ce qui peut avoir des
conséquences directes, menaçant grandement
l'épargne de déposants et d'autres créanciers.
De même la déconfiture d'une institution
financière ébranle particulièrement la confiance du public
et peut affecter de façon considérablement durable
l'économie nationale ; ceci explique les interventions des
autorités monétaires qui assurent à ces organismes des
crédit un cadre de fonctionnement adéquat et le maintien d'un
équilibre entre la masse monétaire et les biens et services.
En effet, en observant l'économie nationale en tant que
système organisant les activités liées à la
production à la distribution et à la consommation des richesses,
il y a nécessité d'avoir ces institutions qui financent la
réalisation des dites activités. Ainsi, dans les pays du monde
entier, la présence d'une institution financière est
désirée pour plusieurs raisons20 :
· Créer de la monnaie avec laquelle il est
possible de constituer l'épargne et faire le prêt, en d'autres
termes pourvoir aux agents économiques de toutes les couches
d'activités des billets de banque pour les aider dans leurs multiples
transactions avec d'autres partenaires ;
· Concernant les banques, elles doivent assurer aux
déposant de la disponibilité en liquidité et financer les
agents économiques évoluant dans les secteurs tels que :
industrie, agriculture, commerce...
· Aider le pouvoir public à disposer des ressources
à la suite des impératifs des contraintes budgétaires ;
· Organiser le fonctionnement des marchés
monétaires et financiers avec le reste du monde ou avec les demandeurs
des capitaux ;
· Assainir l'espace des relations en terme de flux
financier avec le reste du monde ou avec d'autres entités locales en
matières de prises de participation des agents économiques locaux
et des transferts des capitaux.
Ces dernières années malheureusement, les
systèmes financiers se sont soudainement effondrés dans les PED.
Dans les années 80, les systèmes financiers de ces pays ne sont
pratiquement pas approfondis. Certains se sont même contractés, il
y a à cela un certain nombre de causes. La stagnation économique
et le manque d'infrastructures financières adéquates ont
freiné la financiarisation de l'économie. L'instabilité de
la macrofinance, l'inflation et les
difficultés financières ont conjugué leurs effets pour
entraîner une désintermédiation
relativement importante en République Démocratique du Congo et
une perte de confiance du public dans le système financier formel.
I.3.1. La situation récente et structure du
système financier congolais.
Configuration ancienne configuration
nouvelle
BCC
BCC
IFB : IFNB:
|
|
|
|
|
|
|
|
Banques SOFIDE
de dépôt SONAS
|
|
|
|
|
|
FPI
|
|
|
|
|
|
CADECO Banques Cadeco Coopec IFS SF
|
INSS de dépôt
|
COOPEC
|
Source : Auteur.
Le système financier congolais évolue sur un
marché extrêmement étroit du fait du faible nombre d'agents
économiques pratiquant les transactions monétaires du niveau
important, il en résulte de coûts d'intermédiation
financière élevés et un niveau des risques
considérable.
Les mauvais crédits exercent un effet d'éviction
sur les crédits sains, ils pèsent sur la rentabilité des
banques et les incitent à limiter les risques. L'assainissement en cours
du système financier congolais est donc un préalable à la
reprise de l'épargne et de l'investissement et la réussite de
programme de redressement économique et financier.
La situation générale du système financier
congolais est présentée dans la page qui suit en vue de permettre
une vue d'ensemble.
Tableau n°2 : Situation récente du
Système Financier Congolais
N°
|
I. BANQUES
|
SIGLE
|
FONCTION
|
01
02
03
04
|
Banques de création
récente
|
-BCDC -BIC -UBC
-BIAC -
-CB -SB
-ATB
-BCOC -BANCOR -COBAC
-BCCE -NBK -BCD -BCA -FBCC
|
Intermédiation financière
et création monétaire.
|
RAW-BANK
Banques admises au régime spécial de
restructuration.
|
- Banque commerciale du Congo
- Banque internationale de crédit
- Union de banques congolaises
Banques opérant sans programme de
restructuration,
|
agréées par la BCC
|
- Banque internationale pour l'Afrique au Congo - City bank
- La congolaise de banque
- Stanbic bank (Congo)
Banque en liquidation
|
- African trade bank
- Banque continentale au Congo
- Banque à la confiance d'or
- Compagnie bancaire de commerce et de crédit
- Banque congolaise du commerce extérieur - Nouvelle
banque de Kinshasa
- Banque du commerce et de développement - Banque de
crédit agricole
- First banking corporation Congo
- Stanbic
|
II.AUTRES ETABLISSEMENTS DE CREDIT SIGLE
FONCTION
|
01
02
|
- Coopératives d'épargne et de crédit -
Caisse d'épargne du Congo
|
-COOPEC -CADECO
|
Gestion et
promotion de
l'épargne et le
financement de l'économie.
|
03
|
Institutions financières
spécialisées
|
-SONAS -INSS
|
Gestion de
l'épargne contractuelle et individuelle
|
- Société nationale d'assurance
- Société nationale de sécurité
sociale
|
04
|
Société
Financière
|
-SOFIDE -FPI
|
Financement des
opérations à CT, MT et LT, et le
financement de l'industrie nationale.
|
- Société financière de développement
- Fonds de promotion industrielle
|
Source : Banque Centrale du Congo
Cette structure nous la présentons dans le tableau
suivant pour montrer la dispersion géographique des institutions
financières dans toutes les provinces du Congo.
Dans ce tableau, il s'agit de montrer, la couverture du pays
par les IFB et IFNB et aussi de voir s'il existe une proportionnalité
entre la densité de la population et le nombre de guichets bancaires et
autres qui constitue l'un des indicateurs par lequel on peut mesurer le niveau
de circuits financiers d'une économie.21 Il apparaît
que le taux de densité bancaire est de 51280 habitant/ guichet. Les
banques et autres établissements de crédit sont tous basés
à Kinshasa, les disparités sont énormes et sont à
la base des externalités négatives dont nous avons parlé
précédemment.
Notons que la plupart de banques installées en
République Démocratique du Congo sont des banques de commerce qui
s'intéresse au financement des activités d'import - export. Outre
les banques de dépôt, les institutions financières
spécialisées sont également basées à
Kinshasa. En sommes toute, le poids des institutions financières est
perçu à travers le soutien au processus de développement
d'une économie dans son ensemble et dans son mode de rapprochement de
différents acteurs de la vie économique nationale. Le tableau 4
présente l'évolution de financement dans les différents
secteurs de l'économie de la République Démocratique du
Congo et fait une différence entre le crédit à court terme
et le crédit à long terme.
21 V.P KINZONZI, Gestion financière et
développement, CCFD Tome V, 2000, P43.
Tableau n° 3 : Répartition
Géographique des Etablissements de crédit en R.D.C.
Banques
|
Sièges
|
Nbre de Guichet
|
Kinshasa
|
Sud Kivu
|
Nord- Kivu
|
Maniema
|
P. Orient.
|
Katanga
|
Kasai-Oc.
|
Kasai- Orient
|
Bas- Congo
|
Bandundu
|
EQUAT
|
Raw Bank
|
Kinshasa
|
1
|
Kinshasa
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
BCDC
|
Kinshasa
|
21
|
Kinshasa
|
Bukavu Uvira
|
Butembo Buta
Goma
Beni
|
Kindu Kalima
|
Isiro Kisangani Bunia
|
Kalemie L'shi. Kongolo
|
Kananga Tshikapa
|
Mbuji-M.
|
Matadi
|
|
Gemenas Gbadolite
|
BIC
|
Kinshasa
|
3
|
Kinshasa
|
|
Butembo
|
|
|
|
----
|
|
Matadi Moanda
|
----
|
----
|
UBC
|
Kinshasa
|
13
|
Kinshasa
|
Bukavu
|
Goma
Beni Butembo
|
|
Isiro
Kisansa Bunia
|
L'shi Kolwezi
|
----
|
Mbuji-M Mwena-D
|
Boma
|
----
|
----
|
BIAC Kinshasa 3 Kinshasa L'shi Kananga --- --- ----
|
CB Kinshasa 1 Kinshasa
|
SBC
|
Kinshasa
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
AUTRES
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SOFIDE Kinshasa 4 Kinshasa Goma Kisangani L'shi Kananga
|
FPI Kinshasa 2 Kinshasa L'shi
|
SONAS
|
Kinshasa
|
11
|
Kinshasa
|
Bukavu
|
Goma
|
|
Kisangani
|
L'shi
|
Kananga Tshikapa
|
Mbuji-M
|
Matadi Boma
|
Kikwit
|
Mbandaka
|
CADECO
|
Kinshasa
|
61
|
Kinshasa
|
Bukavu Uvira
|
Butembo Goma Mushi
|
Kindu Kangongo
|
Isiro Kisangani Bunia
Aketi
|
L'shi Kalemie Kolwezi Likasi Kamina Kipushi Kongolo Kasumbal
|
Kananga Tshikapa Ilebo
Luebo Tshimbulu Tshilenge Lupata Mapangu Mulundu Mbanga
|
Mbuji-M Ngandajik Lodja Mwena
D.
Kabinda Miabi Lusambo
|
Matadi Boma Tshela B.-Ngung Moanda Luozi Kwilu-Ng Masimani.
Kimpese
|
Kikwit Inongo Bandundu Idiofa
Nioki
|
Mbandaka Yangambi Gemena Bumba Beonde Gbadolite Bolobo
|
SOURCE : BANQUE CENTRALE DU CONGO
Tableau 4 : Financement des secteurs économiques
en R.D.C (en milliers de CDF)
|
Libellés
|
Crédit décaissement
|
Crédit à CT
|
Industrie- manufacture
|
Distribution
|
Agriculture
|
Transport
|
Autres
|
Crédit à MT
|
Investissement Product°
|
Prêts spéciaux
|
Autres
|
Crédit d'engagement
|
Crédoc à l'export
|
Crédoc à l'import
|
Payable à l'embarquem.
|
P. à délai d'embarq
|
Autres
|
Total = I + II
|
1997
|
22.201,9
|
22.078, 8
|
2.743,0
|
371,7
|
12.034,8
|
285,2
|
6.644,1
|
123,1
|
123,1
|
----
|
----
|
47.186,1
|
846,2
|
31.882,4
|
2.693,5
|
29.188,9
|
14.457,5
|
69.388,0
|
1998
|
62.993,7
|
59.464,2
|
6.470,6
|
9.804,6
|
22.240,8
|
2.771,6
|
18.177,6
|
3.529,5
|
|
3.529,5
|
|
46.679,7
|
4.296,3
|
25.116,0
|
4.526,5
|
20.589,5
|
17.267 ,5
|
109.673,4
|
1999
|
255.821,0
|
255.744,7
|
54.105,5
|
54.558,2
|
58.704,4
|
15.789,5
|
67.527,3
|
76,2
|
----
|
----
|
76,2
|
83.735,6
|
1.881,4
|
35.230,9
|
3.350,0
|
31.880,9
|
46.623,3
|
339.556,6
|
2000
|
2.054.374,6
|
2.052.682,8
|
421.639,8
|
439.149,4
|
574.661,6
|
143.295,1
|
473.455
|
1.691,8
|
----
|
----
|
1.691,8
|
601.819,0
|
13.530,9
|
292.262,9
|
27.356,8
|
264.897,1
|
296.025,2
|
2.656.193,6
|
2001
|
10.039.192
|
10.025.410
|
1.770.748
|
1.792.499
|
2.928.996
|
423.455
|
3.109.712
|
13.782
|
----
|
3.722
|
10.060
|
4.704.670
|
41.894
|
2.706.592
|
81.286
|
2.625.306
|
1.956.184
|
14.743.862
|
2002
|
12.681.366
|
12.638.431
|
2.185.556
|
3.331.756
|
1.324.842
|
669.241
|
5.127.026
|
42.935
|
----
|
9.508
|
33.427
|
4.687.890
|
18.660
|
1.713.002
|
394.393
|
1.318.609
|
2.956.228
|
17.369.256
|
2003
|
15.482.092
|
14.916.448
|
2.104.585
|
2.938.319
|
869.352
|
769.904
|
8.234.228
|
765.644
|
----
|
6.131
|
559.513
|
8.409.765
|
3.635.800
|
37.503
|
----
|
----
|
4.736.462
|
27.342.501
|
N°
I
A
1
2
3
4
5
B
1
2
3
II
2
--
---
3
SOURCE : Rapport de la Banque Centrale du Congo
2003-2004
Par ailleurs, la profession bancaire connaît ces
dernières années des profondes mutations dues notamment à
la mondialisation des activités financières, à
l'interconnexion des marchés et à l'informatisation de plus en
plus poussée de la gestion.
Ces mutations amplifient les risques traditionnels de la
profession autant qu'elles en font naître des nouveaux, rendant
nécessaire la mise en place des dispositifs adéquats
d'encadrement axés sur le contrôle prudentiel que sur les
vérifications sectorielles à posteriori.
Dans la mesure où la République
Démocratique du Congo se lance dans de profondes reformes de sa gestion
monétaire, cette nécessité se ressent avec autant
d'acuité que le succès de celle-ci repose dans une large mesure
sur la bonne santé du secteur financier en général et du
système bancaire en particulier en tant que principal vecteur de la
politique monétaire.
La mise en place de ces dispositions passe par l'institution
d'un cadre juridique adapté, appelé à remplacer
l'Ordonnance-loi n° 072-004 du 14 Janvier 1972 relative à la
protection de l'épargne et au contrôle des intermédiaires
financiers, dite la « loi bancaire ».
La nouvelle loi
bancaire22 se propose de définir un cadre
unique couvrant l'ensemble des activités du secteur financier dont
certaines échappent aux dispositions de l'Ordonnance-loi n° 072-004
du 14 Janvier 1972 précitée. En effet, le champ d'application de
cette Ordonnance-loi ne couvre que partiellement les activités du
secteur financier, de sorte qu'une partie importante de celle-ci échappe
à la réglementation et au contrôle de l'autorité
monétaire.
La nouvelle loi offre l'avantage de couvrir les entreprises du
secteur financier et les définit à partir de leur fonction
économique qui la réalisation des opérations de banque.
Les opérations des banques sont subdivisées en trois
catégories distinctes à savoir :
- la réception des fonds du public ;
- les opérations de crédits ;
- les opérations de paiement et la gestion des moyens
de paiement .les opérations connexes sont énumérées
de façon non exhaustive à l'article 9. La nouvelle loi bancaire
regroupe, sous le vocable nouveau d'Etablissement de crédit, les
entreprises limitativement identifiées ci-après :
1. Les banques ;
2. Les coopératives d'épargnes et de crédit
;
3. Les caisses d'épargne ;
4. Les institutions financières
spécialisées ;
5. Les sociétés financières.
L'élargissement du champ d'application de la nouvelle
loi est inspirée par le souci d'universalité et n'affecte ni la
diversité du système financier national, ni la
particularité de chaque catégorie d'Etablissements de
crédit, qui sont régis par des dispositions spécifiques.
Ce souci transparaît à travers les articles 2 et 3.
|